Salvador REYES (Chili)

Sur l'auteur : http://es.wikipedia.org/wiki/Salvador_Reyes_Figueroa
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Route de sang (1935)
Phébus 1992 pour la traduction française
239 pages

Présentation du livre par l'éditeur en quatrième de couverture :

A travers le destin turbulent de Roberto, gamin de la côte chilienne promis à l'habit de moine, en ce XVIIème siècle finissant, c'est toute l'aventure des pirates des mers du sud qui défile sous nos yeux. A la suite du légendaire Morgan, les flibustiers des Caraïbes, se sentant par trop à l'étroit dans le golfe du Mexique, ont décidé de livrer au pillage les villes espagnoles de la côte du Pacifique ; et les voilà lancés, sur des mers inconnues, à la poursuite des lourds galions chargés d'or...

Roberto, fasciné par la rumeur de leurs sanglants exploits, les suivra pour l'amour d'une fille trop belle. Et le garçon, bouleversé par l'aiguillon de la chair, de se faire bientôt moinillon dans l'ordre redoutable des Frères de la Côte, où il se lie d'amitié avec William Dampier et Basil Ringrose, sabreurs impénitents, pilotes hors pair - et distingués naturalistes de leur temps.

Le plus étrange, dans ce roman "romanesque" autant qu'il se peut, est que ses personnages les moins probables ont bel et bien existé (Dampier, Ringrose et le redoutable captain Sharp ont leur nom dans tous les bons dictionnaires). Les tribulations fabuleuses du touchant Roberto y gagnent une vertu charnelle qui n'est pas le moindre charme de ce livre, lors même que les abordages, les orgies, les mutineries qui sont le pain quotidien des Frères s'effacent, le livre refermé, dans la brume dorée du rêve.

Quant au talent de Salvador Reyes... faisons confiance à Pierre Mac Orlan qui voyait en lui l'un des plus fascinants "vagabonds lyriques de la poésie marine", navigateur émérite de "l'aventure des mots".
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Écumer la côte chilienne

Pour le dépaysement, rien ne vaut un bon livre de pirates. Si Stevenson a ouvert la voie royalement avec son "île au trésor", nombreux sont les écrivains qui se sont frayés un chemin littéraire en reprenant la route des flibustiers. Cela donne généralement des livres d'aventure bien fichus, parfois distrayant, rarement tragiques. Étonnant quand on pense à la condition réelle de vie des pirates. Mais le thème charrie tant d'imaginaire romancé qu'il est dur de voir exposer la face noire des frères de la côte. Parmi les écrivains français, on pense à Claude Farrère (Thomas l'Agnelet, gentilhomme de fortune), à Alexandre T'sterstevens (Cahiers de Louis-Adhémar-Timothée Le Golif, dit Borgnefesse, capitaine de la flibuste), à l'excellent Rafael Sabatini (Captain Blood), à Robert Margerit (L'ile des perroquets), à Pierre Mac Orlan et son "Ancre de miséricorde". C'est dans la lignée de Mac Orlan que s'inscrit cette route de sang écrite par le chilien Salvador Reyes. C'est un pur récit d'aventure auquel nous convie l'auteur, en nous envoyant à bord de la "Sainte Trinité", navire sous pavillon noir dirigé par le capitaine Sharp et écumant la côte chilienne pour faire fortune, espérant rééditer l'exploit de Morgan sur Panama.

Reyes profite de son récit pour informer le lecteur sur l'histoire de quelques exploits de flibustiers, mais le place sous le signe du réalisme : destruction de villes, capture d'otages, problèmes de commandement, rêves inaboutis des hommes. L'auteur place à bord du navire deux personnes à part : la jeune Emilia, capturée et enfermée mais dont le rôle restera ambigu jusqu'à la fin, et Roberto, jeune homme assoiffé d'aventures qui a cependant les plus grandes difficultés du monde à se faire accepter dans la piraterie.

L'action se passe sur la côte chilienne (La Serena, Arica), avec une partie de l'action sur l'île de Juan Fernandez, que les lecteurs de Robinson Crusoë connaissent bien. Les chapitres sont courts, bien menés, l'action est omniprésente mais laisse la part au développement des intrigues secondaires. C'est un bon livre que les amateurs du genre doivent connaître.