Jonathan Safran FOER (Etats-Unis)

Faut-il manger les animaux?


A l’origine de cet ouvrage, Jonathan Safran Foer s’est interrogé sur la nourriture qu’il devait donner à son enfant. Il commence donc à enquêter sur la viande, la manière dont elle est produite. Mais ce n’est pas chose facile. Les éleveurs refusent de répondre aux questions, refusent d’informer le public sur leurs méthodes. De plus, l’accès aux « fermes » industrielles est strictement interdit. Leurs secrets sont bien protégés. Pour voir, savoir, ce qu’il se passe dans ces « fermes », il doit organiser des expéditions nocturnes, vêtu de noir afin de ne pas se faire repérer. Comme on a pu le voir dans des documentaires tels que « Notre pain quotidien », ce qu’il y trouve dépasse l’entendement.

Des animaux entassés, mal nourris, battus, torturés, sales, malades, et j’en passe.

Et puis, les chiffres donnent tout simplement le vertige : 50 millliards de poulets dans le monde sont traités comme des objets, génétiquement manipulés pour produire plus de ‘filet’, des poulets monstrueux, incapables de se reproduire, incapables de simplement tenir debout tant leurs corps grotesques ne peuvent être portés par leurs pattes.
Mais il n’y a pas que le traitement horrible infligé aux animaux. Il y a la pollution. L’élevage industriel en est la première cause, devant l’ensemble des transports dans le monde. Le rejet du lisier de porc dans les rivières pollue celles-ci sur des kilomètres, et contamine des nappes phréatiques.
L’environnement est détruit, on extermine des tas d’espèces. Juste un petit exemple en passant : pour 500 grammes de crevettes grises, 13 kilos d’autres espèces d’animaux marins ont été tués « accidentellement » puis rejetés à la mer. Ca ne vous donne pas envie de pleurer de désespoir, vous ? Moi, oui.
Et puis, il y a aussi autre chose : on ne nous nourrit plus ; on nous empoisonne. Les poulets dont on se nourrit sont gavés d’antibiotiques, ils sont couverts de fientes lorsqu’ils arrivent à la zone d’emballage, et je vous fais cadeau du reste.
Je ne vous parlerai pas non plus des porcs, des bovins, des poissons…

Ce livre est des plus enrichissants. Jonathan Safran Foer n’est pas un extrémiste. Il a mangé de la viande et il a aimé ça. Il en garde de bons souvenirs, des histoires de famille qu’il chérit encore aujourd’hui. Mais il nous présente les faits, ce qu’il a découvert au cours de son enquête. Ce que vivent les animaux et la manière dont on les tue. Il nous parle aussi de la pollution, de l’industrie, des organismes de défense des animaux qui existent et ce qu’ils font. Il nous prend par la main, et nous montre. Il n’essaye pas de nous convertir.

Il est vrai qu’après la lecture de ce livre, on peut ne plus voir les choses de la même façon. On réfléchit. Beaucoup. Est-ce que le simple plaisir que me procure un bon hamburger, un bon filet de sole, un sandwich au thon, justifie toutes ces souffrances, ces horreurs ? N’y a-t-il pas d’autres alternatives, des compromis ? Comment, moi, je peux faire quelque chose pour empêcher ce carnage ?
Je l’avoue, je ne sais que faire…

Le style est clair, très abordable. C'est un bon livre.
Voici un extrait. J’aurais pu en mettre plusieurs, car le livre est très riche, mais j’ai déjà écrit beaucoup.

"Il est possible qu’au fond de notre esprit nous comprenions déjà, sans même connaître les aspects scientifiques que j’ai exposés, que quelque chose de terrible est en train de se passer. Notre nourriture est produite dans la douleur. Nous savons que si quelqu’un nous propose de nous montrer un film sur la façon dont notre viande est produite, ce sera un film d’horreur. Nous en savons peut-être plus que nous sommes prêts à admettre, repoussant cela dans quelque recoin sombre de notre mémoire – le reniant. Lorsque nous mangeons de la viande issue de l’élevage industriel, nous nous nourrissons littéralement de chair torturée. Et, de plus en plus, cette chair devient la nôtre."

D’un côté, j’aurais envie de dire « âmes sensibles, s’abstenir ». D’un autre, j’ai envie de vous demander, vous enjoindre à le lire, de descendre dans la rue en scandant « lisez-le ! Lisez-le ! ». Je me contenterai donc de dire ceci : sachez que si vous voulez savoir ce qu’on vous fait manger, ce livre fait partie des incontournables.


"Nous ne pouvons pas plaider l'ignorance, seulement l'indifférence. Les générations d'aujourd'hui sont celles qui ont appris. Nous avons la charge, mais aussi la chance de vivre au moment où les critiques à l'encontre de l'élevage industriel se sont frayé un chemin dans la conscience populaire. C'est à nous que l'on pourra demander, à bon droit: Qu'est ce que vous avez fait quand vous avez su la vérité sur le fait de manger des animaux?"


Ma note: 4.75/5

C'est vrai qu'on le sait déjà...

Je me sens souvent coupable de manger de la viande... J'essaie par moments de cuisiner sans viande, ca demande un certain ajustement, et je reviens forcément à mes mauvaises habitudes.

Mauvaises habitudes Mousseline? Je ne crois pas que manger de la viande soit une mauvaise habitude en soi, ceux qui ont des régimes végétaliens sont obligés de prendre des suppléments alimentaires pour compenser ce qu'ils ne trouvent pas dans la viande. Notre corps a besoin de certains éléments que l'on trouve majoritairement dans la viande. Non, le problème, c'est le fait que l'on ne se pose plus la question d'où vient notre nourriture et qu'on passe à la caisse en essayant de payer le moins cher possible sans se demander ce que l'on mange réellement. Et aussi qu'on est maintenant habitués de manger de la viande à tous les repas, 365 jours par années. Ça, c'est un problème, on a pas besoin de manger tant de viande que ça. Les petits éleveurs biologiques font de la viande d'excellente qualité et pourtant, ça reste de la viande. En manger moins, de meilleure qualité et pas nécessairement juste du steak et des t-bone, manger des abats, des pièces moins tendre que les usines finissent par jeter, différentes viandes comme le lapin, la dinde ou encore l'oie et non pas toujours l'éternel trio porc-boeuf-poulet ferait aussi la différence. Néanmoins, le livre de Safran Foer (dont j'ai lu quelques pages en douce, chut!) fait réfléchir, car il questionne notre rapport à la nourriture. Et je crois que dans nos sociétés industrielles, c'est important de faire cette remise en question. Désolé, c'était mon éditorial du jour!

@+ Prospéryne

C'est un livre que j'ai bien envie de lire... même si j'ai un peu peur d'apprendre certaines choses. Merci Mandarine pour ta critique ! Je le note dans ma LAL.

Je pense que je suis d'accord avec toi, Prospéryne. Ce n'est pas "mal" de manger de la viande, ça a même l'air plutôt naturel. Mais, c'est clair, on en mange trop. Et puis, manger de la viande ne devrait pas impliquer la souffrance animale. On pourrait leur offrir une bonne vie, et une mort rapide, pas besoin de faire les horreurs qu'on fait

Shan_Ze: C'est une lecture choc, quand même, je te conseille de lire un livre plus amusant en parallèle. Cela dit, l'auteur alterne avec des histoires, des anecdotes, parfois même des touches d'humour; ce n'est pas pesant du début à la fin (heureusement)! En plus, il y a un côté ludique dans le livre, car à chaque changement de chapitre il y a une illustration pour aider le lecteur à se faire une idée des chiffres donnés dans le livre, des statistiques. C'est bien fait.

Faut il manger les animaux

Quatrième de couverture : Comment traitons-nous les animaux que nous mangeons? Convoquant
souvenirs d'enfance, données statistiques et arguments philosophiques,
Jonathan Safran Foer interroge les croyances, les mythes familiaux et
les traditions nationales avant de se lancer lui-même dans une vaste
enquête.
Entre une expédition clandestine dans un abattoir, une
recherche sur les dangers du lisier de porc et la visite d'une ferme où
l'on élève les dindes en pleine nature, J.S. Foer explore tous les
degrés de l'abomination contemporaine et se penche sur les derniers
vestiges d'une civilisation qui respectait encore l'animal. Choquant,
drôle, inattendu, ce livre d'un des jeunes écrivains américains les plus
doués de sa génération a déjà suscité passions et polémiques aux
Etats-Unis et en Europe

Mon avis : Choquant, ça c'est sur, inattendu malheureusement j'ai appris des choses que j'aurai préféré ne jamais savoir surtout que Safran Foer décrit avec beaucoup de détails la façon dont les animaux sont traités. Mais drôle ? je n'ai toujours pas trouvé ce qu'il y avais de drôle dans ce livre.Pour les personnes sensibles sortez les mouchoirs, j'en ai épuisé plus d'un croyez moi, devant cet affligeant constat. Je savais certes que les conditions de "vie" de ces animaux étaient catastrophiques, mais alors à ce point j'avoue j'étais complètement ignorante, idem pour la maltraitance quotidienne de la part des employés sur ces animaux, c'est le pire dans ce livre pour moi, cette maltraitance sur ces bêtes juste pour nous ? même pas, uniquement pour les patrons qui s'engraissent plus sur le dos des animaux.
Le style est simple, clair, c'est très enrichissant, on apprend beaucoup de choses, notamment sur les poissons, et les oiseaux, j'ai été très étonnées par certains points.
Ce que j'ai le plus apprécié : le fait que Safran Foer ne fasse pas un livre Pro végétarien, il ne nous dit pas "c'est mal de manger de la viande, arrêtez !", lui aussi mangeait de la viande, il aimait ça. Il nous incite seulement à réfléchir sur ce qu'on achète et notre consommation actuelle de viande ou de poisson ? Les animaux mérite t il cette souffrance, est elle indispensable pour nous ?
C'est très dur après ce livre de regarder sa tranche de jambon et de se dire chouette, sans voir autre chose.
J'avoue je ne pense pas devenir végétarienne, je ne suis pas non plus une fana de viande, du coup j'essaye d'autre chose, comme le tofu, afin de réduire un peu ma consommation d'animaux, sans pour autant manquer d'apports en protéine.

Evidemment il pourrait y avoir d'autres livres sur la façon dont sont traités les animaux, pour la fourrure , les cosmétiques , mais au moins sur ces deux derniers points, il est plus facile pour moi de réagir, même si au niveau des cosmétiques, et shampoings ... le prix est évidement moins abordable, mais ça en vaut la peine.

note 5/5