La guerre / Blabla

Je crois qu'en Europe vous avez été pas mal touché par la guerre - on avait failli aller voir les plages du Débarquement (c'est pratiquement un pélerinage obligatoire pour les Canadiens... mais on n'y est pas allé.

J'ai un ami qui est allé visiter des camps de concentration en Allemagne - il a beaucoup aimé.


Et voilà je me demandais si vous êtes allés visiter des lieux en France ou ailleurs ? Il y a des sites près de chez-vous ?

je suis allée visiter le village martyr d'Oradour-sur-glace, dont la population a été massacrée par une division SS en 1944. L'ancien village est conservé en l'état de ruine. 642 personnes, hommes, femmes et enfants ont été massacrées.

C'est un lieu très chargé et c'est très émouvant d'aller sur les lieux. Pour ne pas oublier ...

Est-ce que tu as pris des photos Cookie ? Ca doit être vraiment une très belle visite. Dans quelle région ce village ? vers Lyon ?

En France on avait souper avec des gens et la dame nous racontait que son père est mort dans un camp en Allemagne parce que c'était un résistant et elle est allée visiter ce camp. C'était passionnant de l'écouter...

Au Canada, il n'y a pas de sites de Guerre Mondiale... (on s'en plaint pas bien sûr) mais bien des villes ou villages ont leur mémorial en l'honneur des hommes du village qui ont laissé leur vie dans telle guerre... Dans le Canada anglais, on voit assez fréquemment des mémorials pour la guerre de Corée.

J'aime toujours prendre quelques minutes pour me recueillir devant ces mémorials même si je ne connais pas les gens...

Mousseline, j'avais 10 ans à la Libération, j'ai donc vécu cette guerre d'un bout à l'autre, certes avec les yeux d'un enfant. Mais j'en ai gardé beaucoup de souvenirs. J'ai vu beaucoup de ruines, des villes rasées, puis reconstruites, parfois bien, parfois très mal. Je connais quelques hauts lieux du débarquement, comme Utah Beach, et aussi, à côté de Dieppe, le premier débarquement des Canadiens avant juin 44. Dans les Ardennes, je connais aussi quelques villages martyrs, comme Stone, ou eut lieu une terrible bataille. Etc. Et puis aussi, j'ai quelques souvenirs de famille de la guerre de 70 à laquelle ont participé mon grand-père et mon grand-oncle. Des lettres par ballons de mon grand-père à sa famille depuis Paris assiégé, et la longue-vue de mon grand-oncle pendant le siège de Belfort. Mon père a fait la guerre de 14 et a eu la chance d'en revenir.

Mousseline : En octobre dernier, nous sommes allés en Normandie. J'ai visité les diverses plages du débarquement, le musée d'Arromanches, le cimetière américain d'Omaha Beach... Nous avons eu un reportage au musée d'Arromanches sur toute la logistique qu'il a fallu pour mener à bien le débarquement de tous les soldats, chars minutions, nourriture... C'était très impressionnant et intéressant.
La plage et le cimetière d'Omaha Beach sont également à voir.

Oradour-sur-Glane est dans le Limousin. Des membres de ma famille se trouvaient à Saint-Junien, juste à côté au moment du massacre et en ont gardé un souvenir traumatisant. C'est devenu un lieu de mémoire impressionnant.

Sinon, votre liste de guerres m'a donné envie de relire La guerre des Gaules de Jules César que je n'ai pas ouvert depuis mes études. Je ne sais même plus où il est, je vais devoir l'emprunter à la bibliothèque. Quel thème intéressant!

Je suis allée deux fois visiter Oradour-su-Glane, c'est un lieu de recueillement ou l'on fait silence comme dans une église, chaque fois j'en suis sortie impressionnée. Les plages de Normandie ou a eu lieu le débarquement j'y suis allée plusieurs fois...

Lors d'un voyage en Normandie en 2008, nous avons visité la Pointe-du-Hoc, des plages comme Arromanche et le musée de Caen. Mais toutes les villes et villages ont leur histoire, comme Saint-Lô rasé, les aviateurs canadiens écrasés près de Falaise, etc.

J'ai aussi visité le camp de Dachau près de Munich en 1999. C'est une expérience étrange. Dachau est une jolie petite banlieue, ça me faisait pensé à Versaille entre la gare et le musée. Sauf qu'on visite l'endroit où ont souffert et agonisé nombre d'opposants (le camp a été ouvert dès 1933. Les prisonniers qui avaient connus ces premiers camps disaient que les camps des années 1940 étaient des "sana" (sanatorium), voir Jorge Semprun). C'est dérangeant mais nécessaire.

Au Canada, il y a bien sûr l'énorme Musée de la Guerre à Ottawa (note aux résident de la région: vous pouvez obtenir un laisser-passer gratuit auprès de votre bibliothèque). Ce musée est toutefois pro-militaire: les horreurs de la guerre sont minimisée, c'est plutôt la gloire qui occupe le premier plan.

Il y a aussi le Mémorial de l'Holocauste de Montréal. J'ai été surpris d'apprendre que Montréal est une des villes où a émigré le plus grand nombre de déportés après la guerre.

souvent mes lectures viennent me hanter la nuit. Je crains qu'avec trop de livres de guerre, je passe les prochains mois à rêver de tranchées, déportations et bombardement.

Réaliste-romantique a écrit:J'ai aussi visité le camp de Dachau près de Munich en 1999. C'est une expérience étrange. Dachau est une jolie petite banlieue, ça me faisait pensé à Versaille entre la gare et le musée. Sauf qu'on visite l'endroit où ont souffert et agonisé nombre d'opposants (le camp a été ouvert dès 1933. Les prisonniers qui avaient connus ces premiers camps disaient que les camps des années 1940 étaient des "sana" (sanatorium), voir Jorge Semprun). C'est dérangeant mais nécessaire.

J'ai aussi visité Dachau en 2001. Après avoir regardé sur place un video d'époque montrant les lieux et les gens, la visite des baraquements est hautement émotive. Il y avait un groupe de jeunes d'environ 14-15 ans qui faisait la visite en même temps; c'est la première fois que je voyais des ado aussi muets et sages pour une visite scolaire!! J'étais avec 2 amies et je ne crois que que nous nous sommes adressées plus que 3-4 mots durant tout le temps que nous avons été là, nous n'avons même pas pris de photos à part les grilles à l'entrée... pas le coeur à ça. Nous devions aller manger un morceaux au resto par la suite... l'appétit n'y était plus. De tout mon voyage en Allemagne, c'est cette journée pluvieuse qui me reste bien fraîche en mémoire.

Mousseline : Oradour, c'est dans le Limousin, vers l'Est mais dans les terres, à peu près au milieu dans le sens nord/sud. Je n'ai pas pris de photos. Comme l'a dit Zéta, c'est un lieu de recueillement incroyable.

J'avais oublié mais je suis aussi allée à Verdun, quand j'étais plus jeune. C'est très intéressant, moins émouvant je trouve que Oradour, plus pédagogique en fait, mais c'est vrai qu'on a plus l'impression de visiter.

J'avoue ne pas être une grande fan de ce type de visites... Je préfère éviter.
J'ai tout de même "visité" les grandes plages du débarquement avec leur alignement de Blockhaus.
Phil, ton témoignage sur Dachau, me rappelle ma visite d'Auschwitz en Pologne en 99 dont je me souviendrai toute ma vie je pense... Un groupe de jeunes était là aussi avec leur drapeau d'Israël....
Par contre, je lisais il y a peu un reportage où on disait qu'Auschwitz était devenue une destination touristique à la mode ! Photos à l'appui de jeunes se faisant photographier tout sourire devant les portes etc... Quelle image !
"Respecter les lieux, c'est ne plus s'y rendre" écrit Alain Finkielkraut : je suis assez d'accord dans ces conditions.
voici le lien vers l'article telerama

Un autre lieu à visiter très émouvant mais très intéressant aussi pour les idées de résistance qu'il revendique, c'est le "Mémorial de la résistance en Vercors".

Le Mémorial de la Résistance en Vercors
féconde l'imaginaire....



La
programmation du Mémorial délivre un message universel de paix, de
solidarité, de tolérance et d'engagement pour la liberté à travers :

L'Histoire des grands conflits
contemporains -L'éducation civique : les enjeux de l'Union européenne,
l’évolution du service militaire, identité et nationalité, intégration
et exclusion, résister aujourd'hui, les droits de l'homme et de l'enfant

La philosophie : l’homme peut-il éviter de faire
la guerre? Faut-il comprendre son passé pour construire son avenir?
Apprendre à vivre ensemble tout en étant différents, culture et
barbarie, justice et mémoire, la démocratie

Je l'ai visité il y a quelques années et en garde un souvenir intense.

J'ose à peine imaginer comment la présence militaire en temps de guerre doit être marquante, particulièrement pour les enfants. Je n'ai pas vécu la guerre, heureusement, mais lorsque j'avais environ 10 ans, il y a eu une opération militaire (exercice nordique) dans mon petit village natal. Les soldats, tente de l'armée, hélico, camion tank, lignes de communication improvisées, tir (à blanc) pratique d'explosion... Bref, une simulation de guerre avec le QG directement sur le terrain de baseball de l'école! Même si je savais que c'était faux, j'étais très impressionnée et 27 ans plus tard, je m'en souviens très bien. Plusieurs années plus tard, il nous arrivait de trouver des boîtes de cartouches (à blanc) dans les fossés.

Dans la région où j'habite, il y a de nombreux sites se rapportant à la première guerre mondiale et de nombreux villages portent la trace du passage des deux guerres mondiales. Le site du chemin des dames est assez connu avec la caverne du dragon. La région de l'Aisne a été fortement marquée par les combats, les tranchées, les trous d'obus. Voici le lien du site http://www.chemindesdames.fr/default.asp
LA visite de ces lieux est émouvante et poignante.

Je viens d'aller lire les souvenirs de Franillon. C'est très bien écrit et très intéressant.

Moi la seconde guerre mondiale mes grand-parents l'ont vécu. Mes deux grands-pères ont été prisonniers. Mon premier grand-père dans une ferme allemande, j'ai d'ailleurs en héritage la grammaire allemande qu'on lui avait donné pour qu'il apprenne l'allemand. Je me demande si ce livre a bien pu lui servir. Mon deuxième grand-père n'évoquait jamais la guerre, prisonnier il avait dû travailler à l'usine en Allemagne et n'avait pas manger à sa faim.

Ma grand-mère attendait mon grand-père partit à la guerre seule avec ses deux enfants. A côté de chez elle vivait des soldats allemands; comment a t-elle trouver le courage de vivre au jour le jour? Chez mes parents on a encore une vieille commode dont le plateau a été en partie brûlé par ces soldats allemands.

Ma grand-mère a toute sa vie garder les "séquelles" de la guerre. Elle ne jetait rien et économisait la nourriture. Je l'ai souvent vu boire du vin coupé d'eau ou même (anecdocte qui nous fait sourire dans la famille) réchauffer son reste de frites à la poêle!

Bine sûr ses souvenirs sont banals mais ils me sont chers car mes grand-parents sont partis trop tôt et je n'ai pas eu le temps de parler beaucoup de ce qu'ils avaient vécu en ce temps-là. C'est pour ça aussi que la littérature est là; pour combler certains vides dans mon existence.