Takis THEODOROPOULOS (Grèce)

De : Sahkti1 (Message d'origine) Envoyé : 2006-03-28 07:48

Takis THEODOROPOULOS, Les Sept Vies des chats d'Athènes
Editions Sabine Wespieser, ISBN 2848050144
Littérature grecque

Petite interrogation personnelle : est-ce de sept ou neuf vies dont disposent les chats ? En tout cas ici, ils en ont sept. Sept vies, sept âmes. Et une fable très amusante de Takis Théodoropoulos (titre original : I eftàpsyhes ton Athinon) qui imagine que les philosophes se sont réincarnés en chats de gouttière.
Seulement voilà, nous sommes en 2004, Athènes prépare les J.O. et il n’est évidemment pas question, pour des raisons de sécurité, de laisser traîner de tels matous hurlants qui pourraient incommoder les nombreux touristes prêts à débarquer en force.
La résistance s’organise, le "Club des Sept Ames", patronné par de charmantes dames d’un certain âge, part en guerre contre la chasse aux matous. De sit-in en manifestations, nos braves mamies protègent les chats dont elles apprennent même le langage. Affrontement moral et physique entre forces de l’ordre et défenseurs des félins. Le 15 août, une chasse non pas à l’homme mais au chat est organisée sur la colline de la Phyx pour faire déguerpir les importuns.
Je ne vous raconte pas la fin, elle est étonnante, amusante et très réjouissante. De quoi désormais considérer les chats autrement en les croisant sur un toit ou faisant les poubelles. Il se cache peut-être en eux d’éminents philosophes !

Un extrait:
"Contrairement au chien, pour qui la laisse et le collier font office d’attributs existentiels, le spectacle d’un chat attaché est aussi absurde que l’image d’un pingouin attendant son tour à l’entrée d’un cinéma. On ne saurait qualifier un chat, fût-il dépourvu de tout (domicile fixe, nom de baptême, prénom de la mère ou qualité professionnelle), de "pauvre clochard".
Car les chats, ou plutôt les sept-âmes, n’ont que faire de brevet, particule ou pedigree. Ils n’éprouvent pas non plus le besoin de justifier leur existence par la démonstration de sentiments philanthropiques en escortant quelque malvoyant ou en aboyant afin de protéger la fortune de leur maître.
Le chat n’aboie jamais. Il n’agite pas non plus la queue en signe de reconnaissance. Car le chat est un chat. Qu’il soit matou, minet ou simple chat de gouttière, il demeure ce félin indomptable qu’il n’a jamais cessé d’être."

Ma note: 4/5

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De : Sahkti1 Envoyé : 2006-05-30 08:27

Takis THEODOROPOULOS, La folie de midi
Editions Metropolis

A force de trop se regarder le nombril, le narrateur finit par se détester. Air connu que Theodoropoulos met subtilement en musique grâce à ce personnage dont le fantôme revient hanter les pensées. Notre homme était autrefois gauchiste, proche du prolétariat, tout comme sa femme. Reconverti dans les affaires, il en a perdu beaucoup de son sens moral, ce qui rend sa vie actuelle quelque peu triste et terne, parce que sans culpabilité, on ne se sent pas vraiment mal et à force de penser que tout va trop bien, ça finit forcément par aller mal.
Le narrateur s'ennuie alors il cherche la cause cette lassitude, qualifié joliment par Theodoropoulos "d'ennui parfaitement démocratique". Une vie sans ennui est une vie qui s'ennuie; face à cette terrible conclusion, le héros n'ara de cesse que de rechercher du sang, de la souffrance (pas uniquement dans les fantasmes sexuels sadomaso de sa femme!) et pour ce faire, une arme se dessine lentement mais sûrement: le suicide.
Attention: ceci est un livre féroce!
Takis Theodoropoulos, l'air de rien, décrypte chacun des mécanismes du narcissisme et de l'ennui contemporain.
Force est de reconnaître qu'il a raison lorsqu'il énonce que généralement quand tout va bien, c'est qu'en fait ça va mal, mais qu'on se ment souvent à nous-mêmes. Jusqu'au jour où...
J'avais aimé "Les sept vies des chats d'Athènes" et c'est avec plaisir que je retrouve ici la verve et la causticité de Theodoropoulos. Le style est vif, il y a pas mal de répartie et puis j'apprécie particulièrement le symbolisme à peine voilé que l'on trouve dans ce texte: la gauche passée à droite, le militantisme devenu ennui, le narcissime devenu suicide nombriliste. Ça en serait presque pervers tellement c'est habilement tourné.

Ma note: 4/5

Le premier titre est pour toi Prospéryne!

Présentation des Editions Sabine Wespieser :
Takis Théodoropoulos est né à Athènes en 1954. Après des études de lettres et un séjour en France – il a notamment collaboré à Libération –, il a très vite publié ses premiers livres, en même temps qu’il exerçait la profession de journaliste culturel. Repéré comme l’un des chefs de file de la nouvelle génération des romanciers grecs, il nourrit son inspiration d’une solide culture antique. C’est le sujet du Paysage absolu, paru chez Actes Sud (1992) ainsi que des Sept Vies des chats d’Athènes (2003), du Roman de Xénophon (2005), et de L’Invention de la Vénus de Milo (2008), tous trois parus chez Sabine Wespieser éditeur. Également publiés en français, La Chute de Narcisse (Actes Sud, 1995), La Folie de Midi (Métropolis, Genève, 2003) et Nous sommes tous des Gréco-Latins (Flammarion, 2005).
Aujourd’hui éditeur chez Okéanida à Athènes, après avoir dirigé des collections de littérature étrangère chez différents éditeurs dont Kastaniotis, il est chroniqueur pour Ta Néa, l’un des grands quotidiens grecs. Il est également le président du Centre national du livre de Grèce.
Takis Théodoropoulos a publié en grec une dizaine de romans et une pièce de théâtre.

Le va-nu-pieds des nuages Takis Théodoropoulos
Sabine Wespieser / 373 pages




En 423 avant JC, année de la première représentation des Nuées, Socrate n’était pas encore le célèbre philosophe qu’il deviendra. Certes reconnu par le petit cercle de ses disciples pour la subtilité de ses raisonnements, il ne jouissait alors d’aucun prestige, d’aucune notoriété. La pièce d’Aristophane fut un échec, qui mortifia son auteur.
Pourquoi le dramaturge a-t-il mis en scène cet inconnu ?
C’est ce que Takis Théodoropoulos, avec l’ironie et l’érudition qu’on lui connaît quand il s’agit de décaper les figures antiques, va développer à loisir en écrivant l’histoire de cette comédie.
Il part de l’hypothèse que les dieux n’en peuvent plus de l’outrecuidance des Athéniens : même la Grande Peste de 430, qui a pourtant emporté Périclès, n’a pas eu raison d’eux. Ils continuent de se prendre pour le centre du monde, eux à qui les Olympiens doivent une invention essentielle, celle de la langue grecque.
Il s’agit dès lors de semer la zizanie à Athènes : le démon dépêché parmi les hommes à cet effet, à qui Takis Théodoropoulos donne le beau rôle du narrateur, va mettre à exécution le plan divin. Sa mission spéciale consistera à rendre si célèbres – et si perturbateurs – les questionnements de l’obscur Socrate que ces prétentieux d’Athéniens en seront à jamais aphasiques.



Un très beau roman, très érudit. Dès les premières pages, j'ai été happé par ce roman qui a ravivé de lointain souvenirs sur la Grèce antique, la cité d' Athènes, la mythologie grecque, Aristophane, ses pièces, le théâtre antique en général ainsi que Socrate et sa philosophie... Régulièrement, je me suis sentie obligé d' interrompre ma lecture pour rechercher quelques précisions. Takis Théodoropoulos s' empare de la Grèce antique et de sa mythologie, ils les imbriquent nous les rendant si vivants. C'est un réel plaisir de lire un tel livre par ailleurs très bien écrit.
A lire et à relire...

Excellent ! C'est tout à fait pour moi ! Ayant adoré le portrait que Pierre Hadot fait de Socrate dans son livre Exercices spirituels et philosophie antique, je suis curieuse de voir comment Takis Théodoropoulos met en scène cet incroyable personnage.

Oui je l'ai noté, moi aussi.

Louvaluna, tu t'intéresses à la philosophie?
J'ai lu l'année dernière l'essai de Pierre Hadot "qu'est ce que la philosophie antique?", car c'est une période de la philo que j'aime beaucoup, et j'aimais bien sa façon de présenter les choses. Si ça t'intéresse, je te le conseille.

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