David DUMORTIER (France)

C'est vrai que je lis rarement de la poésie car, plus je crois que pour les romans, je suis très sélective. J'aime les mots doux, les sonorités qui glissent à l'oreille, les formules bien tournées, les insinuations et autres sens cachés.
Dans Des oranges pour ma mère, un petit garçon attend la sortie de sa mère de prison. Avec sensibilité il livre sa vision de ce retour à la maison bercé par l'étrangeté de la situation et l'apprivoisement de deux êtres séparés par le milieu carcéral mais dont le temps semble avoir couvert les blessures.
Les illustrations d'Estelle Aguelon sont en pleine page et le texte s'appose parfaitement aux images. Celles-ci combinent des teintes chaudes, des profils et des flous qui apportent un vrai plus au texte. Le texte est, lui, simple - n'oublions pas que c'est le point de vue d'un enfant -, mais touchant avec une progression des pensées qui correspond au trajet retour en voiture, là où le silence s'installe.

Ce livre est un petit objet très beau, à la couverture un peu rugueuse et aux pages très travaillées avec une vraie collaboration entre poète et illustratrice. Je ne vais pas bouder mon plaisir de reprendre ce petit livre qui, je suis sûre, me fera grandir. Je ne savais pas à quoi se référaient les oranges mentionnées dans le titre mais la aussi la signification est pleine de poésie. En somme j'ai été charmée par ce livre qui m'a, par la même occasion, fait découvrir un petit éditeur qu'il me sera plaisant de recroiser au travers d'autres incursions poétiques.