Vivian LOFIEGO (Argentine)

Le sang des papillons    
Vivian Lofiego  
JC Lattès 16 avril 2014        
    279 pages   
  
4^ème de couverture
Commença alors l’histoire d’un être qui avait disparu. Commença alors l’obsession de le maintenir en vie, de le sentir, de le palper, de suivre la piste, à l’endroit où il ne restait plus qu’une vague empreinte, de plus en plus floue, abstraite, imperceptible, de son existence.»
Argentine, 1976. À la suite d’un coup d’État, la Junte militaire commandée par Videla, Massera et Agosti prend le pouvoir. Le climat est délétère, la méfiance s’installe, les gens ont peur. Les opposants de gauche sont traqués comme des bêtes. Peu à peu, des hommes « disparaissent ».Tamara, la narratrice, est encore une enfant lorsqu’elle voit, un soir, son père se faire emmener de force par des hommes. Ils le jettent dans une voiture et démarrent. À cette même période commencent les « vuelos de la muerte », « les vols de la mort » – châtiment des opposants au régime, jetés d’un avion dans le Río de la Plata. Tamara ne verra plus jamais son père. Ana, sa mère, plonge dans le désespoir et se coupe de tout: du monde, de sa fille. Angélica, la grand-mère, essaie de soutenir la famille, mais comment vivre avec le poids du silence?
Vivian Lofiego, avec beaucoup de délicatesse, nous livre un premier roman intime sur la blessure et l’effroi des pires années que connut l’Argentine.

Mon avis
Le sang des papillons est un roman qui évoque et compare les situations des personnages, le père enlevé par le régime, on ignorera ce qu’il est devenu, Tamara, sa fille, Ana, la mère et Angélica, la grand-mère. Maintenant  peut-on évoquer les horreurs de l’histoire pas si lointaine de ce pays par le biais romanesque ? Cependant  j’ai remarqué le jugement de Vivian Lofiego sur l’attitude l’église face au régime, car pendant qu’une partie était consentante face aux atrocités, l’autre dont faisaient partie les curés s’occupaient des opprimés des bidonvilles alors que d’autres combattaient aux côté des guérilléros. L’auteure dénonce aussi les horreurs commises sur les religieuses torturées et ensuite jetées à la mer lors d’un vol de la mort par la junte militaire. Un récit très dur, imprégné du sentiment de la peur, de la mort toujours présente. Très peu de dialogues pour exprimer un point de vue sur la façon de vivre d’une famille qui était victime des crimes de la junte. La méfiance, la loi du silence éloignent Tamara du monde de l’enfance et doit se conduire comme une adulte  dans ce contexte directorial.  Des figures antiques, Minos, Icare, Antigone ou Pénélope hantent le roman cependant que le papillon domine ainsi que les métaphores, tout  cela écrit avec une plume élégante, délicate et poétique qui allègent l’atmosphère de ce très bon roman. 4,5/5
 
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