Pierre VÉRY (France)

De : gallomaniac (Message d'origine) Envoyé : 2006-12-06 14:29
L'Assassinat du Père Noël, (pseudo-)polar regional de Pierre VÉRY 3,5/5
©Pierre Véry 1947, Poche 1966, 247 pg

L'histoire commence à la fête de Saint Nicolas, patron de la Lorraine, dans Montfort, gros bourg du département de Meurthe-et-Moselle. On prépare la châsse du Saint, qui est montré trois fois l'an: le lundi de la Pentecôte, le 6 décembre et la nuit de Noël. Les enfants chantent dans la rue et le sacristain voit un homme masqué disparaître. Celui-là a laissé une lettre anonyme qui parle du trésor de l'église de Saint-Nicolas-du-Port volé il y a trois ans. Le prêtre demande l'aide de l'avocat parisien Prosper Lepicq. Mais c'est le Marquis de Santa Claus qui se présente. On apprend la légende d'un réliquaire du Saint: "interroge l'etoile du Berger, tu trouveras le Bras d'Or caché ". Noël arrive et quand le sacristain veut préparer la châsse, c'est la panique... Pendant que la Fête de Noël continue, l'enquête de Santa Claus va confondre le Père Noël, vif ou mort, on ne sait pas bien; une ambulance vient et repart, tandis que la police se fait attendre pour des causes plutôt drôles. L'arrivée de plusieurs personnes au village compliquent les évenements. Grâce à Santa Claus tous les énigmes seront résolus et le village devient heureux gardien du Bras d'Or. "La visite de Bras d'Or coûte un franc. On peut aussi se faire montrer, rue de l'Atre, le creux du mur où Prosper Lepicq a retrouvé le reliquaire." Ça se termine avec la fille du château qui raconte: "Il était une fois..."

Pierre Véry, né en 1900 à Bellon (Charentes), qui un temps a essayé de devenir champion cycliste, a fait plusieurs boulots avant d'ouvrir une librairie d'occasion. Il avait déjà écrit quelques livres semi-autobiographiques, quand il écrivait un pastiche du roman policier anglo-saxon: "Le testament de Basil Crookes", qui à sa surprise recevait le Prix du Roman d'Aventures. C'est pourquoi il se lancait à une série de vingt-cinq "pseudo-polars" dans lesquelles la part de déduction ne sert que de prétexte pour des romans fantaisistes et poétiques. Plusieurs de ses "pseudo-polars" sont adaptés, y compris ce livre. Pierre Véry aurait aimé écrire un livre de 2000à 3000 pages qui serait un "Mille et une nuits policières" mais sa mort intervenait en 1960.
"L'assassinat du Père Noël" a tous les élements d'un polar regional et d'une feérie humoristique. On y apprend pas mal de coutumes et de folklore, des bouts de chants, des querelles de village. C'est léger et agreable; ça vaut quand même 3,5/5.
Regarde aussi En Charente avec Pierre Véry et Position de Véry dans l'histoire du Polar .


De : gallomaniac Envoyé : 2006-12-15 16:53
Goupi-Mains rouges, (pseudo)polar de Pierre Véry 4/5
1ere ed. 1937, Ed. Nelson 1963, 218 pg.

1920, quelque part dans le sud-ouest de la France profonde, vivent quatre générations de Goupi. On les nomme par leur surnoms: Goupi-l'empereur, 106 ans, Goupi-La loi, ancient policier, 69 ans, Goupi-Mains rouges, un peu sorcier, 55 ans, Goupi-Monsieur, 27 ans, Goupi-Muguet sa nièce 20 ans; et d'autres. Goupi-Monsieur, arrivant de Paris, est accueilli avec des farces plutôt lugubres. Le
même soir, Goupi-l'Empereur est attaqué, un magot est volés et un peu plus tard, Goupi-Doux-Jésus, disparu, est trouvé morte. Un assassin dans la maison! Mais les affaires de Goupi ne regardent que les Goupi. Et les Goupi, innocents et meurtrier confondu, se constituent détectives, se posent la question des alibis et font une reconstitution avec un résultat surprenant. Des interrogatoires suivent. Affaires de famille, affaires de paysans, affaires d'argent, affaires d'amour: les déductions de Goupi-Mains rouges apportent toutes les solutions.
Un récit de déduction sans prétentions avec un goût de terroir, bien construit; un classique toujours agréable à lire.

Pierre Véry: Un Grand Patron. Ma note 4,5/5.
(Julliard 1951) Club de la femme 1964, 254 pag, avec introduction sur l'auteur.

Selon l'introduction, le livre est la contrepartie, pas le scenario du film du même nom, auquel Véry à participé à la réalisation. Il a voulu y exprimer ce qui ne peut pas tout à fait être exprimé à l'écran.

Le Grand Patron, professeur-chirurgien à Paris, qui vient de développer la greffe du rein, est à la veille de son élection à l'Académie de Médecine: il n'a qu'à attendre la mort d'un ou deux éminences grises...
Le Grand Patron, distraitement tendre, consciemment cynique ou cassant par irritation, est un worcaholic incorrigible avec une maitresse légitime: la Maladie, à coté d'une femme éternellement en attente, au milieu de collègues, assistent(e)s, étudiants, patients et mondaines.
Une banale épisode des hommes en blanc? Oui et non, loin de là. Pierre Véry est maître dans l'art d'illuminer ses scènes de plusieurs directions en racontant les pensées des personnes qui y sont présents plutôt que de donner des dialogues. Il y a même des passages où le texte a deux colonnes parallèles de pensées, comme les deux faces d'une tête de Janus, ou même trois, ou quatre faces. C'est précieux, c'est tendre, c'est humoristique, c'est cassant, touchant, c'est maladroit ou peut-être très adroit, c'est .... vivant.
C'est tendre, comme autour d'Emile, sympathique garçon, plein de phantasie qui voit dans le chirurgien avec son masque l'homme invisible de H.G. WELLS, qui va être déçu mais qui touche -un peu tard- le coeur du Grand Patron.
C'est cassant, comme envers la femme qui s'imagine toutes les maladies qu'elle lit dans le Larousse Médical: "Eh bien, commencez donc par lire les Trois Mousquetaires de préférence au Larousse Medical. Quoi? Vous les avez déjà lus! Alors relisez-les! Ou lisez la suite: Le Vicomte de Bragelonne. Vingt ans après. Que sais-je? Ce ne sont pas les saines lectures qui manquent. Bonsoir! A tout à l'heure chez Tannard.
C'est cynique, comme quand un journal suggère que le médecin adopte l'orphelin de son intervention ratée. "Après ce précédent infiniment louable, certes, mais fâcheux pour les chirurgiens, que d'adoptions en perspective!"

Et remplir deux pages de mots scientifiques que cela fait sourire, sans que cela détonne dans le récit; et remplir le livre de personnes secondaires que l'on suit avec autant d'intérêt que le personnage principal, il faut le faire. Véry l'a fait!

La lecture est légère et amusante, mais le récit est bien plus qu'un amusement: il y passent sur un ton de légèreté et d'humour, pas mal de lécons de vie - et de maladie.
J'ai apprécié Un Grand Patron encore mieux que les livres que j'ai lu de lui pendant le thème polars. Ma note 4,5/5.

Sympa de parler de Pierre Véry,bien délaissé aujourd'hui.Déception cependant avec Les quatre vipères,roman inconnu pour moi de Pierre Very.Je ne sais pas si c'est une oeuvre de jeunesse mais je le crois tant l'ombre de Maurice Leblanc et d'Arsène Lupin semble planer tout au long de cette enquête dans le Paris des années trente,avec mystères de chambre close et rivalités de journalistes. Un petit air de Rouletabille vous vous en doutez.Mais rien de commun avec les très bons romans cités plus haut et Gallo l'a très bien dit.On peut rajouter Les anciens de saint Loup et Les disparus de Saint Agil.Le cinéma s'est pas mal servi de son talent.