Maxime RAYMOND BOCK [Québec]

Né en 1981

Morel

Morel a construit tout Montréal, du métro à la place Ville-Marie, en passant par le tunnel Louis-Hippolyte-Lafontaine sous le fleuve. Morel et sa famille habitaient aussi dans les zones du centre-ville touchés par les travaux et ils sont exproprié à plusieurs reprises, lorsque leurs quartiers sont rasés. Le livre entremêle des épisodes de moments variés de sa vie, enfance, vieillesse, mariage, famille, conflit avec ses adolescents, divorce…

Le livre est une superbe fresque du Montréal ouvrier de la 2^e moitié du XXe siècle, mais sans misérabilisme. Morel a un problème d’alcool, sa famille se disperse et son couple éclate, mais il se souvient aussi de moments de bonheurs avec ses enfants, il rencontre une nouvelle compagne de vie et rétabli certains ponts familiaux à la fin de sa vie. Le livre est un bel hommage à la ville (et à ses monuments comme le pont Jacques-Cartier), mais aussi une dénonciation des décisions d’urbanisme qui écrasaient les vies des pauvres qui habitaient les quartiers à « nettoyer ». Entre autres, on a rasé complètement une zone pour une autoroute qui n'a jamais vu le jour. De plus, les compensations pour expropriation allaient aux propriétaires, alors que la majorité des abandons de ces quartiers pauvres étaient des locataires qui devaient se reloger, refaire leur vie et absorber les frais.

J’ai aussi aimé la construction du livre, bien qu’un peu déconcertante au début. D’un chapitre à l’autre, l’action semble continuer, mais on change en fait d’époque et parfois même de personnages. Il y a toutefois souvent de petits marqueurs pour reconnaitre l’année (mais il faut être au courant de l’histoire québécoise : l’expo en 1967, les jeux olympiques en 1976, les floralies 1980, les référendums 1980 et 1995). Une excellente lecture pour moi.

5/5

RR