Oscar LEWIS (Etats-Unis)

De : Cryssilda_ (Message d'origine) Envoyé : 2006-01-22 11:12

La Vida - Une famille porto-ricaine dans une culture de pauvreté : San Juan et New York d'Oscar Lewis
Collection Témoins/Gallimard
810 pages

Ce livre n'est pas un roman, c'est l'étude ethnologique d'une famille vivant à San Juan à Porto Rico dans le quartier de La Esmeralda, l'un des grands bidons-villes de l'époque (c'est une étude qui a été faite dans les années 60). Le livre s'organise en cinq parties, chacune d'entre elles concernant l'un des membres de la famille en commençant par Fernanda la mère, et puis ensuite ses quatre enfants (trois filles et un garçon). Le livre s'appuie sur diverses entrevues enregistrées, des observations de journées parmi les familles, des réponses à des questionnaires très minutieux... Ce qu'Oscar Lewis essaie de faire, c'est avoir une vision précise de ce qui se passe dans une certaine partie de la société portoricaine, parmi les très pauvres, mais sans avoir l'ambition de dire que ce qu'il observe est représentatif de la société portoricaine en général (il explique tout ça à la fin du livre, son étude ne porte que sur une certaine partie de la population bien définie). Donc, pendant tout le livre on est dans l'intimité de cette famille, dans leur quotidien, avec plusieurs points de vue pour rendre le "rapport" le plus objectif possible.
C'est un milieu de pauvreté extrême. Bien souvent les femmes vivent avec un homme juste quelques mois ou quelques années. Les femmes commencent à avoir des enfants à l'âge de 13/14 ans, et se retrouvent avec 5 ou 6 enfants, bien souvent de pères différents, à 22 ans. Bien souvent elle élèvent leurs enfants seules, les pères semblent assez irresponsables et "boivent leur salaire". Toutes ses femmes ont à un moment où un autre recours à la prostitution (c'est ce que veut dire l'expression "être dans la vie") pour pouvoir payer leur loyer et nourrir leurs enfants. L'ambiance dans cette famille est entourée de violence (si un homme nous trompe, on lui taillade le visage, voire plus), le langage est très très cru, le sexe est très présent dès le plus jeune âge des enfants et les enfants bien souvent livrés à eux-mêmes.

Ca a été une lecture passionnante. On apprend beaucoup sur un mode de vie dont on a souvent qu'une simple et vague idée. Le travail d'Oscar Lewis est vraiment impressionnant. J'ai vu qu'il a écrit d'autres ouvrages sur le Mexique et sur Cuba, et ce sera certainement lu très prochainement.