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Agnès DESARTHE (France)

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Message  Mousseline Mer 19 Nov 2008 - 4:19

De : Claarabel Envoyé : 18/04/2005 13:09
V.W. : le mélange des genres
Geneviève BRISAC avec Agnès Desarthe !
L'Olivier, 280 pages.

Motivation : "Ce livre est né de nos lectures et de nos relectures des romans, des essais, des lettres, des nouvelles et du Journal de Virginia Woolf. Ce que nous désirons plus que tout, c'est que ce portrait, puisque c'en est un, amène de nombreux lecteurs à l'oeuvre elle-même, dégagée des malentendus, des clichés qui s'y attachent encore." - Ainsi évoquent en choeur Geneviève Brisac et Agnès Desarthe ce travail d'écriture en commun, sous l'appellation modeste et épurée de "V.W.". Simples initiales pour évoquer l'Auteur, Virginia Woolf, dont l'oeuvre prolifique est souvent considérée compliquée, ardue et extravagante.
Plus qu'un portrait, ce livre met en lumière les facettes multiples de la femme et l'écrivain. Depuis son enfance sous la coupe solaire de sa mère, l'Ange du foyer, décédée trop tôt, et la conscience vive et aigue d'être sous l'ascendant de son père et ses frères/demi-frères, privée de l'accès à la culture, à l'université, qu'au travers l'emprise de ces derniers. Virginia est une jeune femme très attachée à sa soeur Vanessa, elle épousera Leonard Woolf, sera à l'origine du célèbre cercle de Bloomsbury, écrira une multitude de pages (romans, essais, nouvelles...) et souffrira que l'ensemble soit incompris, conspué et bafoué. Bref, Virginia Woolf est, pour dire simplement, cet être torturé par un talent trop grand, une conscience trop aigüe de sa condition injuste de femme, de sa vanité, son orgueil, parfois sa solitude. Hantée aussi et surtout par "les démons noirs et velus de la dépression", un combat de chaque instant, qui aura raison d'elle.

La lecture de "V.W." apporte de la sérénité, de la lumière et beaucoup de modestie sur le style "woolfien" et l'univers post-victorien, vaguement édouardien. Pour sûr, Virginia Woolf a renouvellé le roman, a tenté de concilier son goût de la peinture à celui de l'écriture, elle a également livré les frontières de son imagination fertile, ses combats intérieurs. Geneviève Brisac et Agnès Desarthe ont réussi leur pari : partager leur passion pour "Mrs Dalloway", "Les vagues", "Promenade au phare", etc.., briser les tabous, faire tomber les barrières, ... bref ceci est un livre étudié, fourni, simple et accessible à tous.

4/5


De : Chantal5500 Envoyé : 20/04/2005 15:39
V.W. - LE MELANGE DES GENRES : (Geneviève BRISAC avec Agnès DESARTHE.)
Editions de l'Olivier - 280 pages.

En fait, ce livre est plus un essai qu'une biographie, (en tout cas pas une biographie traditionnelle), mais ce n'est pas un essai ardu, au contraire, la lecture est très plaisante et facile. Ce livre nous permet de mieux comprendre l'oeuvre de Virginia Woolf, d'apprécier sa "langue" qui peut paraître si difficile, si hermétique, mais qui comble tant le lecteur quand celui-ci s'y immerge. Geneviève Brisac et Agnès Desarthe nous font découvrir une Virginia non pas bourgeoise, dépressive et narcissique, mais une femme sans cesse "en recherche" : infatigable lectrice, érudite impressionnante, éditrice passionnée, travailleuse incessante, toujours prête à remettre en question son écriture, pour chercher une meilleure façon de mettre en mots, en phrases ses impressions sur le monde, sur la vie. Elle fut très en avance sur son temps, rompant avec l'éducation victorienne, révolutionnant le roman comme les surréalistes ont révolutionné la peinture. Cette peinture qui l'a tellement attirée, elle qui voulait tant faire éprouver, par l'écriture, les mêmes émotions que peut exprimer une peinture.

J'ai pris beaucoup de plaisir à cette lecture, confrontant mes propres compréhensions de l'oeuvre de Virginia à celles des auteurs, avec bonheur souvent. Le livre est truffé de citations, toutes plus belles les unes que les autres. J'ai eu une autre vision du roman "Les vagues" que j'avais lu juste avant et que j'avais trouvé difficile. Je pense qu'il faut avoir lu Virginia Woolf avant de lire ce livre, mais ensuite, une relecture paraît aller de soi. En tout cas, cette lecture m'a conforté dans ma compréhension personnelle de l'oeuvre de Virginia Woolf et m'a donné envie de continuer à lire cette auteur, et ses romans que je n'ai pas encore abordés.
4,5/5

Citations :
" Je ne veux pas être célèbre, ni grande, je veux aller de l'avant, changer, ouvrir mon esprit et mes yeux refuser d'être étiquetée et stéréotypée. Ce qui compte, c'est se libérer soi-même, découvrir ses propres dimensions, se libérer des entraves."
" Disons que l'instant est une pensée, une sensation, plus la voix de la mer."
"Quand nous lisons ces petites histoires à propos de rien, nous sentons notre horizon s'élargir, notre âme atteindre une
étonnante impression de liberté."
" Savoir qui je suis, c'est savoir qui est l'autre et se définir par rapport à lui."



Réponse
De : Claarabel Envoyé : 20/04/2005 19:09
Bravo Chantal !

Par contre je ne sais pas s'il faut avoir lu nécessairement l'oeuvre de Virginia Woolf avant de se plonger dans ce livre, du moins en avoir connaissance, comme moi. Je n'ai lu que le "Journal" et "Une chambre à soi", en vain "Mrs Dalloway"... Par contre je connais l'ensemble de son oeuvre, grâce à mes études d'angliciste.

Cet ouvrage a le mérite d'avoir "désacralisé" l'écriture souvent ardue de Virginia Woolf, ou "hermétique" comme tu dis si bien !... Geneviève Brisac et Agnès Desarthe ont su explorer l'oeuvre de manière simple et limpide, au risque de rendre l'univers de V. Woolf finalement accessible !!! Du moins, elles ont franchement réussi leur pari de communiquer leur goût pour l'auteur et de donner l'envie d'ouvrir au moins UN livre évoqué dans cette étude !

Je cite un passage qui m'a plu, aussi :

"C'est l'âme qui importe, ses passions, ses tumultes, son étonnant mélange de beauté et de vilenie.
Il y a là un plaidoyer pour le lecteur, une conscience très moderne de l'importance du lecteur. Les critères que nous posons, les jugements que nous émettons s'insinuent dans l'air et deviennent partie de l'air que respirent les écrivains en travaillant. Or le lecteur est menacé par la paresse, par l'ignorance, par la facilité.
Si derrière les tirs erratiques de la presse, les écrivains sentaient qu'il existe un autre genre de critique, l'opinion des gens qui lisent pour l'amour de la lecture, lentement, pas professionnellement, et qui jugent avec une grande sympathie et pourtant une grande sévérité, les livres en seraient plus forts, plus riches, plus variés. Cet élan, cette confiance dans une sorte de démocratie des lecteurs est une chose mal conue et la plupart des gens se représentent Virginia Woolf comme une artiste élitiste peu soucieuse d'être lue par le plus grand nombre. Rien n'est plus injuste. Elle est consciente de la contradiction : souhaiter des lecteurs en grand nombre, parce que sans lecteurs, les livres se fanent, et ne rien céder sur l'écriture, sur la sincérité, sur les idées, sur la modernité.
(...) "

Agnès Desarthe a traduit un livre de Virginia Woolf, récemment réédité, "La maison de Carlyle".


Réponse
De : Chantal5500 Envoyé : 20/04/2005 20:19
Oui, Clarabel, je suis d'accord avec toi pour dire que G. Brisac et A. Desarthe ont "désacralisé" Virginia Woolf, c'était d'ailleurs leur objectif, superbement réussi. Et si plein de nouveaux lecteurs se mettent à lire Virginia, celle-ci en serait, (sera?) "supercomblée", puisque c'était ce qu'elle désirait le plus.
Par contre, j'ai apprécié d'avoir lu quelques livres d'elle avant, notamment les superbes "Promenade au phare" et "Mrs Dalloway" pour entrer en "connivence" avec les auteurs de V.W.
J'ai repéré aussi "La maison de Carlyle"....
En tout cas, très contente d'avoir partagé cette lecture avec toi ! A qui le tour???



De : Flo7717 (Message d'origine) Envoyé : 2004-07-30 13:23

L'auteur vu par l'éditeur :
Agnès Desarthe est née en 1966 à Paris où elle habite. Elle est mariée à Dante Desarthe, cinéaste, et a deux enfants. Agrégée d’anglais, elle a travaillé comme traductrice pour les Éditions de l’Olivier et l’École des Loisirs, où elle a publié de nombreux livres pour la jeunesse et traduit l’œuvre d’Alice Thomas Ellis en français. Après un premier roman remarqué, Quelques minutes de bonheur absolu (1993), elle s’impose comme une des voix les plus fortes du jeune roman français. Elle a reçu, en 1996, le prix du Livre Inter pour Un secret sans importance.

Le principe de Frédelle – Agnès Desarthe

Frédelle a perdu son mari dans des conditions qui restent mystérieuses. Elle vit désormais seule dans une grande maison, n'en occupant qu'une partie. Psychologue scolaire, elle va se passionner pour un enfant surdoué, Irwin. Mais Frédelle ne se méfie pas assez des hommes…

C’est un livre qui m’a vraiment donné du mal à cause du style très spécial de l’auteur. N’ayant rien lu d’autre d’elle je ne sais pas s’il lui est habituel ou seulement dédié à « Frédelle ». L’histoire elle-même est très bizarre et je pensais que le dénouement serait tout autre et un peu plus profond, plus en rapport avec la personnalité de Frédelle elle-même. Cette femme est déconcertante dans sa façon de vivre et dans son mode de pensée. Je n’ai rien compris à l’intérêt des voix qu’elle entend et au nom donné à la maison. J’ai souvent eu envie de laisser tomber et pourtant un je-ne-sais-quoi m’incitait à poursuivre. Peut-être parce que par moment je retrouvais le ton de Geneviève Brisac mais de façon bien trop fugitive. En définitive, c’est un livre qui ne m’a pas vraiment plu et qui m’a beaucoup intrigué quant aux motivations de l'auteur...

Points / 192 pages

2.5/5




De : doriane99 Envoyé : 2007-04-15 20:24

Mangez-moi
Ed de l'Olivier, 2006, 308p

Myriam, la quarantaine, décide d'ouvrir son restaurant : Chez moi, un tout petit établissement. Généreuse, anxieuse, désorganisée, rêveuse, blessée par son passé, elle est à la fois forte et fragile et tente de se reconstruire une famille en bichonnant ses clients. Une femme à la recherche de sa vie, profondément marquée par son passé et ses erreurs.

Un livre qui déborde de bon sentiments. Merveilleusement bien écrit, on savoure les plats mitonnés par notre restauratrice, on partage ses joies, ses souffrances. Impossible de ne pas s'attacher à cette femme qui n'arrive pas à trouver Sa place, coupable à ses yeux de tous les maux. J'ai beaucoup aimé !

4,5/5




De : Chantal5500 Envoyé : 2007-04-25 10:14

MANGEZ-MOI
Editions de l'Olivier - 308 pages

Myriam, après 6 ans de galère, suite à un divorce très douloureux, décide d'ouvrir un restaurant dans un quartier populaire de Paris. Ce sera "Chez moi" puisqu'elle ne peut se permettre d'habiter ailleurs car elle croûle sous les dettes diverses. Elle dort dans un sac de couchage sur une banquette, se lave dans le vaste évier de la cuisine. Arrive Ben, un jeune du quartier, qui s'impose pour l'aider à s'organiser, elle qui fait une délicieuse cuisine mais pour qui il est bien difficile de gérer la comptabilité et d'organiser les services toute seule. Il y a aussi Vincent, le fleuriste voisin, secrètement amoureux, qui lui rend souvent visite et fleurit sa salle. Peu à peu, grâce à Ben et toutes ses connaissances du quartier, le restaurant va prendre son essor, mais Myriam souffre, un mal la ronge, son passé lui interdit de connaître un bonheur plein.....

Voilà un roman à la fois grave et drôle, profond et léger, où le lecteur se sent complètement inclus auprès de personnages très attachants : Myriam, généreuse, fragile, mais avec un fol appétit de la vie, Charles son frère si proche dans l'enfance, qu'elle retrouve enfin, Ben le stagiaire plein d'idées et de générosité, Vincent le fleuriste, Ali le vendeur de légumes bio, Hannah et Simone, les étudiantes en philo.... Le livre est plein de recettes diverses qui font saliver le lecteur : le flan aux asperges, la ficoïde glacée à la vinaigrette de truffe, la cremolata, le gâteau roulé au pavot et à la confiture de cerise, le fondant au chocolat, le gâteau aux carottes et aux noix..... L'écriture est enlevée, alerte, et nous plonge dans les pensées les plus intimes de Myriam, ses doutes, ses peurs, ses hantises, ses rêves, ses regrets. Il règne dans ce roman une atmosphère chaleureuse qui vous met le moral au beau fixe et vous donne du "peps".

A lire !

5/5




De : Clochette1509 Envoyé : 2007-05-25 08:26

Mangez-moi - Agnès Desarthe
Editions de l'Olivier

Myriam, après plusieurs échecs dans sa vie personnelle décide de se reconstruire en ouvrant un restaurant : le "Chez Moi".
Après quelques débuts malheureux, elle va faire la rencontre de gens trop heureux de venir en aide à cette femme qu'ils sentent tributaire d'un lourd secret.
La première rencontre est celle de Vincent le "fleuriste" amoureux, puis les 2 étudiantes philosophes qui lui font se poser des questions sur elle-même, et puis Ben, qui par sa volonté de changer le monde, et par ses idées innovantes, va permettre à son restaurant de connaître un réel succès, et enfin Ali, qui va enfin lui ouvrir les yeux et se reconstruire en tant que femme. Tous ces gens vont également lui permettre de renouer "heureusement" avec son passé.

Mon avis :
C'est amusant en débutant ce roman, je pensais m'amuser. Alors c'est vrai qu'il y a quelques passages où l'on s'amuse, mais dans l'ensemble, j'ai trouvé ce roman plutôt poétique, à savoir l'auteur a su transformer des recettes culinaires en véritable poésie. Pour qui aime cuisiner, ce livre est un vrai régal.
Mais j'ai également aimé son combat de femme et de mère qui n'a pas su donner son amour à son fils, et l'amour qu'elle a des autres car ce que veut Myriam, ce n'est pas créer une affaire mais donner de l'amour aux autres par sa cuisine. Elle en devient ainsi la véritable cantinière de tout un quartier où chacun aime à se retrouver.
Bref, un petit bijou que je ne peux que conseiller de lire.

Ma note : 5/5

Clochette.
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Message  Mousseline Sam 22 Nov 2008 - 12:24




De : Sahkti1 Envoyé : 2007-05-30 10:28

Agnès DESARTHE, Cinq photos de ma femme

Voici une histoire qui m'interpelle profondément. Non par sa qualité littéraire (Agnès Desarthe écrit bien mais je l'ai connue en meilleure forme), mais par sa fin.
Max Opass (tiens, Opass, comme le nom de famille de Violette Opass dans "Un secret sans importance" de la même Agnès Desarthe. Oubli, volonté, coïncidence ?) a perdu sa femme il y a un peu plus d'un an. Son fils vit à La Paz et sa fille à Tokyo, ils ne se voient presque jamais mais s'écrivent souvent. Max a 80 ans, toujours en verve, il ne s'ennuie pas vraiment mais sent la présence de sa femme Telma autour de lui en permanence, ça finit par le déranger. Alors Max se dit que ça serait pas mal de fixer cette ombre, ce fantôme, en commandant un portrait de son épouse défunte réalisé à partir de cinq photos d'elle prises à des époques différentes. Max parcourt les pages jaunes, sélectionne quelques artistes dont le nom lui plaît, se rend chez eux, leur parle, passe commande et s'interroge de plus en plus sur le sens de la vie et de l'existence.
A la fin, Max récupère les portraits, aucun ne correspond à ses volontés, il sait que jamais il ne pourra emprisonner sa femme sur une toile, c'est dans sa tête et dans son coeur qu'elle réside désormais.

Ce texte est beau, les trois quart du récit s'écoulent comme un long fleuve tranquille sur lequel nous assistons aux petites péripéties de la vie de Max (sa montre cassée, sa voiture en panne, son club de bridge, son charme toujours agissant, etc.). A travers le portrait de Telma qu'il souhaite, c'est lui qui se raconte en ressassant ses souvenirs et en les livrant aux artistes dans l'espoir qu'ils comprennent quel amour particulier unissait Max et Telma. Ces conversations avec les artistes donnent lieu à de très belles rencontres, notamment avec Diane, une superbe jeune femme au visage défiguré.

En réalisant peu à peu que la vie passe, même pour lui, Max commence à s'interroger de manière plus profonde et existentielle sur la vie, la mort, la vieillesse, l'après-mort. C'est là que ce roman prend chez moi une tournure très particulière. Ces questions, je me les suis posées les unes après les autres, sans chaque fois trouver de réponses ou faisant évoluer celles-ci au gré du vent et de mes humeurs. En suivant le parcours de Max et en soulevant des interrogations identiques aux siennes, j'ai réveillé des craintes enfouies, voire des terreurs. J'ai ressenti la même oppression que Max Opass, j'ai refermé le livre avec un profond malaise oubliant complètement la forme et l'apparence de l'histoire pour n'en retenir que la fin.
Un règlement de compte cruel entre Max et Telma, entre leurs deux âmes réunifiées le temps d'un rêve, lui fait prendre conscience du fossé le séparant de la mort et qu'un pas suffirait à combler. La lettre envoyée par Max à son fils et clôturant le livre est bouleversante de tendresse et de sincérité. C'est l'acte de contrition, la minute de vérité d'un vieillard qui réalise qu'il n'a pas compris grand-chose à la vie et qu'il est peut-être passé à côté de points essentiels. Il sait que le temps imparti ne lui permettra pas de le rattraper, alors il va se préparer, du mieux qu'il pourra, à faire le grand saut. C'est beau et ça me fait mal au ventre... c'est de la peur, rien d'autre.

(4/5)


De : Sahkti1 Envoyé : 2007-05-30 10:31

Agnès DESARTHE, Les bonnes intentions

Sonia et Julien viennent d'emménager dans leur nouvel appartement, ils découvrent les joies et les tourments de la co-propriété. Sonia est enceinte, elle est traductrice d'anglais ; Julien est architecte. Ils sont heureux, même si Julien ne parle pas beaucoup, même si Sonia vit beaucoup dans sa tête et traverse des instants de folie à intervalles réguliers. Moïse vient au monde, suivi plus tard de Nestor. La vie s'organise au sein d'un immeuble peuplé d'étranges habitants, de Simone une gardienne sale et sympathique et surtout des Dupotier. Leur chien meurt, puis la femme, puis le fils. Ne reste que le vieux monsieur, complètement brimé par sa belle-fille, héritière avide, qui charge la gardienne (bientôt rejointe par son frère, Simono, un type raciste, moche et infect) de nourrir "le vieux", mais à moindre coût. Autant qu'il "crève" tout de suite !

Le conte de fée du départ se transforme en musée des horreurs, Monsieur Dupotier est séquestré et battu, Sonia agit ou se cache selon ses humeurs, Julien se fâche, la police s'en mêle, les insultes pleuvent (Sonia et Julien sont juifs, Simono déteste ça), la vie n'est tendre avec personne, les gardiens seront finalement arrêtés et Monsieur Dupotier placé. A travers toutes ces pages, illuminées par la joie de vivre et les errances de Sonia, par le flegme de son mari, par les rires de ses enfants, par le pathétisme attendrissant que dégage Simone, c'est la détresse humaine qui frappe à notre porte, celle qui se produit sans qu'on s'en rende compte, la solitude d'un vieil homme persécuté, le racisme discret de gens bien comme il faut, les difficultés de la vie en communauté, l'évolution de quartiers dits défavorisés... la vie de tous les jours en quelque sorte, magnifiquement décrite par une Agnès Desarthe très en verve (on la devine derrière les moindres faits et gestes de Sonia), qui clôture cependant son récit par un bémol de taille : la justice ne triomphera jamais de la méchanceté humaine. L'Homme est bête et cruel, ne l'oublions jamais. (3,5/5)




De : Sahkti1 Envoyé : 2007-05-30 10:33

Agnès DESARTHE, V.W. ou le mélange des genres
(biographie de Virginia Woolf)

Travail biographique de longue haleine pour Agnès Desarthe et Geneviève Brisac. Dépouiller les oeuvres, célèbres ou oubliées, de Virginia Woolf, ainsi que son journal, sa correspondance et un tas d'articles, afin d'en tirer l'essence même de l'écrivain et le mettre en parallèle avec son oeuvre. Enfin une biographie comme je les aime, à savoir vivante, mélange de critique littéraire et de repères chronologiques, autre chose que ces sommes monstrueuses qui narrent tout par le détail sans jamais fouiller l'âme du héros principal du texte.
G.Brisac et A.Desarthe fouillent et dissèquent. En toute subjectivité et elles ne s'en cachent pas. A travers les écrits de V.Woolf, elles ont essayé de dresser un portrait, de tracer les contours d'un visage, de comprendre qui était réellement l'auteur. A travers l'écrivain, il s'agit de déceler la femme.
Un travail important qui livre l'image d'une Virginia Woolf fragile et sensible, attentive à l'image qu'elle donnait, avant-gardiste incomprise, orgueilleuse aussi, déconnectée des autres surtout.
Virginia que l'on a dit folle, dont le suicide a trop souvent été présenté comme une fuite alors qu'il n'en était peut-être rien. Ce suicide est à mes yeux un acte de création, un renoncement qui n'en est pas un et qui est davantage l'ouverture d'une porte vers un autre monde. Un monde que les autres ne voient pas, ne perçoivent pas, ne comprennent pas. Le monde de la sérénité, du repos, peut-être d'une certaine paix intérieure. Une quête d'un bonheur invisible dont elle parlait si souvent dans ses romans et sa correspondance. Un bonheur qu'elle pensait avoir touché du bout des doigts, sans pour autant être capable de l'identifier. Un bonheur qu'elle n'arrivait pas à saisir auprès des siens. Un suicide qui aurait été une passerelle vers ce bonheur, quitte à devoir créer le tourment pour emprunter ce fil ténu.

A la lecture du travail de Desarthe/Brisac, on prend pleinement conscience du vide au-dessus duquel Virgina Woolf a constamment évolué.
"La plupart d'entre nous marchent bien au milieu, évitant d'arpenter cet espace frontière où se déroulent tant de choses intéressantes, mais où l'on risque d'être terrassé par le vertige. Virginia Woolf prend le risque. Le funambulisme devient un art. Jusqu'au jour où tout bascule. Parce que, pour marcher droit, pour garder l'équilibre quand on avance sur un fil, il faut fixer les yeux sur l'horizon, regarder loin devant." (page 271)

Au fil des pages et des annotations, c'est une femme blessée et incomprise qui se dégage et qui cache ses angoisses derrière la vanité ou une certaine froideur. On pourrait reprocher à G.Brisac et A.Desarthe d'avoir privilégié cet aspect de la personnalité de V.Woolf au détriment de la critique littéraire acide qu'elle pouvait être ou de l'ambitieuse chroniqueuse qu'elle faisait. Mais ce n'était apparemment pas le but recherché et ma foi, sur ce point, il existe quantité d'ouvrages et d'articles qui nous en disent très long sur le talent et les compétences professionnelles de Virginia Woolf. C'est une femme qui nous est présentée ici, figure humaine écorchée qui apparait sans apparat et sans détour, telle qu'elle est au creux de son âme et de son corps, une icône désacralisée qui perd sans doute un peu de force pour gagner en faiblesse et ça ne le rend que plus attachante encore.

De plus, cet ouvrage de Desarthe/Brisac pousse à quelque chose et rien que pour cela, c'est admirable: la (re)découverte de l'oeuvre de Virginia Woolf. En insérant ci et là des extraits de ses nouvelles ou de son journal, on est tenté de pousser la porte et d'aller voir plus loin, de se replonger dans les textes pour une lecture différente, plus attentive, plus profonde, avec l'image de l'écrivain au-dessus de notre épaule, elle qui s'est si bien glissée dans la peau de chacun de ses personnages, tous étant le reflet d'une de ses nombreuses facettes.
(Un petit bémol cependant sur ce point et même si les deux auteurs s'en expliquent à la fin, je trouve le fait dommage et regrettable: aucun extrait n'est correctement référencé. Une bibliographie générale des ouvrages consultés figure en fin de parcours mais au fur et à mesure de la lecture, aucune note, aucune indication. Il faudra donc s'armer de patience pour retrouver les passages précis dans les textes de Virginia. Mais c'est sans doute aussi cela le plaisir de la découverte!) (5/5)




De : Sahkti1 Envoyé : 2007-05-30 10:36

Agnès DESARTHE, Le principe de Frédelle

Gamine, Frédelle entendait des voix. Adulte, Frédelle vit seule dans une immense maison que lui a laissée son mari, un lointain cousin aujourd'hui disparu.
Son père est escroc de métier, sa mère est décédée. Très silencieuse de nature, Frédelle passe son temps à écouter des élèves réputés difficiles... et à chercher où peut bien être passé son mari. Un jour, ordre est donné de détruire sa maison. Litige administratif. Peu importe, elle décide de la reconstruire avec l'aide d'un gosse qu'on dit anormal. Les rejoignent une amie d'enfance, des chats, une directrice d'école, un homme d'affaire cupide, le tout au milieu d'un jardin en friche, dans un monde à la limite de l'irréel.

Un roman très étonnant, une belle surprise, un moment de fraîcheur. On dirait un conte de fée. Modernisé. Avec des personnages cabochés par la vie, qui ne s'en laissent pas conter, il y a beaucoup d'espoiur derrière tout cela et une jolie écriture, fluide et poétique; j'ai aimé la fraîcheur de ce récit. (3,5/5)




De : Sahkti1 Envoyé : 2007-05-30 10:39

Agnès DESARTHE, Un secret sans importance

Esquisse de quatre personnages aux reflets tourmentés, "Un secret sans importance" aborde en douceur la question de la folie, de la solitude, de la mort et de la maladie, à travers quatre êtres au passé sombre et à l'avenir incertain.

Sonia a le cancer, il lui reste quelques jours à vivre, elle le sait. Le choix de l'heure de sa mort résonne comme un des beaux moments du livre. Lucide et fière, Sonia s'en ira avec force et conviction.
"Il y a des nuits où la magie et l'horreur quittent les livres de contes pour aller tourbillonner dans les rues et sur les chemins. Il suffit d'une fenêtre entrouverte pour qu'elles se glissent chez les gens. Au matin, on se souvient que la lune n'avait pas le même éclat et que le vrombissement des moteurs ne suffisait pas à couvrir la colère surnaturelle dont on s'efforçait de faire taire la voix. C'est dans la nuit que les enfants naissent et les vieillards meurent. Certains enfants et certains vieillards seulement. Il n'y eut personne pour recueillir le dernier souffle de Sonia."

Dan, son mari, l'a épousée jeune et belle, il l'aimait avec passion. Aujourd'hui, il ne sait plus. Il souffre de la voir dépérir, il n'ose plus la toucher, il refuse de croire en l'issue fatale. Cet homme est un grand enfant, un réservoir de larmes qui tarde à se déverser, quelqu'un fuyant la réalité par peur du vide et de l'inconnu. Un être fragile admirablement dépeint par Agnès Desarthe qui a saisi toute l'essence de la fragilité humaine sous ses aspects les plus classiques et les plus discrets.

Emile est l'ami de toujours de Dan. Des amis d'enfance qui se sont tout dit, qui partagent tout, même la détresse silencieuse. Emile a eu un fils un jour ; sa compagne enceinte l'a laissé au bord du chemin, il n'a jamais vu cet enfant qu'il s'est efforcé d'oublier. Quand il y repense, il a honte, il préfère faire semblant. Eminent professeur de linguistique, il passe son temps à traquer sa secrétaire Harriet, une jeune américaine débonnaire qu'il refilera à un autre collègue plus exigeant. Le personnage d'Harriet est une caricature sur pieds : jeune, sportive, le sourire Ultrabrite, le corps à damner un saint, arriviste et commettant de grosses fautes de français, répétant "Daddy ceci ou Daddy cela"... elle met un peu de fraîcheur au milieu de la tourmente.

Violette est la voisine de Emile. Une jeune femme assez jolie sortant d'un asile psychiatrique. Folie disent les médecins. Une femme bizarre mais attachante pense Emile qui ignore tout des drames de sa voisine chez laquelle il vient prendre le café chaque matin à neuf heures précises. Une Violette fragilisée par la mort de sa mère et les médicaments abrutissants de la clinique. Une femme qui pense vivre sur une autre planète, qui exorcise les absences et la mort d'un père à travers une poupée d'argile devenue intime confidente. Violette se met à nu en ne racontant rien, elle offre son âme à nos regards et nous donne envie de pleurer en même temps qu'elle fait face à ce vide qui lui ronge l'esprit. Grâce à Emile, elle reprend peu à peu pied sur terre. Jusqu'au moment où elle repartira. Pour de bon. Sur les traces de ses origines. Laissant Emile seul et malheureux. Aucune idylle entre eux, une simple relation étrange d'amitié presque platonique à travers laquelle chacun échappera à la morosité de sa vie tout en ne se découvrant pas d'un fil face à l'autre.

Je ne pourrais clore ce résumé sans parler de Gabriel, le "grain de sable", brillant étudiant opportuniste et maniaque de l'ordre, élevé par son grand-père car abandonné par sa mère. Une mère qui a tout caché de lui à son père, un père qu'il retrouvera, un jour...

Fresque sensible de la destinée humaine, Agnès Desarthe explore les tréfonds de l'âme pour nous parler de la fragilité à l'état pur. En refermant ce livre, on se surprend à trembler. Pas vraiment d'effroi, quoique... (3,5/5)
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Message  Mousseline Sam 22 Nov 2008 - 12:24

De : zeta-b Envoyé : 2007-12-05 06:38

"Mangez-moi" - 4,8/5

C’est un très joli roman qui a déjà été bien résumé. C’est un roman très français, du genre qu’on réussit le mieux : une histoire simple et intimiste. Ce roman m'a beaucoup plu, pourtant je venais de finir une oeuvre magnifique "Le temps où nous chantions". Ici, nous ne sommes pas dans le grandiose, le démesuré, là où les américains se collètent avec l’histoire, les événements dramatiques qui jalonnent la co-existence des noirs et des blancs. Là, où Richard Powers aborde l’art sublimé, la musique, la science, la physique quantique, Desarthe nous parle d’amitié, de solidarité, de bonne cuisine et dans les deux il y a autant d’intelligence et de savoir, et le deuxième roman, celui de Desarthe, n'est pas si léger qu'il y paraît. Ce sont deux genre très différents mais tous deux aussi agréables à lire. La fin est un peu trop "rose bombon" (et pourtant je l'ai dit, j'aime les fins heureuses), mais, après-tout, tant mieux, on veut y croire.




De : supermartine Envoyé : 2008-01-08 11:14

J'ai moi été un peu déçue par ce livre. Je m'attendais à autre chose, aux mésaventures d'une femme qui ouvre un restaurant, quelque chose de plus amusant, de plus léger.

C'est vrai que l'écriture est assez poétique et j'avoue avoir aimé les passages où Myriam cuisine avec amour ses fruits et légumes.
Mais cette ouverture de restaurant est plutôt un prétexte pour dresser le portrait d'une femme qui a souffert... Et nous comprenons petit à petit, au fil des pages, l'origine de sa souffrance.
C'est un peu un conte de fée puisque tout est bien qui fini bien, trop bien même !

J'ai aimé mais sans plus...




De : Lyreek14 Envoyé : 2008-06-24 15:34

Mangez-moi
Editions de l'olivier - 306 pages

Miam! Comme le titre m'y invitait, j'ai dévoré ce petit roman qui nous entraine dans la cuisine de Myriam, une femme sensible et blessée par la vie qui se reconstruit en mitonnant de bons petits plats pour ses clients.
Je m'attendais à un roman léger mais finalement, c'est plus profond qu'il n'y parait au premier abord.
Agnès Desarthe nous livre un beau portrait de femme avec ses forces et ses faiblesses et une belle galerie de personnages secondaires qui vont l'aider à "remonter la pente".
Et pour ne rien gater, les descriptions culinaires sont très appétissantes!
Un seul petit regret, c'est un peu court, gourmande comme je suis, j'aurai bien repris du rab'.




De : lalyre7032 Envoyé : 2008-07-13 09:35

Mangez-moi Agnès Desarthe Points/Seuil 274 P.

Myriam,jeune femme très fantaisiste décide un jour d'ouvrir un restaurant,elle n'a pas d'argent et pour obtenir un emprunt elle ment au banquier.Donc comme elle manque de moyens elle va vivre dans ce restaurant qui devient sa maison.Et les ennuis commencent car elle ignorait que ce serait aussi difficile de mener sa barque ,d'éviter la faillite et garder le secret sur sa façon de vivre.Un grand problème aussi c'est le manque de temps pour gèrer les achats et le travail dans la cuisine,car on finit par se bousculer dans son restaurant,des amitiés se nouent avec son voisin fleuriste,les enfants pour qui elle a créé un menu spécial,deux jeunes étudiantes et un cultivateur qui lui livre ses légumes et ses fruits ainsi que ses conseils,ainsi que l'ami Ben.Au fil de la lecture on apprend qu'elle fut bannie de sa famille pour une faute inavouable.......
Ce roman me fait penser à une comédie humaine ,ce restaurant m'a fait rêver ,un endroit de dépaysement avec un accueil chaleureux,tous les personnages sont attachants,c'est un livre un peu spéciale ou l'on se retrouve souvent dans la minuscule cuisine en train de concocter des menus avec Myriam et Ben,une histoire agrèable avec un peu de mystère.... ce qui ne gâte rien.

4,5/5 Lalyre
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Message  dodie Dim 23 Oct 2011 - 14:37

Agnès Desarthe- Le remplaçant

Dans ce court ouvrage, Agnès Desarthe nous dresse le portrait de son grand-père . Pour tout le monde il s'agit du "remplaçant" car il est le second mari de sa grand-mère. Son grand-père biologique est mort en déportation à Auschwitz.
Durant quelques 90 pages elle nous parle avec beaucoup de tendresse de ce personnage effacé, presque invisible aux yeux des autres mais qui pour elle a beaucoup d'importance. Cet homme est un conteur magnifique qui a su l'intéresser à l'histoire de ses origines. Elle parle de lui à travers des anecdotes tour à tour drôles et émouvantes.
Je mettrai un petit bémol à ma critique pour la fin du récit: Agnès Desarthe incorpore dans son livre l'histoire d'un éducateur polonais juif mort en déportation. Bien que son histoire soit intéressante, je ne vois pas trop l'intérêt d'en parler dans ce livre..... 3/5
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Agnès DESARTHE (France) Empty Re: Agnès DESARTHE (France)

Message  petitepom Lun 4 Fév 2013 - 8:03

Partie de chasse

Je connaissais l'auteur avec "Mangez-moi", ce fut un bon moment de lecture sans plus, il en fut de même avec celui-ci.

Ce court roman est en trois temps :

Nous suivons une partie de chasse qui se termine par un accident, laissant Tristan, le narrateur principal avec Dumestre, un gars du coin.

En second plan, on assiste à une catastrophe naturelle qui va boulverser la vie du village et de nos deux pricicpaux personnages

Et, au fil des dialogues, nous decouvrons des secrets de village.

Tout, cela est raconté de façon succincte, rien n''est approfondi, ce qui rend sa lecture peu interessante.
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Agnès DESARTHE (France) Empty Comment j'ai appris à lire - Agnès Desarthe

Message  Aurore Jeu 19 Juin 2014 - 15:28

Comment j'ai appris à lire - Agnès Desarthe
(Stock, 2013, 172 p.)

Agnès DESARTHE (France) DESARTHE-G

Je me souviens avoir lu des romans jeunesse d'Agnès Desarthe quand j'étais plus jeune. J'en garde un très bon souvenir et je suis donc ravie qu'elle m'accompagne maintenant avec un roman adulte à consonance autobiographique et qui ravira les lecteurs de tous bords. Ici, elle raconte depuis son enfance jusqu'à son activité actuelle de traductrice, toute la difficulté d'avoir appris à apprivoiser la lecture. Car je pense qu'il est communément admis que qui aime écrire aime lire. Eh bien dans le cas présent, Agnès Desarthe nous démontre qu'au contraire la lecture n'a jamais été une passion, ni même une relation innée à l'objet livre.

Cela m'a fait penser au roman Chagrin d'école de Pennac qui là aussi livrait son passé de cancre avant de connaître la carrière d'excellent écrivain qu'on lui connait. Avec Agnès Desarthe, le même schéma s'ébauche dès la petite enfance. La lecture est très vite synonyme d'ennui et les enfants présents dans les livres sont souvent décrits comme parfaits (club des cinq, clan des sept...), bien loin de la normalité des êtres de chair. Il faut dire que l'auteur prend avec beaucoup de sérieux toutes ces histoires et conçois mal l'humour ou la rêverie. Comment se laisser happer dès lors que tout est déjà trop figé ?

J'ai aimé le fil du récit ponctué d'épisodes d'amour un peu honteux comme celui éprouvé pour Prévert. C'est assez drôle de s'imaginer que certains écrivains peuvent être discutés tandis que d'autres doivent êtres tus. Mais l'influence de la famille a l'air d'être déterminante car les parents ne lâchent pas prise et suggèrent autant livres qu'auteurs. Je dois bien dire que pour mon cas, je me fie les yeux fermés à un livre apprécié par ma mère car je sais que je l'aimerai tout autant. Alors oui parfois, il est nécessaire d'un déclic humain, d'une incitation amie et le blocage se lève de lui-même.

Je conseille ce livre à ceux qui culpabilisent de mal lire (quoique l'expression est discutable), de peu lire ou d'avoir lutté ou abandonné face à certains ouvrages. Avec le témoignage d'Agnès Desarthe vous boirez du petit lait car la lecture est abordée avec simplicité, d'abord dans un obtus refus puis vers une conciliation proche d'un épanouissement personnel.

4/5

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Message  Réaliste-romantique Mar 30 Juil 2019 - 1:58

La chance de leur vie

Un universitaire français a la chance d’aller travailler dans une université américaine, accompagné de sa femme et de son adolescent. Ils sont contents de quitter la France et son marasme. Le mari rayonne rapidement dans son département d’études littéraires, particulièrement auprès des femmes. La femme cherche à s’intégrer et s’occuper, mais le quotidien américain lui est plus étrange qu’elle le croyait. Elle suit des cours de langues et fait quelques rencontres. Le fils décide d’être un autre : il se donne un nouveau nom, porte des vêtements inattendus, mais il n’est pas rejeté. Grâce à un charisme que sa mère ne comprend pas, il se retrouve rapidement entouré d’un groupe d’amis.

Alors que tout semble pointer vers le succès totale, l’image parfaite se fissure : le mari à une liaison qui ne dure pas, la femme vit une expérience très étrange en suivant des cours de poterie et le groupe du garçon semble se transformer en secte. Alors que l’Amérique semblait d’abord vouloir les avaler doucement, elle a plutôt un haut-le-cœur pour les recracher.

Ce livre est très surprenant. Il semble d’abord un récit réaliste d’une femme bourgeoise, une bonne comparaison entre deux sociétés qui se jugent et s’envient à la fois, encore plus intéressant pour moi qui vit au Québec, influencé, mais aussi un peu en retrait, de ces deux cultures. Le début laisse même un instant penser que l’intrigue sera un clichée, mais l’auteure réussit à semer la graine de l’étrangeté et transforme alors graduellement tout son récit. La couleur change complètement et la chance pourrait être la possibilité du retour plus que de l’arrivée, comme si on ne pouvait jamais vraiment sortir de chez soi.

4,5/5

RR
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