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Russell BANKS: American Darling

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Message  Prospéryne Mar 25 Nov 2008 - 0:40

De : Flo7717 Envoyé : 2006-03-12 07:21
American darling

Hannah Musgrave nous raconte sa vie peu banale entre Etats-Unis et Libéria, entre une enfance bourgeoise, une jeunesse de terroriste et une vie adulte en tant qu’épouse d’un ministre africain, le tout sous des noms différents. Dès le début, Banks nous livre des indices sur la suite de l'histoire et le roman s'avère être un long retour en arrière où les zones d'ombres s'éclaircissent peu à peu.

J’ai absolument adoré ce livre qui m’a fait oublier qu’il s’agissait d’une fiction. J’ai oublié également que ce roman était écrit par un homme, tant l’esprit d’Hannah est présent dès les premières pages. Le ton et l’intrigue m’ont plu également. Le premier traduit le caractère volontaire et combatif d’Hannah, tout en étant intimiste : l’héroïne semble s’adresser à son lecteur comme s’il était son seul et unique interlocuteur. L’intrigue est passionnante et d’une grande richesse. Banks y aborde de nombreux thèmes et nous fait voyager dans le temps et l’espace. Il s’attache particulièrement à la question raciale et nous fait voir, à travers l’engagement d’Hannah, combien il est difficile d’analyser nos comportements, mêmes positifs, envers les non-blancs. Hannah y est d’abord confronté aux Etats-Unis, en tant que militante pour la cause des Noirs, mais aussi de façon inversée quand elle vit au Libéria et où son statut de blanche américaine devient quasiment une carte d’identité. Banks nous fait également réfléchir sur des questions de géo-politique en retraçant l’histoire du Libéria, premièrement colonie noire américaine et, finalement, toujours sous l’influence (à l’époque de l’histoire) des Etats-Unis. A travers la guerre civile, l’auteur nous fait vivre les difficultés du pays à prendre son indépendance. Bref, c’est très intéressant et enrichissant. Mêlée à ces problématiques, l’histoire d’Hannah nous plonge dans les pensées intimes de cette femme qui semble incapable de s’attacher aux individus, y compris ses propres enfants, mais qui aime comme une mère ses chimpanzés et qui appelle le Libéria son pays, sa maison et qui ne le quittera que contrainte et forcée, à la toute dernière extrémité. La photo de couverture illustre très bien cette histoire d'amour entre Hannah et l'Afrique.

Je note néanmoins un bémol : la fin qui semble complètement opportuniste.

C’est donc un superbe roman que nous livre Russell Banks. Un livre qui restera car, au-delà de son style irréprochable, il en appelle à la fois au cœur et à la réflexion. Le lecteur est happé corps et âme dans cette histoire et je sais que j’aurai beaucoup de mal à m’en détacher. Je relirai ce livre un jour (arrivée à la dernière ligne, j’ai relu les premières pages, prête à tout reprendre depuis le début). C’est une histoire qui ferait un très bon film…

Actes Sud / 400 pages

4.8/5

Le premier paragraphe :

" Après bien des années où j’ai cru que je ne rêvais plus jamais de rien, j’ai rêvé de l’Afrique. C’est arrivé une nuit de la fin du mois d’août, ici, dans ma ferme de Keene Valley, pratiquement le lieu le plus éloigné de l’Afrique où j’aie pu m’installer. J’ai été incapable de me souvenir de ce que racontait ce rêve, mais je sais qu’il se déroulait en Afrique, au Libéria, dans ma maison de Monrovia. Les chimpanzés avaient dû y jouer un rôle, parce que des visages ronds et bruns semblables à des masques flottaient encore dans mon esprit quand je me suis réveillée bien à l’abri dans mon lit, dans cette vieille maison au milieu des monts Adirondacks. Et j’étais submergée par une évidence : j’allais bientôt y retourner. "


De : Sahkti1 Envoyé : 2006-03-12 07:21
Russell Banks, American Darling
Editions Actes sud, ISBN 2742756906
Littérature américaine

Beau personnage, puissant et complexe, que celui de Hannah Musgrave. Une femme dont le destin met en lumière les errances de la politique économique "colonialiste". J'ai plus qu'apprécié le temps pris par Russel Banks pour poser et décrire son héroïne, son pays, son parcours, le monde qui l'entoure. De quoi se sentir proche, s'identifier, s'imprégner du récit. Et prendre ensuite en pleine figure ce récit de l'histoire tourmentée du Liberia et ses liens avec les Etats-Unis. Ce mélange de réalité et de fiction qui ne sent pas toujours humainement très bon. Il y a de la détermination chez Hannah, de la colère et de la révolte, mais aussi pas mal de désillusions. C'est le portrait d'une société en perdition que nous explorons et la langue, belle et douce, de Russell Banks ne fait que rendre ce constat encore plus amer. Comme si le fossé entre peuples était à tout jamais infranchissable.
J'ai aimé le personnage d'Hannah, tout comme l'âme du Liberia. Simplement, par moments, j'ai ressenti l'impression que Russell Banks était trop tiraillé entre les deux, qu'il hésitait à choisir, parce qu'il fallait le faire. Cela rend par moments Hannah trop présente, presque caricaturale dans ses choix de vie, comme si ces pistes étaient nécessaires pour nous faire prendre conscience, plus encore, du parcours chaotique du Liberia, symbolisé par celui de cette femme qui se cherche et se cherchera longtemps. Non pas que Hannah Musgrave manque d'authenticité mais elle serait presque une rivale de trop grande taille face au désespoir de la politique libérienne.
Entre les deux, le coeur de Banks balance bien trop et chaque partie le fait souffrir au point de ne plus identifier clairement sa peine. Si cela apporte quelques longueurs parfois superflues au roman, celui lui donne toutefois une touche d'humanité qui se respire de page en page. Une écriture dense et agréable, un auteur complètement immergé par son histoire, au point qu'il n'existe plus de recul entre réalité et fiction...

Ma note: 4/5


De : ARWINE Envoyé : 2006-04-04 08:20
Russel Banks

American darling

Editions Actes Sud

ISBN/2742756906

Une vie qui ne renonce jamais !

C’est peut être le meilleur roman de Russel Banks que j’ai lu. Celui qui m’aura le plus touchée au cœur. C’est l’histoire d’une femme dans l’Amérique des années cinquante, de la guerre froide.

Une grande sœur. Une femme qui choisit son chemin de vie et qui le choisissant en oblitère beaucoup d’autres qui lui auraient été plus confortables.

Elle entre en désobéissance, en résistance et elle dérape au bord de la délinquance. Luttant pour les droits civiques des noirs, contre la guerre du Vietnam, de luttes en luttes, elle échappe à sa famille traditionnelle. A partir de là, sa vie ne lui appartient plus tout à fait. Et pourtant, c’est la sienne. Elle ne veut ni renoncer, ni demander pardon… Elle s’enferme librement dans une destinée choisie.

Russel Banks incarne cette voix féminine, féministe, avec cohérence, sincérité.

Cette femme qui persiste en résistance et signe un chemin de vie des plus douloureux, va tracer sa route en Afrique.…

On part du présent, une ferme tranquille, des femmes à l’abri de la vie qui s’efforcent de se débrouiller dans l’Amérique d’aujourd’hui.

La femme libre ne trouve toujours pas sa place. Il lui faut retourner dans les pas de sa mémoire.

A travers un retour au Libéria dans la clandestinité, des bribes de mémoires refont surface et la vie se raconte à rebours. Une vie qui ne renonce jamais à son idéal malgré les compromissions, les amertumes, les regrets, les fautes…. Malgré le prix à payer, malgré l’évidence de l’erreur parfois. La lucidité peut être aveuglante.

Pendant tout ce chemin de vie, cette femme raconte ses deux pays. Celui de sa naissance, celui de ses utopies : l’Amérique et l’Afrique.

L’Amérique des grandes idées, de la démocratie, et ses couloirs sombres qui cachent tous les compromis pour garder la puissance. Et le Libéria, une contrée de l’Afrique toujours en tourmente….

La femme qui ne renonce jamais incarne ses rêves au Libéria.

Mais le Libéria est né d’un mensonge. D’une vérité tronquée. Il se veut une réparation à l’esclavage. Il est une imposture.

Tout comme la vie de cette femme devient un mensonge. Une apparence de bonheur. Des enfants, une passion, un mari, tout est dans l’apparence. Derrière, il y a les yeux de ceux qu’elle appelle ses rêveurs qui ne mentent jamais, les chimpanzés sur lesquels les laboratoires pharmaceutiques font des expériences. Les rêveurs ont plus de lucidité que les humains.

Les rêveurs sont les vrais enfants de cette femme. Ils ont le savoir et l’innocence.

Ces enfants réels, eux, seront des enfants soldats. Les enfants nés des douleurs de l’Afrique.

D’errances en errances, on suit cette femme jusqu’à ce qu’elle accepte d’ouvrir les yeux en grand sur tout ce qui l’a abusée. Jusqu’à ce qu’elle puisse faire la paix avec elle-même. Sans avoir jamais renoncée.

Et là, c’est un matin de septembre, un autre monde est à l’ordre des jours.

Cela se lit avec le cœur. C’est remarquablement écrit et traduit.

Cela en dit plus sur la situation d’aujourd’hui que bien des essais.

C’est écrit avec l’âme au vif.

Emprunté en bibliothèque, ce livre, je vais l’acheter afin de pouvoir le relire à volonté.


De : louveloba Envoyé : 2006-04-04 12:57
Comme les rats qui, avant moi en ont fait de très bons résumés, je tiens à partager mon ENORME coup de coeur pour American Darling, non seulement le meilleur Banks que j'ai lu à ce jour, mais très certainement dans mon futur top 5- 2006... Je ne vais pas m'attarder sur une critique qui ne serait jamais assez bonne; mais au fil des pages, je n'aurais pas cru que l'auteur est un homme tant Hannah est vraiE. Et je me suis sentie, comme elle, plongée dans une Histoire qu'on croit à tort pouvoir maîtriser, alors qu'il faut apprendre à naviguer entre les écueils pour survivre. J'ai adoré jusqu'à la construction du récit, comme Hannah le dit elle-même (en d'autres termes), nous délivrer l'information en bloc serait trop violent pour nos esprits délicats, aussi l'histoire nous parvient-elle par vagues, et j'ai souvent eu "peur" de tourner la page pour y lire l'indicible.
J'ai aussi découvert des pages de l'Hisoire américaine et africaine que je ne connaissais pas (je comprends enfin qui est ce Charles Taylor dont on parle tant en ce moment !), et ce roman m'a réellement donné envie de me documenter, pour faire la part du réel et de la fiction...
comme Arwine, je sais quel sera ma prochaine commande à la librairie !

5/5, sans hésitation
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