Isabelle MINIERE (France)
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Isabelle MINIERE (France)
De : Claarabel (Message d'origine) Envoyé : 2004-08-27 09:58
Le soupirant 4 / 5
Mourra, mourra pas...?
Ce livre est drôle ! Oui, malgré son thème d'abord presque morbide (un père qui se meurt), on sourit beaucoup au soliloque de la narratrice, sans prénom, si ce n'est celui qu'on a décidé de lui coller : Elodie. Parce qu'elle est née le même jour qu'une jeune fille morte, elle a instantanément été prise sous l'aile de son employeuse, quitte à la couvrir de cadeaux, toutes les affaires de la jeune défunte !
Bref, c'est une histoire où on s'intéresse de près aux morts. D'abord, prenons place autour de cette famille presque éplorée d'assister aux énièmes soupirs d'agonie du patriarche, suite à son déjeuner d'anniversaire. Car le problème, c'est que toute la famille n'est pas nouvelle de ces crises de "va-t-il bientôt mourir, ou pas ?". Donc, à la longue, ça plombe un peu toute cette assistance : la mère qui radote et s'invente des souvenirs, le frère qui compte les soupirs du mourant, la soeur aînée qui songe au sens de la vie, de l'argent, de l'amour etc., et la narratrice, sans identité définitive, silencieuse, butée dans un manque de sensibilité qui heurte sa mère. Mais silencieuse, elle ne l'est qu'en apparence car dans ses pensées elle ne cesse de parler, de raconter sa vie et celle de sa famille. Et elle n'y va pas avec le dos de la cuillère ! Elle n'épargne personne ! Elle adopte volontairement un ton drôlatique, cynique et autodérisoire qui fait merveilleusement mouche. On adore, ou pas. C'est sûrement un roman qu'on parcourt d'une traite et qu'on ne regrette pas d'avoir parcouru ! Un bon plan lecture.
CETTE NUIT-LA (nouveau roman) 3.5 / 5
La très grande particularité de "Cette nuit-là" est la narration en "Tu" de bout en bout du roman. Grande audace ! L'auteur utilise cette forme pour interpeller l'héroïne, Lisa, victime d'un mari violent. Car Lisa est mariée à Clément, un homme charmant, aux boucles dorées, un homme très intelligent, aimé et respecté de tous. Un homme irréprochable. Sauf que cet homme-là a deux faces : un côté pile pour la ville, et un côté face pour son foyer. Clément n'est plus Clément, il devient un individu au regard noir, qui jette des éclairs et annonce l'orage. Un homme redoutable. Qui ne lève pas la main sur Lisa, non. Sa perversion va plus loin : il use des mots, il retourne les accusations, il insinue que c'est sa faute à elle, qu'elle le rend agressif par sa faute. Lui est juste un peu coléreux. Sans plus. Alors, Lisa ? Coupable, responsable, victime consentante ?..
Isabelle Minière en dénoue tous les rouages, livre une spirale infernale. L'homme marié ne peut disposer de son épouse comme d'un objet. Abuser d'elle sans son consentement. C'est voler. C'est violer ! L'auteur fait mouche en déployant l'esprit retors du pervers contre la vulnérabilité de la jeune femme. Se taire, c'est consentir. La coupable, c'est elle. Elle ne peut priver d'un père à son enfant. Etc.
"Cette nuit-là" est remarquable : la mécanique de la manipulation mentale est saisissante d'effroi. C'est écoeurant, mais hélas si réel. Cette lecture est dérangeante, certes, mais ça existe. Et pis voilà.
(Le Dilettante.)
Un couple ordinaire - Isabelle Minière
Benjamin et Béatrice sont un couple marié, parents d'une adorable Marion. Il est pharmacien, elle écrit des livres pour enfants. Un jour, en achetant une table basse pour le salon, besogne quelconque d'un couple ordinaire, l'esprit de Benjamin décroche - il se sent creux, vide à l'intérieur. Et du coup les rapports du couple se déglinguent. Ou plutôt le déclic a lieu : Benjamin ressent l'oppression que lui fait subir son épouse. Car sous des semblants de femme intelligente, belle et modèle, Béatrice se révèle totalitaire, tyrannique ! Dans son couple, elle agit en supérieur hiérarchique, use des larmes et du chantage pour faire vaciller son homme. Benjamin est un type simple, pas mauvais, assez nonchalant et facile à vivre. Mais Béatrice en veut plus : une ascencion sociale, une vie sexuelle active, une communication permanente entre eux deux, l'affirmation de son compagnon. C'est trop pour un seul homme ! Mais heureusement, Plutarque est là, prêt à le sortir de la mélasse.
Là, j'avoue que je me suis détachée de ma sacro-sainte solidarité féminine. Désolée Béatrice, les préceptes de Madame sont inqualifiables et honteux pour la gente féminine ! Du moins, peut-on lui reconnaître une malignité impeccable, car bien calfeutrée sous des dehors de femme fatale et pleine de classe. Pourtant, le couple va mal ! Quand on parle de "couple ordinaire", déjà je rejoins l'argument de Benjamin : il n'y a pas de misères dans "un couple ordinaire" mais de l'amour. Les petites mesquineries à deux sous sont l'annonce d'une chute prochaine ! Et c'est cette dégringolade, lente et latente, que décrit merveilleusement Isabelle Minière ! J'étais accrochée, même si mal à l'aise par des détails anodins, intimes et finalement reconnaissables ! Je n'étais pas sympathisante à Benjamin au début, je le croyais faible, las et démissionnaire. Mais tout s'explique par la suite... L'attitude de Béatrice fiche à cran le lecteur. Ses revendications de femme moderne et indépendante donnent un peu le frisson - ça existe un peu tout ça, en vrai ? Oui, hélas. Je crois que, dans ce roman, on trouve un part de soi-même dans l'homme et la femme. Cela explique le sentiment de "fascination glaciale" que m'inspire cette histoire. Mais j'ai beaucoup aimé, c'est tellement vrai !
Le dilettante, 185 pages
4/5
Le soupirant 4 / 5
Mourra, mourra pas...?
Ce livre est drôle ! Oui, malgré son thème d'abord presque morbide (un père qui se meurt), on sourit beaucoup au soliloque de la narratrice, sans prénom, si ce n'est celui qu'on a décidé de lui coller : Elodie. Parce qu'elle est née le même jour qu'une jeune fille morte, elle a instantanément été prise sous l'aile de son employeuse, quitte à la couvrir de cadeaux, toutes les affaires de la jeune défunte !
Bref, c'est une histoire où on s'intéresse de près aux morts. D'abord, prenons place autour de cette famille presque éplorée d'assister aux énièmes soupirs d'agonie du patriarche, suite à son déjeuner d'anniversaire. Car le problème, c'est que toute la famille n'est pas nouvelle de ces crises de "va-t-il bientôt mourir, ou pas ?". Donc, à la longue, ça plombe un peu toute cette assistance : la mère qui radote et s'invente des souvenirs, le frère qui compte les soupirs du mourant, la soeur aînée qui songe au sens de la vie, de l'argent, de l'amour etc., et la narratrice, sans identité définitive, silencieuse, butée dans un manque de sensibilité qui heurte sa mère. Mais silencieuse, elle ne l'est qu'en apparence car dans ses pensées elle ne cesse de parler, de raconter sa vie et celle de sa famille. Et elle n'y va pas avec le dos de la cuillère ! Elle n'épargne personne ! Elle adopte volontairement un ton drôlatique, cynique et autodérisoire qui fait merveilleusement mouche. On adore, ou pas. C'est sûrement un roman qu'on parcourt d'une traite et qu'on ne regrette pas d'avoir parcouru ! Un bon plan lecture.
CETTE NUIT-LA (nouveau roman) 3.5 / 5
La très grande particularité de "Cette nuit-là" est la narration en "Tu" de bout en bout du roman. Grande audace ! L'auteur utilise cette forme pour interpeller l'héroïne, Lisa, victime d'un mari violent. Car Lisa est mariée à Clément, un homme charmant, aux boucles dorées, un homme très intelligent, aimé et respecté de tous. Un homme irréprochable. Sauf que cet homme-là a deux faces : un côté pile pour la ville, et un côté face pour son foyer. Clément n'est plus Clément, il devient un individu au regard noir, qui jette des éclairs et annonce l'orage. Un homme redoutable. Qui ne lève pas la main sur Lisa, non. Sa perversion va plus loin : il use des mots, il retourne les accusations, il insinue que c'est sa faute à elle, qu'elle le rend agressif par sa faute. Lui est juste un peu coléreux. Sans plus. Alors, Lisa ? Coupable, responsable, victime consentante ?..
Isabelle Minière en dénoue tous les rouages, livre une spirale infernale. L'homme marié ne peut disposer de son épouse comme d'un objet. Abuser d'elle sans son consentement. C'est voler. C'est violer ! L'auteur fait mouche en déployant l'esprit retors du pervers contre la vulnérabilité de la jeune femme. Se taire, c'est consentir. La coupable, c'est elle. Elle ne peut priver d'un père à son enfant. Etc.
"Cette nuit-là" est remarquable : la mécanique de la manipulation mentale est saisissante d'effroi. C'est écoeurant, mais hélas si réel. Cette lecture est dérangeante, certes, mais ça existe. Et pis voilà.
(Le Dilettante.)
Un couple ordinaire - Isabelle Minière
Benjamin et Béatrice sont un couple marié, parents d'une adorable Marion. Il est pharmacien, elle écrit des livres pour enfants. Un jour, en achetant une table basse pour le salon, besogne quelconque d'un couple ordinaire, l'esprit de Benjamin décroche - il se sent creux, vide à l'intérieur. Et du coup les rapports du couple se déglinguent. Ou plutôt le déclic a lieu : Benjamin ressent l'oppression que lui fait subir son épouse. Car sous des semblants de femme intelligente, belle et modèle, Béatrice se révèle totalitaire, tyrannique ! Dans son couple, elle agit en supérieur hiérarchique, use des larmes et du chantage pour faire vaciller son homme. Benjamin est un type simple, pas mauvais, assez nonchalant et facile à vivre. Mais Béatrice en veut plus : une ascencion sociale, une vie sexuelle active, une communication permanente entre eux deux, l'affirmation de son compagnon. C'est trop pour un seul homme ! Mais heureusement, Plutarque est là, prêt à le sortir de la mélasse.
Là, j'avoue que je me suis détachée de ma sacro-sainte solidarité féminine. Désolée Béatrice, les préceptes de Madame sont inqualifiables et honteux pour la gente féminine ! Du moins, peut-on lui reconnaître une malignité impeccable, car bien calfeutrée sous des dehors de femme fatale et pleine de classe. Pourtant, le couple va mal ! Quand on parle de "couple ordinaire", déjà je rejoins l'argument de Benjamin : il n'y a pas de misères dans "un couple ordinaire" mais de l'amour. Les petites mesquineries à deux sous sont l'annonce d'une chute prochaine ! Et c'est cette dégringolade, lente et latente, que décrit merveilleusement Isabelle Minière ! J'étais accrochée, même si mal à l'aise par des détails anodins, intimes et finalement reconnaissables ! Je n'étais pas sympathisante à Benjamin au début, je le croyais faible, las et démissionnaire. Mais tout s'explique par la suite... L'attitude de Béatrice fiche à cran le lecteur. Ses revendications de femme moderne et indépendante donnent un peu le frisson - ça existe un peu tout ça, en vrai ? Oui, hélas. Je crois que, dans ce roman, on trouve un part de soi-même dans l'homme et la femme. Cela explique le sentiment de "fascination glaciale" que m'inspire cette histoire. Mais j'ai beaucoup aimé, c'est tellement vrai !
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