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Spôjmaï ZARIAB (Afghanistan)

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Spôjmaï ZARIAB (Afghanistan) Empty Spôjmaï ZARIAB (Afghanistan)

Message  gallo Sam 6 Déc 2008 - 18:46

De : nimbus (Message d'origine) Envoyé : 07/04/2004 18:11

Spôjmaï Zariâb "dessine moi un coq"
traduit du persan (Afghanistan) par Didier Leroy. éditions de l'aube. 100 pages 9,50 euros.

L'éditeur: je ne connaissais pas les éditions de l'aube! Pourtant ils ont un catalogue très riche et varié.Le livre est présenté très sobrement,mais il respire la qualité.

L'auteure: est née en 1949 à Kaboul, en Afghanistan.Elle écrit en persan.Diplomée de littérature française, elle fuira l'oppression soviètique en 1991 et s'exilera en France avec son mari et ses filles.
Elle a déjà publié "la plaine de Caïn" et "ces murs qui nous écoutent".

Le livre: c'est un recueil de sept nouvelles. Toutes sont sont très prenantes, il n'y a pas de déchet.
Je vous laisse les découvrir!

Mon avis: J'ai pris un grand plaisir à lire cet ouvrage, l'écriture est simple et belle, la traduction est excellente.
Quand on commence la lecture du livre, on ne peut plus s'arrèter.
Une belle découverte.

Note: 4,5 / 5.

nimbus.


De : Sahkti1 Envoyé : 05/04/2006 12:30
Spôjmaï ZARIAB, La plaine de Caïn

Editions de l'Aube, ISBN 2876786605
Littérature afghane

Les Editions de l'Aube ont sorti une nouvelle édition de "La Plaine de Caïn", recueil de nouvelles rédigées par Spôjmaï Zariâb (son prénom signifie pleine lune). Diplômée en littérature française, Spôjmaï Zariâb travaille comme traductrice à l'ambassade de France à Kaboul pendant le conflit soviétique mais les pressions se faisant trop fortes, elle doit abandonner son pays. Elle quitte l'Afghanistan en 1991 et s'installe à Montpellier.
Heureusement, elle n'a jamais cessé d'écrire.
Ses lignes sont emplies de beauté, de simplicité mais également d'une sobriété et d'un réalisme qui font froid dans le dos. Parce qu'au travers de tous les symboles qui inondent les pages, on découvre l'horreur dans les moindres détails de la vie quotidienne.
Dans "Les Bottes du délires", la narratrice décrit l'invasion soviétique, les pillages, les viols, les meurtres.
"La carte d'identité" évoque cette guerre fabriquée de toutes pièces par l'URSS et les USA pour se livrer à leur guerre froide. Et parle de ces Afghans qui ont été utilisés pour des idéologies qui ne correspondaient pas du tout aux besoins de leur pays.

Ma note: 4/5


De : Sahkti1 Envoyé : 05/04/2006 12:31
Et je vous livre un extrait de La plaine de Caïn:

"Je suis arrivée devant la porte de la ville, enfoncée comme toutes les portes, et je l'ai franchie. Tout est désert. Une odeur de poudre et de sang occupe la ville, toujours cette odeur que je ne connais que trop. On aperçoit par endroit des enfants : je me suis approchée d'eux pour leur demander où sont les habitants. Mais je n'en reviens pas : les enfants eux aussi ont chaussé des bottes, d'énormes bottes maculées ! À leur ceinture pend un poignard. Ils ont les yeux du Nord, verts, jaunes, bleus. Les bottes ! les bottes ! j'ai peur ! ô mon Dieu ! Pétrifiée sur place, je ne peux plus marcher. Serrant contre moi les petites babouches, je fonds en larmes. Les larmes me sortent par tous les pores de la peau. Restés à l'écart, les enfants m'ont toisée d'un air moqueur. Ils sont désormais insensibles à l'odeur de sang et de poudre à canon.
— Va-t-on pouvoir sauver ses yeux ? demande la voix sanglotante.
Les yeux de qui ? Les miens ? Quand j'ai regardé les yeux verts, jaunes et bleus des enfants de la ville, des yeux inexpressifs, ils se sont métamorphosés en billes de pierre ; c'étaient des yeux qui n'avaient plus rien d'humain. Les enfants ont continué de me jeter des regards sardoniques ; en même temps, leurs petits doigts vérifient le tranchant de leurs poignards. Mes yeux ne peuvent se détacher de leurs bottes souillées de sang, de ces bottes dont je sais tout ce qu'elles ont de funèbre, elles qui m'ont pris Rassoul, qui prennent tous les Rassoul. J'ai fermé les yeux et raconté aux enfants de la ville l'histoire du village, l'histoire de la vigne verte, des grappes à peine mûres, des vaches qui se mettent à rire, du crépuscule sur les maisons, du parfum des grappes chargées de grains. Mais ils n'entendent pas mon histoire. Des murs et encore des murs séparent ces enfants de telles histoires. Ils me dévisagent d'un air moqueur, une main sur la ceinture et l'autre qui tâte le tranchant de la lame. Peut-être même en sont-ils déjà à songer à la poitrine qui recevra le coup... Pendant ce temps, leurs grands, leurs trop grandes bottes, trépignent avec ostentation.
— Elle a peur, dit la voix sanglotante, quelque chose lui fait peur.
J'ai peur.
Oui, j'ai peur. J'ai peur de ces enfants aux bottes trop grandes et maculées de sang qui frottent l'une contre l'autre. J'ai peur de ces enfants devenus des instruments de guerre ; par les maléfices de l'ambition, leurs cœurs sont devenus de pierre et la fumée, le sang et la haine les empêchent de s'ouvrir. Je crains que ces cœurs n'éclatent et j'ai peur des lames de poignard.
— Ils ont apporté aussi d'autres cadavres, dit la voix sanglotante.
Quels cadavres ? Le mien ?
Les enfants de la ville, chaussés de leur trop grandes bottes ensanglantées et ceints de leurs poignards acérés, se sont invités aux veillées funèbres et y martèlent le sol de leurs pas. Ils dansent pendant la prière des morts une danse effrayante et macabre. Les bottes... les bottes... les bottes vont nous anéantir.
— Elle délire, dit la voix sanglotante, elle délire depuis si longtemps... Y-a-t-il un espoir ? ô mon Dieu, y-a-t-il encore un espoir ? ô mon Dieu, un miracle, je vous en conjure."

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Spôjmaï Zariâb est née en 1949 à Kaboul; après des études au lycée franco-afghan de Kaboul elle obtient une licence de lettres puis une maîtrise à Besançon. Elle fuit l'oppression soviétique en 1991 et s'exile avec son mari et ses filles à Montpellier – où elle réside encore aujourd'hui.
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