Le deal à ne pas rater :
Jeux, jouets et Lego : le deuxième à -50% (large sélection)
Voir le deal

France THÉORET (Canada/Québec)

Aller en bas

France THÉORET (Canada/Québec) Empty France THÉORET (Canada/Québec)

Message  petitelune Mar 09 Déc 2008, 21:41

De : Mousseliine (Message d'origine) Envoyé : 2005-01-06 10:14

Ceci est une critique de Polo

Les Apparatchiks vont à la mer Noire de France Théoret
(Éd du Boréal, 2004, 247 p. )
note : 3.5

Les Communistes québécois

France Théoret fait un survol assez exhaustif de la vitalité culturelle du
Québec des années 1970, époque marquée par l’adhésion de nombreux intellectuels
à l’idéologie communiste stalinienne alors que l’intelligentsia européenne
l’abandonnait, notamment Jean-Paul Sartre, scandalisée par le balayage des
cadavres sous le tapis sibérien. Son oeuvre vient dénoncer le mensonge inhérent
à un système de pensée qui soumettait les créateurs à un réalisme socialiste que
l’on pourrait définir comme de la propagande pour un devenir prolétarien. L’art
au service de ce que doit être le peuple alors que les apparatchiks (leaders) se
la coulaient douce sur les plages de Sotchi, sis sur les bords de la mer Noire.

Comme Monique LaRue, qui a parcouru les couloirs de l’enseignement de la
littérature au collégial dans La Gloire de Cassiodore, France Théoret se promène
dans les dédales montréalais de la peinture, qui doit se redéfinir pour qu’elle
ne soit plus l’expression névrotique des artistes dans un cadre formaliste, mais
un outil au service du prolétariat afin qu’il sache comment s’assujettir aux
normes socialistes. Le héros, Mathieu Lord, adhèrera donc à cette tendance qui
se dessine dans le monde avant-gardiste de Montréal. Le fait d’être professeur
d’histoire de l’art accélèrera son ascension au sommet de la pyramide
communiste. Devenu apparatchik, le héros escompte bien se servir de sa nouvelle
orientation idéologique pour acquérir une grande notoriété au sein du monde
pictural afin de compenser ses carences créatrices. Mais, comme au Québec, la
gauche est relayée au rang des organisations secrètes, il devra s’organiser pour
que son adhésion au parti communiste reste inconnue de ses collègues et de sa
femme, Louise Aubert.

Cette dernière est également une universitaire qui, à l’amour des livres, a
voulu joindre celui d’un homme. Contrairement à son mari, ce n’est ni une
opportuniste ni une idéaliste. Elle n’en demande pas trop à la vie : aimer,
enseigner, écrire et lire pour se donner une synthèse de la vie, si jamais c’est
possible. Mais il faut croire que peu, c’est déjà trop pour une femme. Même si
le communisme établit l’égalité entre les sexes, la défense de l’idéologie a
préséance sur les rapports humains, considérés comme incompatibles à la cause.
Dans un tel contexte, il est à prévoir que les mariages sont voués à l’échec.
Celui de Louise suivra la règle. Heureusement, elle aura compris que son mari ne
pouvait la rendre heureuse. En fait, elle s’est mariée à un éternel adolescent
assoiffé d’approbation et d’admiration pour vaincre son insécurité. Il n’a pas
su, comme sa femme, cheminer vers une vie adulte, débarrassée des attachements
névrotiques à ses carences. La conclusion qui s’impose à elle tombe sur les
sens. L’idéologie repose sur des assisses mensongères, et ceux qui la défendent
se mentent à eux-mêmes parce qu’ils doivent renier ce qu’ils sont.

Un peu comme Ludmila Oulitskaïa dans Sonietchka, France Théoret trace l'histoire
d’une certaine intelligentsia obnubilée par le réalisme socialiste. Les initiés
apprécier la richesse de l’œuvre, car il faut dire qu’elle est construite au
détriment de l’élément romanesque. Il s’agit plutôt d’une thèse romancée, écrite
cependant avec une plume maîtrisée.

Polo



De: Polo
France THÉORET - Huis clos entre jeunes filles
(Ed. Les Herbes rouges, 2000)

France Théoret introduit le lecteur dans l'univers feutré de ces pensionnats dirigés par des religieuses, qui préparaient à l'enseignement, les jeunes filles des années 50. Comme c'est un roman en flash-back, l'auteure présente en amorce une fonctionnaire municipale qui reçoit une lettre évoquant ce passé de ses seize ans. Il faut croire, l'auteure ne le dit pas, que l'héroïne n'a pas exercé la fonction pour laquelle elle s'était préparée. Quoi qu'il en soit, c'est le portrait d'une jeune fille de la décennie 50 que l'on trace. Un portrait qui la montre soumise aux diktats de l'époque afin de se préparer aux responsabilités et aux devoirs de la bonne chrétienne sur laquelle comptait l'Église pour protéger son pouvoir.

Dans un premier temps, l'auteure nous familiarise avec ce lieu sacro-saint, où chaque jeune fille disposait d'un espace protégé par des tentures qui les isolaient de leurs voisines. Après avoir évoqué la matérialité de cet établissement, on s'attarde à l'ambiance qui y prévalait. Il va sans dire que tout était prévu pour que les jeunes filles étudient dans une atmosphère comparable à celle d'un cloître. Les membres féminins de ma famille vous diront que les élèves y menaient une vie de religieuse contrairement aux garçons, qui étaient beaucoup plus libres de leurs faits et gestes.

Après avoir franchi cette barrière, l'auteure pénètre le coeur de son héroïne. De prime abord, cette dernière s'ouvre sur ses compagnes en leur offrant son amitié afin de s'insérer dans ce microcosme féminin. La fuite de sa solitude lui donne accès à ce qu'elle est. C'est en se frottant aux autres que l'on découvre qui l'on est. Ce qu'elle ne manque pas de confier à son journal personnel. Dans ses contacts, elle cherche à donner le meilleur d'elle-même, mais elle réalise qu'il est bien difficile d'être vraie. D'ailleurs, elle sera rabrouée amèrement par Yolande, de quatre ans son aînée, qui l'avait pourtant ouverte sur le monde en lui prêtant La Vingt-cinquième heure de Gheorghiu. Ses découvertes l'initient donc à la vie. Innocente, elle apprendra que le pensionnat n'est pas un reflet de la société. Elle sent que son morne quotidien répond davantage à l'idéal souhaité par ceux qui détiennent les rênes du pouvoir. Mais c'est sa condition féminine qui lui déplaît le plus. Elle voit bien que sa mission sur terre, ce n'est pas de reculer les frontières de l'ignorance, mais de perpétuer les conventions établies.

En somme, ce roman initiatique rappelle l'éducation donnée jadis aux filles. J'aurais aimé ce voyage au coeur de mes jeunes années. Quoique l'auteure dit l'essentiel à propos de l'âme de son héroïne, elle nous donne un os bien maigre à gruger. Même l'écriture me fait sourciller. Ses expressions me font sourire, surtout quand je lis que «sa lucidité verbale éveilla ses craintes.» Le «verbale» donne de l'élégance à la phrase, mais il est employé à mauvais escient. Le pire, selon moi, c'est que l'auteure ne parvient pas à raconter une histoire qui débouche sur une synthèse. Elle raconte bien comment se sentait la jeune femme des années 50, mais son récit ne constitue pas un développement à un élément déclencheur. C'est un portrait intimiste comme l'indique le titre. En terminant la lecture du roman, on se dit que ça a bien changé. Pas fort fort comme conclusion.

Note : 3.25/5
(Polo)
petitelune
petitelune

Nombre de messages : 540
Age : 39
Location : Cantons de l'Est / Québec / Canada
Date d'inscription : 27/10/2008

Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut

- Sujets similaires

 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum