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Message  Philcabzi Lun 5 Jan 2009 - 11:43

From: Mousseliine (Original Message) Sent: 2/23/2008 5:59 PM
Voyager en toutes (belles) lettres
Une nouvelle collection constituée de compléments aux guides touristiques


Sonia Sarfati
La Presse

La nouvelle collection Écrivains Voyageurs, de Lonely Planet, n'est pas constituée de guides touristiques... mais de compléments aux dits guides. Dirigée par l'écrivain et grand reporter Olivier Weber, elle n'existe pas pour donner les bonnes adresses, mais pour distiller une envie de partager. Au coeur de ces livres, il y a les gens. Ceux du peuple, ceux qui ne font ni l'histoire ni les nouvelles. Ceux qui savent leur pays parce qu'ils le vivent au quotidien. Et pour amener ces gens au touriste, des voyageurs qui écrivent, des écrivains qui voyagent. Des écrivains voyageurs.

Deux titres sont actuellement parus: Vietnam, mémoires vives de l'écrivain et correspondant de presse François Tournane; et Les Vigies du Nil du journaliste et voyageur Olivier Bonnel. Le premier a longtemps été basé au Cambodge et il vit maintenant à Bangkok. Le second partage son temps entre Paris et Le Caire.

Leurs livres, beaux carnets de route écrits à la manière que pratiquent avec bonheur les Britanniques, permettent de saisir, vraiment, l'esprit des lieux. Posent un regard personnel et attachant sur les endroits traversés. Proposent une lecture différente, intimiste et très personnelle, du monde. À travers les péripéties de leurs voyages, les détails abondent, les impressions se multiplient. On est là. Avec eux.

On est avec François Tournane au Vietnam. Une longue et paisible promenade qui va de Hanoï au delta du Mékong. Une promenade qui met l'accent sur le pays aujourd'hui. Pas sur celui, terrible, du XXe siècle. Les livres d'histoire l'ont déjà raconté. Le reporter l'a connu. Couvert. Il raconte maintenant celui du XXIe siècle, qu'il offre aux lecteurs "en barbare éclairé d'une vieille lampe à huile, bien décidé à le regarder au fond de ses pupilles noires et luisantes". On y traverse Hanoï, ville de lettres (et capitale du piratage de DVD et de CD); la campagne qui est tout sauf anonyme; Halon, l'île impossible. Et ainsi de suite, au fil des lieux mais surtout des gens, dont l'homme de lettres trace un portrait sensible, vrai. Où la tendresse est omniprésente. Et l'humour, réjouissant.

Et on est avec Olivier Bonnel sur le Nil, de Khartoum, au Soudan, jusqu'à Rosette, dans le delta du grand fleuve. "C'est à Rosette que je quitte vraiment l'Égypte. Plus encore, c'est là que je vais laisser mourir dans la mer celui qui est devenu mon compagnon de voyage", écrit le journaliste en guise de conclusion d'un récit dont il a ouvert les pages à Amer, l'orfèvre du palmier; au cheikh Badawi, l'ange gardien des caravanes; mais aussi à Flaubert, à Nerval, à Naguib Mahfouz, etc.

À noter que deux autres titres vont paraître dans les prochaines semaines: Maroc, paroles d'Atlas de Mireille Duteil et Sur la route 66 d'Éric Sarner. D'autres beaux voyages littéraires et humains en perspective.


From: Mousseliine Sent: 2/23/2008 6:15 PM
Un articile très très intéressant.

La Presse
L'été, dimanche, 25 août 2002, p. B5

Écrivains voyageurs

Bourlinguer!

Gironnay, Sophie

Notre collaboratrice consacre le dernier article de sa série estivale à Blaise Cendrars le baroudeur, Cendrars la légende.

J'en demande pardon à Ella Maillart, sportive voyageuse qui a tout conquis; à Isabelle Eberhardt, morte à 27 ans dans la crue d'un oued de cette Afrique du désert qu'elle parcourait, déguisée en homme (autour de l'an 1900!). Pardon à Pierre Loti, Paul Morand, Joseph Kessel, Michel Déon, Gilles Lapouge. Ou même aux Anglos Bruce Chatwin, Paul Théroux, tant d'autres globe-trotters de grand style! C'est à Blaise Cendrars que je veux consacrer cette dernière chronique.

Cendrars le baroudeur, Cendrars la légende, Cendrars tel que le portrait du grand photographe Robert Doisneau nous l'a laissé, nez de boxeur, gueule taillée à la serpe, mégot batailleur à la lèvre. Il a cette trogne de cinéma, de bagnard, d'aventurier, lorsqu'à 60 ans, il entame les quatre tomes de ses "mémoires" teintés de romanesque par lesquels il a contribué à édifier son personnage: L'Homme foudroyé (1945), La Main coupée (1946), Bourlinguer (1948), Le Lotissement du ciel (1949). Cendrars l'amputé- il a perdu son bras droit, à la Guerre de 14-18- un Hemingway à la française, et pas qu'en peau de lapin, pardon!

C'est avec Cendrars qu'adolescente, j'ai compris ce que le mot "bourlinguer" évoquait de vastitude, de roulis et de valdingue sur les eaux houleuses de la vie (selon Larousse, à l'origine, le terme est maritime et signifie: "rouler bord sur bord par suite du mauvais temps en parlant d'un navire"). Bourlinguer! Seul mot qui résume et puisse contenir à la fois l'homme Blaise Cendrars, sa vie et son oeuvre.

Cendrars était fils de bourgeois, suisses, mais néanmoins instables (père inventeur, mère neurasthénique...) Fugueur dès l'école, il est placé, en punition pour ses mauvaises notes, comme apprenti chez un bijoutier... en Russie, à l'âge de 15 ans. Il traverse la Sibérie. L'épopée commence: Chine, Perse, Hollande, Amérique. Les trains, les bordels, les bouges, les ports, les salles des machines et les ponts gluants.

En 1912 et 1913, Cendrars tire de ses voyages deux poèmes qui sont des chefs-d'oeuvre, les premiers de la langue française à chanter la trépidation et le rythme du XXe siècle: Pâques à New York et La Prose du Transsibérien. Dans les années 1920, Paris swingue au charleston, et Cendrars y devient célèbre, grâce à des romans d'aventures, brefs et puissants comme des explosions (L'Or, Rhum, Moravagine).

Conquistadors ou perdants célestes, ses héros lui ressemblent un peu. Lui qui tourne le dos au Paris des lettres et qui fuit, à grande vitesse, au volant de sa décapotable, sur cette route, la Nationale 10, qui l'emporte maintes et maintes fois de Chartres jusqu'en Amazonie, en ligne directe, prétend-il. Des affaires d'import-export entre la France et le Brésil, une carrière de cinéaste à Rome (il est assistant d'Abel Gance ou réalise des documentaires sur les éléphants en Afrique): il y en aura, des détours, dans le parcours de Blaise Cendrars!

Pas étonnant que ses "mémoires" soient à l'image de cette vie-océan. Ce sont des recueils d'anecdotes, de portraits, de rencontres, sans respect de la chronologie. Écrits, du moins en apparence, à la paresseuse, sans ordre ni méthode, ils foisonnent aussi dans le style, en incidentes, parenthèses, retours et détours, phrases de deux pages. Et en énumérations.

Matelot, crève-la-faim, diamantaire, ivrogne, poète, bâffreur, fanfaron, légionnaire, ami d'un gangster international, compagnon de jeu d'une milliardaire, mari temporaire d'une Tzigane: Blaise Cendrars ne "voyageait" pas. Il se lançait à corps perdu, dans le grand bouillon de l'existence. Bouillon qui incluait les livres (car il était lecteur boulimique et bibliophile, à ses heures), et parfois aussi l'écriture, mais entre mille et autres choses.

Pour le lire, il faut faire comme lui, il faut apprendre à bourlinguer. Céder à ses impulsions, se laisser porter par la vague. Lui qui claquait, sans un regret, une saison à jouer aux boules avec ses grands potes, les pêcheurs du port. Puis qui traversait l'Atlantique, pour discuter, dans un hamac, à propos du poêle de Descartes, avec l'homme le plus riche d'Amérique du Sud, son meilleur et plus proche ami.

Il faut bourlinguer, c'est-à-dire s'abandonner au monde immense et à sa grandiose générosité. Rixe à Rotterdam, trafic à Anvers, gueuleton à Marseille. Le monde grouille et multiplie. C'est la pêche miraculeuse. Il pullule de têtes amies et de personnages colorés: troufions, souillons, poivrots, comtesses, frères de tranchée ou de quête littéraire (Gustave Le Rouge y est du tonnerre et Remy de Gourmont pitoyable). Dyonisos, Bacchus, le Diable et le bon Dieu, chez Cendrars, chacun est de la fête et ce sera toujours les copains d'abord. Goûtez-moi cette bouillabaisse, elle mijote depuis le matin. Comme elle a du jus et de la saveur, comme elle est chaude, comme elle est bonne, la planète de Blaise Cendrars!

****

BOURLINGUER

Blaise Cendrars

poche Folio, 500 pages

*** 1/2

L'HOMME FOUDROYÉ

Blaise Cendrars
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