Jean CARRIERE ( France )

Jean Carrière (1928-2005), proche de Jean Giono, obtient le prix de l'Académie Française pour son premier roman Retour à Uzès, puis le prix Goncourt en 1972 avec L'épervier de Maheux. Il vit mal ce succès qui le plonge dans la dépression, comme il le raconté dans Le prix d'un Goncourt (1987).
Il écrit une quinzaine d'ouvrages souvent inspirés, comme pour L'épervier de Maheux, de sa région des Cévennes notamment autour du massif de l'Aigoual, ainsi que des biographies (Julien Gracq, Jean Giono, et l'actrice Sigourney Weaver).






L'épervier de Maheux

1972 - ed J-J Pauvert - 320 pages





Résumé :

Maheux, c'est là où vit la famille Reilhan, que l'on suit au long du 20e siècle. Dans le "Haut-Pays" cévenol, non loin de Florac (Lozère), terre rude cernée de montagnes, c'est presque un tas de ruine qu'occupe cette famille. Il y a le père, dit le Taciturne, qui mourra dans la solitude d'un champ rocailleux des plateaux, la mère, et les deux fils : Joseph-Samuel et Abel.
Joseph-Samuel, délaisse le foyer pour s'installer avec le pasteur, et rapidement lui viennent des rêves de quitter cette région ingrate pour la Suisse, découverte au cours d'un voyage. Abel, l'aîné, est un sauvage, qui aime vivre dans les bois. Pendant une sècheresse, il lui viendra l'idée folle de creuser un puits dans la montagne, convaincu qu'une source se trouve là et pourra sauver Maheux.

Critique

Amoureux des Cévennes, j'ai découvert l'existence de Jean Carrière en recherchant des auteurs cévennols ayant écrit des romans régionaux.
Les premières pages convainquent du talent de l'auteur, les descriptions littéraires sont d'une maîtrise extrême, quelques mots suffisent à évoquer, sans trop de détails, l'imagination faisant le reste. Ainsi, le lecteur recherchant un tableau riche des Cévennes sera un peu déçu, ce n'est pas un roman de terroir.
Les personnages du roman sont assez stupéfiants : la mère qui couve Joseph-Samuel, le gavant en douce de viandes et confiseries, Joseph-Samuel devenu ensuite ingrat après qu'il ait quitté Maheux pour la ville, Abel le rustre... tout comme certaines scènes, notamment le passage sur la mort du père. Le cadavre putréfié empuante la maison, la mère ira jusqu'à faire ouvrir le cercueil pour récupérer le drap mortuaire, cet épisode sordide est décrit à travers les yeux du médecin venant de la ville qui s'étonne des moeurs des gens d'un autre temps.
Le creusement du puits dans la montagne n'est pas sans rappeler Jean de Florette, mais Abel est bien différent du héros de Pagnol. S'accrochant à Maheux, il creuse des mois durant cette galerie dans laquelle il finira par vivre.
C'est une oeuvre d'une qualité certaine, pour ses personnages. Il m'est difficile de mettre une note objective car je m'attendais à un roman plus ancré dans le terroir, ce qui n'est pas le cas.

Note : 4/5

PS : vous pouvez retrouver le cadre du roman grâce au site Géoportail (Voir la carte). Je n'ai pas réussi à trouver Maheux (sans doute est-ce un village imaginaire), mais le village de Mazel-de-Mort évoqué dans le livre y figure bien, à l'état de ruines. On peut voir également St Julien. La version 3D (nécessitant l'installation d'un logiciel) permet d'apprécier le relief.

Docguillaume, tu me rappelle avec ce livre des lectures agreables. J'ai visité le village du roman L'épervier de Maheux.

Amoureux de la Cevenne, tu dois essayer de te procurer l'essai "Au coeur de la Cevenne avec ses écrivains" par André-Georges FABRE (éditions AZ offset 1979, 417 pg.) Prix de littérature régionaliste 1979.

Assi très intéressant : Félix Buffière: "Ce tant rude Gévaudan" (1985) deux volumes, de presque 1000 pages par volume; un trésor d'histoire, patrimoine, littérature etc.

Je te recommande les romans de Jean-Pierre CHABROL: la trilogie des Rebelles (Les rebelles, La Gueuse, L'embellie) (sur les années de crise dans le bassin minier) ou Un homme de trop (sur les maquisards) et surtout Les fous de Dieu (sur la guerre des camisards).

Merci pour ces références gallo qui viennent compléter celles que j'ai pu trouver à la fin d'un Que Sais-je traitant de l'histoire des Cévennes. Le prochain auteur que je découvrirai sera sans doute Jean-Pierre Chabrol.
En fait, c'est plus l'Ardèche dans sa partie méridionale qui m'intéresse, hors des Cévennes donc. J'ai trouvé quelques références d'auteurs ardéchois dont Paule Valette. Elle a écrit plusieurs romans.
J'ai pu me procurer La burle de Paul Perreve, qui est le journal d'un médecin de campagne dans le Vivarais.

Le village que tu as visité, c'était Mazel-de-Mort ou Maheux ? Je suis très curieux de savoir si Maheux existe en réalité, car je n'ai pu le trouver sur la carte.

En fait, c'était Mazel-de-Mort.

De coté du Vivarais, il y a les deux auteurs de Vogüé. Mais les livres que j'ai lu ne traitent pas tellement du Vivarais.
Un livre vraiment intéressant: "Jan de la Lune" roman historique de Firmin Boissin 1877. Mon exemplaire est de 1993, éditions Simone Sudre, Les Brassières, 07400 Rochemaure.

Retour à Uzès. Le livre de poche 1973. 284 pages.

Présentation de l'éditeur : Il y a cinq ans que Manuel Guérin-Marquez est en Amérique du Sud. Il est fiancé à Soledad Alcarez, fille du directeur de la société qui l'emploie. Son avenir s'annonce donc sous des couleurs roses et dorées. Qu'est-ce qui le pousse soudain à fuir, à retourner sans plus attendre vers ce coin de France près d'Uzès où il est né, où vivent sa mère et sa soeur?
Une douleur qui l'a poigné au cours d'une réception chez les Alcarez, des insomnies, des nausées, une sensation de fièvre, voilà l'origine de sa décision telle qu'elle surgit au premier abord des souvenirs qu'il note dans son "cachier": il rentre se terrer au gîte comme un animal blessé. Mais n'est-ce pas prendre l'effet pour la cause ? Au fur et à mesure qu'il analyse les raisons de son départ, la nature de son angoisse se dégage peu à peu.
C'est une lettre de sa soeur Isabelle à Soledad qui aide à élucider définitivement la vérité sur ce Retour à Uzès - retour au pays de son enfance, monde merveilleux et pur dont Manuel n'aurait jamais voulu être chassé vers l'âpre et boueuse contrée où se battent pour survivre les adultes privés d'innocence et de foi.

Mon avis : ce livre nous montre combien il peut être difficile de passer du monde de l'enfance à la vie adulte. C'est bien écrit, mais sa lecture laisse une impression pénible. On souffre avec Manuel de ses états d'âme, on aimerait qu'il se ressaisisse et soit un peu plus dynamique... Ma note : 3 / 5.

Très intéressante ta critique Franillon sur cet auteur.
Après L'Epervier de Maheux, j'ai commencé Achigan où il est question d'un homme qui n'a plus aucun souvenir qui est recueilli par un médecin d'un hôpital des Cévennes. Pas exceptionnel, j'avais abandonné cette lecture.
L'Epervier te tenterait ?

Docguillaume, j'ai lu L'Epervier il y a fort longtemps et j'en garde un souvenir assez fort. Cest un de ces livres qu'on n'oublie pas.