Edmond de GONCOURT (France)

Edmond de Goncourt est né à Nancy le 26 mai 1822. Il a écrit une partie de son oeuvre en collaboration avec son frère Jules. Il a fait ses études au lycée Condorcet et été ami avec Gustave Flaubert, Alphonse Daudet et Emile Zola. Edmond de Goncourt est le fondateur de l'Académie Goncourt qui décerne chaque année le prix homonyme. Il appartient au courant naturaliste. Il est décédé le 16 juillet 1896 et est enterré au cimetière de Montmartre à Paris.

Oeuvres (sans son frère)
. La fille Elisa (1877)
. Les Frères Zemganno (1879)
. La maison d'un artiste tome 1
. La maison d'un artiste tome 2
. La Faustin (1882)
. Chérie (1884)

LA FILLE ELISA
Les maudits de la littérature française
Walter Beckers
Edition Kapellen-Anvers
236 pages

Elisa est la fille d'une sage-femme, qui pratique aussi parfois des avortements et qui demeure à Paris dans le quartier de La Chapelle. Elle décide un jour de partir avec une cliente de sa mère et se retrouve dans une maison close où elle a beaucoup de succès auprès des clients. A ses heures perdues elle lit des romans d'amour qu'elle trouve à la bibliothèque. Elle tombe d'ailleurs amoureuse et part de la petite ville où elle vivait pour suivre un homme qui la quittera. Incapable de se fixer, elle continue à se prostituer et finalement se retrouve à Paris dans le quartier de l'école militaire. Elle rencontre un fantassin et vit le grand amour, mais prise d'un accès de colère incontrôlable, elle le poignarde. Elisa est jugée et échappe à la peine de mort, mais est condamnée à la prison à perpétuité, elle est envoyée dans une "Maison centrale de force et correctionnelle" à Noirlieu. Elle aura à faire à un directeur tortionnaire, un aumonier sans compassion, des nonnes et leur supérieure dépourvues d'humanité. Le travail, l'interdiction de parler et la folie la conduiront à la mort.

Extrait de la fin du livre :
Je regardais attentivement la femme au masque paralysé, aux yeux aveugles, et dont la bouche seule encore vivante dans sa figure tendait vers la garde des lèvres enflées de paroles qui avaient à la fois envie et peur de sortir.
-"Mais messieurs, m'écriais-je, avec un peu de colère dans la voix, est-ce que, même à l'agonie, vous ne permettez pas à vos prisonnières de parler ?"
-"Oh, monsieur !...N'est-ce pas, cher directeur, que nous sommes plus élastiques que ça ?" fit d'un ton léger, le sous-préfet, qui, s'adressant à la mourante, lui dit : "Parlez, parlez tout à votre aise, brave femme."
La permission arrivait trop tard. Les sous-préfets n'ont pas le pouvoir de rendre la parole aux morts.

Je n'avais jamais lu des romans des Goncourt et j'ai été agréablement surprise. Les histoires sont toujours celles de femmes qui connaissent l'injustice et ont un destin malheureux. C'est intéressant de voir qu'à cette époque des écrivains se souciaient du sort des femmes. Les Goncourt à découvrir, si ce n'est déjà fait !

Note : 4,5/5