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Catherine MAVRIKAKIS (Canada/Québec)

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Message  Réaliste-romantique Ven 19 Juin 2009 - 1:21

Catherine MAVRIKAKIS (Canada/Québec) Mavrikakis

Catherine Mavrikakis

1961-
Québécoise
Professeur de littérature à l’Université Concordia puis à l’Université de Montréal.

Bibliographie de fiction
Le ciel de Bay City, Montréal, Héliotrope, 2008 (roman).
Omaha Beach, Montréal, Héliotrope, 2008 (théâtre).
Fleurs de crachat, Montréal, Leméac, 2005 (roman).
A Cannibal and Melancholy Mourning, traduit par Nathalie Stephens, Toronto, Coach House, 2004 (roman).
Ventriloquies, Montréal, Leméac, 2003. En collaboration avec Martine Delvaux (essai-récit).
Ça va aller, Montréal, Leméac, 2002 (roman).
Deuils cannibales et mélancoliques, Laval, Trois, 1999 (roman).



Le ciel de Bay City
[/b]2008, Héliotrope

ATTENTION : dévoilement d’une partie de l’intrigue

Une adolescente d’une petite ville du Michigan s’ennuie dans sa banlieue aseptisée. Elle a des relations difficiles avec sa mère, généralement absente, et sa tante, qui s’inquiète du salut de son âme. La mère et la tante ont grandi en Normandie, où leurs parents juifs les avaient cachées pendant la guerre. Les parents sont morts à Auschwitz, et les Normands ont adopté les jeunes filles. Celles-ci remplacent leur passé juif, une par l’athéisme, l’autre par le fanatisme catholique. Le jour de son dix-huitième anniversaire, la jeune fille frappera un grand coup.

J’ai adoré la description de la vie américaine des années soixante-dix : le K-Mart, Alice Cooper, les maisons de tôles. La narratrice pose un regard grinçant sur son entourage, elle est désabusée face à son avenir dans ce coin de pays. Le récit regorge de petits détails de l’époque. Pour ces passages, j’aurais donné une note de 4,5. Toutefois, le tout s’est brutalement gâché autour des pages 80-100 : le surnaturel fait une entrée soudaine dans le récit jusqu’ici très réaliste. Et il ne s’agit pas de fantastique qui laisse planer le doute sur la présence ou non des êtres fantomatiques, ils sont là et interagissent avec les autres personnages, sans qu’aucun ne soit surpris. Ah bon!

En outre, la narratrice raconte l’histoire de ses dix-huit ans trente ans plus tard. Elle raconte aussi des moments postérieurs de sa vie : son expérience initiatique en Inde, sa relation avec un Amérindien… Ces portions aussi ne m’ont pas bien intéressé.

J’ai cherché ce qui me dérangeait le plus avec le livre (ce qui a fait dégringoler la note). Est-ce l’holocauste abordé de manière non réaliste? Non, car les BD Maus et le film La vie est belle ne m’ont pas perturbé. En fait, c’est que ces fantômes n’apportent rien au récit, ils ne sont qu’étranges. Le livre aurait profité de leur absence. La jeune fille perturbée par le passé angoissant de sa mère et de sa tante était un sujet suffisamment riche pour en faire un roman intéressant. Le transfert du traumatisme des camps à la génération suivante est fascinant. Le choc entre l’héritage européen et l’avenir américain, d’un côté la culture, la distinction mais aussi la mort, et de l’autre le kitsch, la morne banlieue mais aussi l’avenir qui fait fit du passé. Tout ceci m’apparaît bien suffisant pour un excellent livre, pourquoi y insérer des fantômes et des expériences mystiques?

De plus, le traitement sans subtilité de l’apparition des grands-parents morts empêche le lecteur de spéculer et d’y réfléchir. Il n’y a aucune place pour le mystère, l’auteur ne laisse aucune liberté au lecteur de se questionner sur cette présence, à savoir s’ils sont réellement des fantômes, de réels survivants cachés (tel dans Volver d’Almodovar) ou une métaphore du poids qui pèse sur ceux qui ont survécu. Dans le ciel de Bay City, les fantômes sont là, point à la ligne. Les personnages n’en sont même pas surpris.

Enfin, je n’ai pas beaucoup aimé le style, qui veut faire poétique, mais qui me semblait seulement rendre le récit plus complexe.

Ce livre s’est mérité plusieurs prix et les louanges de nombres de critiques, mais je n’ajouterai pas ma voix au cœur.

3/5

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Message  Réaliste-romantique Jeu 2 Juil 2009 - 16:58

Personne d'autre n'a lu ce livre? Il était pourtant bien discuté sur les tribunes médiatiques québécoises qui osent aborder le livres, comme une bonne lecture estivale. à ma bibliothèque, lles nombreux exemplaires sont tous empruntés.
Je suis curieux de vos impressions, car j'aimerais savoir si je suis passé à côté de quelque chose, un vieux grincheux, un critique impitoyable, ou plusieurs de ces réponses.
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Message  Prospéryne Ven 3 Juil 2009 - 11:10

Je connais plusieurs personnes qui l'ont lus RR, mais bon, personnellement, je manque de temps pour tout lire! Le battage médiatique autour de ce livre n'aura pas été un gros succès du côté des ventes par contre, du moins à ma librairie.

@+ Prospéryne

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Message  Houppelande Ven 3 Juil 2009 - 13:09

Il me tente ce livre, mais j'ai une PAL tellement grandiose! Et de plus je crois, RR, que ta critique m'a un peu refroidie.
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Message  Lacazavent Lun 30 Nov 2009 - 13:50

Le ciel de Bay City de Catherine Mavrikakis
Roman, Sabine Wespieser Éditeur / 294 pages


Catherine MAVRIKAKIS (Canada/Québec) Le-ciel-de-bay-city-par-catherine-mavrikakis_106




« Les années soixante et soixante-dix

De Bay City, je me rappelle la couleur mauve saumâtre. La couleur des soleils tristes qui se couchent sur les toits des maisons préfabriquées, des maisons de tôle clonées les unes sur les autres et décorées de petits arbres riquiqui, plantés la veille. Je me souviens d'un mauve sale qui s'étire des heures. Un mauve qui agonise bienveillamment sur le destin ronronnant des petites familles. Dès cinq heures du soir, quand les voitures commencent à retrouver leur place dans les entrées de garage, on s'affaire dans les cuisines. Les télés se mettent à hurler et les fours à micro-ondes à jouir. Les barbecues exultent, les skate-boards bandent, dilatent démesurément leurs roues en se cognant vicieusement sur les bicyclettes et les ballons de basket lancés contre un mur répercutent à travers les allées l'ennui de tout un continent.
À Bay City, à peine la journée est-elle finie qu'on accueille le soir frénétiquement en se préparant pour le sommeil sans rêve de la nuit. À Bay City, mes cauchemars sont bleus et ma douleur n'a pas encore de nom. (…) » p1





Dans une petite ville de banlieue américaine, Bay city au bout de Veronica Lane, habite Amy. Elle aurait pu être une adolescente américaine comme d'autre, elle grandit dans un petite maison au toit de tôle entre Denise sa mère et sa tante qui ont quitté la France après la dévastation de la seconde guerre mondiale. Rejeté par sa mère qui ne l'a jamais aimé et qui lui parle toujours avec le plus grand mépris Amy va découvrir l'histoire de sa famille et de ses 48 victimes de la shoah. Obsédé par son passé, elle rencontre cachés et tremblant dans le sous-sol de la maison ses grands-parents mort à Auschwitz. Alors ce soir du 4 juillet 1979, le jour de ses dix-huit ans, elle met le feu à la maison pour que les vivants rejoignent les morts dans une ultime tentative pour oublier son histoire.




C'est un roman extrêmement sombre, et déroutant. Dans cet univers désespéré, on jongle entre la réalité et le passé, toujours à la frontière de la folie, on lit un roman où les fantômes retrouvent un corps et une existence. Écrit dans une écriture particulièrement épuré, ce texte acquiert peu à peu une force qui se renforce par le travail méticuleux et précis sur le choix des mots et la construction des phrases.
Il n'y a pas de surprise dans ce livre pas d'intrigue juste une puissance d'écriture une façon de retranscrire des émotions de créer des images et un sentiment de malaise qui ne vous quitte pas de toutes votre lecture. Bien que ce livre m'ai transporté dans un autre univers, j'ai été bien vite agacé non pas par la noirceur de l'histoire mais par des répétitions qui reviennent inlassablement au fil des pages. Portant sur le ciel et sa couleur, elles reviennent à toutes les sauces :
P34 « À Bay City, dès ma plus tendre enfance, je regrette tous les jours d’être née. Je scrute le ciel mauve sans cesse »
un peu plus loin « Dans le cagibi, il n’y a aucune fenêtre. On ne peut apercevoir aucun bout de ciel. On ne peut distinguer rien comme un espoir. Dans le cagibi, je trouverai contre les corps de mes grands-parents, un sommeil sans faille. Celui des morts, pour qui le ciel et ses couleurs n’existent plus »

Rare sont les livres qui me retourne à ce point, ce fut une lecture éprouvante dont je me souviendrais longtemps... 4,75/5




Le site de l'auteur : http://www.catherinemavrikakis.com/
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Catherine MAVRIKAKIS (Canada/Québec) Empty Sous le Ciel de Bay City

Message  Invité Jeu 3 Déc 2009 - 21:34

Le ciel mauve contient un air irrespirable de cendres et d'âmes mortes, il est violet, de cette couleur mortuaire recouvrant comme un drap le monde d'Amy. C'est l'héroine de ce livre dérangeant à l'écriture sulfureuse et cynique. Elle habite une maison en kit qu'on a posée dans les années soixante sur un carré d'herbe impersonnel. Habillée de climatiseurs vibrants dans une zone où l'industrie automobile prospère en joignant ses fumées à celles de tous les holocaustes, cette maison est un volcan où Amy se bat contre des fantômes. En psychologie, on dirait que cette petite souffre d'un problème d'identité. Sa propre histoire est lourde du décès de sa soeur ainée morte à la naissance, être parfait de n'avoir pas vécu qui rend sa soeur coupable d'être elle, en vie. Par ailleurs, Amy vit dans cette maison avec sa mère et la soeur de mère dans une constellation familiale bizarre où son propre père grec d'origine est un grand absent et l'oncle mari de la seconde un ancien prêtre. Traumatisée par la guerre, les deux soeurs ont quitté la Normandie où elles avaient été adoptées par un couple pour s'installer aux Etats-Unis faisant une croix sur un passé juif se faisant catholiques pour conjurer l'horreur. Secrets et non-dits entrainent Amy dans une folie d'où surgissent les morts, envahie de tout ce qu'elle imagine sans le savoir, incapable d'être sans reconnaître. Beaucoup de symboles, entre culpabilité et renaissance, Amy à 18 ans verra disparaitre en fumée toute sa famille persuadée d'être celle qui a mis le feu alors que l'enquête la disculpe. C'est toute la problématique du livre : peut-on ne pas se sentir responsable de faits monstrueux que l'on a pas vécu mais qui poursuivront l'humanité jusqu'à la mort? Heureusement que l'écriture de Catherine Mavrikakis n'est pas dénuée d'un certain humour noir que l'on trouverait presque gai dans ce livre furieusement morbide. L'héroine pourtant arrive à s'épanouir en devenant pilote d'avion avant de donner naissance à une fille nommée Heaven (bien sûr!) entre un bain dans le Gange et une pratique approfondie du yoga. J'ai bien peur de ne pas être capable de donner envie de lire ce livre à qui que ce soit mais en même temps j'en suis sortie marquée, indubitablement solidaire d'une humanité criminelle. Bonne chance...

Ce n'est pas le genre de livre qui se juge par une note...Je ne peux pas. Flop

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Message  Lacazavent Ven 4 Déc 2009 - 9:47

Ta critique est très belle Flop, tu as su exprimer certains sentiments sur lesquels je ne parvenais pas à mettre de mot.
Tu as raison c'est un livre difficile à noter, et j'avoue que je me suis surtout basée sur le souvenir qui va me rester plus que sur la lecture même.
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Message  Awara Mer 26 Nov 2014 - 19:40

LA BALLADE D’ALI BABA
Catherine MAVRIKAKIS
Sabine. Wespieser Editeur, 2014, 196 pages.

De lieux en lieux – Key West, Las Vegas, Alger… Erina, la narratrice, universitaire spécialiste de Shakespeare, raconte la vie de son père, Vassili Papadopoulos, fantasque et séducteur dont la vie pourrait être une épopée ou un conte comme celui d’Ali Baba et les quarante voleurs. Neuf mois après la mort de ce père qui l’a fait rêver enfant en l’emmenant voir l’océan ou en lui faisant visiter Florence à sa façon, elle le retrouve un soir à Montréal, vieillard fragile et mal vêtu; elle ne s’étonne pas et l’accompagne chez lui. Elle le revoit une dernière fois au cours de laquelle il lui demande de répandre ses cendres dans un lieu connu d’elle.


 
J’ai oscillé entre l’intérêt et la lassitude dans la lecture de ce roman dont l’écriture est limpide et agréable. Vassili, malgré son côté flambeur et inconséquent, est attachant. Mais je n’ai pas adhéré à la rencontre d’Erina avec le fantôme de son père. J’ai également été gênée par le décalage improbable entre le jeune Vassili et le père d’Erina. Enfant né en Grèce, il est parti en exil à Alger et s’est retrouvé trop jeune responsable de sa mère, de ses frères et de sa sœur. Devenu adulte et chef de famille, la délaissant durant des années, il fut avant l’heure un fantôme  pour elle et lui a  fait vivre ce que son propre père avait infligé à sa femme et à ses enfants… On a du mal à comprendre comment cet homme a eu ce trajet. Ce roman est une succession de flashs sans chronologie, bien écrits, mais qui d’une part manque de consistance et d’autre part ne dégage pas la magie des contes ou d’une légende comme le titre pourrait le suggérer. 
 
Note 3,5/5

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