Micheline LACHANCE (Canada/Québec)

De : Profgéo --- Envoyé : 2008-01-19 10:17

Lady Cartier, de Micheline Lachance
530 pages

Résumé:
Hortense Cartier, fille du libraire Fabre a grandi dans l'ombre des événements de 1837-38 et est restée profondément patriote comme toute sa famille. Hors, son père la marie avec Georges-Étienne Cartier, ancien patriote certes, mais politicien retords qui n'hésite pas à renier son passé et à pactiser avec l'ennemi anglais. Leur prise de bec sont difficile pour Hortense, mais supportable, jusqu'au jour où elle découvre l'impensable: son mari la trompe avec sa cousine Luce Cuvillier, quasiment sa soeur, la personne dont elle est la plus proche sur terre. Commence alors pour elle des années d'humiliation, de rancoeur, de douleur et de disputes continuelles car en ces années 1850-60, une femme trompée est une femme qui n'a pas su retenir son mari...

Critique:
J'ai beaucoup aimé ce plongeon dans le passé. Micheline Lachance a su faire revivre une époque à travers ses personnages, en respectant autant la mentalité de l'époque que la trame des événements. Je n'ai trouvé qu'une seule erreur chronologique dans ce bouquin de 530 pages!!!!!!! Pour qui ne connaît pas ce bout de l'histoire du Canada, c'est évidemment un peu mêlant, mais moi, je me suis régalée. Mais j'ai aussi beaucoup aimé la manière dont elle raconte l'humiliation de cette femme, qui a aimé profondément son époux et a fait tout ce dont on pouvait attendre d'une femme à cette époque pour être ensuite traînée dans la boue et humilié à la face du monde par un homme profondément imbu de lui-même. On lui dit de se résigner et de prier, la soeur du chanoine Fabre (futur évêque de Montréal) ne pouvant évidemment pas tolérer la moindre inconduite de sa soeur, mais à son époux évidemment, on ne tiendra pas tout à fait le même discours! Et la trahison de Luce, sa cousine qu'elle aimait comme une soeur, la femme émancipée avant l'heure, qui s'habille comme elle l'entend, gère son argent comme un homme et dit ce qu'elle pense en toute circonstance. Le jeu entre les personnages de cette terrible histoire est un jeu de sentiments dramatiques. Au centre et à travers les yeux de la fille d'Hortense, Marie, on voit comment la situation a pu dégénérer pour les deux enfants du couple. Le monstre politique qu'est George-Étienne Cartier est aussi décripté. Un homme doté d'une énergie et d'un flair politique hors du commun, qui a bâti quasiment à lui tout seul le Canada moderne, mais un aussi un homme dont les mutliples retournement de veste et le très fort penchant pour la corruption et le magouillage politique ont fini par rendre absolument détestable. On le comprend, mais on ne peut s'empêcher de le détester, ce monstre d'égoïsme capable de fare rater son entrée dans le monde à sa fille pour aller rejoindre sa maîtresse. Et qui déshéritera complètement sa femme pour se venger du fait qu'elle a refusé de se laisser abattre et de devenir une victime des actes de son mari. J'ai profondément compris le personnage d'Hortense, mais surtout, j'ai énormément d'admiration pour cette femme qui n'aura pas été heureuse finalement, mais qui n'aura jamais abandonné ses convictions malgré toutes les tempêtes qu'elle aura traversé.

Note: 4/5