Maxime COHEN (France)

Promenades sous la Lune
Grasset 2008, 382 p.

Un article de Pierre Assouline :
http://passouline.blog.lemonde.fr/2008/12/29/un-livre-pour-ceux-qui-aiment-les-livres/

Et pour ma part :

La catégorie des essais est toujours une catégorie difficile et un peu bâtarde sous laquelle on fait entrer des ouvrages ennuyeux ou très techniques. Parfois, on déborde sur la monographie. Depuis que le roman est devenu un outil littéraire privilégié pour l'accès à la distraction de nos contemporains, plus qu'à la culture, l'essai survit comme il peu. C'est pour cela que lorsque un rejeton de ce genre en péril s'échappe du zoo dans lequel on confine le genre, il faut le mentionner, et l'encenser s'il montre de belles dispositions. C'est donc le cas pour ce livre de Maxime Cohen, qui fait preuve d'une musculature forte mais harmonieuse. Le lecteur amoureux des "humanités" qui hésiterait à avoir ce livre ne résisterait cependant pas longtemps s'il avait l'occasion de plonger ses yeux avides dans quelques uns des courts chapitres indépendants qui composent l'ouvrage. Ces chapitres sont en effet à ce livre ce que la nouvelle est au roman : des petits thèmes traités avec synthèse et virtuosité. Ce que j'ai apprécié chez Maxime Cohen est l'amour de la langue et des belles phrases, dans un style moderne qui plonge des racines très profondes dans la littérature du XVIIIème au début du XXème siècle. Peu de fioritures, peu d'emphase, pas de formules vieillies mais un respect du texte et du lecteur qui force l'admiration. Quant au fond, Maxime Cohen se vêt de la tunique du critique, au sens noble de ce terme, agrémenté aux franges par des parfums d'éditorialiste. Le lecteur peut parcourir ce livre dans le sens qu'il veut, commencer par "A propos du discours de Lorenzo Valls sur la fausse donation de Constantin", poursuivre par "la défense des sophistes", consacrer un peu de temps au "Petit éloge des ordinateurs", vérifier une précision dans " Propos sur l'e muet", se restaurer avec "Des potages" ou "Des vins", replonger "Sur la bibliothèque de Leibniz" et achever la journée par "Des pipes à tabac". Il y en a pour tous les goûts et on peut y revenir souvent sans se lasser.

Veilleur