Eric DESCHODT (France)

Iphigénie Vanderbilt - Robert Laffont - 2,5/5

Ce sont les critiques professionnelles qui m'ont donné envie de lire ce roman. Bizarrement je crois que je n'ai lu aucune critique d'un bloggueur ou d'une bloggeuse sur lui et cela aurait dû me mettre la puce à l'oreille. J'ai été très déçue par son contenu.

Pourtant l'histoire pouvait me plaire beaucoup.

Un jeune polytechnicien français s'éprend d'une jolie américaine dans les années 70, pourtant dans sa famille c'est un dicton qui a force de loi : "il ne faut jamais épouser une américaine", Henri fera fi de cet interdit : il se marie avec Iphigénie Vanderbilt et nous suivrons 40 ans de leur existence et également de l'histoire ces deux pays dont on ne sait jamais s'ils sont frères ou ennemis, amis ou rivaux, liés par l'estime ou la méfiance et le mépris.

Les quelques extraits qui étaient proposés dans les journaux étaient brillants et humoristiques, plein de ces phrases à l'emporte-pièce drôles, ironiques qui sont souvent la marque de l'esprit français, celui qu'on pratiquait avant que le beau langage ne se délite .... oui mais à la fin il n'y a presque que cela dans ce roman : des phrases pleines d'esprit, des aphorismes clinquants mais finalement sans profondeur, c'est brillant en façade mais c'est léger et creux comme des décors de carton pâte, de faux monuments en polystyrène recouverts de feuilles de cuivres sensée représenter les ors des vrais. L'auteur évoque toutes les images tutélaires de l'Histoire, de la politique ou de la littérature, coté français. On est dans le beau monde de la bourgeoisie argentée et cultivée, cela se sent. Henri et Iphigénie représentent un couple parfait que n'effleurent ni le doute ni le manque d'assurance. Les beaux-parents mutuels : Jack et Andromaque Vanderbilt ainsi que Anne et Paul Lebleu auront aussi un grand rôle dans la vie du couple et dans le déroulement de l'intrigue. Autant au début j'ai été contente de retrouver la période de ma jeunesse autant j'ai assez vite compris que j'allais m'ennuyer passablement avec ces personnages dont la vie préservée et les idées réactionnaires ne concordent pas avec ma façon de voir. J'ai fini le roman en le lisant en diagonale, d'autant qu'il ne se passe pas grand-chose d'intéressant dans la vie des Lebleu-Vanderbilt .... et je me demande encore comment on peut faire un roman sur si peu. L'Histoire avec un grand H, pendant ces 40 années, elle a connu beaucoup de remous, beaucoup de changements, mais ils sont si résumés, si déformés par la vision exclusive et partiale des protagonistes que j'ai à peine retrouvé mes propres expériences et ce que j'ai ressenti à les vivre .... alors une note moyenne juste pour le style.

"Anne Lebleu était férue de littérature, passant même pour très cultivée après de ses relations qui l'étaient rarement. Culture datée comme toujours - elle était nées en 1915, où les humanités survivaient à la Grande Guerre. Elle pouvait réciter plusieurs passages de la chanson de Roland ; ses dieux étaient Louise Labbé, Mme de Lafayette, la marquise de Sévigné, Julie de Lespinasse, Balzac et l'Aragon non seulement d'Aurélien mais d'Anicet, ce dont s'étonnait une fois par an Paul Lebleu son mari, des mains de qui l'ouvrage était tombé très vite. La semaine Sainte était sur sa table de nuit."