Gouzel IAKHINA (Russie)
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Gouzel IAKHINA (Russie)
Zouleikha ouvre les yeux de Gouzel Iakhina
Zouleikha ouvre les yeux... première phrase du roman qui revient comme un encouragement. Parce que cette vie-là n'est pas facile. Dans les années 30, au Tatarsan, dans le fin fond de la campagne russe , Zouleikha a perdu quatre filles en bas-âge et elle baisse la tête sous les ordres de son mari et de sa belle-mère. Mais la dékoularisation de Staline arrive et la jeune femme se fait déporter en Sibérie.
Un roman que j'ai beaucoup aimé, d'autant plus dur de mettre un avis sur cette lecture. le sujet n'est pas tendre, l'époque ne l'est pas, il y a beaucoup de difficultés. Mais Gouzel Iakhina raconte bien le stalinisme, le goulag, le froid, la faim... les points de vue des protagonistes permettent d'avoir une vue globale sur cette période particulièrement éprouvante de l'histoire russe. Un roman qui m'a profondément bouleversée.
Un roman que j'ai beaucoup aimé, d'autant plus dur de mettre un avis sur cette lecture. le sujet n'est pas tendre, l'époque ne l'est pas, il y a beaucoup de difficultés. Mais Gouzel Iakhina raconte bien le stalinisme, le goulag, le froid, la faim... les points de vue des protagonistes permettent d'avoir une vue globale sur cette période particulièrement éprouvante de l'histoire russe. Un roman qui m'a profondément bouleversée.
Note : 4.5/5
Dernière édition par Shan_Ze le Lun 20 Avr 2020 - 8:49, édité 1 fois
Shan_Ze- Admin
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Re: Gouzel IAKHINA (Russie)
Ca a l'air intéressant, je note. Je ne connaissais pas du tout, merci Shan_Ze!
Mandarine- Nombre de messages : 3347
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Re: Gouzel IAKHINA (Russie)
J'ai déjà vu ce titre. Je le retiens.
Awara- Nombre de messages : 7149
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Re: Gouzel IAKHINA (Russie)
Il y a souvent de belles découvertes avec les éditions Noir sur blanc… je pense vraiment que ça vous plaira !
Shan_Ze- Admin
- Nombre de messages : 9276
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Location : Lyon/France
Date d'inscription : 26/10/2008
Re: Gouzel IAKHINA (Russie)
Iakhina Gouzel
Zouleikha ouvre les yeux
Les éditions noir sur blanc 24 août 2017
463 pages
Quatrième de couverture
Nous sommes au Tatarstan, au cœur de la Russie, dans les années 30. A quinze ans, Zouleikha a été mariée à un homme bien plus âgé qu'elle. Ils ont eu quatre filles mais toutes sont mortes en bas âge. Pour son mari et sa belle-mère presque centenaire, très autoritaire, Zouleikha n'est bonne qu'à travailler. Un nouveau malheur arrive : pendant la dékoulakisation menée par Staline, le mari se fait assassiner et sa famille est expropriée. Zouleikha est déportée en Sibérie, qu'elle atteindra après un voyage en train de plusieurs mois. En chemin, elle découvre qu'elle est enceinte. Avec ses compagnons d'exil, paysans et intellectuels, chrétiens, musulmans ou athées, elle participe à l'établissement d'une colonie sur la rivière Angara, loin de toute civilisation : c'est là qu'elle donnera naissance à son fils et trouvera l'amour. Mais son éducation et ses valeurs musulmans l'empêcheront longtemps de reconnaître cet amour, et de commencer une nouvelle vie.
Mon avis
La quatrième de couverture laisse déjà deviner la misère,la violence l’injustice, la honte, la désolation, le désir et l’amour. Je me suis sentie révoltée par le long et douloureux parcours d’émancipation de Zouleïka, c’est une très jeune femme, un personnage unique, inspiré de
l’arrière-grand-mère de l’autrice. Le récit est aussi celui de la déportation, commençant par un voyage interminable dans des conditions inhumaines de froid et de faim, dont beaucoup ne parviendront pas à la destination qu’on leurs a imposée, c’est à dire le fond de la Sibérie, nous connaîtrons la vie dans la colonie au cours des seize années qui suivrons, on n’imagine pas ce que font ces malheureux pour essayer de survivre tout en étant émerveillée par ce que l’homme est capable de faire dans les pires situations de détresse, de dénuement et de désespoir. Zouleïka est un personnage attachant, en parallèle, on suivra le chemin de d’Ivan Ignatov, officier de l’armée rouge qui se retrouve malgré lui à porter la responsabilité d’un convoi de déportés et pris lui aussi dans les rouages de la Révolution, il y a aussi le vil et opportuniste droit commun Gorelov, un homme détestable, il y aussi des artistes et des intellectuels,l’auteure fait vivre d’autres personnages non dénués d’intérêt. Mais c’est surtout lorsque Ignatov croisera Zouleikha, cette incroyable jeune femme que le roman réunit avec bonheur les ingrédients que l’auteur nous livre un parfum d’aventures et avec une certaine délicatesse une histoire d’amour. Cet incroyable roman est une œuvre magistrale, dur avec des moments de grâce et deux personnages qui semblent irréconciliables et une fin magique qui pousse à la réflexion. Un très grand roman russe riche en Histoire et en aventures sur une page trouble de l’Histoire de l’URSS…..Encore un gros coup de coeur pour ce premier roman….5/5
Définition "dékoulakisation"
Action, fait de dékoulakiser ; campagne de répression en Union Soviétique, qui s'est dirigée pendant la dictature de Joseph Staline, de 1929 à 1933, contre les koulaks. ex. la dékoulakisation déporta 2 millions de paysans en Sibérie, en mit au goulag 300000 et en assassina 300000.
lalyre- Nombre de messages : 5804
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Date d'inscription : 01/03/2009
Re: Gouzel IAKHINA (Russie)
Encore un livre intéressant, Lalyre!
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Prochaine lecture:
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Awara- Nombre de messages : 7149
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Date d'inscription : 03/01/2011
Lakhina Gouzel (Russie)
Gouzel Lakhina
Convoi pour Samarcande
Les éditions noir sur blanc 24 août 2023
475 pages
Quatrième de couverture
Dans les années 1920, en URSS, la famine fait rage dans la région de la Volga. Le gouvernement soviétique met sur pied des convois d’évacuation pour sauver les enfants. C’est l’un de ces trains que l’officier de l’Armée rouge Deïev prend en charge, avec à son bord cinq cents enfants, qu’il doit acheminer de Kazan, la capitale du Tatarstan, jusqu’à Samarcande. Pour atteindre le Turkestan, terre d’abondance épargnée par la famine, il faut faire un long voyage de milliers de kilomètres à travers les forêts de la Volga, les steppes de l’Oural, puis les déserts d’Asie centrale.
Au cours de ce périple, Deïev et ses passagers rencontrent des femmes et des hommes qui les aident et les nourrissent – héros du quotidien, bandits ou fonctionnaires au double visage. Avec la commissaire Blanche et l’infirmier Boug, il tente de protéger les enfants de la faim, de la soif, de la peur et du choléra. Deïev devra faire face aux fantômes de son passé, aux crimes commis au nom du pouvoir soviétique, et à la cruauté de son pays, pour lequel la vie humaine a si peu de valeur. Par son courage et sa bonté, cet homme sauve des centaines de vies ; en s’élevant contre les crimes de l’État soviétique, il montre un chemin possible vers la rédemption.
Mon avis
Une terrible famine ravage la Russie, l’Ukraine et quelques pays proche du bassin de la Volga, d’autant plus, que l’aide internationale tarde à se mettre en place alors que les cadavres s’entassent dans les rues. Dès lors des convois ferroviaires sont organisés vers Samarcande pour sauver des centaines d’enfants dont certains sont déjà très affaiblis. Ce livre c’est l’histoire de l’un de ces trains, le trajet est une horreur, les enfants meurent, bientôt remplacés par d’autres au cours du long périple, (en première page, ou l’on comprend la longueur du voyage, grâce à une carte bien détaillée) pendant six semaines le convoi de Deïev parcourt quelques milliers de Km, et rencontre toutes sortes de gens, des bandits, des tchékistes ou des Basmatchi du Turkestan toujours prêts à tuer, cependant, tous vont aider à sauver les enfants, tous ces gens sont semblent porteurs d’humanité. Certes on tombe dans l’horreur, lorsque qu’on découvre les expédients utilisés pour tromper la faim, qu’importe que ce soient poux ou cafards, racines ou soupes de sable, combien d’enfants sont morts très vite remplacés par d’autres errant dans la steppe ou couchés sur les rails. Ces faits qui font partie de l’histoire de tant de familles qui ont coûté des milliers de vies, reste un trou noir dans la mémoire collective, (cette phrase je l’ai copiée) Gouzel Lakhina a réussi à mettre de la poésie et de la drôlerie dans ce terrible drame, sans oublier les magnifiques personnages.
Lu sur la couverture arrière du livre-Une épopée extraordinaire, sous la plume d’une magicienne.
Mon résumé étant assez long, je me suis abstenue d’évoquer plus, cependant beaucoup de faits sont véridiques, vraiment c’est un gros coup de cœur…5/5
Convoi pour Samarcande
Les éditions noir sur blanc 24 août 2023
475 pages
Quatrième de couverture
Dans les années 1920, en URSS, la famine fait rage dans la région de la Volga. Le gouvernement soviétique met sur pied des convois d’évacuation pour sauver les enfants. C’est l’un de ces trains que l’officier de l’Armée rouge Deïev prend en charge, avec à son bord cinq cents enfants, qu’il doit acheminer de Kazan, la capitale du Tatarstan, jusqu’à Samarcande. Pour atteindre le Turkestan, terre d’abondance épargnée par la famine, il faut faire un long voyage de milliers de kilomètres à travers les forêts de la Volga, les steppes de l’Oural, puis les déserts d’Asie centrale.
Au cours de ce périple, Deïev et ses passagers rencontrent des femmes et des hommes qui les aident et les nourrissent – héros du quotidien, bandits ou fonctionnaires au double visage. Avec la commissaire Blanche et l’infirmier Boug, il tente de protéger les enfants de la faim, de la soif, de la peur et du choléra. Deïev devra faire face aux fantômes de son passé, aux crimes commis au nom du pouvoir soviétique, et à la cruauté de son pays, pour lequel la vie humaine a si peu de valeur. Par son courage et sa bonté, cet homme sauve des centaines de vies ; en s’élevant contre les crimes de l’État soviétique, il montre un chemin possible vers la rédemption.
Mon avis
Une terrible famine ravage la Russie, l’Ukraine et quelques pays proche du bassin de la Volga, d’autant plus, que l’aide internationale tarde à se mettre en place alors que les cadavres s’entassent dans les rues. Dès lors des convois ferroviaires sont organisés vers Samarcande pour sauver des centaines d’enfants dont certains sont déjà très affaiblis. Ce livre c’est l’histoire de l’un de ces trains, le trajet est une horreur, les enfants meurent, bientôt remplacés par d’autres au cours du long périple, (en première page, ou l’on comprend la longueur du voyage, grâce à une carte bien détaillée) pendant six semaines le convoi de Deïev parcourt quelques milliers de Km, et rencontre toutes sortes de gens, des bandits, des tchékistes ou des Basmatchi du Turkestan toujours prêts à tuer, cependant, tous vont aider à sauver les enfants, tous ces gens sont semblent porteurs d’humanité. Certes on tombe dans l’horreur, lorsque qu’on découvre les expédients utilisés pour tromper la faim, qu’importe que ce soient poux ou cafards, racines ou soupes de sable, combien d’enfants sont morts très vite remplacés par d’autres errant dans la steppe ou couchés sur les rails. Ces faits qui font partie de l’histoire de tant de familles qui ont coûté des milliers de vies, reste un trou noir dans la mémoire collective, (cette phrase je l’ai copiée) Gouzel Lakhina a réussi à mettre de la poésie et de la drôlerie dans ce terrible drame, sans oublier les magnifiques personnages.
Lu sur la couverture arrière du livre-Une épopée extraordinaire, sous la plume d’une magicienne.
Mon résumé étant assez long, je me suis abstenue d’évoquer plus, cependant beaucoup de faits sont véridiques, vraiment c’est un gros coup de cœur…5/5
lalyre- Nombre de messages : 5804
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Location : Belgique
Date d'inscription : 01/03/2009
Re: Gouzel IAKHINA (Russie)
Je suis en train de lire Zouleikha ouvre les yeux et je lirai ce dernier roman tant l' écriture de cette auteure me fascine.
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Prochaine lecture:
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Awara- Nombre de messages : 7149
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Date d'inscription : 03/01/2011
Re: Gouzel IAKHINA (Russie)
Une auteure que je retiens aussi ! Je vais chercher ….
Chantal- Nombre de messages : 3226
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Date d'inscription : 22/12/2008
Re: Gouzel IAKHINA (Russie)
C'est dur, très dur, avec des moments de grâce.. je te le conseille vraiment.
Awara- Nombre de messages : 7149
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Date d'inscription : 03/01/2011
Re: Gouzel IAKHINA (Russie)
ZOULEIKHA OUVRE LES YEUX
Gouzel IAKHINA
Traduit du russe par Maud Mabillard
Libretto - 2021 - 558 pages
Zouleikha vit prés de Kazan dans les années 1930. Elle a été mariée à 15 ans à un homme beaucoup plus âgé qu’elle. Ils ont eu quatre filles, toutes décédées peu après leur naissance. Elle vit avec son mari et sa belle-mère qui la martyrisent et elle n’a pas d’autre choix que d’obéir à leurs ordres, parce que c’est ainsi qu’elle a été élevée. C’est une personne naïve, pleine de tendresse et de bonté. Sa belle-mère l’appelle Poule mouillée en raison de cette soumission. Elle est musulmane, mais sa foi est complètement imprégnée de la culture païenne héritée de sa famille et de son éducation.
Nous sommes au moment de la dékoulakisation voulue par Staline, répression dirigée contre les koulaks, c’est-à-dire les paysans propriéaires de leurs terres, même les plus pauvres. Son mari refuse de livrer ses malheureux biens gagnés à la sueur de son travail. Il est tué et elle est déportée avec d’autres paysans récalcitrants. Vers où? le commandant du convoi, Ignatov, lui-même l’ignore… Ce dernier est un personnage complètement acquis à la cause révolutionnaire. Ils sont rejoints par d’autres exilés, des musulmans, des intellectuels, des nobles, des chrétiens, des athées … Un long périple qui s’amorce vers la Sibérie, alors que Zouleikha découvre qu’elle est enceinte..
Après un voyage éprouvant où beaucoup ont trouvé la mort, ils se retrouvent une trentaine perdus, je dirais même volontairement abandonnés avec leur commandant, au milieu de la taïga, sans nourriture, sans vêtements chauds, sans abris, sur les rivages du fleuve Angara . Ils vont devoir tout construire, bâtir, s’entraider pour survivre. Zouleikha la peureuse, devenue depuis son départ « yeux verts » en raison de son beau regard, est une femme ingénieuse qui aide de son savoir-faire cette communauté.
Des hommes ambitieux, envieux et pervers continueront à semer des embûches dans la vie de ce petit village qui a maintenant un nom, mais lle commandant, l’homme de devoir, rigide, révèlera une humanité acquise progressivement.
Un très beau livre, servi par une très belle écriture, très poétique, avec de magnifiques et nombreuses descriptions qui aussi bien ouvrent sur la vie dans la campagne tatare que sur la rigueur de l’hiver et les forêts de Sibérie. Gouzel Iakhina a travaillé pour le cinéma et elle nous offre des images de toute beauté comme celle de cette maison en rondins de bois avec cette pièce où la famille va prendre son bain; le voyage en train, comme l’horreur du voyage dans la péniche,.. Des vies rendues palpables grâce à ce roman: la vie dans la compagne tatare, les déportations sans humanité, la vie dans ce monde perdu du goulag…
Elle raconte un monde d’injustice où les bourreaux appliquent à la lettre des lois iniques, mais peuvent devenir du jour au lendemain des proscrits… Des hommes sans culture exercent le droit de vie ou de mort sur leurs semblables
Outre la magnifique figure de Zuleikha qui illumine ce roman, l’auteur laisse de très beaux portraits: le docteur Lebe, le peintre Ikonikov et même Ignatov. Le lecteur voit grandir Youssouf, le fils chéri de Zouleikha pour lequel elle fera le plus grand des sacrifices, celui de le laisser partir pour qu’il soit sauvé et avoir une vie libre.
La grand-mère de Gouzel Iakhina a été déportée à l’âge de 7 ans au goulag est la petite-fille d’où elle est revenue après quinze années passées dans cet enfer.
Une série a été tirée de ce roman.
Roman Madyanov, qui a joué un employé de l'OGPU dans le drame, estime que le film a réussi à aborder un thème historique très complexe et qu'il est important que le public y réponde. Beaucoup ont commencé à raconter des histoires de leurs familles liées à la dépossession et à la répression.
Un livre qui m’a happée; un petit bijou et un coup de coeur.
Note 5/5
P.S. Je me permets de redoonner les chiffres cités par Lalayre plus haut
la dékoulakisation déporta 2 millions de paysans en Sibérie, en mit au goulag 300000 et en assassina 300000.
Gouzel IAKHINA
Traduit du russe par Maud Mabillard
Libretto - 2021 - 558 pages
Zouleikha vit prés de Kazan dans les années 1930. Elle a été mariée à 15 ans à un homme beaucoup plus âgé qu’elle. Ils ont eu quatre filles, toutes décédées peu après leur naissance. Elle vit avec son mari et sa belle-mère qui la martyrisent et elle n’a pas d’autre choix que d’obéir à leurs ordres, parce que c’est ainsi qu’elle a été élevée. C’est une personne naïve, pleine de tendresse et de bonté. Sa belle-mère l’appelle Poule mouillée en raison de cette soumission. Elle est musulmane, mais sa foi est complètement imprégnée de la culture païenne héritée de sa famille et de son éducation.
Nous sommes au moment de la dékoulakisation voulue par Staline, répression dirigée contre les koulaks, c’est-à-dire les paysans propriéaires de leurs terres, même les plus pauvres. Son mari refuse de livrer ses malheureux biens gagnés à la sueur de son travail. Il est tué et elle est déportée avec d’autres paysans récalcitrants. Vers où? le commandant du convoi, Ignatov, lui-même l’ignore… Ce dernier est un personnage complètement acquis à la cause révolutionnaire. Ils sont rejoints par d’autres exilés, des musulmans, des intellectuels, des nobles, des chrétiens, des athées … Un long périple qui s’amorce vers la Sibérie, alors que Zouleikha découvre qu’elle est enceinte..
Après un voyage éprouvant où beaucoup ont trouvé la mort, ils se retrouvent une trentaine perdus, je dirais même volontairement abandonnés avec leur commandant, au milieu de la taïga, sans nourriture, sans vêtements chauds, sans abris, sur les rivages du fleuve Angara . Ils vont devoir tout construire, bâtir, s’entraider pour survivre. Zouleikha la peureuse, devenue depuis son départ « yeux verts » en raison de son beau regard, est une femme ingénieuse qui aide de son savoir-faire cette communauté.
Des hommes ambitieux, envieux et pervers continueront à semer des embûches dans la vie de ce petit village qui a maintenant un nom, mais lle commandant, l’homme de devoir, rigide, révèlera une humanité acquise progressivement.
Un très beau livre, servi par une très belle écriture, très poétique, avec de magnifiques et nombreuses descriptions qui aussi bien ouvrent sur la vie dans la campagne tatare que sur la rigueur de l’hiver et les forêts de Sibérie. Gouzel Iakhina a travaillé pour le cinéma et elle nous offre des images de toute beauté comme celle de cette maison en rondins de bois avec cette pièce où la famille va prendre son bain; le voyage en train, comme l’horreur du voyage dans la péniche,.. Des vies rendues palpables grâce à ce roman: la vie dans la compagne tatare, les déportations sans humanité, la vie dans ce monde perdu du goulag…
Elle raconte un monde d’injustice où les bourreaux appliquent à la lettre des lois iniques, mais peuvent devenir du jour au lendemain des proscrits… Des hommes sans culture exercent le droit de vie ou de mort sur leurs semblables
Outre la magnifique figure de Zuleikha qui illumine ce roman, l’auteur laisse de très beaux portraits: le docteur Lebe, le peintre Ikonikov et même Ignatov. Le lecteur voit grandir Youssouf, le fils chéri de Zouleikha pour lequel elle fera le plus grand des sacrifices, celui de le laisser partir pour qu’il soit sauvé et avoir une vie libre.
La grand-mère de Gouzel Iakhina a été déportée à l’âge de 7 ans au goulag est la petite-fille d’où elle est revenue après quinze années passées dans cet enfer.
Une série a été tirée de ce roman.
Roman Madyanov, qui a joué un employé de l'OGPU dans le drame, estime que le film a réussi à aborder un thème historique très complexe et qu'il est important que le public y réponde. Beaucoup ont commencé à raconter des histoires de leurs familles liées à la dépossession et à la répression.
Un livre qui m’a happée; un petit bijou et un coup de coeur.
Note 5/5
P.S. Je me permets de redoonner les chiffres cités par Lalayre plus haut
la dékoulakisation déporta 2 millions de paysans en Sibérie, en mit au goulag 300000 et en assassina 300000.
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Awara- Nombre de messages : 7149
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