Maud SIMONNOT (FRANCE)

Maud Simonnot Maud Simonnot, née en 1979 à Semur-en-Auxois. Elle a passé sa jeunesse dans le Morvan et plusieurs années en Norvège.  C'est une éditrice et auteure française. Sa biographie de Robert McAlmon, La Nuit pour adresse (Gallimard, 2017) a reçu le prix Larbaud et a été finaliste du prix Médicis essai. L’enfant céleste (L’Observatoire, 2020) a été dans la sélection Goncourt 2020, finaliste du Goncourt des lycéens et choix Goncourt de l’Italie.

L’HEURE DES OISEAUX
Maud Simonnot
Editions de l’Observatoire - 2022  - 152 pages




Une jeune femme arrive à Saint-Hélier, sur l’île anglo-normande de Jersey, non pour profiter du paradis fiscal qu’est l’île et fait sa richesse, mais pour retrouver à la demande de son père, les traces d’une petite-fille qui avait été placée dans les années 50 dans un orphelinat de l’île, à Haut-de-la- Garenne.. Cette institution a fait quelques années plus tôt la une des journaux suite à des dénonciations de maltraitance et de pédophilie qui auraient eu lieu des années 1950 jusqu’à sa fermeture en 1986. Il veut savoir ce qu’est devenu celle qui le protégeait et lui avait fait partager son amour des oiseaux.

Il semblerait que l’affaire qui a fait grand bruit à l’époque ait été étouffée et que les tentatives d’enquêtes aient été entravées. La narratrice se heurte au silence des iliens qui ne veulent plus entendre parler de ces accusations. Elle doit faire face à l’antipathie de la plupart d’entre eux, seuls quelques figures sympathiques comme l’aubergiste et le petit-fils de l’institutrice accepteront de l’aider.

Ce roman est court. C’est un roman et non un ouvrage documentaire, parce qu'il y a une part de fiction: les deux enfants dont il est question et bien sûr la fille de Simon, n’ont pas existé. Mais tout le fond de l’histoire s’appuie sur des faits réels. En fin de livre l’auteur cite les livres et documentaires sur lesquels elle s’est appuyée. Elle ne fait pas seulement le procès de ceux qui veulent garder le silence, mais elle pointe aussi le sort réservé par la société policée de l'île à ceux qui sont en marge de la société, comme Llly et son ami l’ermite

L’écriture est sobre et poétique, économe de mots. Le lieu est splendide et cependant le lecteur va vite découvrir que cet endroit est loin d’être aussi Idyllique qu’il y parait. «  En temps normal j’aurai été séduite par la beauté de ce spectacle marin, mais depuis quelques jours je percevais la mer différemment : c’est elle qui avait permis à ces gens de vivre en paix avec leurs secrets, elle qui leur conférait cette arrogance. » dit la narratrice. Le lecteur est frappé par la douceur et la délicatesse du ton qui raconte la vie de ces deux enfants et leur accord avec la nature et la noirceur des événements.

Les courts chapitres du roman font alterner les histoires de la petite-fille, Lily, et de Simon, le père de la narratrice, avec la quête que cette dernière mène de nos jours pour savoir ce qu’est devenu Lily, qui elle était. La maltraitance et les violences sont évoquées par des touches discrètes qu’ il est impossible de taxer de dénonciations calomnieuses parce que toute la vérité n’a semble-t-il pas encore été faite sur ces drames . Mais le lecteur ne peut pas ignorer l’horreur qui a été dissimulée derrière les hauts murs de l’établissement; Maud Simonnot donne envie d’en savoir plus. On ne peut plus dire après avoir lu ce livre qu’on ne savait pas ce qui s’est passé à Haut-de-la-garenne. Il m'a amené à rechercher les émissions de télévision qu'elle cite afin de mieux comprendre cette histoire dramatique.

Un roman qui laisse une trace chez son lecteur.

Note 5/5

L’ENFANT CÉLESTE
Maud Simonnot
Les éditions de l’Observatoire - 2020 - 166 pages


Un court roman dans lequel deux histoires s’entremêlent Celle de la narratrice dont le fils, enfant surdoué, souffre à l’école; elle vient d’être abandonnée par son compagnon (qui ne semble pas être le père de l’enfant). Et celle de Tycho Brahe, astronome danois qui a vécu au XVIème siècle.

Mary, la narratrice, souffre. Son compagnon vient de lui signifier la fin de leur relation et lui dire qu’il ne l’aime plus. Son fils, son « enfant céleste », est un enfant surdoué, son trouble ressemble assez à celui d’un autiste de haut niveau. Il peine pour certains apprentissages et ses difficultés ne sont pas comprises par sa maîtresse pour laquelle ses mauvais résultats sont dus à la paresse alors que cet enfant a des passions multiples mais pas nécessairement scolaires.
Mary a souffert dans son enfance du suicide de son père qui l’avait initié à l’observation du ciel  et lui avait parlé de Tycho Brahe. Avec le départ de l’homme qu’elle aime, elle doit faire face à un  nouvel abandon.  Elle décide d’ échapper à ce qui la fait souffrir. Pour que son fils et elle se rétablissent, elle décide de partir avec l’enfant pour l’île de Ven, sur la mer Baltique, une île suédoise anciennement danoise où Tycho Brahe avait établi son observatoire astronomique, une petite île d’une centaine d’habitants.

Au fil des pages, deux voix alternent: celle de Mary dont le lecteur réalise l’apaisement de son chagrin et celle de Célian, son fils, l’enfant rêveur et poète qui se révèle un fin observateur de la nature.
En même temps Mary nous fait découvrir la complexité de la vie de Tycho Brahe , Son père adoptif étant mort en sauvant de la noyade Frédéric II, le roi du Danemark, celui-ci lui confie l'île de Ven, où il fera construire un observatoire afin qu'il puisse observer les astres.

C’est un roman qui a beaucoup de charme. Les personnes qui habitent l’île sont bienveillantes, Solveig, sa logeuse, Des Esseintes ( le vieux professeur anglais surnommé ainsi parce qu’il lui fait penser au anti-héros maladif de A rebours de Huysman), Björn, le cousin de Solveig qui se révèle un merveilleux amant et lui redonne confiance en elle. L’île est belle, l’écriture est poétique pour décrire ces côtes balayées par la pluie et le vent.

Les références littéraires et culturelles sont nombreuses, mais pas pesantes. En revanche j’ai été gênée par la place que prenait l’histoire de Tycho Brahe ( qui m’a pourtant grandement intéressée) dans celle de Mary. Une histoire trop étoffée par rapport à l’autre? Un certain déséquilibre dans ce roman dont l’écriture est légère comme les faînes du hêtre que l’enfant ramasse.

Une lecture agréable, même si un peu décevante.

Note: 4/5

Maud Simonnot l’heure des oiseaux
Ile de Jersey 1959 dans un orphelinat Lily essaye de survivre à la cruauté des adultes et protège un petit garçon
Soixante ans plus tard une jeune femme se rend à l’orphelinat pour enquêter sur le passe de son père

Difficile d’en dire plus sans rien dévoiler . Les chapitres alternent entre la recherche de la voix de la  jeune femme et celle de Lily en 1959.Un roman dur et poignant mais l’auteure lève le voile petit à petit et on a  on a toujours envie d’aller plus loin pour savoir .
Awara a très bien raconté le contexte j'ai également fait des recherches sur internet mais il semble qu'il y ait eu des agissement afin de cloturer l'affaire car certaines personnes bien placées étaient concernées 
5/5