Simonde de BEAUVOIR: La force des choses

De : gallomaniac (Message d'origine) Envoyé : 2007-03-10 03:23
La force des choses tome 1. Simone de BEAUVOIR. Ma note 3,5/5.
Gallimard 1963, LP 1969 384 pg.

(Je n'ai que tome 1, la première moitié, donc je restreins mon commentaire à quelques remarques).
Ce 3ème livre de mémoires est la suite de "La force de l'âge" et couvre la période de la libération, 1944, à 1952 environ pour la première moitié. De Beauvoir savoure la liberation, desavoue les exécutions par la résistance après la guerrela bombe atomique sur Hiroshima; elle est concerné plus qu'avant de politique française et internationale. Un grand part est consacré à la vie journalistique autour des journaux Le Combat (Camus) et Les Temps Modernes (Sartre) et leurs divergences politiques. Elle parle toujours d'auteurs, de la musique, du théâtre. Elle fait moins de la randonnée, mais elle voyage plus souvent en dehors de la France (à la fin, elle achète une voiture et les promenades en voiture remplacent les randonnées). En Amérique elle rencontre Nelson Algren, avec qui elle aura une liaison. Elle parle de la grande production de Sartre, sans l'influencer, aussi pour rester elle-même indépendante dans ses idées. Elle-même produit Le deuxième Sexe et Les Mandarins, qu'elle commente largement.
Finalement, ce (demi-)tome des mémoires est un peu "touche à tout": plus bavard, plus superficiel et moins intéressant que "La force de l'âge"; un livre écrit en vitesse, un peu bâclé, me semble. Ma note 3,5/5.


De : Chantal5500 Envoyé : 2007-03-25 14:17
LA FORCE DES CHOSES :
Folio - Tome 1 : 376 pages
Tome 2 : 508 pages.

Suite de ses mémoires, de 1945 à 1962.

L'auteur nous relate avec toujours autant de talent, de par son écriture et de par son analyse profonde, minutieuse, la fondation du journal "Les Temps Modernes" avec Sartre, Merleau-Ponty, Vian, Camus, Leiris,....Lanzmann....et tant d'autres, son implication désormais dans la littérature engagée et son fort engagement politique avec Sartre : sympathisants des communistes mais non adhérents au parti pour garder leur liberté de pensée et de critique. Elle voyage toujours autant : Afrique du Nord, Suisse, Italie, Grèce, Scandinavie, Chine, Cuba, Brésil (où elle deviendra amie avec Jorge Amado), Russie... Elle découvre également l'Amérique avec sa liaison passionnée avec Nelson Algren qu'elle quittera finalement, ne voulant pas abandonner l'écriture engagée avec Sartre et la France, mais elle rencontrera Claude Lanzmann pour une autre aventure amoureuse et militera avec lui et Sartre pour le FLN pendant les longues années de la guerre d'Algérie qui lui feront haïr la France, ses dirigeants et de nombreux français.

Ce sont les années où sont publiés "Le sang des autres", "Tous les hommes sont mortels", "l'Amérique au jour le jour".....et surtout "Le deuxième sexe", livre qui provoquera des débats passionnés et lui feront connaître la "hargne" de cette société puritaine de droite comme de gauche, mais qui provoquera le début du mouvement féministe français. Puis ce fut le Goncourt avec "Les mandarins" qui lui permet alors d'acheter un appartement et de ne plus vivre à l'hôtel, et elle commençe ensuite à rédiger ses mémoires qui furent tout de suite de grands succès....La notoriété fait qu'elle et Sartre sont devenus des personnages publics, qu'ils sont aimés comme haïs, qu'ils ne peuvent plus écrire dans les cafés comme pendant leurs années de jeunesse. Arrive également le début du déclin physique, une mauvaise santé pour Sartre qui s'épuise...

C'est à la fois d'une densité extraordinaire et d'une lecture tellement aisée, c'est extrêmement riche concernant l'histoire récente et la politique de la France et de bien d'autres pays. Son engagement, son combat pour la libération de la femme, son anticonformisme, son ouverture d'esprit, toujours en recherche, provoque chez moi une belle admiration. Il me reste maintenant à lire la suite et je m'en réjouis à l'avance.

5/5

"Le livre est un objet collectif : les lecteurs contribuent autant que l'auteur à le créer"
"C'est un plaisir et un repos de se remplir les yeux avec les mots qui existent déjà, au lieu d'arracher des phrases au vide."