Simone de BEAUVOIR: L'Invitée

De : gallomaniac (Message d'origine) Envoyé : 2007-01-26 13:51
L'invitée, roman de Simone de BEAUVOIR. Ma note 4,5/5
Gallimard 1943, LP 1962, 504 pg.

Le long récit des sentiments d'une femme parisienne sur son menage à trois avec son ami de coeur et une adolescente invitée par elle et lui pour vivre chez eux à Paris dans un hôtel (la forme luxe d'une vie sans chez-soi: presque tout se passe dans des places publiques: restaurant, théatre, boîte de nuit, chambre d'hôtel, café, taxi). Un trio clos très collant dans un monde clos. D'autant plus clos que Françoise, la femme, s'engage envers elle-même de partager tout mais est incapable de partager: dès que son ami Pierre se tourne à l'invitée Xavière, Françoise souffre comme si Pierre se détourne pour toujours d'elle. Et idem si Xavière se tourne à Pierre ou à quelqu'un d'autre. L'invitée, qui n'a pas adhérée à ce pacte de partage à trois, se découvre manipulée et essaye de se libérer de cette position de dépendance envers Pierre et Françoise. Le couple, par un retour de choses, devient dépendant d'elle et va jusqu'à épier l'invitée dans sa rélation avec un collègue-artiste. Mais justement, il y a ce collegue, Gerbert. Sa présence change tout. C'est comme un miroir que reflète un tout autre visage que celle que Françoise a d'elle-même: "Non, répéta-t-elle. Je ne suis pas cette femme". La morale peut être double autant chez la femme que chez l'homme. Un drame basé sur un fausse prémisse philosophique : "Mais comment se pouvait-il qu'une conscience existât qui ne fût pas la sienne? Alors, c'était-elle qui n'existait pas". On sait qu'une fausse prémisse peut mener à n'importe quoi ...

Le livre est bien écrit avec une précision d'analyses de sentiments. La situation sonne faux tout de long, et cela est décrit d'une façon réussie. Pour le pessimisme philosophique je donnerais 3/5; mais la qualité du roman vaut 4 ou 4,5/5.