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Pierre YERGEAU (Canada/Québec)

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Pierre YERGEAU (Canada/Québec) Empty Pierre YERGEAU (Canada/Québec)

Message  Louvaluna Dim 30 Nov 2008 - 11:56

De : Polo (Message d'origine) Envoyé : 2003-01-25 05:16

Pierre Yergeau - La désertion

Sujet : Les Femmes existent-elles?

Pierre Yergeau est né en 1957 en Abitibi. Fidèle à son origine, il a entrepris en 1995 une oeuvre qui s'attache à sa région. Avant lui, Bernard Clavel en avait fait son lieu d'inspiration. Il a décrit ce coin du Québec alors que l'on s'établissait le long de la rivière Harricana.

L'auteur québécois a pris le relai en ciblant plutôt les habitants que le développement de leur contrée. Le premier volume, L'Écrivain public, racontait la vie dans les camps de bûcherons où les trois enfants d'un trapéziste mort lors d'un saut périlleux et d'une chanteuse qui a abandonné ses rejetons furent élévés par leur grand'mère, cuisinière pour ces travailleurs forestiers. Ensemble, ils menèrent une existence tranquille jusqu'à la mort de l'aïeule.

La Désertion, le second volume, est consacré à la benjamine des enfants que Tse Tse, l'aide-cuisinier chinois, a emmené à Val d'Or, où il a ouvert un restaurant pour desservir cette ville prospère à cause de son précieux minerai. Cet homme fut en fait son père, car le sien est mort avant sa naissance. Il l'a même initiée aux mystères de la biologie à son adolescence. Avec lui, elle mena une vie tranquille et devint serveuse à son restaurant, fort couru d'ailleurs. Ce fut son malheur parce qu'elle y connut un jeune fainéant fort en panache, dont elle devint si amoureuse qu'elle eût six enfants en le mariant.

Alcoolique et joueur compulsif, la mort de son mari apparut comme un soulagement. Sa vie ne se bonifia pas pour autant. Ses enfants l'abandonnèrent, et elle se retrouva, la vieillesse venue, déracinée et transplantée dans un hospice en banlieue de Montréal. C'est là qu'elle ressasse ses souvenirs pour occuper ses journées. On se promène ainsi dans son jardin secret sans suivre un parcours linéaire. L'espace et le temps s'entrecoupent, mais le puzzle prend forme.

L'auteur révèle un destin de femme, qui dépasse le simple récit. Il montre avec discrétion comment cette femme n'a pu se réaliser. Sa vie fut une désertion : sa mère l'a abandonnée, son père est mort, sa grand-mère aussi, son mari lui a préféré le jeu, ses enfants l'ont conduite à l'hospice pour s'en débarrasser. Finalement, elle se retrouve seule, s'alimentant de souvenirs pour se prouver qu'elle a existé.

Ce roman trace l'itinéraire de bien des femmes de l'époque des années 1930-1960. L'héroïne n'a vécu en somme que pour mettre six enfants au monde. Mission accomplie, au-revoir au ciel. Cette vie naît sous la plume d'un auteur dont le dépouillement se marie bien avec cette âme vidée de son essence. Yergeau ne conduit pas le lecteur de façon directive. Il lui laisse le soin d'apprécier cette existence frelatée en lui offrant une merveilleuse grille d'analyse.

Note : 5 / 5



De : Polo Envoyé : 2003-01-26 09:38

Voici le résumé de l'oeuvre qui précède celle en haut de page.

L'Écrivain public : 5 / 5

Après une suite montréalaise, Ballade sous la pluie et Du virtuel à la romance, Yergeau s'est tourné vers sa patrie d'origine, l'Abitibi des années 1930. Au lieu d'écrire une saga qui serait une espèce de fourre-tout, il a limité son sujet à des personnages significatifs que l'on ne pouvait ne pas rencontrer à l'époque, soit les bûcherons et le clergé. Ils auraient pu ajouter les mineurs, mais il s'est limité aux deux premiers.
Ce roman présente avec humour l'univers de trois orphelins, qui sont bien différents de ceux de Jacques Trudel dans Le Souffle de l'harmattan, même si tous se cherchent une voie dans le monde des adultes. On sourira quand on verra la grand'mère coucher la benjamine dans une énorme marmite suspendue au plafond. On s'amusera aussi avec les enfants quand ils joueront dans la neige alors que la petite soeur se retrouvera à son insu à l'entrée de la tanière d'un ours noir en hibernation. Ils ne sont pas malheureux parce qu'ils reçoivent l'attention de tous et chacun. Tous les bûcherons voudraient manger (sens affectif) la petite Michelle-Anne comme de la Mie, le diminutif qui sert à la désigner.

Derrière ce tableau qui respire la joie se profile la société québécoise de l'époque. Les enfants vieilliront évidemment. L'aîné quittera le camp pour les États-Unis, se joignant à l'exode des Québécois qui préférèrent aller vivre aux «States» pour échapper à la crise économique. Ce garçon est attiré par une vie qui ne soit pas marquée par son passé. Son frère Jérémie est plus intellectuel. Un prêtre s'occupera de son instruction, ce qui était souvent le cas dans les villages éloignés. Il en fera à seize ans son secrétaire, qu'il emmènera vivre à l'évêché afin de l'aider dans son travail d'archiviste au diocèse d'Amos.

L'auteur se sert de cette relation d'un prêtre et d'un adolescent pour souligner de façon loufoque l'immense pouvoir du clergé à l'époque. Quand ce jeune se met à quatre pattes pour servir de table au prêtre qui consigne des données dans les archives, on se demande si cette caricature veut indiquer par là que la population rampait devant l'Église. L'exemple est plus éloquent quand tous les deux visitent les paroisses du diocèse pour vendre des indulgences qui se vendent comme des petits pains chauds à un peuple de soumis. Il faut être pris par l'oeuvre pour ne pas noter cet anachronisme qui évoque le Moyen Âge. Ce travail ne conduira pas Jérémie vers la prêtrise, mais vers l'écriture. Son expérience en fera un écrivain public, un métier assez répondu pour satisfaire les besoins des nombreux analphets du Québec d'alors

Cette première oeuvre sur l'Abitibi est intéressante et bien écrite. Elle souligne avec justesse une période du Québec que je n'aurais pas aimé vivre. Mais le pouvoir médiatique d'aujourd'hui vaut-il celui de l'Église? Si on est lucide, on peut conclure, que peu importe l'époque, on se fait toujours avoir.


Réponse
De: Palla
J'ai adoré! L'écrivain public est un livre qui se déguste page par page. Chaque mot, chaque expression nous transporte dans le monde de Jérémie. C'est le premier livre le Yergeau dont je fais la lecture, mais j'ai bien l'intention d'aller m'acheter quelques uns de ses succès.
Note : 5/5
Palla, Val d'Or/Québec


De : Mousseliine Envoyé : 02/05/2003 15:17

J'ai fait des recherches sur Pierre Yergeau..je peux vous affirmer qu'il n'y a que de très bons commentaires sur les livres dont Polo a parlé.
J'ai bien le goût de le lire ce monsieur Yergeau...ça viendra, certain!
Voici deux sites qui pourraient vous intéresser sur l'auteur:
http://www.connexion-lanaudiere.qc.ca/dal/Fiche.asp?Num=372
L'instant même (Son éditeur)



De : Polo Envoyé : 02/05/2003 15:35

Mousseline,
Ballade sous la pluie et Du virtuel à la romance sont deux oeuvres qui pourraient rebuter le lecteur. C'est allégorique, intellectuel, abstrait et flyé. Moi, je préfère ses deux oeuvres sur l'Abitibi. Ce sont deux romans enracinés dans le terreau abitibien où vivent des gens qui se débattent contre le mauvais sort qui s'abat sur eux. Un peu d'humour vient teinter ces oeuvres plutôt sombres, surtout La Désertion. L'Écrivain public est moins sombre, car les héros se nourrissent d'espoir. Je ne connais pas sa dernière oeuvre sur la banlieue. Elle porte le titre du sujet. C'est un livre de 149 p.



De : Mousseliine Envoyé : 18/05/2004 03:23

Banlieue
(éditions L'instant même, 2002, 147 p.)

L'histoire se passe dans la banlieue au nord de Montréal. C'est la vie de plusieurs personnes qui habitent la même rue pour certains et tous ces gens se connaissent. Ils se prénomment par exemple Point Zéro, Gap, Omega, Mc Do et ainsi de suite, l'auteur fait ressortir leur vie étriquée, leurs espoirs déchus. Par exemple il y a Tristan qui travaille au Ministère du Revenu et passe ses journées à jouer sur son ordi à un jeu vidéo, durant ce temps il est au moins un héros. Pour Omega c'est la galère à tous les matins, reconduire son fils de 4 ans à la garderie qui lui fait sans cesse des histoires et faut encore affronter le traffic, tout ça pour des miettes. Ed qui rêve à son spa mais en attendant il se console avec son cinéma maison, c'est le fun plus besoin de sortir de la maison pour voir un film et encore plein d'autres personnages. C'est la banlieue avec ses bungalows, le gazon bien entretenu, la piscine, tout le monde est pareil, tout le monde à la même poubelle.

Un thème traité d'une façon très originale par un auteur très stylisé. C'est une approche métaphysique, ce n'est pas toujours aisé de voir où Pierre Yergeau veut en venir mais son humour en fait une lecture très agréable. Ça pourrait être déprimant quand on voit la vie que mène ses personnages qui est probablement la vie de la plupart des banlieusards mais encore là l'humour fait qu'on s'en sort bien. En tout cas je suis bien contente de ne pas habiter un bungalow en banlieue. Smile Un livre qui sans être moralisateur, loin de là, peut amener le lecteur à se poser des questions sur sa vie, ses valeurs, ses choix...

Bref ça m'a beaucoup plu! Et je me promet bien de relire Pierre Yergeau.

Note : 4/5



De : Polo Envoyé : 20/12/2004 16:17

Pierre Yergeau: Les Amours perdues.
(Éd. L’Instant même, 2004, 88 p.)
note: 4.5/5

En quête du paradis perdu

Pierre Yergeau est en train d’ériger un monument au pays de ses origines. Il
associe le développement de l’Abitibi au sort de la famille d’un trapéziste, qui
s’est retrouvée à 600 km au nord de Montréal, une région vierge où tous les
espoirs étaient permis. Le premier tome de son œuvre (L’Écrivain public)
s’attachait surtout à Jérémie, alter ego de l’auteur et deuxième fils des Hanse.
Le deuxième tome (La Désertion) était consacré à Michelle, la benjamine qui
maria un homme alcoolique. Le troisième tome (Les Amours perdues) se penche sur Georges, l’aîné des trois enfants, le seul témoin véritable de la vie de cirque de son père, mort en présentant son numéro.

Ce roman trace la genèse de cette famille et, en particulier, celle de la
personnalité du héros. Né dans la vallée du Niagara, il a suivi son père au
point de s’initier à son art. Il a ainsi fait partie du Grand Cirque d’hiver,
qui plantait son chapiteau pour divertir ceux qui s’ennuyaient dans les centres
éloignés de l’agitation urbaine. Georges a hérité du caractère paternel,
contrairement à son frère qui a hérité de celui, plus introverti, de sa mère
Delphine. La vie lui apparaît donc comme un combat qui appelle au dépassement comme les numéros de cirque. Cette perception lui a donné une fureur de vivre qui ne peut trouver son couronnement que dans la fatalité, à l’instar de celui qui perdrait la vie en escaladant l’Everest. Contrairement au héros de Styx de Roger Magini qui condamne les morts gratuites, Georges aime se mesurer à l’existence. « Tu n'es rien tant que tu n'es pas quelqu'un d'autre! », dit-il à son frère. Il faut comprendre cette phrase comme une invitation à aller au bout de soi-même au lieu de vivre par procuration en regardant ceux qui osent actualiser l’incréé en eux.

Cet idéal lui sert d’aune pour juger les siens. C’est avec lucidité qu’il
perçoit les résignations que camoufle leur destin, voisin de celui du fantôme
qui ne peut se manifester. Quelle aventure a vécue sa grand’mère dans les
Prairies ? Pourquoi sa mère est-elle neurasthénique ? A-t-elle peur d’accepter
l’amour de Gabriella, la sirène du cirque qui, chaque soir, trouve sa beauté en
s’offrant en spectacle dans un bassin ? Georges pointe du doigt toutes les voies
qui ont débouché sur des amours perdues. Seuls les Etats-Unis, en particulier
Chicago, semblent lui fournir l’occasion d’échapper à un tel sort.

Pierre Yergeau évoque avec élégance les possibles tapis de l’être humain. Sa
métaphore du cirque les actualise en guise d’invitation à s’habiter soi-même
comme on habite une région, autre métaphore qui souligne l’investissement dû au développement de l’être humain. L’œuvre se présente comme une chronique. Jérémie note les brèves observations de son frère pour créer la genèse de la famille Hanse. Avec une économie de moyens et une grande sensibilité à l’instar de Jacques Poulin, l’auteur étale la carte des sentiments que ses personnages se sont interdits. Il a tracé de fines icônes qui retracent la mythologie sur laquelle s’appuie l’histoire d’une famille reliée à celle de l’Abitibi. L’écriture poétique garantit aux romans de Pierre Yergeau une qualité peu commune. Disons qu’il se sert du fusain plutôt que des couleurs criardes afin de conférer à son œuvre une atmosphère de confidentialité.



De : Profgéo Envoyé : 07/03/2007 23:48

L'écrivain public Pierre Yergeau, L'instant même, 247 pages

C'est l'histoire, vécue de l'intérieur, de Jérémie Hanse. Arrivé en Abitibi en suivant le Grand cirque d'hiver dans lequel son père était trapéziste. Il grandira dans les camps de bûcherons après la mort de celui-ci, élevé par sa grand-mère avec son frère aîné Georges et sa petite soeur Mie, née après la mort de leur père. Abandonnés par leur mère, les trois enfants vivront dans les bois jusqu'à la mort de leur grand-mère. Par la suite, ils vivront chacun de leur côté. Jérémie partira vivre à l'évéché d'Amos et suivra une trajectoire interne menant à sa propre destruction, à l'image des gens qui ont peuplé l'Abitibi et qui sont devenus prisonniers de leurs rêves perdus.

J'ai bien aimé, mais ce n'est pas un coup de coeur. J'avais pris ce livre pour mon challenge et c'est vraiment une découverte que cet auteur. Son écriture est très vivante, pleine de sensibilité et de douceur. Il se concentre surtout sur les impressions et le sens des actions, sur le rêve, pas sur la réalité des choses. J'ai eu l'impression que le livre tout entier était enveloppé dans une espèce d'enveloppe laiteuse, comme si la réalité n'y était au fond que le reflet des angoisses intérieures de Jérémie. Il ne se conçoit pas comme un être entier, mais comme une prolongation de la vie de son frère, qu'il admire parce qu'il a le courage de prendre la vie à bras le corps plus que tout autre chose. Il se voit lui-même comme une prolongation des autres, cherche sans cesse à se faire accepter par eux et pour ça, ne se défend jamais et ce laisse sans cesse faire. J'ai trouvé le livre un peu négatif dans son ensemble, comme si la vie de Jérémie n'avait pas le moindre sens. C'est plutôt pessimiste à mon avis, mais par contre, c'est vrai que Jérémie sera éternellement en quête de ce sens qu'il recherche en vain et dont on ne sait finalement s'il le trouvera un jour.

Note 4/5

Je rajoute les deux autres tomes de ce qui est au fond une trilogie à ma LAL. Ça raconte l'histoire des deux autres enfants Hanse, soit Mie et Georges. Mais je ne les lirais pas tout de suite, question de me garder un Y pour le challenge de l'année prochaine
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Message  Invité Lun 27 Juil 2009 - 15:17

L'écrivain public de Pierre Yergeau
Éditions L'instant même
1996, 247 pages

4e de couverture : De quoi se compose l'Abitibi des commencements aux yeux du jeune Jérémie Hanse, fils d'un trapéziste mort lors d'une tournée du Grand Cirque d'Hiver ? C'est une terre fabuleuse, apte à « développer sa propre mélodie », nous dit Pierre Yergeau. L'Abitibi est vaste, sa forêt est de ces lieux qui agissent profondément sur l'imaginaire ; sur ses rivières se déploie la chorégraphie suicidaire des draveurs et on peut entendre le chant étrange émanant des eaux gelées. La vie est pleine d'énigmes et Jérémie entreprend de les traverser avec ces personnages de fortune occupés à faire Amos, Val-d'Or, Senneterre et à laisser d'autres traces dans le terreau du mythe.

Mon avis : L'écrivain public donne l'impression, pendant de longues périodes, de fleureter avec le rêve, l'irréel. Un peu comme si Jérémie n'existait pas vraiment dans le monde physique. Comme si l'auteur du roman à forte saveur onirique souhaitait davantage nous faire vivre quelque chose, un état semi conscient où l'on pourrait entrer en contact étroit avec le personnage principal et cette terre d'Abitibi quasi mythique à ses yeux. L'écriture du roman est d'ailleurs sublime, mais alourdie de multiples saveurs, odeurs et images qu'on ne veut pas perdre, ce qui ralenti considérablement le rythme de lecture. C'est un livre qui doit se lire lentement si on souhaite absorber toutes ces images incrustées ici et là.

Cette lourdeur m'a d'ailleurs agacé dans plusieurs passages où j'avais l'impression de me perdre d'ennuis face à ce tableau impressionniste superbement profond, mais à un point où on finit par étouffer. À un point tel qu'à la fin, j'étais heureux d'avoir terminé cette lecture. No

Note : 2/5 (Note appréciative qui correspond seulement à mon plaisir de lecture.)

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