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Jean-François BEAUCHEMIN (Canada/Québec)

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Message  Mousseline Lun 27 Oct 2008 - 5:09

Jean-François Beauchemin

Après avoir obtenu une maîtrise en études françaises à l'Université de Montréal, Jean-François Beauchemin a été tour à tour rédacteur, concepteur puis réalisateur à la Société Radio-Canada. Comme enfant je suis cuit, son premier roman, s'inspirait de l'émouvante profondeur de l'enfance. C'est dans la même lignée qu'il a écrit Garage Molinari et Les Choses terrestres. Il s'est adressé également aux adolescents avec la parution de son premier titre jeunesse, Mon père est une chaise. Le Petit Pont de la Louve, son quatrième roman pour adultes, met en scène Mathilde, une jeune fille qui tente d'apprivoiser sa laideur.





De: Polo

Jean-François Beauchemin - Le petit pont de la Louve
(Editions : Québec-Amérique, 2002, 113 p.)

Sujet : les particularités corporelles chez les enfants

Jean-François Beauchemin est un auteur montréalais qui s'est attaché particulièrement au monde de l'enfance. Dans ses oeuvres précédentes composant une trilogie, il a évoqué le destin d'orphelins en quête de famille. Dans son dernier roman, il évoque les angoisses d'une fillette, provoquées par ses grandes oreilles décollées. Cette enfant de six ans refuse sa différence. Les poils de carotte, les lunettes épaisses comme des fonds de bouteille, les dents de castor, les éphélides, les angiomes sont autant d'éléments qui empoisonnent l'existence des enfants. Et à cet âge, correspondre à la norme est primordial pour l'estime de soi. C'est une expression galvaudée, qui signale tout de même une nécessité pour éviter des attitudes destructrices.

Mathilde, la petite héroïne, n'est pas différente de ses pairs, affligés d'un handicap de ce genre. Que peuvent faire des parents pour consoler leur enfant de cette anomalie? Il ne faut pas répondre comme ce chroniqueur qui n'a rien compris au message de l'auteur : "Les parents n'avaient pourtant qu'à lui faire subir une chirurgie esthétique." La distinction auriculaire n'est qu'un prétexte pour aborder le particularisme corporel chez les enfants. Il joue à plein chez Mathilde. Ses tentatives de suicide, sa haine pour les gens différents qui lui rappellent son défaut physique, notamment les vieux, sont autant de réactions qui découlent de la perception négative qu'elle a d'elle-même.

Pour soulager cette souffrance morale, ses parents lui offrent de lui procurer un animal de compagnie. On pourrait s'attendre à l'achat d'un petit chat, voire un petit chiot. Mais non, Mathilde choisit une vipère. C'est au comble du désespoir parental que la bête vient trôner dans un vivarium au coeur du salon. À cause de cet animal rampant, la fillette comprendra quelque chose aux mystères de la vie. Un petit copain peu avantagé par la nature - qui se ressemble s'assemble - lui fera réaliser que son serpent est atteint de la même maladie que sa propriétaire du fait qu'il est emprisonné dans une cage de verre. La mort est préférable à une vie sans liberté. À partir de ce moment-là, la leçon miraculeuse portera ses fruits. Dommage que l'auteur ait ajouté deux pages à son dénouement.

Ce roman structuré de facon peu orthodoxe est un patchwork de courts textes, qui donne l'impression d'une oeuvre inachevée. En somme, c'est une longue nouvelle dans laquelle sont bien agencés l'élément déclencheur, les réactions qu'il engendre et le dénouement inattendu, qui découle de soi malgré tout. Ce qui m'a le plus agacé, c'est le caractère de la fillette, présenté à la manière excessive d'Amélie Nothomb. La haine de son héroïne à l'égard des vieux et son comportement frisent parfois la folie. Nonobstant cet excès, le roman illustre bien le leurre de la différence. Derrière les apparences se cachent toujours un humain comme les autres, même si c'est un vieillard ratatiné ou un enfant qui n'est pas identifié à l'image de la copie conforme.

Cette histoire, bien écrite et parfois drôle, s'approche de l'univers de Le Clézio quand il fouille à l'intérieur de la bulle enfantine.

Note : 4/5


De: Polo
Jean-François Beauchemin - Garage Molinari
(Editions: Québec-Amérique, 1999, 259 p..)

Sujet : les valeurs familiales

Quand on devient orphelins, la vie ne laisse pas le choix de s'organiser. C'est ce qui arrive aux deux héros de Jean-François Beauchemin. Dans un roman précédent, "Comme enfant je suis cuit", les parents mouraient. Dans celui-ci, les deux frères s'organisent pour mener une vie qui soit la plus familiale possible. Ils manifestent un jugement exceptionnel pour des enfants élevés par un père alcoolique et une mère qui se prostituait. Malgré cette invraisemblance, ce roman vient donner une belle leçon de courage. Il est à classer parmi les oeuvres positives exemptes de mièvrerie.

L'aîné de 19 ans décroche un emploi de chauffeur pour le propriétaire du Garage Molinari, détenteur d'une flotte d'autobus scolaires. Ce travail protège ces deux jeunes de la mendicité, mais le cadet de six ans ne se contente pas de cette sécurité pécuniaire. Il cherche aussi sa sécurité affective en poussant son frère à marier la voisine de palier afin de vivre dans un milieu qui aurait au moins une apparence familiale. Tous les moyens déployés pour arriver à ses fins ne sont pas sans faire sourire le lecteur. Ce roman souligne l'importance de la famille, et pas n'importe laquelle, celle qui s'inscrit dans les rites qui la consacrent, c'est-à-dire le mariage religieux.

On peut comprendre ce désir du jeune qui a souffert d'instabilité émotive. On peut même se demander si cette instabillité n'a pas affecté son esprit. À l'école, il éprouve rapidement un retard pédagogique, qui décourage son frère aîné. Heureusement, tout dans ce roman prend des allures de fée. Monsieur Molinari entreprend l'instruction du jeune garçon avec des moyens qui vont réussir à combler un peu son déficit. Même l'aîné n'est pas à l'abri de certains problèmes psychologiques. La vue d'un robinet le perturbe tellement qu'il se sent obligé d'en faire couler l'eau. Ce sont deux jeunes qui subissent finalement les conséquences d'une enfance lourdement hypothéquée par ce qu'ils ont vécu. Évidemment la lecture du roman précédent aiderait à la compréhension de ce qui les affecte.

C'est une oeuvre intéressante à lire pendant des vacances. L'auteur rend attachants ces deux jeunes, sans attirer la pitié sur eux. En dépit des malheurs évoqués, ils ont une vocation pour le bonheur. Au milieu de leur quartier urbain et ouvrier, ils savent découvrir la joie de vivre en se rendant sensibles aux cris des insectes et des oiseaux qui leur font oublier la vie ferroviaire environnante. Cette invitation au bonheur, rédigée avec un sourire et un amour communicatifs, est nullement superficielle. Elle présente tous les aspects de la vie, autant dans sa finitude et que dans sa transcendance. Et son propos est défendu par une écriture maîtrisée et poétique. L'auteur a raconté une belle histoire remplie de générosité, tout en évitant les fadaises des romans à l'eau-de-rose.

C'est un univers qui évoque un peu celui de "Trois Chevaux" d'Erri De Luca, où l'amour de la vie est teinté par l'idéalisme d'une génération qui a perdu ses valeurs traditionnelles.

Note : 4/5
(Polo)





De : Friisette (Message d'origine) Envoyé : 27/10/2004 05:24
Jean-François BEAUCHEMIN - Le jour des corneilles

4.25/5

Le fils Courge est un illettré qui vit comme un ermite en compagnie de son père. Il n'a jamais connu la vie dans un village ou cotoyé d'autres gens. Il habite sa petite cabane au fond des bois, subvenant à ses besoins au gré des récoltes et de la chasse. Il n'a jamais connu sa mère et sait seulement qu'elle est morte en le mettant au monde. Son père est dur et lui témoigne très peu d'affection. Ce roman est le récit qu'il fait de sa vie, lors de son procès. Un procès dont on ne sait rien, même pas la cause...

Dès le début, on est charmé par l'écriture de Jean-François Beauchemin. Une plume qui ressemble à du vieux français tout en étant colorée et bourrée de néologismes. C'est un plaisir de décoder tous ces nouveaux mots qui évoquent une multitude d'images et d'impressions... Bien que ça ne rende pas toujours la lecture facile, l'écriture nous séduit par son inventivité.

Le climat créé par l'auteur est tout aussi adorable. Une ambiance qui m'a un peu fait penser à La petite fille qui aimait trop les allumettes de Gaétan Soucy. Mais je je nveux pas trop en dire, de peur de trop dévoiler l'intrigue.

En somme, c'est un roman différent et marquant. Il plaira particulièrement aux amants de la langue et du style, de même qu'à ceux qui aiment les héros tourmentés.

Une belle découverte à faire parmi les nouveautés de cet automne!


De : Calepin0 Envoyé : 2008-09-04 12:00

Le jour des corneilles, de Jean-François Beauchemin
Éditions Les allusifs
2004, 158 pages

4e de couverture : Sise au fin fond de la forêt, au-dehors d'un village perdu, une cabane abrite deux êtres saugrenus, hallucinés et farouches : le père Courge et son fils. Ces deux êtres associaux vivotent en autarcie et le père lit des prophéties dans les astres, s'angoisse devant la mort et se venge cruellement de sa destinée sur son fils alors que celui-ci voit apparaître les morts baignés d'une aura bleutée et interroge sans cesse le fantôme de sa mère. Mais ce qui étonnera le plus, c'est le langage du fils illetré mandé à comparaître en jugement : un verbe inouï, inventif et archaïque qui coule sur les questions existentielles dans une forme sans pareille.

Commentaires : D'entrée de jeu, je n'ai pas aimé le roman. Long, invraisemblable sur certains plans, lourd, je n'y ai pas trouvé mon compte. Le livre en soi existe parce que le fils du père Courge narre son histoire au tribunal suite à l'accusation d'avoir assassiné son paternel. Les invraisemblances commencent dès le départ où le fils raconte des sensations qu'il a pu vivre, alors nouveau-né, avec exactitude. J'en ai été agacé dès le départ, portant davantage mon attention sur les invraisemblances que sur le récit en tant que tel.

Certains ont aussi souligné le langage particulier. Contrairement à ceux qui considèrent ce travail d'un oeil élogieux, je n'ai pas vu là l'utilité ni la logique d'un tel langage. Comme le père fut élevé dans le village près de leur cabane, il a eu tout le loisir d'apprendre les mots de base, alors pourquoi le fils utiliserait des termes aussi archaïques comme : esgourde (oreille) ? Non seulement le choix de ces termes ne me faisait pas de sens, mais ils m'ont éloigné encore davantage du récit qui m'a laissé trop souvent de glace.

D'ailleurs, l'histoire ne se fait guère plus intéressante que la narration en boucle des multiples folies du père et des raclées prises par le fils. En fait, le seul endroit où j'ai été touché est le contact qu'a le fils avec une femme ; là où la première fois il se sent aimé par l'un de ses semblables. C'est d'ailleurs ce qui motive le reste le garçon tout au long du roman : chercher l'amour en son père.

Beaucoup de critiques font un lien entre l'oeuvre de Beauchemin et celui de Gaétan Soucy, la petite fille qui aimait trop les allumettes. Lien que je n'ai pas pu m'empêcher de faire moi-même tant la situation est semblable. Mais là où l'invraisemblance agace et où le langage étouffe chez Beauchemin, c'est tout le contraire chez Soucy où tout ceci devient un outil puissant et profond. Un cas ici où la comparaison ne fait pas le poids.

Note : 1/5
Mousseline
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Message  dodie Mer 25 Nov 2015 - 8:30

Le jour des corneilles


Un homme raconte ce qu'a  été sa vie à un juge. Sa mère a trouvé la mort lors de sa mise au monde. Dès lors il vécut avec son père dans une cabane au fond d'une forêt, isolé de toute civilisation, comme un ermite. Leur quotidien se limite à la chasse, la pêche, la cueillette, en un mot ils survivent tels des hommes des bois.Son père a perdu la raison après le décès de sa femme et c'est donc avec une espèce de brute qui n'a plus grand chose d'humain que l'enfant puis le jeune homme doit essayer de survivre, résistant tant bien que mal à tous les actes de cruauté imaginés par son père.
Le décor et l'histoire sont plantés: ce livre est très très sombre. La violence, que ce soit dans les actes ou dans les mots, est omniprésente. Le lecteur se croit être revenu au Moyen-Age, impression renforcée par la langue utilisée par l' auteur qui outre les tournures québécoises fait vraiment penser à la langue utilisée par Rabelais.
Je ne regrette pas d'avoir lu ce roman, heureusement il n'est pas très long, même si j'avoue m'être souvent sentie mal à l'aise.
Ma note 3/5
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Message  géromino Mer 25 Nov 2015 - 18:34

Ta critique Dodie m'aurait incité à retenir ce livre, mais en remontant un peu plus haut, j'ai lu ce qu'en disait Calepin, il parle d'invraisemblances qui lui ont gâché sa lecture... As-tu ressenti la même impression?

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Message  dodie Mer 25 Nov 2015 - 19:14

Geronimo
 Je ne parlerais pas d'invraisemblances mais il est vrai que le récit est empreint de références à des situations un peu surnaturelles: le père est "habité" par des "gens" ( ceci pour expliquer sa folie...) et le fils voit apparaître des morts (dont sa mère) qui l'aident à supporter les violences de son père.
C'est un livre vraiment particulier et je comprends que l'on puisse ne pas rentrer du tout dans le récit......
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