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Geneviève BRISAC (France)

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Geneviève BRISAC (France) Empty Geneviève BRISAC (France)

Message  Mousseline Sam 1 Nov 2008 - 20:43

De : Claarabel (Message d'origine) Envoyé : 30/03/2004 10:19

Geneviève BRISAC - Les soeurs Délicata

Les soeurs Délicata sont sept: Paloma, Evangéline, Clotharia, Esther, Nouk, Judith et Mo. Sept petites filles qui vivent dans un appartement "qui ressemble à un boa". L'histoire commence le 20 décembre, et chaque chapitre va donc correspondre à chaque jour précédant Noël.

20 décembre: les petites filles fabriquent des anges avec des bouts de laine et du coton. C'est Nouk qui parle. Elle parle des anges, de ses soeurs, de la religion, de sa grand-mère (l'extravagante grand-mère Oiseau qui vit dans sa chambre, "sa grotte", et en sort parfumée, maquillée, accoutrée avec exubérance). Les petites filles Délicata reprochent à leurs parents de ne pas être baptisées, de ne pas avoir de religion. Quand elles se rendent à l'église, sous l'escorte de leur gouvernante Méta (qui les laisse seules et s'en revient les cheveux ébourriffés et le rouge à lèvres qui coule), elles rencontrent une vieille dame avec une peau de louve sur le dos, Madame Elohim. Qui les comparent à des petites filles sortant des contes d'Andersen.

Les soeurs Délicata entreprennent de faire des bonnes actions. Elles fabriquent des anges, des cendriers, des bols, tricotent des écharpes et confectionnent des cakes aux fruits qu'elles vont offrir aux résidents de la Villa des Pins. Un établissement fermé par une énorme grille en fer, avec des bouts de verre sur les murs ("pour éviter qu'ils s'échappent?" se demande Nouk).
En revenant de leur expédition, elles retrouvent l'appartement vide et silencieux. Plus personne. C'est le soir du 23 décembre et leur mère a disparu.
Que se passe-t-il chez les Délicata? La grand-mère Tchaïka arrive chez eux. Mais personne ne fait allusion à leur mère. Le père des petites filles rentre et sort. Méta la gouvernante disparaît également... Les petites Délicata observent, se taisent, posent des questions sans réponse et ont peur.

Entre hallucinations et croyances, l'histoire des "Soeurs Délicata" plonge le lecteur dans un mystérieux conte à consonnance mystique. En toile de fond, une ambiance gothique et angoissante. Le mystère grossit, les petites Délicata se baladent au fil des pages pour nous entraîner dans leur univers à la fois juvénile et inquiétant.

Note: un petit 4 / 5.

Clarabel


De : Claarabel Envoyé : 24/05/2004 17:57

Pour qui vous prenez-vous ? de Geneviève Brisac

La note: ( 3.5 / 5 )

Chaos intimes
L'influence anglo-saxone est grande dans le recueil de nouvelles de Geneviève Brisac ! Tour à tour les ombres de W. Auden, Virginia Woolf, Isabelle Archer et Henry James survolent ces pages au léger goût de soufre. Geneviève Brisac écrit le désespoir, la douleur et la presque-folie. Ses personnages valsent de nouvelles en nouvelles, d'une page à l'autre on les retrouve transportés dans d'autres histoires et états d'âme. Car Geneviève Brisac nous parle de ces choses simples et tranchantes: la peur de voyager, la peur de mourir, la peur de ne plus aimer ou être aimé. En onze nouvelles, elle plante son lecteur dans ce décorum qui laisse parfois perplexe, enchanté ou cynique. L'auteur a une plume vive et incisive, elle nous transperce ainsi que ses personnages de papier. La narratrice est soit fâchée de ne pouvoir ouvrir une fenêtre dans un taxi pour cause d'air conditionné, s'offre des vacances et rencontre une gardienne qui jure de venger sa soeur battue par son compagnon, ou tremble de perdre l'homme qu'elle aime et qui se noit sous ses yeux, s'envole en Louisiane pour des vacances d'envers du décor ou à Cancun en compagnie d'un cercle de poètes qui sentent la bière et l'huile solaire... Le monde de Geneviève Brisac n'est pas édulcoré, tout est souvent sinistre et railleur. Ils s'appellent Max, Gerbert, Melissa Scholtès, Mélinée ou Madame Archer. Ce sont des êtres qui souffrent (en silence), qui frisent la folie ou le désespoir. Ils témoignent d'une société qui vote l'inconscience, téléphone par mobile, part skier près d'un pays en guerre ou part un week-end à la campagne. Au fil des pages, la narratrice, aidée par l'auteur très en verve, regarde le monde et nous ouvre les yeux. Avec elle, on sent la honte de la puérilité, le trouble de la mort et on regarde ces oiseaux noirs de malheurs : les corbeaux. ("C'est l'un des animaux les plus proches de l'être humain. ça les rend intelligents, névrosés, cruels, intéressants, tendres aussi.") Le livre de Geneviève Brisac est tout ça aussi : tendre, violent, intelligent et attachant. La lecture n'en laisse pas moins perplexe mais "Pour qui vous prenez-vous?" recèle un charme indicible, un peu poète et beaucoup désespéré. "Dans l'eau, je me suis mise à pleurer sans crier gare. Des litres de larmes dans des litres d'eau. Les larmes faisaient des trous dans la mousse, comme des puits creusés par des puces de sable, par des lombics. Des tunnels de larmes pour aller nulle part.".

Clarabel,


De : Claarabel Envoyé : 30/05/2004 17:51

Petite - Geneviève Brisac

La note: ( 3.5/5 )

La faim
"Je vis avec la faim, je la mate, je la dompte, je l'apprivoise, je l'endors. Après avoir été cruelle, elle se calme toute seule, il suffit d'attendre. Je sais qu'un bonbon la trompe. J'aime la sentir toute la journée, juste en dessous du plexus, un courant d'air qui me réunit à l'air du ciel. Je considère que la faim me donne une énergie immense, une légèreté de sarcasme. Mes pieds ont moins à porter, et même si la surveillante générale m'a dit que j'étais longue comme un jour sans pain, et qu'on me trouvait désormais agressive et méchante - alors qu'il me semble ne dire quasi rien à personne et passer comme une danseuse - je suis fière de mon entreprise. J'allège le monde."

Nouk a un problème : elle a treize ans et décide de ne plus manger, de ne plus avoir faim, de ne plus grandir. Pourtant Nouk est une fille brillante et très intelligente. Mais son mal pousse en elle, d'abord sans éveiller de soupçon ni de crainte, pour finalement aboutir à des crises de larmes, des affrontements avec ses parents, les médecins, jusqu'à tenter de guérir de cette terrible maladie. L'anorexie. Difficile d'y mettre un nom pour ces adultes qui n'y comprennent pas grand-chose, qui se trompent sur ce qui se trame dans la tête de Nouk, pour eux elle est bien trop jeune pour penser aux modes et à la beauté (le mannequin Twiggy est très en vogue durant ces années 60). Pour Nouk ce contrôle de la faim et de son corps va bien au-delà de ces futilités. C'est son petit cheval de bataille contre des démons qui l'animent et l'habitent. Mais personne ne peut comprendre. Alors très vite le drame va commencer. Elle va perdre la confiance des siens, être enfermée dans un centre hospitalier et réapprendre les gestes essentiels à sa survie. Car Nouk est en danger de mort mais elle ne le sait pas ...

"Petite" c'est toute cette histoire d'une adolescente intelligente et douée qui cesse de s'alimenter du jour au lendemain. "Petite" c'est toute l'histoire d'une anorexie qui empoisonne une existence et une vie de famille. Geneviève Brisac parle à travers la petite Nouk qui confie ses états d'âme, ses victoires, ses résolutions et ses angoisses. "Petite" est une histoire poignante, détaillée et finement construite. L'auteur prend un soin particulier à décrire la maladie et sa perversité, à souligner que Nouk n'est pas folle ni méchante, qu'elle ne fait pas exprès, qu'elle ne veut pas torturer sa famille, ni se rendre intéressante. C'est un mal qui ronge le corps et l'ossature de la jeune fille, mais pas seulement. "Petite" en révèle toute l'étendue ...
C'est joliment écrit, finement exprimé, surtout à travers la voix de la jeune Nouk de treize ans. Il est juste (un peu) dommage de hâter la fin, notamment avec le passage des années, ce qui rend la fin du roman un peu hoquetante. Mais Geneviève Brisac possède un véritable talent d'écrivain qui se confirme de lecture en lecture.

"Quelquefois les livres vous aident plus que n'importe quoi."

Clarabel,


De : Claarabel Envoyé : 11/06/2004 22:03

Les Filles - Geneviève Brisac

La note: ( 3.5 / 5 )

Drôle et méchant
"Nouk a décidé de planifier la guerre. Elles minutent, avec Cora, quelques escarmouches légères. Si aucune jeune fille ne peut rester, si toutes elles fuient, ou meurent, il n'y en aura plus. Donc être atroces. A tout instant, invivables." L'esprit retors de Geneviève Brisac se met en branle : pour son premier roman l'auteur impose déjà ses personnages fétiches, à jamais présents dans le reste de ses romans. Pour "Les filles", Nouk, Cora et le Bébé sont de jeunes enfants redoutables. Elles ne veulent plus de nourrice, c'est décidé. Lorsque Pauline débarque un matin, ses heures sont comptées. Avant elle, il y avait eu Maryse qui était cruelle, cinglante et violente. Elle est partie, on dit d'elle qu'elle est morte juste après... mais Pauline n'en saura pas plus. Déjà l'ambiance est assez glaçante, les filles sont trop intelligentes, elles pensent beaucoup, s'expriment peu ou ont des mots terribles. Ce sont des coeurs de béton armé, surtout Nouk. La jeune fille a décidé de créer une symbiose avec Cora comme un couple de jumelles. Et puis tout va se fissurer : une mort atroce dans un square, une séparation, un deuil et la maladie ... bref le roman ne se contente pas de lapider la nurse, l'histoire est morbide dans l'ensemble. Geneviève Brisac signe son premier livre d'une plume très sèche, par mots hâchés, le rythme général est saccadé, parfois l'on croit à des phrases coupées net. Point à la ligne. C'est aussi ironique, cruel, parfois drôle et moqueur. Franchement ce livre détonne : c'est une entrée en matière assez perturbante dans l'oeuvre de Geneviève Brisac; je le recommande essentiellement pour ceux qui apprécient l'auteur. C'est aussi un judicieux complément à "Petite", son deuxième livre, où l'on découvre le martyr de Nouk devenue anorexique.

Existe aussi en format poche.

Clarabel,


De : Claarabel Envoyé : 16/06/2004 22:41

Voir les jardins de Babylone - Geneviève Brisac

Note : 3/5

Ce quatrième roman de Geneviève Brisac reprend les mêmes personnages des histoires précédentes : dans "Voir les jardins de Babylone" on retrouve Nouk qui approche de la trentaine, elle est maman d'un bébé (Eugenio) et vit avec Berg. L'histoire de Nouk démarre lorsqu'elle apprend qu'elle fait partie de l'échantillon pour une enquête sur la vie sexuelle des Françaises. D'abord réticente, Nouk va progressivement se confier et raconter ses premières amours, souvent catastrophiques, avortées ou saugrenues. Car Nouk est une ancienne partisan de la révolution, elle a fait Mai 68, adhéré aux groupes féministes, revendiqué des changements radicaux, manifesté, rédigé des tracts etc.. Insidueusement, ses idées sont tout aussi provocantes, anti-bourgeoises: ne jamais déclamer son amour, être dans le doute perpétuel de trouver le bon amoureux, ne pas se marier, tout se dire dans le couple etc. Car au fil de ses aveux, Nouk va introspectivement analyser ses sentiments, sa vie et son amour pour Berg et au fil des chapitres l'amertume va poindre...
Ce roman de Geneviève Brisac est assez amer, pour conclure. Portrait sans complaisance d'une jeune femme, de sa vie amoureuse, de ses loupés, ses manques et ses incertitudes. Car Nouk est compliquée comme sa vie : est-elle une bonne mère, son bébé est-il idiot, Berg est-il l'homme de sa vie. S'ajoutent ses questions sur son implication au sein de son groupe des Adélaïdes, ses amitiés, sa vie alentour, etc. "Voir les jardins de Babylone" est un peu sonneur de cloches. C'est une histoire qui remue les consciences, qui remue les idées fixes et qui révise les idées des années soixante et soixante-dix. Au final, c'est un petit peu décevant même si l'écriture est toujours parfaitement maitrisée, sarcastique, fantasque et critique à souhait. Le texte est joyeusement parsemé de chansons, souvent pas très connues. "Voir les jardins de Babylone" est grinçant mais un peu trop alambiqué. J'ai hâte d'ouvrir "Week-end de chasse à la mère" pour découvrir la suite des aventures de Nouk et d'Eugenio.

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Message  Mousseline Sam 22 Nov 2008 - 12:26

De : Claarabel Envoyé : 18/04/2005 13:09
V.W. : le mélange des genres
Geneviève BRISAC avec Agnès Desarthe !
L'Olivier, 280 pages.

Motivation : "Ce livre est né de nos lectures et de nos relectures des romans, des essais, des lettres, des nouvelles et du Journal de Virginia Woolf. Ce que nous désirons plus que tout, c'est que ce portrait, puisque c'en est un, amène de nombreux lecteurs à l'oeuvre elle-même, dégagée des malentendus, des clichés qui s'y attachent encore." - Ainsi évoquent en choeur Geneviève Brisac et Agnès Desarthe ce travail d'écriture en commun, sous l'appellation modeste et épurée de "V.W.". Simples initiales pour évoquer l'Auteur, Virginia Woolf, dont l'oeuvre prolifique est souvent considérée compliquée, ardue et extravagante.
Plus qu'un portrait, ce livre met en lumière les facettes multiples de la femme et l'écrivain. Depuis son enfance sous la coupe solaire de sa mère, l'Ange du foyer, décédée trop tôt, et la conscience vive et aigue d'être sous l'ascendant de son père et ses frères/demi-frères, privée de l'accès à la culture, à l'université, qu'au travers l'emprise de ces derniers. Virginia est une jeune femme très attachée à sa soeur Vanessa, elle épousera Leonard Woolf, sera à l'origine du célèbre cercle de Bloomsbury, écrira une multitude de pages (romans, essais, nouvelles...) et souffrira que l'ensemble soit incompris, conspué et bafoué. Bref, Virginia Woolf est, pour dire simplement, cet être torturé par un talent trop grand, une conscience trop aigüe de sa condition injuste de femme, de sa vanité, son orgueil, parfois sa solitude. Hantée aussi et surtout par "les démons noirs et velus de la dépression", un combat de chaque instant, qui aura raison d'elle.

La lecture de "V.W." apporte de la sérénité, de la lumière et beaucoup de modestie sur le style "woolfien" et l'univers post-victorien, vaguement édouardien. Pour sûr, Virginia Woolf a renouvellé le roman, a tenté de concilier son goût de la peinture à celui de l'écriture, elle a également livré les frontières de son imagination fertile, ses combats intérieurs. Geneviève Brisac et Agnès Desarthe ont réussi leur pari : partager leur passion pour "Mrs Dalloway", "Les vagues", "Promenade au phare", etc.., briser les tabous, faire tomber les barrières, ... bref ceci est un livre étudié, fourni, simple et accessible à tous.

4/5


De : Chantal5500 Envoyé : 20/04/2005 15:39
V.W. - LE MELANGE DES GENRES : (Geneviève BRISAC avec Agnès DESARTHE.)
Editions de l'Olivier - 280 pages.

En fait, ce livre est plus un essai qu'une biographie, (en tout cas pas une biographie traditionnelle), mais ce n'est pas un essai ardu, au contraire, la lecture est très plaisante et facile. Ce livre nous permet de mieux comprendre l'oeuvre de Virginia Woolf, d'apprécier sa "langue" qui peut paraître si difficile, si hermétique, mais qui comble tant le lecteur quand celui-ci s'y immerge. Geneviève Brisac et Agnès Desarthe nous font découvrir une Virginia non pas bourgeoise, dépressive et narcissique, mais une femme sans cesse "en recherche" : infatigable lectrice, érudite impressionnante, éditrice passionnée, travailleuse incessante, toujours prête à remettre en question son écriture, pour chercher une meilleure façon de mettre en mots, en phrases ses impressions sur le monde, sur la vie. Elle fut très en avance sur son temps, rompant avec l'éducation victorienne, révolutionnant le roman comme les surréalistes ont révolutionné la peinture. Cette peinture qui l'a tellement attirée, elle qui voulait tant faire éprouver, par l'écriture, les mêmes émotions que peut exprimer une peinture.

J'ai pris beaucoup de plaisir à cette lecture, confrontant mes propres compréhensions de l'oeuvre de Virginia à celles des auteurs, avec bonheur souvent. Le livre est truffé de citations, toutes plus belles les unes que les autres. J'ai eu une autre vision du roman "Les vagues" que j'avais lu juste avant et que j'avais trouvé difficile. Je pense qu'il faut avoir lu Virginia Woolf avant de lire ce livre, mais ensuite, une relecture paraît aller de soi. En tout cas, cette lecture m'a conforté dans ma compréhension personnelle de l'oeuvre de Virginia Woolf et m'a donné envie de continuer à lire cette auteur, et ses romans que je n'ai pas encore abordés.
4,5/5

Citations :
" Je ne veux pas être célèbre, ni grande, je veux aller de l'avant, changer, ouvrir mon esprit et mes yeux refuser d'être étiquetée et stéréotypée. Ce qui compte, c'est se libérer soi-même, découvrir ses propres dimensions, se libérer des entraves."
" Disons que l'instant est une pensée, une sensation, plus la voix de la mer."
"Quand nous lisons ces petites histoires à propos de rien, nous sentons notre horizon s'élargir, notre âme atteindre une
étonnante impression de liberté."
" Savoir qui je suis, c'est savoir qui est l'autre et se définir par rapport à lui."



Réponse
De : Claarabel Envoyé : 20/04/2005 19:09
Bravo Chantal !

Par contre je ne sais pas s'il faut avoir lu nécessairement l'oeuvre de Virginia Woolf avant de se plonger dans ce livre, du moins en avoir connaissance, comme moi. Je n'ai lu que le "Journal" et "Une chambre à soi", en vain "Mrs Dalloway"... Par contre je connais l'ensemble de son oeuvre, grâce à mes études d'angliciste.

Cet ouvrage a le mérite d'avoir "désacralisé" l'écriture souvent ardue de Virginia Woolf, ou "hermétique" comme tu dis si bien !... Geneviève Brisac et Agnès Desarthe ont su explorer l'oeuvre de manière simple et limpide, au risque de rendre l'univers de V. Woolf finalement accessible !!! Du moins, elles ont franchement réussi leur pari de communiquer leur goût pour l'auteur et de donner l'envie d'ouvrir au moins UN livre évoqué dans cette étude !

Je cite un passage qui m'a plu, aussi :

"C'est l'âme qui importe, ses passions, ses tumultes, son étonnant mélange de beauté et de vilenie.
Il y a là un plaidoyer pour le lecteur, une conscience très moderne de l'importance du lecteur. Les critères que nous posons, les jugements que nous émettons s'insinuent dans l'air et deviennent partie de l'air que respirent les écrivains en travaillant. Or le lecteur est menacé par la paresse, par l'ignorance, par la facilité.
Si derrière les tirs erratiques de la presse, les écrivains sentaient qu'il existe un autre genre de critique, l'opinion des gens qui lisent pour l'amour de la lecture, lentement, pas professionnellement, et qui jugent avec une grande sympathie et pourtant une grande sévérité, les livres en seraient plus forts, plus riches, plus variés. Cet élan, cette confiance dans une sorte de démocratie des lecteurs est une chose mal conue et la plupart des gens se représentent Virginia Woolf comme une artiste élitiste peu soucieuse d'être lue par le plus grand nombre. Rien n'est plus injuste. Elle est consciente de la contradiction : souhaiter des lecteurs en grand nombre, parce que sans lecteurs, les livres se fanent, et ne rien céder sur l'écriture, sur la sincérité, sur les idées, sur la modernité.
(...) "

Agnès Desarthe a traduit un livre de Virginia Woolf, récemment réédité, "La maison de Carlyle".


Réponse
De : Chantal5500 Envoyé : 20/04/2005 20:19
Oui, Clarabel, je suis d'accord avec toi pour dire que G. Brisac et A. Desarthe ont "désacralisé" Virginia Woolf, c'était d'ailleurs leur objectif, superbement réussi. Et si plein de nouveaux lecteurs se mettent à lire Virginia, celle-ci en serait, (sera?) "supercomblée", puisque c'était ce qu'elle désirait le plus.
Par contre, j'ai apprécié d'avoir lu quelques livres d'elle avant, notamment les superbes "Promenade au phare" et "Mrs Dalloway" pour entrer en "connivence" avec les auteurs de V.W.
J'ai repéré aussi "La maison de Carlyle"....
En tout cas, très contente d'avoir partagé cette lecture avec toi ! A qui le tour???


De : Claarabel Envoyé : 22/04/2005 19:14

Geneviève BRISAC - Olga
Mouche de l'école des loisirs, 60 pages

Adorable petite Olga !

La journée du dimanche commence, Esther fait ses devoirs, papa et maman dorment et Olga, pour tromper son ennui, décide d'aller à la boulangerie acheter, seule, des croissants et des bonbons. La journée commence plutôt mal car Olga sera punie, prisonnière dans sa chambre, boudeuse après les adultes, décidée à demander de l'aide, aux passants, dehors, mais rien. Alors Olga décide d'écrire son journal intime, d'avoir deux chats et d'être une petite fille modèle toute la soirée, avant d'aller au lit, car demain, l'école... horreur.
Olga est ADORABLE ! On craque devant cette petite fille décidée, intelligente et futée, à la répartie stupéfiante, bourrée de bonnes intentions, hélas souvent incomprise. D'abord, elle pense que son prénom c'est et restera celui d'une petite fille, que sa mère crie tout le temps alors qu'elle est très gentille, que son papa est beau mais écrit très mal, que personne ne l'écoute jamais, comme d'habitude, et décide de trouver un remède miracle pour empêcher de faire ce qu'on n'a pas envie de faire !

"Olga" figure parmi une petite série d'à peine 10 livres (et encore ?!). Geneviève Brisac, en plus d'écrire d'excellents livres chez L'Olivier, fait sacrément mouche en jeunesse, car sa petite Olga, moi, j'en redemande !!!

4/5


De : Claarabel Envoyé : 22/04/2005 20:32
Geneviève BRISAC - Les champignons d'Olga
Mouche de l'école des loisirs, 81 pages

Olga et son amie Eléonore viennent passer le week-end dans la maison de campagne avec papa, maman, Esther et ses amis. Les journées vont être riches pour les deux amies, décidées à occuper leur temps libre de mille et une activités toutes plus originales les unes que les autres. Parmi lesquelles, notamment, trouver à manger au hamster Schmurff, aller à la cueillette aux champignons, danser sur la musique géniale de la boum d'Esther, barricadée dans le garage, accès strictement interdit.
Olga, fidèle à elle-même, poursuit ses aventures dans le même esprit facétieux, mutin et divertissant. Geneviève Brisac a réussi là une série très attachante !

4/5


De : Claarabel Envoyé : 22/04/2005 23:53

Geneviève BRISAC - Olga et les traîtres
Mouche de l'école des loisirs, 63 pages

Olga a huit ans, information de grande importance ! La (désormais familière et épatante) fillette entre au CM1 mais la maîtresse est absente, remplacée par une dame assez bizarre, qui a "la même voix de miel que les loups quand il frappe à la porte des sept chevreaux". Du miel qui fait peur, pense Olga. Et en effet, cette nouvelle maîtresse est terrifiante, impose dictée, calculs et devoirs de grammaire d'une grande difficulté, et les accuse tous d'être une bande de nuls ! Et là, stupéfaction, la classe a un sursaut farouche d'expliquer pourquoi. Mais dans son coin, Olga bout car il y a crime de fayotage, de lynchage bref de traîtrise, et ça, elle ne l'accepte pas !
"Olga et les traîtres", toujours dans la même lancée de la série des Olga, montre le courage et la perspicacité de la fillette, incroyablement lucide pour son âge, sans toutefois dépasser les bornes. C'est drôle, juste et attentif.

4/5


De : Claarabel Envoyé : 23/04/2005 00:04

Geneviève BRISAC - Le Noël d'Olga
Mouche de l'école des loisirs, 91 pages

Quand la maîtresse lance un débat à l'école sur la signification de Noël, des camarades d'Olga résument la fête à la crèche, aux rois mages et au catéchisme. Mais pour ceux qui n'en font pas partie, s'exclame-t-elle, comment ça se passe pas ? Noël, n'est-ce pas les cadeaux et le Père Noël ? Et puis d'abord celui-là, est-ce qu'il existe vraiment ? Olga, soutenue par son amie Alice, décident de mener une enquête : apporter la preuve de son existence, trouver un numéro de téléphone, une adresse, lui écrire personnellement, bref... rira bien qui rira le dernier, à l'école !
Bien entendu, que serait une série sans l'épisode de Noël ?! Olga n'y coupe pas, mais tant mieux. A travers son regard, la fête de Noël est comique, réjouissante et éducative. La fin est sauve, le mystère préservé, n'hésitez pas à confier ce livre à vos enfants !!!

4/5


De : Claarabel Envoyé : 24/04/2005 11:35
Geneviève BRISAC - Loin du paradis, Flannery O'Connor
La petite bibliothèque de L'Olivier, 145 pages

Geneviève Brisac mêle sa voix à celle de Flannery O'Connor, auteur méconnu dans l'hexagone, pourtant réputé grand écrivain sudiste, descendante de Faulkner, auteur de cinq fictions, de nouvelles et de nombreuses lettres. Seulement, car Flannery O'Connor fut fauchée trop tôt par la mort, à trente-neuf ans.

Qui est Flannery O'Connery ? Au démarrage de la lecture de ce livre, "Loin du paradis", on associe trop hâtivement la personnalité de l'écrivain à une femme excentrique, hors du commun, goûtant un penchant prononcé pour les choses bancales, laides. Chez elle, elle collectionne les poules, les paons, pourquoi ? Elle ne l'explique pas, mais noirci des pages et des pages, pour brouiller les pistes.

Flannery O'Connor est une enfant du Sud des Etats-Unis, catholique parmi ces protestants, cela renforce le sentiment d'attachement et de détachement. Très vite, elle s'est sentie au-dessus de tout et tous. Quand son père décède, la famille déménage. Ce déracinement va peiner la jeune fille qui, après des détours à l'université ou en tournée littéraire, reviendra incessamment dans sa Géorgie natale. Car très vite Flannery découvrira qu'elle est atteinte de la même maladie qui a emporté son père, elle se sait condamnée, retourne vivre auprès de sa mère Regina, dans leur ferme qui s'appelle Andalusia, et s'échinera à écrire, toujours, vite, avant de partir.

Le travail de Geneviève Brisac est franchement jubilatoire : il révèle une personnalité insoupçonnée, bougrement intelligente et originale. Dans l'existence ordinaire, Flannery grince des dents face à la bêtise humaine et aussitôt elle épingle ces travers dans son écriture. Le texte de G. Brisac s'accompagne de ces illustrations en citant plusieurs nouvelles de l'auteur, en analysant deux grandes fictions. En agissant de la sorte, forcément, le lecteur est intrigué, séduit et attiré par cette nature singulière. Flannery O'Connor est "concrète, sarcastique, toujours à l'affût du détail comique, de la fêlure, et du grincement, l'intellectuelle qu'elle a toujours été aussi, à l'intelligence aigüe et un peu raide, dogmatique et dialectique". Sa croisade contre la bêtise ne peut que rallier les plus avides d'entre nous ! N'hésitez plus !

Les dates : 1925 - 1964

4/5
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Message  gallo Mar 2 Déc 2008 - 19:41



De : Claarabel Envoyé : 27/04/2005 20:53

Geneviève BRISAC - La marche du cavalier
L'olivier, 135 pages

J'aime l'univers de Geneviève Brisac et j'aime particulièrement sa culture ou ses penchants littéraires, notamment en ce qui concerne la sacro-sainte littérature féminine ! C'est de cela qu'il est question dans cet essai, "La marche du cavalier", qu'elle entame sur une note de colère mêlé au chagrin, car décidément le courant actuel penche de plus en plus vers le sectarisme, et de se poser la question sur la création sexuée, la création tout court.

"Un jour, Nabokov vendit la mèche : "J'ai des préjugés contre toutes les femmes écrivains. Elles appartiennent à une autre catégorie"." Et il refusait de lire Jane Austen, jusqu'à, contraint, il s'en trouva bluffé ! Il découvre des procédés stylistiques : "la marche du cavalier, la fossette d'ironie et le ton épigrammatique".

Mais bon, Geneviève Brisac va aller plus loin et développer l'idée de la "création" et piocher de pertinents exemples dans les lectures qu'elle privilégie, à partir d'auteurs femmes qu'elle affectionne : Virginia Woolf, Flannery O'Connor, Grace Paley, Rosetta Loy, Alice Munro, Ludmila Oulitskaïa, Karen Blixen, Sylvia Townsend Warner, Jean Rhys, Chrysta Wolf...

Les propos sont savoureux, les anecdotes rigoureuses et l'envie de se plonger dans certains recueils indéniable ! Car toutes ces références sont maigrement connues et Geneviève Brisac, une nouvelle fois, partage son enthousiasme et nous adhère à sa cause ! C'est juste regrettable de noter l'absence de bibliographie, mais je pense qu'elle a suffisamment insufflé de passion contagieuse pour qu'on parte à la recherche de tous les livres cités dans cette "Marche du cavalier" ! Si la littérature féminine vous intéresse, n'attendez vraiment plus !

4/5


De : Claarabel Envoyé : 09/05/2005 14:14

Geneviève BRISAC - Week-end de chasse à la mère
L'olivier ou Points (poche), 204 pages

Follement drôle... (dit la quatrième de couverture)

C'est drôle, effectivement, mais pas dans le sens premier qu'on l'entend : l'humour de Geneviève Brisac est davantage cynique et gribouillé. "Week-end de chasse à la mère" est la suite de "Voir les jardins de Babylone", mais il a été publié d'abord, peut-être c'est une suite sans en être une concrètement. Dans ce roman, en fait, on retrouve avec bonheur les personnages principaux : Nouk, une maman paumée, décalée et limite un peu folle, son fils Eugenio, petit garçon exigent, ogre, lucide, intelligent et vorace. Tous deux vivent trop à deux, alimentent une relation étouffante que l'entourage juge anormal et mauvais pour la mère et l'enfant.

Nouk, elle, écoute les exigences de son fils qui, la veille de Noël, ordonne à sa mère de leur organiser une fête "différente", non plus un tête-à-tête mère/fils qui le gonfle. Alors, à deux, ils vont organiser quelques jours de délire complet : l'achat d'un vrai sapin de Noël, un réveillon au Bon Marché, la rencontre d'un type qui a de Tchekov le prénom d'Anton, l'enterrement saugrenu du canari Eve, des vacances en bord de mer en Bretagne, etc... Mais Eugenio n'est pas satisfait. Même les blagues potaches sur la reine Elisabeth le laissent de marbre, alors Nouk se pose des questions. Et si son amie Martha avait raison ?.. si l'eau était finalement trop grise et impossible à peindre ?.. Et qui disait cela : je marche des cailloux dans les poches ?..

Là, Geneviève Brisac prend véritablement plaisir à broder autour du sujet de la relation maternelle, la relation filiale, l'amour vautour, l'enfant roi, etc. C'est parfaitement jubilatoire, pour l'écrivain de l'avoir écrit, d'avoir exploser son délire, et donc pour le lecteur, de ricaner, de déchanter, etc. Un roman comme j'aime !

4/5


De : Claarabel Envoyé : 13/05/2005 10:01
Lu cet article : http://www.voir.ca/livres/livres.aspx?iIDArticle=23434 (site de Montreal)

31 octobre 2002
La Marche du cavalier

Ainsi soient-elles
Marie-Claude Fortin

"Un jour, raconte Geneviève Brisac, Vladimir Nabokov vendit la mèche: "J'ai des préjugés contre toutes les femmes écrivains. Elles appartiennent à une autre catégorie." Pour notre malheur, pour notre tranquillité, par indifférence sans aucun doute, il ne précisa pas laquelle."

"Un jour, raconte Geneviève Brisac, Vladimir Nabokov vendit la mèche: "J'ai des préjugés contre toutes les femmes écrivains. Elles appartiennent à une autre catégorie." Pour notre malheur, pour notre tranquillité, par indifférence sans aucun doute, il ne précisa pas laquelle."
Ainsi débute le premier chapitre (intitulé Orgueil et préjugés, le retour!) de La Marche du chevalier, un essai à travers lequel l'auteure des Filles, de Petite et de Week-end de chasse à la mère (prix Femina 1996) s'interroge sur ce qu'est, au juste, la littérature dite féminine, tout en rendant hommage aux femmes écrivains qu'elle admire. "J'écris ce livre pour défendre ce que j'aime: les histoires dont nous avons besoin, comme nous avons besoin d'eau...", écrit-elle dans sa préface. Et si elle n'a choisi que des romans écrits par des femmes, c'est "par provocation, tout simplement, par souci de justice et pour rétablir un peu la balance. Quand un lecteur évoque ses lectures, et qu'il n'évoque que des livres écrits par des hommes (...), personne ne relève même cette univocité. Le masculin est le général. Le féminin reste le particulier".

Non sans avouer sa peur ("les femmes écrivains ont en commun peu de choses, sinon d'être constamment sur la défensive, si peu confiantes, et si peu au centre d'elles-mêmes"), Geneviève Brisac remet en question quelques lieux communs largement diffusés, comme "cette histoire de l'artiste qu'on reconnaît au fait qu'il ne peut s'empêcher d'écrire", chère à Rilke. "Tant de gens de peu de talent ne peuvent s'empêcher d'écrire, remarque-t-elle. Des femmes infiniment douées y sont arrivées très bien." Non sans trembler, elle dénonce, à travers la lecture des romans de Jean Rhys, "la conception académique de l'écrivain habité par la littérature, installé hors du monde avec ses phrases et ses mots, sans souci des enfants qui pleurent, jamais atteint par les fuites d'eau, les factures, les poubelles à sortir, les ampoules à changer, le lilas qui fleurit, le sourire d'un inconnu, et tellement au-dessus des problèmes des autres hommes".

"Dès qu'ils lisent ces syllabes: mère, enfant, jardins, rues des villes, de jour, écrit Brisac, ils poussent les hauts cris, lancent des anathèmes, dont les moins vindicatifs sont ringardise et ennui mortel. Il faut abattre des murs entiers de préjugés pour percevoir le mystère des jardins, leur permanence, leur cruauté - les traces du monde s'y impriment sans qu'on s'en aperçoive."

Si, pour Geneviève Brisac, "il y a la littérature, il y a des écrivains, et nous sommes tous égaux devant l'inspiration, la syntaxe, la beauté, l'angoisse et l'écriture", pour bon nombre de lecteurs, il y a encore des chefs-d'oeuvre réduits à des "romans de filles". Pour sortir de ce labyrinthe et cesser d'avoir peur, Geneviève Brisac invoque donc ses auteures fétiches. "Je pose l'hypothèse, parce que je suis une femme, que d'autres femmes, mes aînées, peuvent m'aider à y voir plus clair." Ces femmes, ces romancières, elle les rejoint aux quatre coins du monde. Elles sont anglaises, comme Virginia Woolf et Sylvia Townsend Warner (dont elle commente abondamment Laura Willowes - "une héroïne de Jane Austen pour certaines, une figure de la liberté et de la féminité pour d'autres, une métaphore de la femme écrivain pour moi"); américaines, comme Grace Paley, Eudora Welty et Flannery O'Connor (dont Brisac a signé une biographie que l'on vient de rééditer aux Éditions de l'Olivier); italienne, comme Rosetta Loy (dont on attend la réédition du roman La Bicyclette); russe, comme Ludmila Oulitskaïa (largement méconnue, malgré son Médicis pour Sonietchka, paru en 1996); danoise, comme Karen Blixen; ou canadienne, comme Alice Munro, dont elle admire "cette merveilleuse gelée transparente et lumineuse dans laquelle elle capture les êtres".

Si on peut regretter l'absence d'une bibliographie en fin de volume, reste qu'au bout de ces pages pleines d'une ferveur, d'une férocité et d'une passion absolument contagieuses, on n'a qu'une idée: retrouver tous les romans dont elle parle si bien, mieux connaître ces auteures phares, dont plusieurs ont été injustement laissées dans l'oubli.

La Marche du cavalier
de Geneviève Brisac
Éditions de l'Olivier, 2002, 136 pages


De : Claarabel Envoyé : 03/06/2005 14:15
J'enfonce le clou (article pioché sur Lire.fr) :

par Pascale Frey
Lire, septembre 2002

C'est un texte généreux, parce qu'il nous donne envie de lire. D'aller voir de plus près ces romancières dont Geneviève Brisac nous parle avec tant d'éloquence. Nous l'aimions déjà beaucoup comme romancière (Les filles, Petite, Week-end de chasse à la mère) et comme nouvelliste (Pour qui vous prenez-vous?). Nous retrouvons dans cet essai ce qui nous plaisait dans sa fiction: l'art de raconter. Ici, c'est son amour de la littérature qu'elle nous fait partager. De Jane Austen à Virginia Woolf, Geneviève Brisac analyse en quoi la littérature féminine est spécifique et pourquoi elle fut méprisée si longtemps. «Femme, enfant, femme, enfant, ce sont des histoires qu'on ne prend pas encore ici tout à fait au sérieux, car les gens souvent préfèrent les roulements de tambours aux musiques plus frêles et plus ironiques.» A côté de ses coups de cœur pour Jean Rhys, Sylvia Townsend Warner ou Flannery O'Connor, Geneviève Brisac ne renonce pas aux coups de griffe à notre époque «sans mystère et sans grâce, sans subtilité, [...] où l'on passe pour un poète maudit parce qu'on défend le tourisme sexuel en Thaïlande». C'est la colère et le chagrin qui l'ont poussée à commencer ce texte. Et l'amour des livres à le poursuivre. Un amour vraiment communicatif.


De : Claarabel Envoyé : 2005-06-04 06:14

Madame Placard
Gallimard, 119 pages

Je me trouve en position épineuse puisqu'après avoir lu ce seul livre de Geneviève Brisac qu'il m'avait manqué de découvrir je renâcle beaucoup ! Car j'aime l'auteur, son style, son univers et j'ai toujours apprécié l'ensemble de ses livres. "Madame Placard" est son deuxième roman paru après "Les filles". C'est une vague histoire de terrier où se sont nichées Martha et ses filles, Evangéline et Bérénice. C'est Evangéline la narratrice du récit, complètement décousu et dérangeant. Sa soeur ne marche pas, c'est elle qui s'en occupe à longueur de journée car elle dit de Martha que c'est une mauvaise mère. Le père est parti, comme beaucoup d'autres hommes, car dehors c'est la guerre et les hommes sont tous partis au front. Mais de ce départ du père, la famille n'a pas su se relever, la mère s'est effondrée, rejetée, bafouée. Evangéline a séjourné à l'hôpital, rancunière, haineuse et nourrissant un complexe sentiment d'amour et d'amertume pour sa soeur. Un jour, dans le terrier jonché de piles de photos, de linge à repasser et de crasse indéfinissable, débarque un couple ! Un homme, mystérieux, une femme, belle, prénommée Dora. Ils deviennent les nouveaux parents de Bérénice, aux yeux d'Evangéline, qui se terre dans la cave, avec les poules.
"Madame Placard" s'appuie sur la ritournelle "Quelle heure est-il, madame Persil ? - Il est trop tard, madame Placard" etc. C'est une étrange histoire pleine d'allégories où Geneviève Brisac explore son terrain familier des relations entre soeurs, avec la mère, le père, bref des relations familiales. Cela flirte avec l'amour, la haine, la mesquinerie ou la jalousie, c'est très alambiqué, teinté d'humour noir et ce livre, confus et à tendance mystique, me laisse bougrement perplexe !

2.5/5
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Message  gallo Mar 2 Déc 2008 - 19:42



De : Sahkti1 Envoyé : 2007-05-30 10:33

Agnès DESARTHE, V.W. ou le mélange des genres
(biographie de Virginia Woolf)

Travail biographique de longue haleine pour Agnès Desarthe et Geneviève Brisac. Dépouiller les oeuvres, célèbres ou oubliées, de Virginia Woolf, ainsi que son journal, sa correspondance et un tas d'articles, afin d'en tirer l'essence même de l'écrivain et le mettre en parallèle avec son oeuvre. Enfin une biographie comme je les aime, à savoir vivante, mélange de critique littéraire et de repères chronologiques, autre chose que ces sommes monstrueuses qui narrent tout par le détail sans jamais fouiller l'âme du héros principal du texte.
G.Brisac et A.Desarthe fouillent et dissèquent. En toute subjectivité et elles ne s'en cachent pas. A travers les écrits de V.Woolf, elles ont essayé de dresser un portrait, de tracer les contours d'un visage, de comprendre qui était réellement l'auteur. A travers l'écrivain, il s'agit de déceler la femme.
Un travail important qui livre l'image d'une Virginia Woolf fragile et sensible, attentive à l'image qu'elle donnait, avant-gardiste incomprise, orgueilleuse aussi, déconnectée des autres surtout.
Virginia que l'on a dit folle, dont le suicide a trop souvent été présenté comme une fuite alors qu'il n'en était peut-être rien. Ce suicide est à mes yeux un acte de création, un renoncement qui n'en est pas un et qui est davantage l'ouverture d'une porte vers un autre monde. Un monde que les autres ne voient pas, ne perçoivent pas, ne comprennent pas. Le monde de la sérénité, du repos, peut-être d'une certaine paix intérieure. Une quête d'un bonheur invisible dont elle parlait si souvent dans ses romans et sa correspondance. Un bonheur qu'elle pensait avoir touché du bout des doigts, sans pour autant être capable de l'identifier. Un bonheur qu'elle n'arrivait pas à saisir auprès des siens. Un suicide qui aurait été une passerelle vers ce bonheur, quitte à devoir créer le tourment pour emprunter ce fil ténu.

A la lecture du travail de Desarthe/Brisac, on prend pleinement conscience du vide au-dessus duquel Virgina Woolf a constamment évolué.
"La plupart d'entre nous marchent bien au milieu, évitant d'arpenter cet espace frontière où se déroulent tant de choses intéressantes, mais où l'on risque d'être terrassé par le vertige. Virginia Woolf prend le risque. Le funambulisme devient un art. Jusqu'au jour où tout bascule. Parce que, pour marcher droit, pour garder l'équilibre quand on avance sur un fil, il faut fixer les yeux sur l'horizon, regarder loin devant." (page 271)

Au fil des pages et des annotations, c'est une femme blessée et incomprise qui se dégage et qui cache ses angoisses derrière la vanité ou une certaine froideur. On pourrait reprocher à G.Brisac et A.Desarthe d'avoir privilégié cet aspect de la personnalité de V.Woolf au détriment de la critique littéraire acide qu'elle pouvait être ou de l'ambitieuse chroniqueuse qu'elle faisait. Mais ce n'était apparemment pas le but recherché et ma foi, sur ce point, il existe quantité d'ouvrages et d'articles qui nous en disent très long sur le talent et les compétences professionnelles de Virginia Woolf. C'est une femme qui nous est présentée ici, figure humaine écorchée qui apparait sans apparat et sans détour, telle qu'elle est au creux de son âme et de son corps, une icône désacralisée qui perd sans doute un peu de force pour gagner en faiblesse et ça ne le rend que plus attachante encore.

De plus, cet ouvrage de Desarthe/Brisac pousse à quelque chose et rien que pour cela, c'est admirable: la (re)découverte de l'oeuvre de Virginia Woolf. En insérant ci et là des extraits de ses nouvelles ou de son journal, on est tenté de pousser la porte et d'aller voir plus loin, de se replonger dans les textes pour une lecture différente, plus attentive, plus profonde, avec l'image de l'écrivain au-dessus de notre épaule, elle qui s'est si bien glissée dans la peau de chacun de ses personnages, tous étant le reflet d'une de ses nombreuses facettes.
(Un petit bémol cependant sur ce point et même si les deux auteurs s'en expliquent à la fin, je trouve le fait dommage et regrettable: aucun extrait n'est correctement référencé. Une bibliographie générale des ouvrages consultés figure en fin de parcours mais au fur et à mesure de la lecture, aucune note, aucune indication. Il faudra donc s'armer de patience pour retrouver les passages précis dans les textes de Virginia. Mais c'est sans doute aussi cela le plaisir de la découverte!) (5/5)
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Message  Nathalire Dim 17 Juil 2011 - 14:24

Petite

Excellent roman témoignage que ce Petite de Geneviève Brisac qui revient sur les années d’anorexie vécues par une adolescente.
Dans ce roman on s’attache aux ressentis de la jeune malade mais aussi à la pratique, avec des détails sur les méthodes employées, tant physiques avec la nourriture que tactiques avec les ruses employées pour bluffer ses proches. C’est l’histoire d’une souffrance, assez claire, que j’ai l’impression de bien saisir. Une jeune fille malade et qui ne reçoit pas les soins nécessaires pour guérir. J’ai souvent eu l’impression, tant les mots de l’auteur étaient clairs, que cette petite avait raison de vivre comme elle le faisait… c’est un peu fou car on sait qu’elle se fait du mal, mais elle est tellement dans son histoire et ses assurances qu’elle m’a convaincue en quelque sorte… c’est assez fort. Et puis on n’est pas dans le cas d’une petite fille qui a beaucoup souffert avant, pas de maltraitance ou de passé confus, c’est simplement une jeune fille qui pense avoir trouvé LA bonne façon de vivre et de se sentir bien. C’est peut-être le plus impressionnant, ce témoignage d’une folie assumée et vécue. J’ai aimé entrer dans cette vie et connaître la petite.
Note : 4,5/5
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Message  Shan_Ze Lun 1 Aoû 2011 - 22:13

Petite de Genevieve Brisac
(Points, 121 pages)

Nouk a 13 ans, un jour elle décide d'arrêter de manger, de maitriser sa faim. Dans ce court roman, Geneviève Brisac revient sur ses années d'anorexie.

J'ai trouvé ce petite livre autobiographique, très fort très poignant. Il m'a fait pensé au pavillon des enfants fous mais l'écriture est plus détaché que dans ce dernier. On alterne le Je et le Elle, le passé et le présent. Les passages sur les méthodes pour contrer la guérison sont dures à lire, idem pour ceux parlant des infirmières la traitant avec mépris. J'ai eu un peu de mal à comprendre son évolution, sa relation avec sa jeune sœur et la fin arrive vite sans que je comprenne totalement sa guérison (a-t-elle vraiment guérie à la fin ?)

Bref, un témoignage intéressant mais qui m'a un peu déçue sur la forme.

Note : 3.5/5
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Message  dodie Dim 16 Fév 2014 - 15:05

Petite

Dans ce court roman (120 pages) Geneviève Brisac nous emmène dans le monde de l'anorexie à travers l'histoire de Nouk, une adolescente qui selon la formule consacrée aurait tout pour être heureuse.

Ce texte est important car ce fut l'un des premiers à parler de cette maladie encore taboue à l'époque. Aujourd'hui, même si l'anorexie fait encore peur, elle est heureusement dédiabolisée et n'est plus la maladie honteuse d'autrefois.
Nouk décide un jour de ne plus s'alimenter et l'auteur décrypte avec beaucoup de finesse et de sensibilité le cheminement mental de cette adolescente: l'envie de vide interne et de pureté, la manipulation de son entourage pour atteindre son idéal.

Ce qui m'a également beaucoup intéressé est de voir comment cette maladie était appréhendée par les parents et le personnel médical à la fin des années 60. Pour être bref les adolescentes anorexiques étaient considérées comme des petites filles qui ne cherchaient qu'à se faire remarquer. Le seul moyen de les "guérir" était de les enfermer pour les "punir", de les obliger à manger, ne leur rendant leur liberté qu'une fois un certain poids atteint......Cela fait froid dans le dos de lire cela aujourd'hui.....Apparemment le problème à l'origine de l'anorexie n'était pas vraiment recherché.

Par contre j'ai été un peu déçue par la fin que j'ai trouvée trop rapide et bâclée. Elle donne à penser que Nouk est sortie de l'anorexie mais on ne sait ni quand, ni comment....Dommage car ce récit est vraiment très poignant!

Ma note 3,5/5
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Message  lalyre Jeu 21 Aoû 2014 - 12:58

Dans les yeux des autres    
Geneviève Brisac   
  Editions de l’Olivier 21 août 2014     
       286 pages     
Geneviève BRISAC (France) 41u6ch11

Quatrième de couverture
Dans les années 70, deux soeurs défilaient dans les rues de Paris en chantant des slogans, et vibraient en entendant le mot « Camarades ». Anna Jacob a quinze ans quand, pour la première fois, elle se rend à un meeting avec sa soeur Molly. De leurs combats avec leurs compagnons Marek et Boris qui les mèneront jusqu’au Mexique pour entrer dans la lutte armée, Anna va tirer un livre. Molly ne lui pardonnera pas de s’être approprié leur histoire pour en faire un roman.
Pour Anna, la Révolution se pense, se rêve et s’écrit. Pour Molly, se révolter, c’est se frotter à la rugosité du quotidien.
Entre une mère excentrique – dont Geneviève Brisac trace un admirable
portrait, des amants inconstants, l’éclat trompeur du monde littéraire et le poids du réel, les deux soeurs s’aiment et s’affrontent.
Avec un humour parfois grinçant, Geneviève Brisac se penche sur leur
destin, leurs engagements et leurs désillusions. Car c’est, bien sûr, d’une
éducation sentimentale qu’il s’agit ici. Celle d’une génération qui, à défaut
de se perdre, n’a jamais complètement cédé sur son désir.


Mon avis

Vingt ans après : Anna est devenue écrivain, elle a connu le succès, puis le dénuement et l’oubli. Molly est médecin et affronte la misère du monde. Marek est mort en prison au Mexique, après l’échec de la lutte armée. Boris, lui, continue à se battre – en vain ? C’est alors qu’Anna décide de relire ses carnets…..Car maintenant que reste t-il de leurs idéaux ? Un roman pas très facile à lire, Cependant il est avant tout un grand roman d’amour et de lutte que j’ai beaucoup apprécié. 4,5/5
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Message  lalyre Mer 28 Juin 2017 - 8:13

    Week-end de chasse à la mère  
Editions de lOlivier 1998
208 pages                  
Geneviève BRISAC (France) Cvt_we10
Quatrième de couverture
« Quel est ton animal préféré ? » a demandé Eugenio pendant qu'on marchait dans la nuit. C'était l'avant-veille de Noël.
Il y a Nouk, la mère.
Et Eugenio, le fils qu'elle élève seule, dans un minuscule appartement aux rideaux rouges.
Elle s'inquiète. Peut-on survivre aux fêtes de fin d'année ? En attendant, il neige sur Paris, sur les clochards et les gens des beaux quartiers. Il neige sur les statues du jardin du Luxembourg. La mère et l'enfant se tiennent par la main, ils marchent dans les rues, tout au long de cette histoire magique, déchirante, follement drôle. En chemin, ils rencontrent Adam et Ève, Anton Tchekhov, un fleuriste, un chauffeur de taxi, des tortues vieilles comme le monde. S'ils triomphent des obstacles semés sur leur route, il leur reste à affronter le pire : l'implacable bonté de ceux qui ont décidé de faire leur bonheur.

Avec ce roman très moderne où la vie intime se voit constamment menacée par l'intrusion du monde extérieur, Geneviève Brisac semble nous inviter à un retournement. Comme l'artiste qui, parce qu'il porte en lui un « gène d'irréalité », transmue en beauté le matériau brut de la vie.
Mon avis
C’est l’histoire des rapports mère/fils, Eugenio un petit garçon attachant même s’il en sait un peu trop curieux pour son âge que j’ai situé vers 9 ans. Nouk la mère, femme/enfant, inquiète sur la façon d’être mère, une mère pas comme les autres, toujours indécise sur le bien ou le mal qu’elle apporte à son enfant, elle n’en a aucune certitude. Cependant c’est une belle histoire d’amour entre l’enfant et sa mère, une relation émouvante faite de tendresse. La difficulté d’être mère est le thème central du roman très facile à lire….4/5
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Message  Chantal Mer 28 Juin 2017 - 11:56

Très envie de relire Geneviève Brisac. Je la note dans mon petit carnet de lectures.
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