Edgar HILSENRATH (Allemagne)

Nuit



Témoignage hallucinant sur le ghetto juif de Prokov en Ukraine, géré par l'armée roumaine, alliée des allemands, pendant la seconde guerre mondiale. On suit les péripéties d'un homme, Ranek, qui chaque jour essaie de trouver quelque chose à vendre ou à manger pour vivre un jour de plus. Le ghetto est devenu un mourroir à ciel ouvert, chaque nuit les policiers et militaires raflent des juifs pour limiter la population totale, le typhus, la dysenterie, la faim, le froid tuent en silence. 

Je découvre cet auteur avec ce roman, inspiré de son vécu personnel, et c'est une grosse claque. Un style très réaliste qui peut devenir troublant, une description dans les moindres détails de la survie dans ce terrible ghetto. Beaucoup de situations grotesques mais sans humour. Je laisse passer quelques mois pour digérer ce roman et je continuerai avec cet auteur.

Note : 5/5

LE CONTE DE LA PENSEE DERNIERE
Edgar HILSENRATH
Le Livre de Poche 634 Pages
 
Résumé (4° de couverture)
 
Odyssée tragique et rocambolesque d’un paysan arménien émigré aux Etats-Unis et accusé à son retour, en 1914, de l’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand à Sarajevo ; saga familiale foisonnante de destins heureux, cruels ou cocasses ; épopée tentaculaire du peuple arménien condamné à mort par le pouvoir turc lors du « grand massacre » de 1915 : tout se mêle et se répond dans ce roman prodigieux, envoûtant à la manière des contes orientaux, tour à tour truculent, lyrique, grand-guignolesque, subversif, cinglant pour raconter les mille et une nuits de l’Arménie.
 
L’auteur, le livre et moi

« Le barbier et le nazi » est un livre référence dans le domaine de l’évocation de l’holocauste. Son ton provocateur et percutant fait de ce roman une œuvre unique dans le genre. Après l’avoir lu, l’envie m’a pris d’aller plus loin dans la découverte d’Edgar Hilsenrath. Après « Fuck America », me voici arrivé à ce « Conte de la pensée dernière ».
 
Mon avis
 
Ce roman pourrait s’appeler « D’un génocide à l’autre ». Il évoque le génocide Arménien (1915/1916) pour s’achever dans les camps de la mort nazis. Voilà pour le contexte historique.
Pour nous rappeler ce génocide du XXème que l’histoire a tendance à oublier, E.H utilise une nouvelle fois une méthode (plutôt qu’un style) surprenant et décalé. A travers les aventures d’un homme, on vivra au rythme de la cohabitation sociale et politique entre Arméniens et Turcs. Croyances, superstitions, rivalités, haines, … c’est de l’intérieure des peuples qu’on verra naitre le pire.
Au-delà de nous faire connaitre une page d’histoire méconnue, ce roman déconcertant et désordonné a le mérite d’être captivant. Les efforts à fournir à sa compréhension sont finalement récompensés. Là où beaucoup d’auteurs choisiraient l’excès de réalité pour ajouter du drame, E.H, pour y parvenir, a choisi le ton local des légendes. Yachar Kemal n’aurai pas fait mieux. Etonnant pour un auteur Germanique, soit, mais force est de constaté la qualité du résultat final. 

Ma note : 4 / 5

Fuck America
Le Tripode - 320 pages - Nov. 2014



Quatrième de couverture : 1952: dans une cafétéria juive à l'angle de Broadway et de la 86e rue, Jakob Bronsky, tout juste débarqué aux Etats-Unis, écrit un roman sur son expérience du ghetto pendant la guerre: Le Branleur ! Au milieu des clodos, des putes, des maquereaux et d'autres paumés, il survit comme il peut, accumulant les jobs miteux, fantasmant sous sa couette en imaginant coucher avec la secrétaire de direction du grand éditeur M. Doublecrum...

Mon avis : deuxième roman que je lis de cet auteur après Le Nazi et le Barbier qui m’avait beaucoup plu à l’époque. Ce titre là est dans la même veine et m’a procuré le même plaisir de lecture, quoique celui de la découverte en moins.
Suivre Jakob Bronsky, dans le New-York des années 1950 et un régal. On s’attache très vite à cet anti-héros, traumatisé de guerre, qui cherche à retrouver la mémoire. L’auteur arrive à aborder des thèmes aussi variés et durs que la guerre, la déportation, l’Holocauste, l’immigration, l’antisémitisme avec humour, sarcasme et une bonne dose de vulgarité, sans rien enlever à la gravité des faits. 
C’est une prouesse littéraire qui m’épate et je ne peux que recommander ce roman à tous les lecteurs qui aiment être bousculés dans leurs lectures.
Pour ceux qui sont allergiques à la vulgarité en revanche, je les invite à passer leur chemin.

Ma note : 3,75/5