Jorge FRANCO-RAMOS (Colombie)

De: Cryssilda ( Message d'origine) Envoyé 7/12/2006 4:20 AM
Paraiso Travel de Jorge Franco-Ramos
Editions Métailié Suites, 236 pages

- Colombie -
Marlon, un jeune "wet back" colombien, vient d'arriver avec sa petite amie Reina. Il se perd dans New York lors de sa première soirée au Etats Unis. Du jour au lendemain, il se retrouve SDF dans un pays qu'il ne comprend pas. Il remontera la pente tout doucement, motivé par le seul but de retrouver Reina.

Je trouve l'idée de départ du roman très bonne, en fait l'intrigue est très bonne, mais je suis restée sur ma faim question style. Je ne sais pas si ça vient de la traduction ou du texte original, mais j'ai trouvé que c'était souvent maladroit, avec des répétitions, des lourdeurs... Et puis, tout est survolé, on a pas le temps de rentrer totalement dans la vie des personnages ni dans l'intrigue. Alors du coup je suis un peu déçue car c'est le genre de livre qui me passionne en général, dont je n'arrive pas à ressortir... Là j'ai aimé, mais sans plus.

Par contre, je suis contente, car j'ai lu ce livre pour commencer ma découverte littéraire et culturelle sur la Colombie, et j'ai déjà noté des aspects que je ne soupçonnais pas (les Colombiens ont un regard très très critique et violent sur leur peuple).

3/5

Cryssilda

De: Ysla Envoyé: 9/21/2006 1:31 PM
Paraiso travel - Jorge FRANCO-RAMOS

Reina vit à Medellin et n'a qu'un rêve : partir pour New York, d'où sa cousine Gloria lui a envoyé de belles photos de neige et d'appartement de luxe. Ce sera ce rêve ou rien. Elle entraîne avec elle son petit ami, Marlon, le narrateur de ce roman, qui n'a aucune envie de partir mais ne peut se résoudre à perdre Reina.
Pourtant c'est exactement au cours du premier soir qu'ils passent à New York, sans avoir pu contacter Gloria d'ailleurs, que Marlon se perd et perd du même coup Reina dans le labyrinthe de la ville géante.
Nous sommes dans les années 1980, pas d'internet. Et c'est clandestinement que Marlon et Reina sont entrés aux Etats-Unis. Marlon erre et se perd d'abord complètement avant de refaire petit à petit surface pour consacrer toute son énergie à retrouver celle qu'il aime. Il évolue dans le Queens, le quartier latino de New York et rencontre dans sa quête de véritables amis.

J'ai beaucoup aimé ce roman. Je l'ai dévoré, car le style narratif tient en haleine jusqu'à la fin. Les différentes chronologies de l'histoire sont mêlées, de l'origine du départ à Medellin jusqu'à l'issue de la quête. Mais cela ne crée aucune confusion, on reconstruit tranquillement le puzzle, et je trouve que ça reflète bien le cheminement que l'esprit humain peut réaliser lors d'un long trajet (comme c'est le cas pour le narrateur).
Les personnages sont très crédibles, bien dépeints, attachants. J'ai vécu leurs réactions, leurs émotions avec naturel.
L'histoire est passionnante et forte (on y découvre notamment toute la terreur des passages dans la clandestinité). C'est avant tout le récit d'une quête, quête de l'autre, mais aussi quête de soi. Car qu'est-ce qui est le plus important ? Le résultat de la quête ou le chemin parcouru ? Ca en rappelle d'autres...

Note : 4.5/5

Ysla

De: Ysla Envoyé: 9/25/2006 1:14 PM
La fille aux ciseaux (Rosario Tijeras) Jorge FRANCO-RAMOS
Editeur : Métailé ; collection : suites année de parution : 2001 (1999 pour la version originale) - 167 pages

Voici d'abord quelques informations sur l'auteur, que j'avais omises quand j'ai écrit la précédente critique :
Jorge FRANCO-RAMOS est né à Medellin en Colombie en 1966. Il a fait des études de cinéma en Angleterre et des études de littérature en Colombie. "La fille aux ciseaux" est son premier roman, il a connu un très grand succès en Colombie et une adaptation cinématographique s'intitulant "Rosario" est sortie en août (en France tout du moins).

Ce roman raconte la passion dévorante d'Antonio, le narrateur, pour Rosario, la mystérieuse "fille aux ciseaux" célèbre dans les bas-fonds de la drogue, de la prostitution et du crime à Medellin. Mais c'est le meilleur ami d'Antonio, Emilio, qui est le fiancé "officiel" de la belle... tandis qu'Antonio devient son confident de prédilection, celui à qui elle se raconte, celui qu'elle appelle en premier lorsqu'elle réapparaît après ses absences de plusieurs jours, et celui qui est prêt à tout accepter d'elle, tout lui pardonner. Quelques années plus tard, Rosario est blessée par balle et c'est Antonio qui l'emmène à l'hôpital et attend avec appréhension le verdict des médecins en repensant à celle qu'il n'a jamais cessé d'aimer (ainsi commence le roman).

Le récit d'une relation triangulaire, d'une passion, le portrait d'une jeune femme entraînée dès l'enfance vers une destinée meurtrière, quelques éléments du contexte criminel de l'endroit et de l'époque, le tout narré avec ce style propre à l'auteur, fait de souvenirs émanant d'un temps figé où le personnage réfléchit, pense, se rappelle, revit les événements, les sensations, les impressions. C'est encore une fois très bien construit.
Bien sûr, on peut se demander quelle est la vie d'Emilio et d'Antonio en dehors de Rosario, ont-ils un métier ou un projet, d'autres amis, etc, mais est-ce là le propos de ce récit ? Certainement pas. Antonio attend dans la salle d'attente de l'hôpital, la personne dont la vie est en danger est Rosario, pourquoi penserait-il à autre chose que tous ses souvenirs la concernant. Ce sont précisément ceux-ci qui sont donnés à lire dans ces pages.
C'est un très beau roman noir, tragique et passionné.

Note : 4.25/5

De : Eireann561 (Message d'origine) Envoyé : 2007-10-27 14:08

La fille aux ciseaux

Jorge FRANCO-RAMOS

Note :3,5

Un trio en enfer

Roman d'un auteur colombien né en 1966 à Medellin. Une vision noire de l'empire de la drogue avec ses crimes sordides, la misère et la prostitution.

Nous sommes à Medellin avec trois personnages, Rosario, la fille aux ciseaux, son amant Emilio et son confident Antonio, qui est également le meilleur ami d'Emilio.

Rosario est entre la vie et la mort, touchée par plusieurs balles de revolver de l'homme qu'elle devait abattre. Antonio qui l'a conduite à l'hôpital, puis prévenu Emilio, se remémore leurs vies, qui de pauvres mais ordinaires, se sont transformées en enfer.

Des enfances difficiles, comme celle de Rosario, violée par un des nombreux amants de sa mère à huit ans, elle quitte la maison familiale à 11 ans.

Son surnom lui vient, que pour se venger d'un voisin qui l'avait violé, elle se soit servie d'une paire de ciseaux qu'elle a rageusement planté dans l'objet du délit.

Elle fréquente des bandes de plus en plus dures, son frère, le seul homme qu'elle vénérait, est tué. Elle tue pour de l'argent, embrassant ses victimes en leur tirant dessus à bout portant.

Malgré une vie presque ordinaire, elle disparaît parfois pour certains contrats de travail, qui immanquablement entraînent chez elle une boulimie de nourriture, puis elle réapparaît grosse, repentante et câline.

Mais malgré certaines tentatives de retour à une vie normale, cette vie-la n'est plus la sienne. La mort de Ferney, un de ses anciens amants, avec qui elle entretient des relations épisodiques, brise la dernière attache qui la reliait à son passé.

Rosario, fille de la rue, gravit les échelons de la pègre locale, de fille à plaisirs elle devient une tueuse à gages appréciée dans le milieu, mais la peur parfois est la plus forte. Ses tentatives de quitter son gagne pain sont vouées à l'échec. Personnage de la démesure, abusant de drogue comme de nourriture, elle voit tous ses amis d'enfance mourir de manière violente.

Antonio et Emilio entretiennent des relations ambiguës. Ils ont besoin l'un de l'autre. Antonio est plutôt lâche mais réfléchi ; il tempère Emilio qui, lui venant d'une certaine bourgeoisie n'en fait qu'à sa tête. Emilio sera l'amant officiel de Rosario, mais Antonio sera son confident et éternel amoureux transi.

On connaît les ravages de la drogue à son arrivée en Europe ou aux Etats-Unis, mais il y a aussi des victimes en amont, à Medellin ou ailleurs en Colombie.

Ce roman est là pour nous le rappeler, dans les bas fonds d'une ville qui ressemble à un champ de bataille ; la morale n'est pas de mise mais l'argent lui règne en maître.

Un bon livre, plutôt court qui se lit bien avec des personnages attachants, mais pas non plus un chef d'oeuvre, mais une parenthèse un peu exotique dans un pays dont on parle plus au rayon des faits divers, enlèvements et "cartel de la drogue" que pour ses écrivains.

Extraits:

- La jeune fille blessée par balles.

Ici, il n'y a pratiquement que des blessures par balles, me dit la dame à l'accueil.

- N'ayez pas peur, me dit l'infirmière en voyant mon visage. Les week-ends il y a plus de flics que de médecins.

- Pour l'avoir il avait dégringolé avec elle, et je me transformais en accompagnateur occasionnel de leur chute.

- Et nous ne sûmes jamais à quel moment, de spectateurs du rêve, nous devînmes protagonistes du cauchemar.

- J'avais aussi compris une chose, moi j'avais son âme et Emilio son corps.

- La famille d'Emilio appartient à l'aristocratie créole, tares et arbre généalogique compris.

- Mais s'il pleuvait dans mon Medellin à moi, c'était encore pire dans le sien.

- Dans les quartiers de Medellin, Rosario Ciseaux devint une idole.

- Deux chaînes de montagne enserrent Medellin. Une accolade géographique qui nous enferme tous dans le même espace.

- Si partenaire, très méchante, tu sais bien que si.

- Si tu préfères, c'est comme si toi et moi étions les deux faces d'une même monnaie.

- Je suis sortie de la pauvreté, me dit-elle. Et c'est énorme.

Éditions :Métailié

Titre original: Rosario Tijeras (Colombie)