Anne BEREST (France)

lalyre Ven 2 Mai 2014 - 16:15

Sagan 1954
   Anne Berest
Ed.Stock 2 mai 2014
188 pages

Mon petit résumé
Pourquoi ce titre ? Parce que 1954 est l’année de la parution de “ Bonjour tristesse “ le premier roman de Françoise Sagan dont le titre est tiré d’un vers de Paul Eluard. C’est Denis Westhoff, le fils de Sagan qui a proposé à Anne Verest d’écrire ce livre sur cette période précise de la vie de sa mère pour raviver sa mémoire. Ce roman n’est pas biographique car l’auteure parle d’elle-même, car lorsqu’elle commence ce livre , elle traverse une des périodes les plus douloureuses de sa vie, elle vient de se séparer du père de sa vie. Et dit-elle, elle va essayer d’anéantir son chagrin dans le travail, penser à Sagan nuit et jour. Jour et nuit, être avec elle…..Elle va lire toutes les biographies, tous les romans, toutes les interviews. Sagan lui donne du courage, elle est la meilleure consolatrice qui soit. Grâce à ce roman, on sait le nombre de marches à gravir pour avoir accès aux éditeurs, elle visite trois éditeurs et c’est Julliard qui retient son manuscrit, Galimard s’y est intéressé mais trop tard. Je ne vais pas m’avancer trop loin dans ce résumé, cependant on apprend que lors de la parution du livre cela lui paraît bizarre de voir son nom écrit sur une couverture de livre, Sagan essaye de calmer son effroi devant le succès, il faut imaginer qu’elle n’avait que dix-huit ans, elle avait oublié de prévenir ses parents, c’est la grande surprise lorsqu’une photographe se présente à Marie, la mère de Françoise. Quelques noms d’écrivains traverse le livre tels que Raymond Queneau, Georges Bataille, Italo Calvino et Marguerite Duras, c’est la bande de la rue Saint-Benoît, plus tard on dira c’est la bande à Sagan.

Mon avis

Un très bon livre, un beau style sans fioritures, Anne Berest a su rendre Françoise vivante. Quelques photos agrémentent le roman, hé oui, vraiment ce qu’elle était jolie. J’ai ressenti Sagan comme une femme aussi bien drôle que sévère et de caractère joyeux. Un roman que j’ai beaucoup apprécié que je recommande …….4,5/5

lalyre Mer 20 Oct 2021 - 16:20

Berest Anne

La carte postale

Editions Grasset 18 août 2021

502 pages

Quatrième de couverture

C'était en janvier 2003. Dans notre boîte aux lettres, au milieu des traditionnelles cartes de vœux, se trouvait une carte postale étrange. Elle n’était pas signée, l’auteur avait voulu rester anonyme.
L’Opéra Garnier d’un côté, et de l’autre, les prénoms des grands-parents de ma mère, de sa tante et son oncle, morts à Auschwitz en 1942.
Vingt ans plus tard, j’ai décidé de savoir qui nous avait envoyé cette carte postale. J’ai mené l’enquête, avec l’aide de ma mère. En explorant toutes les hypothèses qui s’ouvraient à moi. Avec l’aide d’un détective privé, d’un criminologue, j’ai interrogé les habitants du village où ma famille a été arrêtée, j’ai remué ciel et terre. Et j’y suis arrivée.
Cette enquête m’a menée cent ans en arrière. J’ai retracé le destin romanesque des Rabinovitch, leur fuite de Russie, leur voyage en Lettonie puis en Palestine. Et enfin, leur arrivée à Paris, avec la guerre et son désastre.
J’ai essayé de comprendre comment ma grand-mère Myriam fut la seule qui échappa à la déportation. Et éclaircir les mystères qui entouraient ses deux mariages. J’ai dû m’imprégner de l’histoire de mes ancêtres, comme je l’avais fait avec ma sœur Claire pour mon livre précédent, Gabriële.
Ce livre est à la fois une enquête, le roman de mes ancêtres, et une quête initiatique sur la signification du mot « juif » dans une vie laïque.
Mon avis

Comme on l’a souvent lu, ces faits de guerre 1940/45 sont repris dans ce roman mais d’une toute autre façon. C’est une enquête que fait l’autrice aidée de sa mère car dit-elle, ce livre n’aurait pu être écrit sans les recherches de sa mère, ni dans ses propres écrits, il est donc aussi le sien, d’ailleurs ce livre elle le dédie à tous les descendants de la famille Rabinovitch. En faire le résumé serait de raconter ce que tous les membres de cette famille ont subi, dont beaucoup ne sont pas revenus des camps de concentration. J’ai beaucoup aimé ce roman en suivant le parcours de la famille à travers l’Europe pour tenter de fuir les arrestations et les persécutions avec l’impossibilité d’imaginer tout ce qu’ils ont vécu. Anne Berest avec sobriété et sincérité nous livre les périodes avant et pendant la guerre ainsi que la période actuelle pendant son enquête qui en fait est une quête personnelle. Je me suis passionnée lors du parcours romanesque des Rabinovitch mais aussi pour Myriam, car sa fin de vie bouleversante est aussi passionnante que tout son parcours. C’est un roman à lire absolument, d’aucun diront peut-être que c’est encore un roman sur la guerre et les juifs, c’est à chacun de voir….personnellement c’est un gros coup de coeur. 5/5

zeta Jeu 6 Oct 2022 - 8:57

« La carte postale » c'est tout autant la biographie d'une famille qu'un livre qui met l'Histoire au cœur de l'intrigue. La famille c'est les Rabinovitch, une famille de juifs russes qui auront le courage et la détermination de quitter leur pays natal et de s'éparpiller entre l'Europe et la Palestine, pour vivre sans la peur au ventre. Une famille qui voudra aimer chaque pays où elle résidera, qui cherchera à s'intégrer, au besoin en renonçant aux traditions de leur religion. Qui désirera simplement à chaque nouvelle installation prospérer, être acceptés et vivre en paix, ce que chacun a le droit de vouloir. L'Histoire c'est l'histoire de la France pendant la deuxième guerre mondiale, l'histoire surtout des juifs,natifs et réfugiés, qui seront emprisonnés et déportés par millions, l'Histoire qui rattrapera toute la famille Rabinovitch et qui la bouleversera, la détruira, où qu'elle soit en Europe. Et là pendant plusieurs chapitres on est saturé par l'horreur des crimes commis envers des êtres humains, dont la seule appartenance à cette religion leur devra d'être déportés dans des conditions effroyables, torturés et assassinés. Et l'on arrive, malgré tout ce que l'on sait maintenant, en lisant ses lignes à se dire, ce n'est pas possible ! Ce n'est pas possible que des Français se soient rendus complice passifs ou actifs de ces crimes commis par les allemands ! Ce n'est pas possible que l'indifférence ait entouré cette déportation massive ! Il y a eu la Collaboration de beaucoup et heureusement la Résistance à laquelle participent de nombreuses personnes également, au péril de leur vie. C'est un livre fort, dérangeant, avec une belle écriture, qui nous captive et qu'on a du mal à poser.
Anne Berest enquête pour savoir qui a posté une carte postale adressée, des années plus tôt, à sa grand-mère, Myriam Picabia-Bouveris (fille d'Ephraim et Emma Rabinovitch) , avec écrits dessus les seuls noms de ses parents frère et soeur disparus. Cette carte postale est en fait parvenue chez sa mère, Lélia, la fille de Myriam. Myriam, la seule rescapée, qui a pu par son mariage, et par plusieurs coups de chance extraordinaires, échapper aux camps de la mort. Personne ne sait qui a envoyé cette carte et pourquoi. Mais le dialogue entre l'auteure et sa mère commencera, un dialogue, jamais entamé auparavant, trop douloureux, pour raconter l'inéffable tragédie.
Ce « roman » qui n'en est pas vraiment un, me laissera une tristesse infinie et quelques interrogations. Car il y est aussi question de l'après-guerre, des années 50 pendant lesquelles je suis née, de la responsabilité des uns et des autres, du silence autour de la shoah et de l'antisémistisme qui règne encore aujourd'hui. Et je veux dire malgré tout que j'ai été une petite-fille qui est allée à l'école de la république, puis au lycée, et que jamais au grand jamais je n'ai entendu une phrase ou une réflexion dites par des jeunes enfants ou des adolescents stigmatisant les juifs. Il est actuellement de plus en plus question de l'antisémitisme en France, et je suis extrêmement perplexe et choquée que « ca » existe toujours. C'est un roman dont on pourrait parler, pendant des heures, comparer les points de vue, se remémorer nos expériences , et se rappeler celle de nos grands-parents, ou arrières grands-parents, dire notre ressenti face aux résurgences des extrêmes politiques ou religieux …. Tout ceci serait passionnant mais, il faut un dialogue en vrai pour s'autoriser de telles conversations (le sujet est sensible).
ce que je peux dire, ici, c'est que ce livre est à lire et à penser.

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"LA CARTE POSTALE" - Livre de Poche

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