Alphonse BOUDARD (France)

LES COMBATTANTS DU PETIT BONHEUR
Livre de poche 480 pages

Résumé :

Alphonse à 16/17 ans quand les Allemands envahissent Paris lors de la seconde guerre. Lui, issu des milieux populaires de la capitale, découvre la vie d'adulte dans ce climat particulier. Avec beaucoup d'humanisme et avec surtout avec son langage qui n'appartient qu'à lui, il va nous faire découvrir ce Paris sous l'occupation. Les traitres, les résistants ou pseudo résistants, la peur, la débrouille...
Plus par hasard que par conviction, il nous l'avoue, il entre en résistance. La vie autour continue : Les premiers amours, la misère, la violence, la rigolade...en attendant la libération.

Mon avis :

Je suis étonné qu'aucune rubrique n'ait été ouverte pour cet auteur. Il est pour moi un "incontournable" de la littérature Française de la fin XXe. Bien sur, son écriture ne ressemble en rien à du D'Ormesson, du Claudel ... C'est une écriture toute populaire, faite d'argot et de gouaille Parisienne. C'est de l'écriture en ligne droite, sans détour de vocabulaire : cru.
Il est à la littérature ce que Audiard est au cinéma ( ils ont d'ailleurs collaboré. A confirmer )
Alphonse Boudard a toujours avoué, n'avoir aucun talent pour inventer des histoires. Toute son œuvre est extraite de son parcours. C'est ainsi qu'il nous fait découvrir à travers ses romans sa vie qui fut pendant longtemps hors-la-loi, avant qu'il ne découvre la littérature puis l'écriture.
Ses autres romans publiés, concernent des événements réels dont il a été témoin ou sur lesquels il a enquêté.

Dans " Les combattants du petit bonheur", prix Renaudot 1977, Alphonse Boudard fait preuve d'un humanisme tout a fait exceptionnel. Il ne prend aucun parti. Il témoigne seulement et pardonne beaucoup avec toujours beaucoup d'humour et de tendresse.

Extrait : ( Le débarquement a eu lieu sur les plages de Normandie. Les Parisiens entrevoient la libération. Notre petit résistant Alphonse aussi, y croit.

..." Le fabuleux programmes d'émotions, de risques, d'occasions de se prouver qu'on a les burnes bien accrochées. On remontera ensuite avec les Américains victorieux sur Paris. On y entrera en héros... A nous les fleurs, les gonzesses ouvertes ! Caroline, j'irai la descendre de sa fenêtre comme d'Artagnan. Son cher Papa nœud papillon, il osera plus ramener sa morale. Il a dû d'ailleurs trop aimer le Maréchal, il sera peut-être en taule au moment où je me pointerai. Plein de mansuétude, de clémence, j'irai moi-même le lever d'écrou. Sa reconnaissance alors éperdue ! Il m'embrassera...m'offrira sa fille, sa femme...ses fesses, si le paf m'en dit !"

A DECOUVRIR PETITS RATS !!!

Ma note : 4,5/5

C'est bien tentant  
Je ne connaissais pas cet auteur, merci DKOIS

LES GRANDS CRIMINELS
Alphonse BOUDARD
Le Livre de Poche 409 Pages
 
Résumé (Extrait)
 
J'ai plus de raisons d'écrire sur le crime que sur la culture du maïs en Haute-Normandie. Au cours de mes séjours en cul-de-basse-fosse, j'ai rencontré quelques spécimens d'assassins qui me permettent aujourd'hui de les étudier d'un peu plus près. Jules Bonnot au volant de sa Delaunay-Belleville est à la fois le premier braqueur motorisé et l'ancêtre de nos terroristes fin de siècle.
Landru, c'est Don Juan criminel. Il est petit, barbu, chauve, pingre, presque vieux, et pourtant il séduit 283 femmes en cinq ans. Détail : 10 d'entre elles disparaîtront en fumée.
Le docteur Petiot nous arrive de l'enfer. Pendant l'Occupation, en 1942, il aménage un hôtel particulier pour y liquider des clients en mal d'évasion. Il a tué parce qu'il était né pour ça, comme d'autres le sont pour la poésie ou la recherche scientifique.
Pierre Loutrel, dit Pierrot le Fou, va sillonner la France de l'après-guerre au volant de sa traction avant, attaquant les banques et les convoyeurs de fonds au rythme syncopé de sa mitraillette.
Le dernier criminel de cette promenade dans le temps des horreurs est un jeune homme de bonne famille, Georges Rapin. Ayant trop lu de romans policiers et se prenant pour un voyou de Série Noire, il se fait appeler M. Bill. Il tue pour rien, presque pour le plaisir.
 
Mon avis
 
Qui de mieux placé qu’un ancien truand pour raconter de la meilleure façon l’histoire de grands criminels du XXème siècle ? Qui donc mieux qu’Alphonse Boudard ??
Bon Alphonse j’ai déjà essayé de vous le vendre et je n’ai pas eu apparemment la force de persuasion nécessaire. On en reparlera…
 
Voici donc l’histoire de 6 grands criminels du XXème racontée à la manière d’Alphonse Boudard, c’est-à-dire avec son accent 100 % titi Parisien, et son argot pur jus garantie. Le ton et le fond sont donc en parfaite harmonie pour ces évocations.
On connait tous les noms suivants : Landru, Petiot, Pierrot-le-fou, ou encore Bonnot et sa fameuse bande, mais connaissons-nous vraiment leur vie, leur histoire, leurs faits d’armes. Pas vraiment n’est-ce-pas ? Sur fond d’enquête journalistique, A.B nous les faits découvrir. Six criminels pour 400 pages ça laisse peu de place aux détails pour chacun. C’est rapide, sans détour. On peut regretter un manque de romanesque. Si je peux faire un parallèle avec un autre de mes « amis » écrivains, Philippe Jaenada qui s’est spécialisé dans les ré-enquêtes criminelles (Sulak, La petite femelle, La serpe), je dirai que ce dernier n’hésite pas à romancer 6/700 pages pour une seule affaire et puiser ainsi dans les détails infimes des enquêtes.  C'est selon les goûts... Me concernant, Jaenada réponds plus à mes attentes de lecteur. Ce "Boudard" peut être considéré comme des premières approches à la connaissance de ces tristes personnages. D'autres ouvrages ne doivent pas manquer pour le développement.
 
 Le style alerte et non conformiste procure toutefois une lecture intéressante, voir même captivante. Une certaine manière en quelque sorte de redécouvrir des pages de notre histoire. Peut-être pas la meilleure façon de découvrir Alphonse Boudard, mais de cela on en rediscutera quand il sera auteur du Quadri !!!
 
Ma note 3,5 / 5

L’hôpital, une hostobiographie



L’auteur nous raconte son expérience personnelle des hôpitaux et sanatoriums où il a séjourné dans les années 1950 pour soigner une tuberculose. Les grandes salles communes, le début maladroit des antibiotiques, l’alcool omniprésent malgré le règlement, les patients qui sortent les pieds en avant cousu dans un drap. Mais surtout une superbe galerie de personnages hauts en couleurs, alcooliques, obsédés sexuels, poètes de caniveaux, qui démontre une grande tendresse pour les faibles.
 
Boudard écrit dans un style très argotique et très imagé. Ca surprend un peu au départ, un peu comme une grande claque dans la gueule. Il m’a fallu un temps d’adaptation, environ 10 pages, ensuite ça devient plus facile, plus fluide. Ce langage a même un certain charme.
J’ai trouvé que le livre s’arrêtait de façon abrupte. Boudard aurait pu en quelques pages racontait ses dernières années de « tubard » (malade de la tuberculose), sa guérison qui lui a permis de devenir écrivain.
 
Note : 3,5/5

L’EDUCATION D’ALPHONSE
Alphonse BOUDARD
Le Livre de Poche 343 Pages
 
Résumé (4° de couverture)
 
L'éducation d'Alphonse se fait de 1946 à 1947 entre une librairie d'ouvrages anciens, le «Carillon des Siècles», et la prison de Fresnes. Bien difficile de rester honnête lorsqu'on est jeune, qu'on a un très maigre bagage culturel et un sacré appétit sexuel, en ces années d'après-guerre où le moindre paquet de cigarettes se paie son pesant d'or.
Au Carillon débarque un jour le Professeur, curieux pédagogue porté sur la dive bouteille et les spéculations les plus hasardeuses de l'esprit. Alphonse, ébloui, va lui filer le train en ses pérégrinations bistrotières, dans les rues d'un Paris qui s'éveille après la nuit de l'Occupation. On va y rencontrer toutes sortes de rêveurs, de poètes, de mythomanes, de loquedus et d'escrocs... Et même Louis Aragon. On y vit des aventures sentimentales, qui ne manquent ni d'ardeur ni de sel. Et on glisse progressivement vers la délinquance.., le trafic de fausse monnaie. Ça se termine, bien sûr, par une plongée à Fresnes…
 
Mon avis
 
   Toujours plein de surprise, les romans d’Alphonse Boudard n’ont pourtant rien de surprenant, pour ceux et celles, qui comme moi, ont lu de précédents épisodes de la vie épique de cet auteur. Pas surprenant parce que toujours marqués par le même ton et mêmes mots. Mais peu importe car le plaisir de lire du Boudard ne vacille pas d’un degré me concernant.
Nous voilà juste après la libération. Paris se réveille avec sa gueule de bois de 5 ans d’occupation Allemande. Pas facile de survivre dans les conditions de reprise. Alors avec sa verve habituelle et à travers ses péripéties A.B nous fait vivre cette époque difficile.
Peut-être pas le roman recommandable pour découvrir cet auteur. Il faut bien maitriser l’œuvre de l’auteur pour l’aborder tant il va assez loin dans cet épisode, dans sa forme de provocation verbale.
 
Ma note  3.5 / 5

Les grands criminels



Recueil de 6 nouvelles qui s'arrêtent toutes sur un "grand" criminel français du XX° siècle : la bande à Bonnot, Landru, le Dr Petiot, Pierrot le fou, le moins connu Weidmann et enfin un gosse de riche qui a trop lu les bouquins de la Série Noire. C'est plus un travail de journaliste que de romancier, et dans un style moins argotique que les romans de Boudard. En 50 à 80 pages, l'auteur nous présente en détail ces faits divers qui ont fortement marqué la société française dans les années passées. Le livre a été écrit en parallèle d'émissions pour la télévision sur le même sujet.

Note : 3,5

Madame...de Saint-Sulpice



Quatrième de couverture : A l'ombre des hautes tours de l'église Saint-Sulpice règne Madame. Tailleur strict, chemisier blanc, broche ornée de petits brillants... on la dirait presque sortie de la messe de onze heures. Comme une mère supérieure, elle veille sur ses ouailles... Une éducation au couvent des Oiseaux, ça aide pour tenir une des "maisons" les plus curieuses de Paris. Surtout quand Monseigneur vient spécialement y entendre une confession d'un genre particulier, ou y recevoir un juste châtiment. Madame Blandine mène "l'Abbaye", comme on appelle son établissement dans le milieu, avec la poigne de fer d'une "abbesse" hors pair.
Et elle a écrit, Madame Blandine, après la fermeture des maisons en 1946, quand elle a pris sa retraite sur la Côte. Elle a tout raconté, à sa manière chaste de pensionnaire modèle. Des cahiers entiers de souvenirs qu'elle a laissés à un commissaire de la Mondaine... [...]
Bref, un destin de femme exceptionnel, bien que marginal, à une époque où il semblait impossible, savoureusement transposé par l'incomparable conteur qu'est Alphonse Boudard.

Mon avis : un quasi coup de cœur pour ce roman, et une découverte 100% forum puisque sans l'insistance de Dkois au sujet de cet auteur, je serais complètement passée à côté.
Thème original : les mémoires de la tenancière d'une des maisons closes les plus célèbres de la capitale, de sa plus tendre enfance à sa retraite. Tout cela servi à la sauce "Boudard, comprendre dans une écriture "gouailleuse", brute et crue, qui m'a énormément séduite.
Et c'est justement grâce à ce style si particulier que j'ai englouti les quelques 300 pages de ce roman en 2 petites journées, happée que j'étais par l'histoire de Madame Blandine, une héroïne un peu particulière.
J'émets toutefois une petite réserve quant à la tendance de l'auteur à "enjoliver" les conditions de travail et de vie dans ces maisons. Même si Madame Gertrude nous est présentée comme une héroïne arrivée là un peu par hasard, elle n'en reste pas moins une mère maquerelle qui faisait tourner sa "maison" comme tout bon chef d'entreprise, états d'âmes et empathie aux oubliettes. 
Quoiqu'il en soit j'ai passé un excellent moment de lecture, ai appris plusieurs choses sur le Paris du début de siècle dernier, et découvert un auteur dont je ne manquerai pas de suivre la bibliographie.
Un carton plein !

Ma note : 4,5/5

Un auteur à redévouvrir effectivement

Pistoufle : Je ne pouvais pas trouvé meilleure ambassadrice pour promouvoir la (re)découverte d'Alphonse Boudard. Ravi que ce roman t'ait plu ! Je t'invite vivement à lire "Les trois mamans du petit Jésus". Même ambiance et même gouaille que celui-ci, mais plus romanesque... Je compte sur toi 

Dkois a écrit:Pistoufle : Je ne pouvais pas trouvé meilleure ambassadrice pour promouvoir la (re)découverte d'Alphonse Boudard. Ravi que ce roman t'ait plu ! Je t'invite vivement à lire "Les trois mamans du petit Jésus". Même ambiance et même gouaille que celui-ci, mais plus romanesque... Je compte sur toi 

C'est noté !