Emmanuel MOYNOT et DIETER

De : Mousseliine (Message d'origine) Envoyé : 18/07/2004 14:48

Monsieur Khol
(Glénat/Carrément BD, 2001)

Monsieur Khol vit à Paris. Il est assistant-comptable depuis 20 ans dans la même boîte. Personne ne le voit, personne ne fait attention à lui. Déjà enfant il passait inaperçu, il était très discret et ne dérangeait personne. Il est triste mais bon il s'accommode de cette vie. Un jour, il tomba gravement malade et alla séjourner à la campagne pour se remettre et là sa vie se transforma miraculeusement, la campagne, la peinture, la gentillesse des gens le sauvent...

Une histoire qui oppose Paris à la campagne, qui démontre l'anonymat d'une ville, être anonyme parmi les anonymes. Paris c'est gris, c'est fade, la campagne c'est vert, c'est plein de soleil. Dis comme ça, ça peut sembler banal mais cet album est tout sauf banal. Le style est particulier, un ton quelque peu subtil, nuancé. C'est une fable sur la vie, ça fait métaphysique. Aussi les dessins ajoutent une touche spéciale. Des dessins un peu flous, qui jouent dans l'impressionnisme.

J'aime ces albums qui se démarquent de ce qu'on voit habituellement dans la bd. Pour moi en tout cas c'est du jamais vu et c'est un grand coup de coeur! Je vous le recommande avec plaisir! Vraiment très beau!

Note : 5/5

De : grenouille Envoyé : 04/11/2005 17:41

Monsieur Khol

Attention, voici un livre à part dans l'univers de la BD!!!!!

D'abord, il s'agit d'un titre de la collection "carrément BD" au format .. carré!! Pas commun. Ajoutons que cette collection semble pousser la réflexion sur l'utilisation des format, des codes de la BD. Au final, une suppression des lignes entre planches : les images sont posées les unes à côté des autres dans une belle unité. L'harmonie des couleurs prime sur le graphisme avec un bel accord du scénario.

Je partage l'avis de Mousseline sur la qualité de cette BD qui tient presque du livre illustré et de la poésie. Mais la bascule pour moi ne s'est pas produite grâce à la campagne. Dans une ville aussi on peut ne pas être anonyme : la preuve les client du café ne sont pas des anonymes entre eux. Seul Monsieur Khol en reste un.
Il cesse d'être sans visage à partir du moment où quelqu'un le regarde, où il se sent exister dans le regard d'un autre (moment où la concierge s'inquiète de sa santé, la seule qui s'aperçoit de sa présence, puis l'attention de l'aubergiste Mathilde). C'est une très belle métaphore de ce qui provoque en chacun de nous le sentiment de sa propre existence et de sa propre valeur : on se voit dans l'oeil de celui qui nous regarde, et d'abord dans celui de nos proches...
Monsieur khol existe aussi à partir du moment où il manque : on s'aperçoit de son absence au café, au travail...

Grâce au regard d'une femme, Monsieur Khol ose enfin exister, créer, devenir un homme qui décide de sa vie et descend du train...

Un album à part, touchant et grave : loin des grandes tragédies, la souffrance quotidienne, lancinante, la difficulté de vivre est là elle aussi, difficile à supporter... celle qui pousse au suicide ou à la dépression à bas bruit, sans "raison" apparente. Mais c'est de la souffrance quand même.

Les illustrations sont de jolies aquarelles fondues dans l'histoire. Une vraie réussite!!!

Note : 4,5/5