Brad WATSON (Etats-Unis)

De : zeta-b (Message d'origine) Envoyé : 2007-05-09 10:59
Le Paradis perdu de Mercury

Il y a les critiques qu’on écrit pour rendre compte d’avoir lu tel livre, un livre qu’on a aimé modérément ou un peu plus? mais qui ne laissera pas un souvenir tenace ; les critiques pour dire celui-là je ne l’aime pas du tout (je trouve qu’elles sont rares sur ce site).

Il y a enfin les critiques pour faire partager une rencontre de choix, celle que l’on fait avec un auteur qui nous a comblé au travers d’un livre qu’on se promet de relire et dont on a envie de vanter les mérites.

Ce livre que l’on place dans notre Panthéon personnel peut bien sûr déplaire à un autre lecteur pour tout un tas de raisons. C’est certes une déception, mais le pire c’est quand on (je) ne trouve pas les mots aptes à inciter les rats à découvrir ce qui nous a tant plu.

Tant pis j’essaye quand même :

Brad Watson est originaire du Mississippi, outre que dans mes auteurs favoris il y ait beaucoup d’Etats-Uniens, il y a précisément beaucoup d’auteurs de cette partie Sud des Etats Unis. Je trouve leur prose particulièrement riche, chaude, colorée.

Finus Bates est animateur à la radio, tous les matins il entame son émission en clamant : « Bonjour à Mercury et à ses environs » Finus a 89 ans et il a toujours vécu dans sa petite ville de Mercury, il y connaît tous le monde, comme tout le monde le connaît.

Mercury pour lui et ses amis c’est leur paradis, leur jardin d’Eden. Là, au fil des années, ils ont réussi ou échoué à faire de leur vie une vie heureuse.

Pour Finus, le bonheur a pris un nom, un jour de 1917 : à partir de cette matinée de juillet il s’est appelé Birdie, et est devenu à jamais son but, sa quête, son rêve absolu de félicité.

Le jeune Finus avait un peu trop bu la veille et souffrant d’un léger dérangement intestinal il s’est, à l’abri d’un fourré, soulagé. Deux jeunes filles ont surgi : Avis et Birdie. Birdie venait de tomber toute habillée dans la rivière et se croyant seule avec son amie elle se met nue, sous les yeux chavirés de Finus. Comme pour glorifier cette belle matinée de début d’été, la charmante Birdie fait la roue dans le plus simple appareil. C’est ainsi que la destinée de notre héros se joue en cet instant, l’amour fou l’ayant envahi.

Il y a entre la trivialité des circonstances de cette rencontre et les conséquences admirables qu’elle engendre toute l’ironie et la tendresse de ce roman. Ainsi, l’auteur dès les première pages expose les grandes et les petites choses des humains, êtres imparfaits, corruptibles et mortels, capables pourtant des plus grands sentiments. Mais ceci n’est que suggéré, jamais dit de cette façon si évidente, c’est subtil, plein d’humour, de violence contenue, les joies et les peines s’y côtoient. On y croit tant que l’on a envie de chercher Mercury sur la carte du Mississippi ainsi que les personnages dans l’annuaire du téléphone.

Pendant plus de soixante dix ans, l’auteur nous raconte, sans pathos, la vie des protagonistes, au cœur de leur petite ville de Mercury, de Finus, de Birdie, de leurs conjoints respectifs, de leurs familles, de leurs amis, et de leurs serviteurs noirs (que l’on appelle encore à cette époque des nègres).

Et je peux vous l’assurer, même sur le bord de la Chunky River, leur vie n’est pas un long fleuve tranquille.

Ma seule petite restriction vis à vis de ce roman, au trois quart du livre l'auteur a ajouté une petite touche fantastique. Elle est pour moi inopportune. (Les critiques ne semblent pas de mon avis et je pense que c'est pour cela qu'ils le comparent à Garcia Marquez).

4,8/5

Qu'il soit élu livre du mois ou non,voilà un roman que je veux lire.

Brad Watson - Miss Jane
Jane Chisolm vient au monde en 1915, dans une petite ferme du Mississippi. Quelques instants après sa naissance, le Dr Thompson saisit un carnet et commence à prendre des notes. Jane est née avec une malformation : un handicap qu’elle devra surmonter sa vie durant.
Les premières années à la ferme, au milieu d’une nature éblouissante, sont joyeuses et innocentes. Ce n’est qu’à l’approche de ses six ans que la petite Jane prend conscience de sa singularité. Mais sa soif d’apprendre est plus forte que les réticences de ses proches. Elle entre à l’école, se plonge dans les livres. Puis arrive l’adolescence et le Dr Thompson devient son principal confident, y compris lorsque celle-ci tombe amoureuse…

Livre lu suite à l’avis enthousiaste de l'émission coups de cœurs des libraires et je n'ai pas été déçue !.La petite Jane est atteinte d’une malformation qu’il n’était pas possible d’opérer au début du XX eme siècle maintenant sa vie aurait été certainement différente. L'auteur aurait pu faire un roman grave et larmoyant mais malgré le sujet du handicap et de l'accepation des autres ce livre est lumineux car Jane est vive, intelligente curieuse et très attachante .Un très bon moment de lecture
4,5/5