Le Deal du moment :
Réassort du coffret Pokémon 151 ...
Voir le deal

Jonathan LITTELL (Etats-Unis/France)

+2
s-lewerentz
frmwa
6 participants

Aller en bas

Jonathan LITTELL (Etats-Unis/France) Empty Jonathan LITTELL (Etats-Unis/France)

Message  Invité Mar 18 Nov 2008 - 12:10

De : Doludo7 Envoyé : 2007-03-23 09:23

Les bienveillantes

Attaché à la SS, Maximilien Aue, docteur en droit, est principalement occupé à des tâches administratives. Assez vite après le début de la guerre, Aue est confronté à l'extermination des Juifs dans les territoires conquis de l'Est. Il y assiste malgré son dégoût et son incompréhension. Il s'y confronte pour comprendre. Comprendre avant tout la violence car Maximilien Aue ne remet pas en cause l'extermination des juifs, des communistes et autres peuples. Son soucis est avant tout de faire son boulot de la meilleure manière qui soit. Convaincu du national-socialisme, il grimpera dans la hiérarchie jusqu'à fréquenter Himmler, Eichmann et Albert Speer.

Avec son premier roman, Jonathan Littell raconte le parcours et l'ascension hiérachique d'un jeune officier lors de la campagne de l'Est. Le narrateur n'est autre que Maximilien Aue lui-même. Devenu vieux et petit bourgeois, Aue décide de parler, mais sans regret, de sa participation à la seconde guerre mondiale.

Le roman colle au plus près de la réalité. Passionné par l'histoire et sa description précise des évènements, je me suis aussi senti submergé par la floppée de noms, de descriptions, de détails historiques ainsi que de termes allemands. C'est une des forces de ce roman mais aussi une des lourdeurs. Autre reproche, à certains endroits du livre, Littell nous fait entrer dans les pensées, dans les tribulations de son personnage et ce parfois pendant une bonne vingtaine de pages (à la fin).

Ma note: 3,5/5



De : Le-réaliste-romantique Envoyé : 2007-06-19 20:43

Les Bienveillantes
Jonathan Littell
2006, Gallimard, 901 pages

Livre qui a fait bien du bruit à sa sortie, en partie par l’onde de choc que ses 900 pages provoquent lorsqu’elles tombent sur une table.
Maximilien Aue est un juriste qui devient nazi simplement parce que ça se faisait à l’époque. Il est charmé par les éléments de l’idéologie qui visent le dépassement et la perfection, mais il n’est pas particulièrement zélé et garde un jugement critique sur les changements qui touchent son pays.

« Comme la plupart, je n’ai pas demandé à devenir un assassin. Si je l’avais pu, je l’ai déjà dit, j’aurais fait de la littérature. » p.28

Toutefois, il est aussi ambitieux et opportuniste, donc il saisira les occasions de s’élever et d’améliorer son sort. Il un technocrate qui excelle dans les tâches d’organisations logistiques, aussi macabres soient-elles. Aue ne se distingue pas par des excès barbares comme plusieurs de ses collègues, il cherche à respecter la règle et le « décence ». Aue participe à l’avancée rapide des forces sur le front est, organisant les premières liquidations de Juifs et de partisans, se retrouvera à Stalingrad lors de la débâcle, mais réussira in extremis à s’échapper de la ville encerclée. Il roulera sa bosse à l’intérieur et sur différents fronts, jusqu’à se retrouver à Berlin lors des derniers jours du régime.

L’auteur montre que la solution finale était une machine horriblement bien organisée et huilée. Le livre n’est pas très intéressant, même ennuyant, mais c’est l’effet recherché. Avec la quantité d’interminables discussions sur les rations minimums vitales, la production, les quarts de travail, l’espace nécessaire à la survie, etc., on s’écroule sous les données, le nombre de morts ne devient plus qu’une statistique parmi les autres. Il y a aussi des palabres sans fins entre universitaires pour décider si un petit groupe de montagnards est bien juif, ou bien s’il ne serait pas plutôt d’origine perse mais aurait intégré quelques rites hébraïques. Cette décision d’intellectuels déterminera leur vie ou mort. C’est cette banalisation du meurtre et l’intellectualisation du processus qui donnent des frissons.

L’auteur veut démonter l’image populaire qui présente chaque nazi comme un bourreau sanguinaire; la plupart n’étaient que technocrates et fonctionnaires.

« Qui donc est coupable? Tous ou personne? Pourquoi l’ouvrier affecté au gaz serait-il plus coupable que l’ouvrier affecté aux chaudières, au jardin, aux véhicules? Il en va de même pour toutes les facettes de cette immense entreprise. L’aiguilleur des voies ferrées, par exemple, est-il responsable de la mort des Juifs aiguillés par lui vers un camp? Cet ouvrier est fonctionnaire, il fait le même travail depuis vingt ans, il aiguille des trains selon un plain, il n’a pas à savoir ce qu’il y a dedans. Ce n’est pas sa faute si ces Juifs sont transportés d’un point A, via son aiguillage, vers un point B, où on les tue. Pourtant, cet aiguilleur joue un rôle crucial dans le travail d’extermination : sans lui, le train des Juifs ne peut arriver au point B. […] Encore soyons clair : je ne cherche pas à dire que je ne suis pas coupable de tel ou tel fait. Je suis coupable, vous ne l’êtes pas, c’est bien. Mais vous devriez quand même pouvoir dire que ce que j’ai fait, vous l’auriez fait aussi. […] Je pense qu’il m’est permis de conclure comme un fait établi par l’histoire moderne que tout le monde, ou presque, dans un ensemble de circonstances données, fait ce qu’on lui dit; et, excusez-moi, il y a peu de chances pour que vous soyez l’exception, pas plus que moi. » p.26

Aujourd’hui, on entend souvent des gens affirmer qu’ils auraient été l’exception, qu’ils auraient résisté. Permettez-moi d’en douter! Les expériences célèbres de Stanley Milgram ont clairement montré qu’il est facile d’écraser le système de valeurs d’un humain par une simple soumission à l’autorité. L’humain veut survivre, et fait ce qu’on lui dit.

« La Loi biblique dit : Tu ne tueras point, et ne prévoit aucune exception; mais tout juif ou chrétien accepte qu’en temps de guerre cette loi-là est suspendue, qu’il est juste de tuer l’ennemi de son peuple, qu’il n’y a là aucun péché; la guerre finie, les armes raccrochées, l’ancienne loi reprend son cours paisible, comme si l’interruption n’avait jamais eu lieu. » p.544-545

Comme le disait si bien Prévert : « Quelle connerie la guerre ».

Les idées sont fortes et certaines pages se dévorent, mais le concept de l’avalanche d’information pour illustrer la banalisation de la Solution finale est poussée trop loin, de grandes parties du livre sont mortellement ennuyantes, telles des discussions sur des thèses pointues de linguistiques, d’histoires des peuples du Caucase, de la manière de calculer l’apport calorique des prisonniers de camps… J’ai persévéré dans cette lecture grâce une technique de lecture rapide qui m’a permis de gober plus de 400 pages en une seule journée. Bref, d’excellents passages noyés dans une mer d’ennui.

Note : 2,5/5



De : il_pleut_toujours Envoyé : 2008-09-13 19:13

Les Bienveillantes

Étant passioné par toute littrature ayant trait à la seconde guerre mondiale et l'holocauste, c'est avec une passion intense que j'ai dévoré cette brique. À travers le personnage principal, Littel nous fait entrer dans l'univers tordu d'un des piliers de la solution finale. La chronologie des évènements, le nom des lieux et des principaux acteurs de la solution finale, tout est scrupuleusement exact. Il est clair que l'auteur a fait un travail de recherche remarquable. Le personnage de Aue est très bien éllaboré. Un peu trop même. Je me serais contenté de beaucoup moins de détails sur ses fantasmes et autres traits de personnalité. Même chose au sujet des diverses descriptions des lieux où le personnage évolue et de leurs patrimoines culturels.

Les bienveillantes est peut-être un livre qu'il faut parfois lire en diagonale ou en sautant certains passages pour en apprécier la lecture.
Autre déception, après près de mille pages, je ne sais toujours pas pourquoi le livre s'intitule Les Bienveillantes. Peut-être pourrez vous m'éclairer la dessus. Globalement, j'ai beaucoup apprécié.

Note : 3.9/5

Si vous appréciez le thème des Bienveillantes mais trouvez le style trop pesant, voici quelques suggestions de lectures un peu plus faciles à digérer concernant l'holocauste, les camps et la seconde guerre mondiale.

La mort est mon métier, Robert Merle
Le garçon en pyjama rayé, John Boyne (super livre pour les enfants)
De l'enfer aux étoiles, Jean Michel (Dora)
J'avais 14 ans à Auschwitz, Anna Novac
Habiter les ténèbres, Fred Sedel
Mémoires de l'holocauste, F. Roiter
Contes de Dachau, Joseph Rovan (Dachau)
Au fond des ténèbres, Gitta Sereny (Treblinka)
Si c'est un homme, Primo Lévi (Monowitz)

Concernant le front russe, dont il est question dans les Bienveillantes, un auteur Danois y a consacré plusieurs romans plus ou moins autobiographiques, Sven Hassel.

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Jonathan LITTELL (Etats-Unis/France) Empty Re: Jonathan LITTELL (Etats-Unis/France)

Message  frmwa Sam 8 Aoû 2009 - 19:40

C'est ce que je suis en train de lire en ce moment. J'ai un peu attendu que la polémique soit retombée. En plus c'est en livre de poche, Folio, donc moins cher. On lui a reproché tout et n'importe quoi : dans l'édition de poche, il a rectifié certaines erreurs qu'on lui a signalées, c'est quand même bon signe du point de vue du respect des lecteurs. Trois posts seulement ! J'ai fait une recherche mais je n'ai pas trouvé d'autres occurrences sur le site.

Un entretien avec Cohn-Bendit Intéressant ! Un Franco-allemand (comme le héros) avec l'auteur franco-américain.

frmwa

Nombre de messages : 106
Date d'inscription : 06/08/2009

Revenir en haut Aller en bas

Jonathan LITTELL (Etats-Unis/France) Empty Re: Jonathan LITTELL (Etats-Unis/France)

Message  frmwa Dim 16 Aoû 2009 - 21:53

Ah oui, j'oubliais : ERINNYES OU Euménides ou Furies, nom antiphrastique puisqu'il signifie " bienveillante" alors que les Erynnies étaient malveillantes.


Elles s'appelaient Alecto, Mégère et Tisiphone. Plus tard elles s'humanisèrent et au Vème siècle avant J.C., elles devinrent les gardiennes de la morale et de la justice qui étaient adorées en Attique sous le nom d'Euménides ou bienveillantes à Argos et en Arcadie.
Enfin, les Erynnies inspirèrent les Euménides d'Eschyle, les Erynnies de Leconte de Lisle (1873) et la tirade célèbre de Racine :
" Hé bien filles de l'Enfer, vos mains sont-elles prêtes ? Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ? "


Jonathan LITTELL (Etats-Unis/France) Baco_title_2

Arf ! une faute page 987 : "par sa connaissance des connections dissimulées, des liaisons secrètes, des discussions à portes closes.

frmwa

Nombre de messages : 106
Date d'inscription : 06/08/2009

Revenir en haut Aller en bas

Jonathan LITTELL (Etats-Unis/France) Empty Re: Jonathan LITTELL (Etats-Unis/France)

Message  frmwa Jeu 27 Aoû 2009 - 11:09

Voilà, j'ai terminé les Bienveillantes de Jonathan Littell.

Difficile d’en parler après tout ce qu’on en a dit, difficile de trouver un angle en en faisant abstraction.
C’est joliment structuré comme une pièce musicale - de Bach, par exemple : Toccata – Allemande I et II, Courante, Sarabande, Menuet , Air et Gigue.

En outre – pendant toute la durée de la « courante », il en tient une effectivement ! Jonathan LITTELL (Etats-Unis/France) Laughing

Point
de vue lecture, la première partie (un bon tiers) m’a emporté dans un élan irrésistible, jusqu’à la Sarabande, à l’instar de l’armée allemande sur le front russe et de son coup d’arrêt à Stalingrad. Ensuite c’est plus chaotique, des éléments privés, ainsi qu’une enquête policière prennent davantage de place, mais ça correspond également au déroulement de la guerre, donc il faut s’accrocher mais ça passe. À deux occasions, il s’adresse directement au lecteur : (à peu près) « Eh quoi, vous voulez de l’anecdote, vous en avez assez ? Vous disposez du pouvoir absolu de jeter le bouquin à la poubelle, ce qui me donne le droit de continuer ». Et à la fin de l’Air : Et vous croyez que c’est fini ? Eh bien non, ça repart !
Comme quoi, il a anticipé des impatiences !

L’Air et la Gigue aux rythmes contrastés terminent parfaitement l’ouvrage.

Il y a un vrai travail d’écrivain, comme d’historien.
Les scènes des massacres de Babi-Yar,du village ukrainien, de la pendaison de la partisane sont particulièrement fortes et poignantes, de vrais coups de poing dans le ventre.

Pour la séquence à Stalingrad, également un morceau de bravoure, on croit percevoir parfois des souvenirs personnels, issus de sa carrière dans l'humanitaire.

La scène de chasse avec Speer est très bien décrite, tout comme les bombardements de Berlin.

Les scènes sexuelles me laissent plus dubitatifs, il y a un peu de mauvais goût, mais après tout, le kitsch nazi, ça existe aussi.

Beaucoup de citations musicales, architecturales, philosophiques, littéraires - notamment Maurice Blanchot.

Accusation 1 :
les SS sont caricaturaux, le héros n’est pas crédible. C’est soit l’un, soit l’autre. Il s’agit d’une œuvre de fiction et le choix du héros cultivé, jeune, mélomane, enthousiaste, mais gravement névrosé ainsi qu’aux pratiques déviantes, permet d’introduire la distance nécessaire entre le personnage et les faits justement, que l’auteur n’a pas vécus.
Grâce à ce décalage constant, Max Aue est un observateur/commentateur de tout ce qu’il voit et justifie la fiction
en l’assumant. L’auteur ne prétend pas avoir retrouvé les carnets cachés de Dieu sait qui.

Accusation 2 :
On est noyé dans la surinformation, notamment la hiérarchie, les groupes… Il y a un petit glossaire en fin de bouquin. Ces informations servent à dresser le tableau, justement, dans une société où la hiérarchie est importante, à montrer que contrairement à ce qu’on fantasme, les relations entre ces groupes étaient conflictuelles et que
ça ne fonctionnait pas si bien que ça. Un personnage s’emporte contre la Nuit de Cristal par exemple, en affirmant que c'est
l'industrie belge qui en avait profité puisque l'Allemagne n'avait pas d'industrie du verre. C’est dans ce maquis aussi que les jeunes idéalistes doivent faire carrière et qu’ils se confrontent à l’embourgeoisement, la corruption de ces instances.
Vu le sujet, il importe ne pas raconter n’importe quoi, ce qui justifie le travail historique minutieux.
Les développements linguistiques de son ami de rencontre le Dr Voss, outre leur intérêt pour qui s'intéresse aux langues, font parfaitement pièce aux théories raciales en en montrant l’inanité. Tout le passage où il faut déterminer si les "Bergjuden" du Caucase sont bien juifs ou non vaut son pesant de cacahouètes.

Accusation 3 :
C'est indigeste, c'est trop long. Il faut prendre le temps de le lire. Le fast-food peut être indigeste aussi. Pour avoir une idée de la mentalité d’une époque, il faut prendre le temps d’en examiner tous les détails. Et c'est là où réside une bonne partie de l'intérêt du bouquin. L’horreur de cette période conduit à en écraser tous les détails, la perspective. Il y a une action, mais ce n’est pas un livre d’action. Ce n’est pas un livre historique non plus. Son caractère hybride – historique/fiction/éthique – « vu du côté des bourreaux » peut perturber et créer des malentendus, mais il ouvre des réflexions enrichissantes, et d’autres qui mettent mal à l’aise. Lire un livre, ce
n'est pas seulement "consommer" des produits aux goûts standardisés et ciblés.
L'auteur a fait son travail, le lecteur peut aussi faire un effort. Si l'on consent à cet effort, on ne peut pas parler de livre "difficile". L'auteur ne cherche pas à être opaque ni abscons et livre des informations et des réflexions qui sont à la portée de tous.

Et bien sûr, ce n'est pas le choix idéal si on fait un "marathon de lecture", mais à quoi bon ?

Bon pour ma part, la première partie est impeccable, la seconde il faut y mettre un peu du sien, mais c’est un vrai bouquin et
un vrai travail, qui a bien mérité son prix Goncourt et son prix de l'Académie, si tant est que ça a de l'importance… surtout par rapport à d’autres.
Par rapport aux "ersatz" de lecture proposés plus haut, je mets en avant la spécificité de celui-ci comme oeuvre de fiction, écrit par un auteur qui n'est pas contemporain de cette guerre - et non comme documentaire, mémoire, ou historique.

frmwa

Nombre de messages : 106
Date d'inscription : 06/08/2009

Revenir en haut Aller en bas

Jonathan LITTELL (Etats-Unis/France) Empty Re: Jonathan LITTELL (Etats-Unis/France)

Message  s-lewerentz Jeu 27 Aoû 2009 - 11:52

Ouah ! ça c'est de la critique ! Belle "idée" de comparer le livre à une pièce de Bach (j'adore !).
s-lewerentz
s-lewerentz

Nombre de messages : 865
Location : La Chaux-de-Fonds, Suisse
Date d'inscription : 27/10/2008

Revenir en haut Aller en bas

Jonathan LITTELL (Etats-Unis/France) Empty Re: Jonathan LITTELL (Etats-Unis/France)

Message  dodie Jeu 27 Aoû 2009 - 12:44

Très belle critique effectivement! Moi qui hésitais à le lire ça m'a un peu refroidi j'avoue
dodie
dodie

Nombre de messages : 6189
Age : 60
Location : France
Date d'inscription : 11/04/2009

http://dodiecuisine.over-blog.com

Revenir en haut Aller en bas

Jonathan LITTELL (Etats-Unis/France) Empty Re: Jonathan LITTELL (Etats-Unis/France)

Message  odilette84 Jeu 27 Aoû 2009 - 12:53

très belle critique
même si je ne suis pas du tout attirée par le livre

_________________
résister c'est exister

Jonathan LITTELL (Etats-Unis/France) 51k%2BPUD6Z8L._AA160_
odilette84
odilette84

Nombre de messages : 2261
Age : 59
Location : Provence
Date d'inscription : 28/10/2008

Revenir en haut Aller en bas

Jonathan LITTELL (Etats-Unis/France) Empty Re: Jonathan LITTELL (Etats-Unis/France)

Message  frmwa Jeu 27 Aoû 2009 - 15:06

s-lewerentz a écrit:Ouah ! ça c'est de la critique ! Belle "idée" de comparer le livre à une pièce de Bach (j'adore !).

C'est Littell qui a intitulé ses chapitres comme ça, hein ! L'idée n'est pas de moi !

Beaucoup de citations musicales - Bach, Mozart, Wagner (qu'il déteste), Rameau, Schönberg. Et référence à Lucien Rebatet - l'écrivain fasciste de la feuille antisémite "Je suis partout", auteur de Une histoire de la musique, oeuvre à laquelle Max Aue (le héros des Bienveillantes) rend hommage alors qu'il se moque du bonhomme. Il fait comme si c'est lui qui lui a inspiré cette citation de J. Sorel (Le rouge et le noir), que Rebatet grave sur les murs de sa cellule, après avoir été condamné à mort à la Libération : « Je ne vois que la condamnation à mort qui distingue un homme. C'est la seule chose qui ne s'achète pas. »
Max Aue ironise ensuite sur le fait qu'il a eu en quelque sorte le beurre et l'argent du beurre, puisqu'il a été gracié.

frmwa

Nombre de messages : 106
Date d'inscription : 06/08/2009

Revenir en haut Aller en bas

Jonathan LITTELL (Etats-Unis/France) Empty Re: Jonathan LITTELL (Etats-Unis/France)

Message  s-lewerentz Ven 28 Aoû 2009 - 6:16

Merci pour l'info. Pour le coup, il m'intéresserait presque ce livre... allez, je le note dans mon carnet !
s-lewerentz
s-lewerentz

Nombre de messages : 865
Location : La Chaux-de-Fonds, Suisse
Date d'inscription : 27/10/2008

Revenir en haut Aller en bas

Jonathan LITTELL (Etats-Unis/France) Empty Re: Jonathan LITTELL (Etats-Unis/France)

Message  Invité Lun 31 Aoû 2009 - 21:09

J'ai trouvé le bouquin indigeste et comme au Mac Do, on a encore faim une heure après. Le style est loin d'être fin. Personnellement, Bach est loin dans des sphères que Mr Littel n'a pas atteint avec ce livre lourd et diarrhéique. Belle critique c'est vrai, chapeau c'est surement trop d'honneur pour ce livre... Flop

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Jonathan LITTELL (Etats-Unis/France) Empty Re: Jonathan LITTELL (Etats-Unis/France)

Message  frmwa Lun 31 Aoû 2009 - 22:37

Je regrette de n'avoir pas pris de notes, au fil de la lecture pour relever les expressions que j'avais trouvé heureuses. Comme je lis un peu partout, ce n'est pas très pratique mais ça aurait valu la peine.
Comment parler légèrement de ces choses-là ? Ce serait un crime. On est choqué d'ailleurs dans la Toccata, qui est une espèce d'avertissement au lecteur d'apprendre que le grand regret de sa vie, c'est de n'avoir pas appris le piano.
Sans parler de la petite soirée musique chez Eichmann.

Chostakovitch a composé une symphonie Babi Yar, notamment, qui convient mieux que du Bach pour faire écho à ce qui est décrit.

Le tour de force c'est de de porter faire porter à son personnage dans un récit de fiction, toutes les problématiques historiques, éthiques, et leurs développements jusqu'à aujourd'hui - Max Aue avertit aussi dans la Toccata : vous dites plus jamais ça ? En êtes vous si sûr ? Il rappelle le rôle actif de la police française dans la déportation des Juifs, entre autres. Il nous donne une somme d'informations et de réflexions qu'il nous serait difficile d'aller chercher en dépouillant les sources historiques. Il ne cherche pas à gommer ou à livrer une version présentable - digeste - de quelque chose d'"innommable", en quelque sorte, mais dont il faut parler. Shoah avait choisi les témoignages, lui ose la fiction.

Quand au style, on peut l'aimer ou non, mais il y en a. Pas de zapping, des descriptions qui brossent des tableaux parlants - pour moi en tout cas. Alors que souvent pour tout potage, on a un brouet clair, comme disait l'autre.

frmwa

Nombre de messages : 106
Date d'inscription : 06/08/2009

Revenir en haut Aller en bas

Jonathan LITTELL (Etats-Unis/France) Empty Re: Jonathan LITTELL (Etats-Unis/France)

Message  Invité Mer 2 Sep 2009 - 12:10

Malheureusement je n'ai pas trop le temps de répondre aujourd'hui mais je vois que tu défends l'animal. Juste une remarque, le sujet traité est effectivement lourd mais je pense que Littel épaissit la soupe. Le travail d'archive est là, j'ai beaucoup appris sur le front russe en particulier mais j'ai plus été gênée par la fiction. Un héros, dans ce livre fait écran à l'universalité comme tu dis...On voit souvent par ses yeux des scènes insoutenables. Il décrit la cruauté, l'horreur, l'analyse même mais jamais il ne fait de retour sur lui-même et cette diarrhée, quelle ficelle grossière pour signifier qu'inconsciemment peut-être il ressent quelque chose. Le besoin aussi de justifier son comportement par une enfance sordide est furieusement psychanalytiquo-étroiT. Est-que qu'il faut comprendre que tous les nazis ont eu une enfance malheureuse si l'on veut donner une dimension universelle à ce livre? En tout cas merci pour ta réponse, on sent la fougue du lecteur. J'espère qu' on se retrouvera sur un autre livre et qu'on sera un peu plus du ¨même avis. Flop

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Jonathan LITTELL (Etats-Unis/France) Empty Re: Jonathan LITTELL (Etats-Unis/France)

Message  frmwa Mer 2 Sep 2009 - 13:12

Je pense qu'il a justement choisi - créé ce personnage pour avoir la distance nécessaire afin de parler de ces horreurs, sans que ce soit perturbé par d'autres considérations, sentiments "personnels", où il serait pour le coup "faussaire", comme il n'a pas vécu ces évènements et qu'il ne fait pas partie de cette génération. Je crois que Lanzman lui a reproché d'ailleurs que son personnage n'était pas assez "incarné", mais c'était précisément le but.
D'ailleurs, dans la Toccata, il fustige ses "compatriotes" auteurs qui geignent sur leur propre sort et qui n'assument pas leurs actes ou rejettent la faute sur les autres.
Pour ma part j'ai pensé à "Pilote de Stukas" de Hans Rudel, où l'auteur se glorifie de ses exploits contre les rouges et dont les bénéfices ont sans doute aidé à créer sa petite amicale d'anciens (?) nazis.

Quant à sa particularité psychologique, elle va dans le même sens, je pense. Il est prisonnier d'un amour incestueux avec un jumeau qui l'empêche d'avoir des relations avec "l'autre". Du coup cela renforce ses aptitudes d'observateur détaché de la réalité et capable de regarder froidement. Il n'est pas question d'excuser quoi que ce soit dans le chef de Littel, à mon avis. Mais de sortir d'un certain confort où l'on est jamais du côté des monstres, mais toujours du bon. Récemment aux infos on parlait d'un ancien policier d'un pays balte et de ses exactions, mais on parle moins de la police française et Papon a eu une belle carrière.

La coupure d'avec les parents renforce aussi le côté "lutte générationnelle" du nazisme dont tous les cadres étaient très jeunes. Par rapport au père idéalisé et parti, cela permet aussi de situer Max Aue dans une position soumise vis-à-vis de ses supérieurs, essentiellement passive. Il assume ce qui se fait, mais lui-même ne fait pas grand chose.

Le fait de n'être pas du même avis n'est pas un problème ! Du moment qu'on (s')explique un peu. C'est pour ça que je n'aime pas trop les notes.
Genre, l'Odyssée : tout ça pour revenir au point de départ, long et invraisemblable Sleep ! Ma note : 2 parce que ça m'a rappelé mes vacances dans les îles grecques.

Au plaisir en tout cas, de te lire, ici ou ailleurs bienvenue3

frmwa

Nombre de messages : 106
Date d'inscription : 06/08/2009

Revenir en haut Aller en bas

Jonathan LITTELL (Etats-Unis/France) Empty Re: Jonathan LITTELL (Etats-Unis/France)

Message  catherine Mar 8 Fév 2011 - 17:41

Les Bienveillantes

903 pages
Éditions Gallimard


Je me lance en n'ayant lu aucune critique, que ce soit externe ou par un autre rat - je les lirai après pour ne pas m'influencer... je commenterai après coup au besoin! Wink

Je viens de finir ce volumineux livre que j'ai bien aimé bien que cela m'ait pris du temps avant d'embarquer. En effet, certains mots allemands ne sont pas traduits, surtout lorsqu'il s'agit de grades et cela m'a mélangé durant plusieurs pages au début. Mais on s'y fait et j'ai été par la suite complètement captivée par le livre. Il s'agit donc d'un livre sur la 2e guerre mondiale du point de vue d'un allemand. Toute l'horreur de la guerre nous est donc décrite et mise en perspective par cet officier qui se questionne sur le fondement des méthodes allemandes et sur bien d'autres choses...

Ce questionnement est très intéressant de mon avis car la nature humaine est telle que de telles atrocités pourraient être commises par la plupart des être humains mis dans des situations semblables (comme l'ont prouvé des expériences psychologiques comme celle de Standfort). Ainsi, comment aurions-nous réagi dans ces situations où nous devons suivre des ordres horribles? Peu résistent, malheureusement... plusieurs deviennent fous... Mais dans le cadre d'une guerre, comment le peuple victorieux doit-il gérer le peuple conquis? Le peuple victorieux ne peut laisser le peuple conquis vivre comme avant sans se trouver aux prises avec des révoltes. Doit-il le confiner dans des réserves, comme nous l'avons fait ici avec les autochtones? Existe-t-il une solution miracle? Les nazis n'ont pas été les seuls à assassiner les peuples conquis... Dans notre société moderne, qu'arrivera-t-il alors que les populations continuent à se multiplier, de même que les besoins de chaque être humains? Comment les peuples les plus forts géreront la rareté des ressources? Les politiciens n'ont pas l'habitude d'étudier le passé pour ne pas répéter les erreurs passées... on verra bien... Bon, revenons au livre!



Extrait (en parlant d'un camp de réfugiés qui ne produit rien - i.e. rien ne sort des travaux forcés en raison de ses conditions horribles des travailleurs)

Mais à y réfléchir plus avant, comme je tentais de le faire en buvant on ersatz dans la salle de la Haus der Waffen-SS, n'était-ce pas une représentation de la vie sociale dans son ensemble? Débarrassée de ses oripeaux et de sa vaine agitation. la vie humaine se réduisait à guère plus que ça; une fois que l'on s'était reproduit, on avait atteint la finalité de l'espèce; et quant à sa propre finalité, ce n'était qu'un leurre, une stimulation pour s'encourager à se lever le matin; mais si on examinait la chose objectivement, comme je pensais pouvoir le faire, l'inutilité de tous ses efforts était patente, tout comme l'était la reproduction elle-même, puisqu'elle ne servait qu'à produire de nouvelles inutilités. Et ainsi je venais à penser: le camp lui-même, avec tout la rigidité de son organisation, sa violence absurde, sa hiérarchie méticuleuse, ne serait-il qu'une métaphore, une réductio ad absurdum de la vie de tous les jours?


Je suis moi-même une personne positive qui apprécie la vie et ne passe pas mon temps à penser au sens de la vie. Mais ne croyant pas à la vie après la mort, je trouve le parallèle entre l'inutilité des efforts des détenus des camps et des nôtres dans le rythme effréné imposé par notre société intéressant... bien qu'il soit un peu tiré par les cheveux, bien sûr!


Aue essaie donc de porter un regard lucide sur tout ce qui arrive mais, ayant lui-même des rapports pour le moins tortueux avec les membres de sa famille, est parfois emporté par des vagues de folies, que ce soit dans son inconscient (rêves, délires causés par la fièvre) ou dans ses actes. J'avoue avoir moins apprécié les extraits un peu tordus de ses rêves, notamment, mais comment ne pas devenir fou au milieu de ses atrocités...


Je donne un 4/5

_________________



Lectures en cours:
The strange case of Dr Jekyll and Mr Hyde and other tales of terror de Robert Louis Stevenson
catherine
catherine

Nombre de messages : 611
Age : 46
Location : Montréal
Date d'inscription : 07/02/2011

Revenir en haut Aller en bas

Jonathan LITTELL (Etats-Unis/France) Empty Re: Jonathan LITTELL (Etats-Unis/France)

Message  Invité Mar 25 Sep 2012 - 11:37

Les Bienveillantes



J´ai fini le livre hier soir. Je ne referai pas de résumé car il en a déjà été fait pas mal. Je décrirai ce livre de cette manière: c´est un roman historique: Tous les faits sur lesquels ils s´appuient ce sont déroulés comme ça (sauf un "détail" à la fin), la plupart des personnages ont vraiment existé: Speer, Eichmann, Himmler, Fegelein...et les historiens se sont accordé à dire que Jonathan littel avait fourni un travail remarquable de documentation. Au lieu d´être du côté des victimes, le lecteur est du côté du bourreau, au départ c´est gênant. Il nous fait rentrer dans ce système très compliqué: SS, SD, Werhmacht, Statspolizei ect...c´était pour les hommes de cette époque l´opportunité de faire carrière. Nombreux corps de métiers étaient concernés, cela allait du juriste jusqu´au conducteur de train.

La première partie du roman est tout simplement horrible. La description des crimes en Ukraine. Moi je n´en avais jamais entendu parler de ecs crimes là. Ensuite effectivement, le passage de plusieurs pages, les études scientifiques avec plusieurs comissions pour décider si les Bergjuden sont encore juifs, si on doit les exterminer...

J´ai trouvé aussi interessant les passages sur les camps de concentration où il est clairement expliqué que l´extermination des juifs était, pardonnez moi l´expression, un énorme business. Il y avait des calculs de rendement incroyables pour savoir comemnt utiliser les détenus dans l´économie du IIIème Reich. Des cabinets de bureaucrates étaient chargés de réléchir à ces questions là.

La chute de Berlin est également très angoissante. Les exécutions entre allemands allaient bon train. Horrible.

Les passages que j´ai sautés dans ce livre sont les passages de rêverie, ausi bien ceux liés à la guerre que ceux liés à sa soeur. Toute la période en Poméranie je l´ai lue en diagonale. C´était trop. Et j´ai aussi été déçue par la fin, que j´ai trouvé complétement délirante. Mais c´était peut être mieux comme ça après tout.

Ma note: 4/5

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Jonathan LITTELL (Etats-Unis/France) Empty Re: Jonathan LITTELL (Etats-Unis/France)

Message  Le petit montagnard Jeu 2 Déc 2021 - 13:55

Les Bienveillantes

Jonathan LITTELL (Etats-Unis/France) Littel10

Un officier S.S., le Dr. Maximilien Aue, raconte sa vie pendant la seconde guerre mondiale : le front de l'Est, le Caucase, la chute de Stalingrad, l'administration du Reich à Berlin, les hauts dignitaires nazis, les camps de concentration, et enfin l'attaque finale des armées soviétiques sur l'Allemagne. A tout cela se rajoute les délires érotiques du personnage.

Waou, un sacré roman ! Par la longueur déjà, 1400 pages en livre de poche. Par les thèmes abordées ensuite : la seconde guerre mondiale bien sûr, mais vu par un officier nazi qui était chargé de gérer et de nettoyer l'arrière du front. Il y a un énorme travail documentaire pour décrire le travail de l'administration allemande pendant la guerre. Le lecteur est submergé par les mots allemands, les grades des officiers, les abréviations des différents services, les noms.... Je crois qu'il ne faut pas chercher à tout comprendre ligne par ligne, mais au contraire se laisser un peu submerger par l'environnement pour rentrer dans cette l'histoire. J'ai beaucoup moins aimé les délires érotiques de notre bienveillant officier S.S., une partie dont j'aurais très bien pu me passer. Je n'en dits pas trop pour laisser la surprise aux futurs lecteurs.

Note : 4/5
Le petit montagnard
Le petit montagnard

Nombre de messages : 1333
Location : Toulouse - France
Date d'inscription : 13/01/2011

Revenir en haut Aller en bas

Jonathan LITTELL (Etats-Unis/France) Empty Re: Jonathan LITTELL (Etats-Unis/France)

Message  Contenu sponsorisé


Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut

- Sujets similaires

 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum