Georges DUHAMEL (France)

De : Le-réaliste-romantique (Message d'origine) Envoyé : 2007-04-14 20:11

Georges Duhamel
Auteur français 1884-1966

(l'information suivante provient du site de l'Académie française)

Secrétaire perpétuel de l'Académie française

Médecin, essayiste, romancier, poète, auteur dramatique
Biographie

Né à Paris, le 30 juin 1884.
Septième d’une famille de huit enfants, fils d’un pharmacien assez fantasque, converti sur le tard à la médecine, Georges Duhamel fit ses études au lycée Buffon, puis au lycée de Nevers, et enfin à l’Institution Roger Momenheim. Après une licence de sciences, il entama des études de médecine, qu’il devait achever en 1909. Ayant trouvé en emploi dans l’industrie pharmaceutique, il choisit néanmoins en parallèle de donner libre cours à ses aspirations littéraires.

Ayant fait partie dès 1906, avec Charles Vildrac, son beau-frère, et René Arcos du groupe unanimiste de l’abbaye, à Créteil, Georges Duhamel avait marqué son entrée dans la littérature par des poèmes, puis la publication de Des Légendes, des batailles, en 1907, L’Homme en tête et Sur la technique politique (avec Ch. Vildrac), en 1909, Selon ma loi, en 1911.

Commandant d’ambulances chirurgicales pendant la Première Guerre mondiale, Georges Duhamel allait nourrir de cette douloureuse et traumatisante expérience deux recueils de nouvelles : Vie des Martyrs et Civilisation (Prix Goncourt 1918). À la fin du conflit il choisit de renoncer définitivement à son métier de médecin pour se vouer entièrement à la littérature.

Il devait développer dans son œuvre un humanisme moderne marqué par une dénonciation des excès de la civilisation mécanique : La Possession du monde (1919), Scènes de la vie future (1930). Cet humanisme imprègne les deux cycles romanesques auxquels il consacra une large part de sa vie d’écrivain : Vie et Aventures de Salavin et Chronique des Pasquier ; ces deux ensembles dominent une œuvre abondante où se mêlent essais et romans. On citera encore : Les Plaisirs et les jeux (1922), Le Prince Jaffar (1924), La Pierre d’Horeb (1926), Le Voyage à Moscou (1927), Fables de mon jardin (1936), La Musique consolatrice (1944), Souvenirs de la vie du Paradis (1946), Tribulations de l’espérance (1947), Le Bestiaire, et l’Herbier (1948), Le Voyage de Patrice Périot (1950), Cri des profondeurs (1951), Les Compagnons de l’Apocalypse (1957), Le Complexe de Théophile (1958).

On doit aussi à Georges Duhamel plusieurs volumes de mémoires : Biographie de mes fantômes, Le Temps de la recherche, La Pesée des âmes, Les Espoirs et les Épreuves, ainsi qu’un journal posthume, Le Livre de l’amertume.

Chroniqueur à Candide en 1931, puis au Figaro à partir de 1935, Georges Duhamel, marqué par la guerre, qui avait fait de lui un ardent pacifiste, œuvra un temps pour le rapprochement avec l’Allemagne. Les menées hitlériennes devaient cependant le conduire à modifier ses positions et à dénoncer à partir de 1939 le pacifisme intégral et les accords de Munich.




De : Le-réaliste-romantique Envoyé : 2007-04-15 14:21

Le notaire du Havre Chronique des Pasquier I

Georges Duhamel

1933

La Chronique des Pasquier raconte l'histoire de cette famille. Le notaire du Havre nous présente cette famille alors que les enfants sont encore jeunes, vers 1890. La chronique est narré par Laurent, le troisième garçon de la famille, le rationnel mais sensible qui deviendra plus tard biologiste. Les autres enfants sont Joseph, le capitaliste, Ferdinand, le bureaucrate myope, Céline, la musicienne aérienne, et Suzanne, la belle et jeune dernière. Le père, à l'image de celui de l'auteur, est fantasque et s'emballe souvent pour de nouveaux projets catastrophiques pour les finances de la famille. La mère fait à chaque fois des pieds et des mains pour sauver son ménage. Dans le notaire du Havre, Laurent n'a qu'une dizaine d'année. La famille attend alors des nouvelles d’un évasif notaire du Havre qui doit leur apporter un tant espéré et attendu héritage. Mais le testament de la tante était bien complexe, et l'on doit confirmer le décès de deux nièces éloignées dont on a perdu contact il y a de nombreuses années quelque part au Pérou. Néanmoins, la famille croit en cet argent, trace des plans d’avenir, déménage dans plus grand et initie des achats. Toutefois, les nouvelles du notaire se font attendre, les délais s’additionnent, car les recherches ne portent pas fruits. Les traites plus élevées commencent à s'accumuler. Le livre raconte la présence omnisciente du sujet de l'argent qui travaille cette famille. Le père, sanguin et fonceur, démoli inconsciemment à reprises les efforts de sa femme pour alléger leur situation financière. Le notaire du Havre nous permet aussi de découvrir les différents enfants, de caractères très différents, ainsi que la vie qu'ils mènent, les interactions avec les voisins et amis.

L'écriture est un peu vieillotte, mais ça lui donne aussi énormément de charme. Le récit du jeune narrateur est très intéressant, alors qu’il tente de comprendre le fonctionnement du monde en observant son étrange entourage. Le livre est divisé en courts chapitres qui présentes diverses aventures, similaire à un feuilleton. De plus, les différents tomes de la chronique permettent de suivre l'évolution de cette famille, lorsque les protagonistes vieilliront et les enfants s'envoleront hors du nid familial. Je me lance dès maintenant dans la suite.

4/5

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De : Le-réaliste-romantique Envoyé : 2007-04-15 20:08

Le jardin des bêtes sauvages Chronique des Pasquier II

Georges Duhamel

1934

Ce tome se déroule vers 1894-1895, Laurent Pasquier le narrateur est maintenant âgé d'une quinzaine d'années. Les fréquentations de son ami Justin Weill et de Valdemar Henningsen, un jeune homme qui habite au dessus des Pasquier, pousse Laurent à rechercher la pureté et le dépassement de soi. Toutefois, il se heurte à la dure réalité de la vile nature humaine en son frère Joseph qui ne cherche qu'à amasser à tout prix de l'argent, et son père qui entretient une maîtresse. Laurent est particulièrement ébranlé par cette tromperie paternelle, il s'en sent humilié et souillé. Il cherche même à intervenir pour mettre fin à cet adultère, mais apprend, scandalisé, que ce n'est pas le premier ni le dernier. L'adolescence n'est pas facile pour celui qui rêve de quêtes abstraites dans une famille où les questions prosaïques occupent toute l’espace. La situation financière est toujours aussi critique, le père étant continuellement presque en voie de réaliser une bonne affaire, de réussir des examens, sans jamais y arriver. Mais les autres enfants aussi vieillissent. Céline se révèle être particulièrement douée pour le piano, au point que Valdemar, artiste qui n'arrive pas à jouer au niveau de ses aspirations, lui offre un piano demi-queue qui bloquera toute une pièce du petit appartement de la famille. Mais le talent de Céline permettra heureusement à Laurent de s'élever vers des cieux plus élevés, loin des petits calculs quotidiens de sa famille.

Un autre bon tome de la Chronique des Pasquier.

4/5

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De : Le-réaliste-romantique Envoyé : 2007-04-16 12:38

Vue de la Terre promise Chronique des Pasquier III

Georges Duhamel

1934

Nous sommes en 1899, la famille Pasquier déménage à Créteil, alors la frontière de la campagne. Le père a enfin passé ses examens, il peut maintenant exercer la profession de médecin. Le pavillon de Créteil servira cette nouvelle situation, il permet d'accueillir les patients en consultations. Mais les caractères très différents des enfants s'affirment, et chacun cherche maintenant sa voie à l'extérieur de la famille. Les plus vieux pensent carrière et mariage.

"Je commençais de comprendre, dès le temps de ces fiançailles, que si l'âme d'un homme est un domaine secret et difficilement accessible, il est une retraite mieux close et plus ténébreuse encore et que c'est l'âme d'un couple."

Laurent approche vingt ans et passe de plus en plus de temps auprès de ses collègues de la Sorbonne. Entre Céline et Valdemar, il y a projet de mariage, mais chacune des familles voit ce projet d'un mauvais oeil. Le père continue avec ses frasques ruineuses : l'achat d'une automobile, la maison trop éloignée, l’achat d’un terrain enclavé et inutile, des maîtresses... La tension monte aussi entre Jospeh et Laurent, alors que Laurent veut affirmer sa différence en brûlant son premier billet de 1000 francs. Mais...

"Ils mettent leurs coudes sur la table. Ils parlent en mangeant et veulent qu'on les comprenne. Ils n'aiment pas les choses que j'aime. Ils aiment les choses que je n'aime pas. Et pourtant, ce sont mes frères, ce sont les miens, ceux de mon clan. Et, malgré tout, je les aime."

Encore un tome intéressant et agréable à lire.

4/5

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De : Le-réaliste-romantique Envoyé : 2007-04-17 19:50

La nuit de la Saint Jean Chronique des Pasquier IV

Georges Duhamel

1935

En 1905, le fil Joseph brasse maintenant de grosses affaires. Pour illustrer sa réussite, il achète un domaine en province. Il veut pendre la crémaillère et célébrer "l'orgueil-de-joseph" par une fête qui réunit toute sa famille ainsi que quelques autres invités distingués : un peintre, un poète et deux savants. Toutefois, Joseph ne peut tolérer l'imperfection, et il talonne sa famille pour qu'ils ne commettent pas d'impairs. Mais monsieur Pasquier ne serait pas lui-même sans quelques comportements saugrenus... Des liens intimes unissent maintenant plusieurs des divers invités, la nuit chaude de la Saint-Jean sera le théâtre du dénouement de plusieurs de ces histoires.

Ce tome se distingue des précédents sur plusieurs aspects. D'abord, il introduit plusieurs nouveaux personnages qui ne sont pas que figurant. Ensuite, le style est différent. Laurent n'est pas le narrateur, la narration est externe. En fait, le préambule signé Laurent Pasquier indique que ce texte proviendrait plutôt de son ami Justin Weill, pirouette qui permet à l'auteur de modifier son écriture. Et ce rythme plus serré me déplaisait un début, mais il permet à l'auteur de dramatiser son récit, ce qui rend le récit de la nuit de la Saint-Jean très palpitant, un effet nouveau dans cette chronique. Finalement, j’ai aussi apprécié ce livre que les autres, mais pour d’autres raisons.

4/5

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De : Le-réaliste-romantique Envoyé : 2007-04-30 20:27

Le Désert de Bièvres Chronique des Pasquier V

Georges Duhamel

1937

En 1907, Laurent Pasquier et bon nombre de ses copains choisissent de tourner le dos au siècle qu'ils jugent dément et décadent. Ils dénichent une grande maison en campagne et tentent d'y recréer une communauté fondée sur l'épanouissement et la concorde. Ils ouvrent une imprimerie, Le Désert, pour assurer leur subsistance, mais chacun compte surtout travailler leurs projets personnels : peinture, écriture, science... Toutefois, la vie en commun n'est pas facile et l'argent vient toujours saper les belles utopies.

Dans ce tome, l'on fait la connaissance de nombreux nouveaux personnages. J'ai bien aimé le récit de cette tentative de vie alternative, surtout que Laurent a beaucoup souffert de sa jeunesse où l'argent était toujours au coeur des préoccupations. Il faut aussi placer cette histoire dans son contexte : en 1906, l'exposition universelle et son "progrès" n'était pas loin, l'affaire Dreyfus n'était pas oubliée, Zola venait de publier ses "évangiles" et les idéologies comme le communisme n'avaient pas encore de sang sur les mains. Le rêve d'avancement de l'humanité était encore permis. Le projet s'étend sur une année, du printemps rempli d'espoir, l'été plein de projets, à l'automne sombre et l'hiver froid qui "tue" la nature. Certains pourraient dire que c'est un truc un peu facile pour l'auteur, mais c'est tout de même charmant.

4/5

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De : Le-réaliste-romantique Envoyé : 2007-05-01 20:09

Les maîtres Chronique des Pasquier VI

Georges Duhamel

1937

1908-1909. Après l'échec du Désert de Bièvres, le groupe d'ami ne se fréquente plus tellement. Laurent Pasquier reprend ses travaux de biologie. Il décide de partager son temps de travail dans deux laboratoires, sous de grands maîtres qu'il admire. Mais à force de voir évoluer ces scientifiques de près, il reverra son impression. Il découvre que ces hommes sont tenaillés par des idées basses et mesquines. Laurent se retrouve témoin d'un affrontement de cours de récréation plutôt que de science de haute voltige.

La forme de ce tome est différente des précédents : c'est un livre épistolaire, où l'on suit Laurent à travers les lettres qu'il envoie à son ami Justin parti au loin.

J'ai travaillé dans de tels milieux, et des combats vils peuvent se jouer dans les corridors de centres de recherche. L'histoire est intéressante, mais parfois trop technique, même si c'est pour augmenter la crédibilité. Cent ans plus tard, la biologie a bien évolué, même la terminologie n'est plus la même. Un tome légèrement moins intéressant que les autres.

3,5/5

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De : Le-réaliste-romantique Envoyé : 2007-06-03 18:51

Cécile parmi nous Chronique des Pasquier VII

Georges Duhamel

1938

Ce tome se concentre sur l'ainée des filles Pasquier, la célèbre pianiste Cécile. À la surprise de tous, la jeune femme immatérielle qui planait au-dessus de la charnelle humanité de ses semblables a choisi d'épouser Richard Fauvet, un ancien collègue du biologiste Laurent Pasquier, mais qui a plutôt bifurqué vers une carrière en lettres. Cécile s'unit à cet homme pour créer une oeuvre tangible : un enfant qu'elle adore. Toutefois, Richard n'a pas les mêmes attentes face à son union, et les époux s'éloignent avec les années. Chacun désire demeurer uni à l'autre, mais ceci demanderait des concessions inacceptables aux partenaires. Le spectre d'un choquant adultère hante Cécile, la tension monte entre les époux. Justin Weil, amoureux éconduit, n'a pas oublié Cécile, rôde autour du couple. Le dénouement ne peut qu'être tragique, les caractères sont trop opposés et bouillants.

Cet excellent tome, similaire en ceci à La nuit de la Saint-Jean, est très dramatique. Il est plus facile de se passionner pour les personnages qui vivent un drame que pour ceux qui servent à démontrer une hypothèse. Le talent de Duhamel n'est alors plus aussi contraint, l'auteur nous accroche complètement.

La religion fait finalement une entrée ambivalente dans la série : inacceptable pour le matérialiste et athée Laurent, mais salvatrice pour Cécile.

C'est le tome de la série que j'ai le plus apprécié.

4,5/5

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De : Le-réaliste-romantique Envoyé : 2007-06-03 18:51

Le combat contre les ombres Chronique des Pasquier VIII

Georges Duhamel

1939

Laurent Pasquier est maintenant responsable d'une équipe de laboratoire, mais il éprouve quelques difficultés à cause du directeur de l'Institut où il travaille. La vexation ultime se nomme Birault, un préparateur incompétent et dérangeant imposé par le directeur. Laurent tente de le renvoyer, mais le directeur le protège. Sur les conseils d'un ami, Laurent écrit un article général à ce sujet dans un journal public pour accélérer le dénouement de la situation. Mal lui en pris, car, telle l'outre des vents ouvert par les compagnons d'Ulysse, ce petit entrefilet va déchaîner une tourmente emportera Laurent, remettra en question sa crédibilité, son travail, sa carrière et même sa moralité. À la veille de la Première Guerre Mondiale, Laurent se retrouve dans le no man's land d'une guerre entre la gauche et la droite, où des forces politiques tenter de l'immoler ou de le sacrifier, pour l'atteinte de leurs propres objectifs. La polémique trouve même des échos dans les quotidiens allemands, manipulée par la propagande.

Ce tome, tel Les maîtres, dépeint fidèlement un milieu scientifique mieux connu pour ses réalisations et légendes que pour ses intrigues, cabales et trahisons. Mais ceci est parfois aux dépends de mon intérêt. Toutefois, l'auteur montre bien la faiblesse humaine; la fuite des collègues qui sentent le roussi et se cherchent un allié moins compromis. Le livre, écrit à la veille de la Seconde Guerre Mondiale, illustre comment on peut facilement être obnubilé par ses petites mésaventures, alors que gronde au pas de sa porte la terrible machine à broyer les hommes.

3,5/5

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De : Le-réaliste-romantique Envoyé : 2007-06-05 20:08

Suzanne et les jeunes hommes Chronique des Pasquier IX

Georges Duhamel

1941

Suzanne a toujours été la plus belle fille. Depuis l’adolescence, tous les garçons succombent à ces charmes, ce qui n’est pas sans inquiéter sa famille, car Suzanne aime à jouer au flirt. Toutefois, elle n’en garde aucun, elle jette les garçons comme de vieilles chaussettes, lorsqu’ils s’usent et deviennent ennuyants. La vie dans un ménage ne l’attire pas, elle choisi de donner sa vie au théâtre et joint une petite troupe d’avant-garde. Après plusieurs années de labeur, la troupe réussit à se mériter une bonne réputation dans le dur milieu parisien.

Toutefois, à 28 ans Suzanne vis de nombreuses frustrations. Elle découvre les sombres rouages de ce milieu, on la remplace par une plus jeune ou encore par une plus pistonnée. Excédé, Suzanne claque la porte et s’enfuit avec son ami Philippe Baudoin. Ce dernier amène Suzanne à la campagne, dans le champêtre domaine où vit toute la tribu, une famille qui respire la concorde et le bonheur. Les plaisirs mais aussi les tâches sont partagés, on est gentil avec tous et chacun, on accepte les épreuves avec sérénité. Suzanne est charmée par cette dynamique qui lui est inconnue, mais elle ne peut se sortir le théâtre du sang. Suzanne balance entre le calme bonheur de la vie Baudoin, et la passion fiévreuse mais destructrice des planches.

La famille Baudoin est tellement bonne, qu’elle en perd sa crédibilité. Ses membres ne vivent que pour la nature ou des activités culturelles. La présence de Suzanne générera bien quelques tensions entre les garçons, mais l’esprit familial aura vite fait de reprendre le dessus et tous se réconcilieront. La famille Baudoin est l’antithèse de la famille Pasquier, où tous et chacun sont travaillés par des passions telle l’avarice et la luxure.

Il y a de nombreuses références théâtrales, mais je n’ai pas pu toutes les apprécier à leur pleine valeur. Il m’arrivait de soupçonner un auteur ou une œuvre, sans réussir à l’identifier complètement.

4/5

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De : Le-réaliste-romantique Envoyé : 2007-06-05 20:09

La passion de Joseph Pasquier Chronique des Pasquier X

Georges Duhamel

1944

Joseph Pasquier est présent dans presque chacun des livres de la série. Avare, matérialiste, manipulateur, menteur et magouilleur, il est le personnage que l'on aime détester. Il fascine et dérange, car il excelle dans son domaine…et réussi. Tous et chacun peuvent servir son enrichissement, même les membres de sa famille. La passion de Joseph Pasquier débute alors qu'il a 51 ans, riche magnat qui touche à tous ce qui peut rapporter : hôtellerie, vignoble, pétrole, immobilier, électroménagers, importations... Président de dix-neuf conseils d'administration, l'homme qui ne s'assoit jamais vise la reconnaissance d'un nouveau milieu : le milieu artistique. Avec ses importants moyens financiers, il s'est rapidement imposé comme amateur reconnu de peinture, encourageant les artistes montants. Il cherche aujourd'hui à conquérir le monde littéraire : il brigue une place à l'Institut des lettres, fier de ses deux livres, que les mauvaises langues disent écrits par son secrétaire. Cette visée pose quelques problèmes au riche magnat, car bien qu’une place à l'Institut se gagne et se négocie à la dure comme toute bonne affaire, les lettrés ne succombent pas aux mêmes duperies que les capitalistes. Parallèlement, Joseph éprouve quelques ennuis de santé, et les difficultés apparaissent au sein de sa famille. Pour couronner le tout, une affaire de pétrole mexicain lui cause de gros soucis, nécessitant toujours plus de dépenses. Le géant vacille, il craint un début de fissure et s'en inquiète.

Le tome ultime de la série des Pasquier. Duhamel met enfin le projecteur sur ce personnage présent en arrière-plan de presque tous les tomes. Le personnage était parfois inhumain, souvent détestable, alors le lecteur éprouve un plaisir coupable à savourer son déclin. L'auteur montre le côté tristement avare du personnage, de celui qui ne réussi jamais à se couper de sa pauvreté originelle. L’auteur évite toutefois le larmoyant ou une indulgence excessive. Un autre excellent tome de la série.

4,5/5

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Confessions de minuit

Premier tome des aventures de Salavin.
 
À Paris au début du XXe siècle, un employé de bureau perd sa place parce qu’il a un geste déplacé. Presque trentenaire, célibataire, il vit encore avec sa mère. Celle-ci le chouchoute, reçoit une pension et effectue quelques travaux, donc il peut trainer avant de se retrouver un emploi. Et ça traine effectivement. Il observe sa déchéance, se lie avec des partenaires d’infortune et se questionne sur son avenir : toujours vers le fond ou y a-t-il un espoir de s’en sortir?
 
 Ouah, comme j’ai aimé cette lecture. C’est dans le veine des petits travailleurs de bureau de Paris, de spirale vers la misère (pardessus élimé, une seule chemise à protéger, etc). Le style est ironique et grinçant, plutôt comme Colette que le style formel de Mauriac ou Roger Martin du Gard. Plein de petits moments de la vie de Salavin.
 
« Il regarda l’heure à la gare de Vincennes. Il se trouvait en avance de vingt minutes. « Si je vais tout de suite au bureau, il me faudra travailler 20 min de plus. Si je reste sur un banc du boulevard, je prendrai froid. Si je marche, je vais user mes chaussures. Tant pis! marchons. »
 
Je vais continuer avec la lecture des autres.
 
4,5/5

RR

CONFESSION DE MINUIT
Georges Duhamel
Editions de la Belle Etoile - 2020 - 174 pages



Ce roman écrit en 1920 est le premier d’une série de cinq. C'est la longue confession de Salavin un soir de profond désespoir faite à un inconnu rencontré dans un bar.

Louis Salavin est un modeste employé de bureau qui dès qu’il a fini son travail rentre chez sa mère avec laquelle il partage un modeste appartement dans le quartier de la rue Mouffetard.  Un jour lui vient l’idée folle d’effleurer l’oreille de son patron qui est assis devant lui. Ce dernier le renvoie sur le champ. Sans emploi, il va pendant des jours se traîner sur le canapé ou parcourir les rues à la recherche d’un éventuel travail auquel il ne croit pas. Il accompagne ses jours d’un long monologue sur le sens de sa vie, sa place dans la société et porte sur lui un regard désenchanté, plein de dérision. Il se trouve inutile et son désarroi va en s’accentuant. Il n’a qu’un ami, avec lequel il partage peu de choses, n'a pas de famille. Il échoue en amitié, auprès des femmes. Il finit par se faire à l’idée de vivre au crochet de sa mère qui s’use les yeux pour maintenir le ménage à flot. Salavin  est un homme intelligent qui pose un regard lucide sur son inappétence à vivre, ses échecs, ses doutes, ses fantasmes qui l’effraient. Il regarde avec lucidité un monde qui se dérobe devant lui et se découvre complètement inadapté à celui-ci. Il est étranger à ce qui l’entoure.
Que voulez-vous, Je ne suis presque jamais sorti de Paris; je n’ai rien vu, je ne sais rien, ie suis un homme quelconque, un homme insignifiant, oui, oui, insignifiant. Je n’ai rien à vous raconter d’extraordinaire. Toutes mes aventures me sont arrivées en dedans », confie Salavin à l’homme qui l’écoute dans le bar.

C’est un anti-héros que Georges Duhamel rend attachant grâce à une écriture simple, précise, sobre, sans digression. c’est un texte très profond. Le médecin Duhamel a pris le temps d’observer l’âme humaine de ses patients dans son cabinet.

Vraiment un texte et un auteur à redécouvrir!


Note : 5/5

Deux hommes

Suite des aventures de Salavin, mais le livre débute plutôt en se concentrant sur Édouard, l’antipode de Salavin, car tout lui réussit. Édouard rencontre toutefois Salavin par hasard vers le tiers du livre, et une amitié fusionnelle nait de cette rencontre improbable. Des années ont passé depuis Confessions de minuit, ils sont maintenant mariés et ont un jeune enfant, mais vivent dans des conditions différentes. Le lecteur de Confessions de minuit se demande si ce livre se situe dans la série des Salavin tellement c’est positif et merveilleux pendant un bon moment, similaire au sentiment que j’ai ressenti en cours de lecture des Une page d’amour ou Le rêve dans les Rougon-Macquart, mais on se dit qu’il y a sûrement anguille sous roche, parce qu’on connait Duhamel. Et, effectivement, le beau tableau fini par craquer.
 
Les premières parties du livres m’ont décontenancé, comme si le vinaigre des Confessions de minuit avait été remplacé par du miel. Mais j’aime la plume de Duhamel, j’ai apprécié ces pages et continué allègrement. Je pensais mettre une note moyenne, jusqu’au revirement de situation. Duhamel lève alors le couvercle et montre ce qui bouillonnait derrière l’apparence idyllique de cette relation. La différence de niveau de vie et de destin crée une tension dans leur relation. La personnalité de Salavin aussi pèse sur celle-ci, car aujourd’hui on lui identifierait une dépression ou un trouble de personnalité, car il est de ces personnes qui deviennent inquiètes lorsque leur vie semble s’améliorer et travaillent même parfois à saboter pour se donner raison d’être inquiet. Cette description des difficultés cachées derrière cette relation masculine m’a touché et j’ai fortement apprécié cette lecture. J’ai aussi connu des gens comme Salavin.
 
Je suis donc encore content de mes lectures de Duhamel et je vais continuer.
 
4,5/5

RR

Georges Duhamel raconte la chronique d’une famille modeste  de quatre enfants à Paris au XIX EME Les parents Raymond et Lucie, les enfants Joseph, Ferdinand,le narrateur Laurent et Cécile

Le notaire du Havre est le premier tome
Mme Pasquier reçoit l’héritage de son père parti en Amérique du Sud avec ses filles ainées mais une partie se compose de titres qui ne pourront être vendus avant le décès et la seconde dépend de la preuve de la mort de ses 2 sœurs. Certains de recevoir les fonds  Mr Raymond Pasquier arrête de travailler afin de passer des examens et la famille déménage dans un logement plus grand. Mais les nouvelles du Havre tardent à venir


Dans le prologue  le narrateur Laurent raconte la vie de la famille au sens large et présente les protagonistes qui figureront dans la chronique qui compte 10 tomes si bien que le roman est fluide et on se repère dès le début

Laurent a environ 7 ans au début de l’histoire du fameux héritage  Le père est un homme un peu dandy qui vit au dessus de ses moyens sans vraiment se préoccuper que ses agissement peuvent nuire à la famille  alors que la pauvre Lucie s’échine à tenir sa famille à flot au moins il ne boit pas et il n’est pas violent contrairement au père de l’ami Désiré. De nombreuses famille modestes dans le Paris de la fin du XIX eme devaient ressembler aux Pasquier
Un bon moment de  lecture je vais continuer avec plaisir la série
4/5

LES MAITRES
Georges DUHAMEL
Folio 242 Pages
016/2023
 
Résumé (4° de couverture)

Afin de préparer sa thèse de médecine en même temps que celle de doctorat ès sciences, Laurent Pasquier, qui travaille dans le laboratoire du professeur Chalgrin, sollicite un poste de préparateur auprès d'une autre sommité de la biologie : le professeur Rohner. Le premier citant avec éloge les travaux du second, le choix de ces maîtres semble parfait. Laurent ne tarde pas à s'apercevoir qu'il s'est montré naïf : la courtoisie des propos dissimulait une âpre rivalité que l'intervention démoniaque d'un camarade de Laurent fait éclater au grand jour. Rohner use des pires armes sans le moindre scrupule pour s'assurer la préséance. Savoir mis à part, « les maîtres » ne valent donc pas mieux que les autres ? Amère constatation qui se dégage du tas lettres adressées par Laurent à son ami Justin - on voit en contrepoint agir les familiers de l'ample Chronique des Pasquier dont ce volume est le 6ème tome.

L’auteur, le livre et moi
 
Voici un auteur important du XXème siècle qui m’est offert de découvrir. Le nom bien sûr était loin de m’être inconnu, mais l’œuvre, elle, oui. J’ai pioché cette première lecture dans les bacs d’une bouquinerie. Les titres ne manquaient pas, mais celui qui avait préalablement retenu mon attention « Civilisation », lauréat du Goncourt 1918, n’y était pas. J’ai donc laissé faire le hasard… qui fera peut-être bien les choses.
 
Mon avis
 
   Imaginez vous prendre place à la table d’une famille dont vous ne connaissez aucun membre et qui n’est pas vraiment de votre « monde ». Au-delà de cela les discussions parlent de sujets dont vous n’avez aucune maîtrise. Pas facile, n’est ce pas d’y trouver sa place ? C’est en tout cas le ressenti que j’ai eu en tournant les premières pages, je devrais dire les premiers chapitres de ce roman. Et puis, par politesse dans un premier temps, et par curiosité dans un second, tous les convives ont commencé à m’intéresser.  J’ai été plus attentif aux événements et aux discours pour terminer avec la sensation d’avoir passé un bon moment. Je ne manquerai pas de me faire inviter une nouvelle fois à la table de George Duhamel pour confirmer ce sentiment.
 
Ma note : 3,5 / 5

DKOIS Tu n'as pas lu le début ?

Kattylou: Non, j'ai choisi ce livre totalement au hasard. Me suis rendu compte plus tard qu'il devait s'agir d'une saga familiale et que le fait de ne pas l'avoir aborder dans l'ordre me poserai quelques difficultés. Mais bon... même en ayant pris le train en marche, j'ai apprécié le style de l'auteur. Je serai désormais plus vigilant

Journal de Salavin

Salavin est toujours marié, sa mère partage leur foyer, mais il a perdu son seul enfant. Il a un emploi, mais décide de s’élever et de cherche à devenir un saint. Il doit d’abord changer son attitude et devenir gentil et bon avec les gens, même ceux qui ne le méritent pas. Qui a dit que la sainteté est facile? Il persévère et pousse jusqu’à quitter son foyer et faire le vide autour de lui, pour se tester (je plaignais sa femme).
 
J’ai beaucoup moins aimé ce volume des aventures de Salavin. Sa quête me semblait un peu puérile, car souvent il choisissait d’ignorer les effets (sur ses proches) ou se faisait royalement rouler alors qu’il croyait aider. C’est le personnage, mais ça peut être dérangeant à observer.
 
3/5

RR

Le notaire du Havre
Chronique des Pasquier - Tome 1
Folio - 224 pages

Quatrième de couverture : "- Mme Delahaie est morte, dit papa. Maman devint toute pâle. - Est-ce possible ? - Vois toi-même, répondit papa. C'est une lettre du notaire. Et il enleva son pardessus. Il avait un vêtement de coupe élégante, mais qu'il jugeait fané, ce dont nous ne pouvions nous apercevoir. Maman dépliait la lettre. Soudain elle se cacha le visage dans son tablier et se prit à pleurer. Papa souriait, le sourcil dédaigneux. Joseph s'écria : - Ne pleure pas, maman. Puisqu'on ne l'aimait pas, c'est pas la peine de pleurer."

Mon avis : quelle bonne idée que cette rubrique des auteurs oubliés pour découvrir des petits "bonbons" littéraires comme celui-ci. Je ne le résumerai pas à nouveau, mes prédécesseurs s'en sont chargés.
Ce roman se lit tout seul, aidé en cela par la plume vive, acérée et surtout très drôle de l'auteur. Tout ce que j'aime y est : des personnages très attachants, même dans ce qu'ils ont de plus déplaisants (le père Pasquier notamment et son égocentrisme pathétique) et un cadre très bien rendu : le Paris de la fin du XIXème, on s'y croirait ! Le fait que le narrateur soit un enfant de 7 ans ajoute un charme indéniable à ses observations, on se régale.
J'ai hâte de retrouver Laurent et toute sa famille dans les prochains tomes.

Ma note : 4/5

Le temps de la recherche 
1946

Duhamel revient sur sa « jeunesse » et raconte sa vingtaine des années 1906-1914. Il termine des études de médecines, fonde l’Abbaye de Créteil (une sorte de commune autour d’un atelier d’impression), fait des recherches en biologie, obtient ses premiers succès littéraires, en particulier au théâtre, et fonde un foyer.
 
C’est un livre pour les amateurs féroce de Duhamel, ou les amoureux du début du siècle. J’ai aimé le style d’écriture vieillot mais quand même allègre, comme ses autres livres. On apprend aussi que beaucoup d’éléments que l’on retrouve dans les différentes chroniques des Pasquier sont inspirés de sa vie personnelle : l’Abbaye dans le Désert de Bièvre, il a vécu à Bièvre, l’actrice Suzanne est sa femme, il a travaillé en laboratoire… Et c’est là où mon intérêt s’est étiolé : je ne suis pas intéressé à ce point par les détails de la vie de Duhamel, et il cite grand nombre de noms et d’événements que je ne connais pas. Les souvenirs remontaient à moins de 40 ans lors de la publication, mais ça fait maintenant plus d’un siècle. Ah oui, il a aussi connu un vrai Salavin.
 
Mais ce qui m’a surtout fait continuer est que je devais lire le livre avec un coupe papier! C’est une édition de 1946 et les pages étaient alors imprimées sur de grandes feuilles pliées en 8 ou 16. Selon la qualité de l’édition, on en coupait/sablait pas toujours les côtés. Pour la mienne, les bords des pages n’étaient pas toujours alignées et je devais séparer le côté et le dessus pour chaque groupe de 8 pages.
 
2,5/5

RR