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Simone de BEAUVOIR: Une mort très douce

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Simone de BEAUVOIR: Une mort très douce Empty Simone de BEAUVOIR: Une mort très douce

Message  Prospéryne Sam 29 Nov 2008 - 19:30

De : Mousseliine (Message d'origine) Envoyé : 2007-01-20 22:50

Une mort très douce
(Gallimard/Folio, 1972, 151 pages)
La mort de sa mère est un sujet qui a été maintes fois abordé dans la littérature francophone et traité il me semble toujours de la même façon, en fait j'ai lu un seul récit du genre ("Un après-midi de septembre" de Gilles Archambault) avant "Une mort très douce" de Simone de Beauvoir mais j'ai vu maintes critiques défilées dans le club des rats.

Par la suite ayant lu ce chef-d'oeuvre qu'est "Tandis que j'agonise" de William Faulkner et encore ce presque chef-d'oeuvre de James Agee, "Une mort dans la famille" où cette fois il est question de la mort du père vue par un enfant de six ans, un récit comme "Une mort très douce" me paraît très étroit, réduit à l'intérêt seul de l'auteur. J'avoue que j'ai aucun attrait pour la mère de Simone de Beauvoir. J'ai moi-même ma mère qui vieillit avec tous les problèmes de santé qui s'ensuivent. Simone de Beauvoir a juste le talent d'exprimer avec de jolis mots les moments difficiles qu'elle traverse. Mais ça, tant d'autres peuvent le faire aussi bien. A la limite c'est narcissique ce genre de récit, penser que la mort de sa mère peut intéresser le monde entier. D'accord quand le traitement est original et magistral comme chez Faulkner et Agee alors là oh oui! mais "Une mort très douce" n'est presque rien d'autre que le récit d'une femme qui raconte l'agonie de sa mère avec les thèmes habituels : l'acharnement thérapeutique, le questionnement sur l'euthanasie, les remords, les retours dans le passé sur les relations avec la mère, relations généralement conflictuelles.

N'empêche que Simone de Beauvoir écrit bien et malgré mes réticences premières j'ai fini par me laisser convaincre non pas par le récit mais c'est plutôt la personnalité de l'auteur qui m'attire, j'ai le goût d'en savoir davantage sur elle. Simone de Beauvoir semble être à l'écart des conventions et je me sens toujours proche de ces gens-là.

Alors je suis entre deux eaux, ce récit me donne l'impression d'avoir perdu un temps-lecture si précieux mais en même temps il a soulevé mon intérêt envers Simone de Beauvoir, la femme peut-être plus que l'écrivaine. Si j'avais entre les mains "Mémoires d'une jeune fille rangée" je m'y mettrais aussitôt.

Note : 3,5/5
(Mousseline)

Voilà et j'espère que d'autres razérates vont le lire aussi, je suis très curieuse de connaître vos impressions. Ça se lit très rapidement.


De : SphinxCoco Envoyé : 2007-02-09 07:04
Une mort très douce
Simone de Beauvoir

Derrière cet oxymore se tient un court récit autobiographique relatant la maladie et la longue agonie de la mère de Simone de Beauvoir, Françoise.

Le témoignage est bouleversant, les termes reflètent durement la réalité : "ce n'était plus ma mère mais un pauvre corps supplicié".
Il est difficile de se confronter à la mort de la mère, figure de référence, reflet de notre personnalité. Simone de Beauvoir le vit mal bien sûr, et en veillant sa mère mourante, elle repasse dans sa tête des petites tranches de vie, tantôt joyeuses, tantôt dures, à l'image du caractère de sa mère.

Par amour, elle et sa soeur Poupette vont mentir à leur mère ; une sorte de dernier péché pour qu'elle parte paisiblement... Elles lui font entrevoir une possible installation chez Poupette après son rétablissement ; son opération, pour tenter d'ôter les tumeurs cancéreuses qui polluent son intestin, se transforme en simple péritonite. Il faut faire vite, embellir ce qu'on peut et lui faire garder espoir.

C'est beau et très émouvant. Simone de Beauvoir retranscrit très bien la peur devant la mort, la souffrance du malade mais aussi celle de ses proches. On réfléchit sur l'euthanasie, l'acharnement thérapeutique... difficile d'appréhender la fin, même si elle est inéluctable, de ses proches.
La mort, pour laquelle elle dit très justement en fin de récit "le malheur, c'est que cette aventure commune à tous, chacun la vit seul".
C'est juste et logique, mais assez effrayant.

Ma note : 4/5

SphinxCoco


De : gallomaniac Envoyé : 2007-02-13 08:02
Une mort très douce, Simone de Beauvoir. Ma note 3/5
Gallimard 1964, Folio 1972, 152 pg.

On retrouve l'aisance des mots de De Beauvoir dans ce livre sur la dernière maladie et la mort de sa mère. Le livre a trop le caractère d'un rapport détaillé, parsemé de quelques flash-backs. Simone réfléchit sur la rélation difficile qu'elle a eu avec sa mère et cite celle-ci "Les parents ne comprennent pas leurs enfants, mais c'est réciproque." La mort étant un moment d'absolu, c'est le moment de se libérer de remords et elle reconnait que sa mère l'a aimée plus qu'elle n'a cru, et qu'elle-même a été cruelle pour sa mère dans ses livres. Elle décrit bien que, si près de la mort, la démarcation entre les personnes est forte. Mais je ne sais pas si elle a vécu avec sa mère cette intimité plus intense qui surgit souvent à l'approche de la mort d'une personne proche malgré ou grâce à cette démarcation. Le chapitre du deuil à la fin est le plus émouvant, et Simone ne serait pas Simone si'il n'y avait une petite part de pensée philosophique sur la mort.
Le livre a été écrit dans un temps qu'il y avait encore un tabou sur toutes formes d'euthanasie. Simone de Beauvoir a osé mettre en question aussi ce tabou.


De : doriane99 Envoyé : 2007-02-14 16:14
Une mort très douce

Simone de Beauvoir nous raconte son vécu durant l'agonie et la mort de sa mère.

Un "roman" intimiste. C'était pour moi une relecture, j'en avais gardé le souvenir d'un livre touchant. Connaître un peu mieux l'auteure m'a permis de vivre au plus près ses sentiments. Aborder les thèmes de l'acharnement thérapeutique ou de l'euthanasie à cette époque sont une vraie preuve de courage et on reconnaît bien là celle qui a voulu bousculer les idées reçues. Un livre émouvant.
3,5/5


De : loup_en_vadrouille Envoyé : 2007-03-03 16:32
Une mort très douce, Simone de Beauvoir.

Un livre court d'où jaillissent des éléments essentiels à notre réflexion sur la maladie et la mort. Les thèmes de l'euthanasie et de l'acharnement thérapeutique sautent aux yeux. Mais il est aussi question du rapport au corps malade (le redéfinir? mais comment?), de la douleur, des relations soignant-soigné. Ces thèmes ne sont pas approfondis mais ont au moins le mérite d'être évoqués.
Bien sûr, c'est une histoire intime. Pourquoi s'intéresser à la souffrance et à la mort d'une vieille femme qui nous est inconnue? Mais cette vieille femme, c'est ma mère, la vôtre, c'est nous. Car s'incarnent en elle la maladie et la mort; ce qui nous concerne tous. Les personnages de ce livre, pourtant autobiographique, sont comme universels. Peut-être parce que l'auteur ne se contente pas de relater l'événement: elle s'interroge. On ne peut rester indifférent face à ce récit lorsqu'on a saisi cela.

Extraits:

"Penser contre soi est souvent fécond; mais ma mère, c'est une autre histoire: elle a vécu contre elle-même."

"Souvent, quand les malades souffraient un long martyre, je m'étais indignée de l'inertie de leurs proches: "Moi, je le tuerais." A la première épreuve, j'avais flanché: j'avais renié ma propre morale, vaincue par la morale sociale."

"Car en effet, par comparaison, sa mort a été douce. "Ne me laissez pas livrée aux bêtes." Je pensais à tous ceux qui ne peuvent adresser cet appel à personne."
De : loup_en_vadrouille Envoyé : 2007-03-03 16:34
Note: 4/5


De : Plaisir_des_Mots Envoyé : 2007-03-05 08:53
Rares sont les livres dont on sait, dès la dernière page tournée, qu’on les relira. Une mort très douce, de Simone de Beauvoir fait partie de ceux-là. La lecture de ces quelques 150 pages fut pourtant particulièrement éprouvante pour moi, qui ai perdu mon père d’un cancer il y moins de dix mois.

J’ai bien sûr retrouvé au fil de l’ouvrage la féministe engagée, à l’athéisme parfois agaçant, mais surtout cette approche psychologique des êtres qui réussit le tour de force d’allier la précision et la rigueur de l’entomologiste à l’empathie de l’humaniste. Le tout servi par une écriture riche sans être pédante, intériorisée sans être narcissique.

Au bout du compte, un merveilleux hymne à la vie s’inscrivant en creux du cri de révolte face à la mort.


Dur travail de mourir, quand on aime si fort la vie. (p. 113)

5/5


De : Le-réaliste-romantique Envoyé : 2007-08-01 19:52
Une mort très douce

Simone de Beauvoir raconte la fin de sa mère : hospitalisée pour une fracture, on lui découvre un grave cancer et elle ne rentrera jamais chez elle. L’auteure pose un regard intelligent et réfléchi, mais aussi extrêmement touchant sur la fin de cet être cher. Elle est touchée par le déclin et la disparition de celle qu’elle pleurera, malgré les affrontements et des divergences qui ont marqué leur relation.

Cette lecture m’a rappelée Une femme, d’Annie Ernaux, qui traite du même sujet sur un ton similaire.

4,5/5

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