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Isaac Bashevis SINGER (Pologne/Etats-Unis)

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Message  Lacazavent Jeu 18 Déc 2008 - 10:29

De : Sahkti1 Envoyé : 24/05/2006 11:24
Isaac Bashevis SINGER, La corne du belier


Isaac Bashevis Singer n'a pas encore développé tout son humour féroce dans ce récit, qui est son premier roman, pour nous raconter la folie qui s'est emparée de la ville de Goray vers 1665, en pleine période messianique. Un certain Sabbataï Zevi affirme être le Messie tant attendu par les juifs et un rabbin quelque peu foireux oriente savamment les textes religieux pour qu'ils abondent dans ce sens, poussant les gens à abandonner leurs biens, à vivre comme si c'était leur dernier jour dans ce monde misérable avant d'arriver sur le trône des élus de Jérusalem. La population se livre à tous les excès, adopte la fornication à tout va et met la religion au rancard en attendant le Messie... qui n'arrive pas et n'arrivera jamais. Stupeur et désolation sont évidemment au rendez-vous, Goray n'est pas loin de la destruction.


Au-delà de cette histoire et des nombreux référents historico-religieux qu'elle renferme, on sent l'amertume chez IB Singer. Une désillusion face à des comportements qui conduisent aux pires extrêmes, voire carrément à la bêtise. Une impression d'aveuglement volontaire qui semble agacer l'auteur et contre lequel il se révolte à sa façon. Non pas en critiquant le peuple juif auquel il appartient dans son ensemble, mais en pointant du doigt les travers d'une lecture trop rigoureuse et légaliste des livres sacrés. Et puis aussi, on devine une colère face à cette idée de s'abandonner complètement à une promesse, une illusion, un leurre dans le cas présent. Singer se tient en dehors de son récit, il expose les faits, donne moult détails mais ne dit jamais "c'est bien, c'est mal, ils ont eu tort, etc". C'est le lecteur qui peu à peu tisse son opinion et se laisse guider là où l'auteur avait envie de le mener dès le départ... vers un peu plus de clairvoyance. Procédé habile!

Ma note: 3,5/5



De : Sahkti1 Envoyé : 24/05/2006 11:25
Isaac Bashevis SINGER, La destruction de Kreshev


"A force de trop penser, il était devenu pervers. Il se réjouissait de tout ce qui faisait atrocement souffrir les autres. Un excès de sensualité l'avait rendu impuissant. Ceux qui connaissent bien la complexité de la nature humaine savent que la joie et la douleur, la laideur et la beauté, l'amour et la haine, la pitié et la cruauté et autres émotions contradictoires sont souvent intimement mêlées et que l'on ne peut guère les séparer l'une de l'autre. C'est ainsi que je réussis à détourner les êtres de leur Créateur et même à les détruire jusque dans leur corps, tout cela au nom d'une cause imaginaire."

"La destruction de Kreshev" est un récit qui ne prend pas une ride malgré le temps qui passe. Intégrisme religieux, bêtise humaine, interprétation trop légaliste des textes sacrés, superstition, clivage ville-village, peur de l'inconnu... autant de thèmes forts dans ce texte, qui s'appliquent à toutes les époques.
La jeune Lise, fille d'un riche hommes d'affaires venu s'installer à la campagne à cause de la santé déficiente de son épouse, se marie avec Shloimele, un étudiant qui ne tarde pas à l'envoûter et à lui faire perdre la tête, bafouer les lois ou la religion, sous prétexte qu'il lui enseigne la kabbale dans ce qu'elle possède de plus ésotérique et charnel. La jeune fille devient méconnaissable, se complait dans le vice et renie tous ses principes, au grand désespoir de son entourage. Le jeune homme n'est en réalité qu'un imposteur qui se fait passer pour kabbaliste intègre alors qu'il est un disciple de Sabbatai Zvi. Il avoue son crime et c'est sans doute à ce moment que le récit prend une autre tournure et que Singer joue, une fois de plus, avec talent de sa plume et de sa causticité.

Le jeune homme, un être pourtant abject, est quasiment pardonné de ses fautes car il a avoué et s'est repenti. Lise n'a d'autre choix que s'avouer coupable, elle sera humiliée et punie.

Révolte du lecteur qui s'est attaché à la jeune fille au fil des pages et pas vraiment à Shloimele. Colère devant cette interprétation subjective des textes sacrés, devant cette justice religieuse à deux vitesses et surtout devant l'immense stupidité qui s'est emparé de la plupart des habitants de Kreshev.
D'autant plus que dès le départ, Singer nous a pris par la main en confiant la narration de son récit à Satan lui-même, un être malfaisant mais pas détestable qui raconte comment il aime jouer avec les âmes et le pouvoir... ce dont, inutile de se mentir, nous avons tous rêvé de faire un jour ou l'autre. De quoi nous entraîner dans le sillage du démon qui place ses pions où bon lui semble et finir par nous demander si ses actes existent uniquement pour faire mal ou plus sournoisement pour démontrer que l'Homme peut souvent être bien idiot et se détruit lui-même sans l'aide de personne.
Du tout grand Isaac Bashevis Singer!

Ma note: 5/5


De :Sahkti1 Envoyé : 24/05/2006 11:27
Isaac Bashevis SINGER, Le pénitent


Beaucoup de causticité dans ce texte d’Isaac Bashevis Singer. L’auteur se glisse dans les premières lignes, évoquant un voyage et une rencontre devant le Mur des Lamentations. Un homme, Joseph Shapiro, devenu pénitent, décide de lui raconter son parcours. C’est le corps du récit, complété par quelques notes personnelles d’I.Bashevis Singer sur ce qu’il a écrit.

Joseph Shapiro raconte sa vie d’homme d’affaires fortuné et sans soucis à New York, son besoin de faire comme tout le monde et de prendre une maîtresse, qui dépensera son argent et le rendra malheureux. Le jour où il décide de la quitter, il découvre que sa femme Célia le trompe elle aussi. Juste revers de la médaille…. voici le narrateur prenant la poudre d’escampette pour Tel-Aviv, espérant y trouver un nouveau sens à sa vie. Pendant tout le voyage, il est en proie au démon et ses bonnes résolutions d’homme juif désirant retrouver la foi fondent devant les femmes et les pensées impures.
"Pour cela, il faudrait croire que tout ce qui est dit dans les livres sacrés a été révélé à Moïse sur le mont Sinaï. Malheureusement, cette fois, je ne l’ai pas.
- Pourquoi dites-vous 'Malheureusement' ?
- Parce que j’envie ceux qui l’ont.
" (page 18)
Shapiro se cherche, découvre avec chagrin et désillusion que Tel-Aviv ressemble à n’importe quelle autre ville en proie au commerce, aux jolies vitrines et à un besoin sans fin de modernité. Comment retrouver sa foi et se débarrasser de tous ses péchés…
D’une manière très simple, Shapiro se confie, raconte sa vie et son parcours, nous le suivons pas à pas dans sa quête de renouveau spirituel.
Il rencontre des gens, bons ou moins bons, vit quelques expériences douloureuses, se pose beaucoup de questions avant d’un jour recevoir ce qu’il conçoit être la révélation.
"Une coïncidence est le fruit du hasard. Les Emancipés prétendent que le monde est gouverné par le hasard mais un Juif qui a la foi sait que tout ce qui arrive doit arriver. Coïncidence n’est pas un mot cacher… " (page 118)


Si Isaac Bashevis Singer a mis l’humour de côté dans ce texte, pourtant si présent dans son oeuvre, cela ne l’empêche pas de déposer sa touche de causticité à l’égard de son semblable, comme il le fait souvent. L’homme juif n’est pas meilleur qu’un autre (la femme non plus) et beaucoup d’hypocrisie règne dans certains milieux religieux qui se veulent plus intégristes qu’ils ne le sont et ne mettent pas en application les bons principes qu’ils revendiquent.
"Pour que cet individu trop bien nourri dévore son jambon, une créature vivante avait été élevée, traînée à la mort, torturée, poignardée, ébouillantée. Et ce type ne pensait pas un instant que ce porc était fait de la même substance que lui et qu’il avait dû payer de sa souffrance le fait qu’on puisse le savourer. J’ai pensé plus d’une fois que, lorsqu’il qu’il s’agit d’animaux, chaque homme est un nazi. J’avais souvent réfléchi à cela mais sans parvenir à aucune conclusion malgré tout. (…) Pour la première fois, je réalisai quel horrible hypocrite j’étais." (page 42)
Les crimes nazis reviennent de nombreuses fois dans "Le pénitent", I.B.S. aborde la question avec sensibilité, le sujet est douloureux et ça se lit. Il faut vivre avec cet héritage à double tranchant. Un peuple est victime, il ne doit pas devenir bourreau, en aucun cas.
"Dieu nous a choisis entre tous les peuples et a voulu que nous évitions les abominations commises par les autres, mais nous faisons souvent les mêmes choses que nos persécuteurs. Il nous punit, nous péchons à nouveau. Les agents du mal nous fouettent, nous poignardent, nous brûlent et malgré cela, nous sommes nombreux à imiter leurs façons de faire. A notre époque, nous avons reçu le coup le plus dur qu’un peuple puisse recevoir et néanmoins, cela ne nous a rien appris." (page 148)

A plusieurs reprises, j’ai eu le sentiment qu’Isaac Bashevis Singer faisait un peu le point sur sa propre foi dans ce récit, à travers la parole d’un autre. Un constat amer sur lui mais aussi sur son prochain, sur l’humanité, sur la religion. Les quelques notes personnelles découvertes en fin de recueil, après la lecture, ont confirmé mon impression. A travers ce Shapiro qui se cherche, c’est Bashevis Singer lui-même qui tente de se trouver.
Belle appréciation de ma part pour ce texte qui se démarque un peu d’autres écrits de l’auteur, un récit plus grave, plus personnel.

Ma note: 4/5



De : Sahkti1 Envoyé : 24/05/2006 11:28
Isaac Bashevis SINGER, Le petit monde de la rue Krochmalna


Max Barabander est juif, mais au fil des années, il a un peu oublié ce que c'était. Fréquentant d'un peu trop près la pègre, il a erré de pays en pays, vivant de petits boulots pas très réglos et de liaisons avec des filles "qui rapportent". Il échoue en Argentine et se lance dans la spéculation immobilière. Il fait fortune. Puis se souvient un jour qu'il avait des parents, qu'ils sont morts et que ce serait bien qu'il retourne au pays, même un peu, histoire d'aller se recueillir sur leur tombe.


Le récit débute ici, Max arrive à Varsovie, ne reconnaît plus le quartier juif et éprouve un plaisir indescriptible à retrouver les senteurs, les accents, les coutumes... d'un petit monde oublié. Petit monde qui, en l'occurrence, est concentré dans la rue Krochmalna, centre névralgique du monde juif. Des petites gens, beaucoup de vie, de bruits, de rumeurs... chacun observe l'autre et sait tout sur tout. C'est un microcosme absolument ébouriffant que Singer nous détaille avec sa verve habituelle et son ironie mordante employée avec beaucoup de justesse pour décrire le monde juif d'Europe centrale et ce qui le compose.
Max va louvoyer, promettre le mariage à une jeune fille de rabbin (pure et candide) avant de se perdre dans les bras de la maîtresse du baron des lieux. Autant dire que les soucis ne sont pas loin !



Que dire si ce n'est que cette lecture fut un véritable régal. I.B. Singer manie tellement bien l'humour et la férocité. Le récit se déroule tranquillement, on a l'impression que le temps n'avance pas et en même temps, il se passe tant de choses, de petits événements de la vie quotidienne qui émaillent le récit, lui donnant vie et couleurs. Les personnages sont mis en avant, chacun dans ses travers et ses manies. C'est également l'occasion pour l'auteur de pointer discrètement mais habilement du doigt le décalage qui existe entre la religion traditionnelle, celle des écrits sacrés et des coutumes d'un autre temps, et le monde trépidant d'une ville. A cet égard, l'errance de Barabander à la recherche de ses origines juives est édifiante. Cet homme a presque tout oublié et au fur et à mesure qu'il se souvient des coutumes en vigueur, il les trouve dépassées et totalement inadaptées. Ce que confirme tacitement l'auteur via des petites moqueries ou scènes cocasses. Une lecture très plaisante et enrichissante.

Ma note: 4/5
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Message  Lacazavent Jeu 18 Déc 2008 - 10:29

De : Sahkti1 Envoyé : 24/05/2006 11:35

Prix Nobel de Littérature 1978, Isaac Bashevis SINGER est né à Radzymin en Pologne le 24 juillet 1904, d'un père rabbin hassidique et d'une mère fille de rabbin. Il grandit à Varsovie et fait ses études dans une école religieuse. En 1935, face à la montée de l'antisémitisme, il s'installe aux Etats-Unis avec son frère. Il décède le 24 juillet 1991 à Miami.
Son premier roman "La corne du bélier" paraît en 1933. Auparavant, Singer était correcteur et traducteur pour des auteurs tels que Thomas mann ou Stefan Zweig. La particularité de l'oeuvre de Isaac Bashevis Singer est qu'elle a été écrite en yiddish et que Singer lui-même l'a traduite en langue anglaise.

Quelques liens:
Prix Nobel
Singer
Wikipédia
Evene/biographie



De : doriane99 Envoyé : 26/09/2007 07:56
L'auberge de la peur

Ed : Tapis Volant, Trad de l'américain par Lisa Rosenbaum, 58p
Illustrations de Jean Claverie


Tout petit conte destiné à la Jeunesse. L'histoire de la sorcière Doboshova et de son mari mi-homme mi-démon qui détiennent prisonnières trois jeunes filles dans leur auberge. Laquelle auberge sert bien évidemment à détrousser les voyageurs perdus.

Je ne suis pas très amatrice de conte, celui-ci a un schéma très classique, trois jeunes hommes viennent secourir les trois jeunes filles ! Une craie magique par là-dessus, quelques monstres effrayants et un happy end.
Un petit conte mignonnet pour les enfants.
3/5


De : Sahkti1 Envoyé : 03/10/2007 15:04
Isaac Bashevis SINGER, Ennemies - Une histoire d'amour


Ennemies ou l'histoire d'un amour pour la peur et la crainte de vivre. Paradoxal au premier abord et pourtant... Herman Broder, rescapé des camps de la mort, vit dans la hantise de voir débarquer les nazis aux Etats-Unis, où il s'est réfugié après la seconde guerre. Pendant le conflit, trois années de cache dans la grange de la domestique de sa mère, puis sa fuite avec celle-ci, l'ont convaincu que la religion n'était qu'une vaste fumisterie et que la vie n'était pas simple.
Ses errances, ses rêves un peu fous dans lesquels il voit débarquer les soldats allemands en plein coeur de Brooklyn, l'aident à vivre et à tenir le coup. Car sa vie n'est qu'un immense mensonge. Mensonge envers les autres (il a fait croire à sa femme qu'il était vendeur de livres à domicile alors qu'il est en réalité nègre d'un rabbin étrange et que ses présumés voyages lui permettent de passer du temps avec sa maîtresse) mais aussi et surtout envers lui-même. Broder est un peureux, un lâche, qui a perdu tout sens du contrôle et des responsabilités depuis les horreurs connues pendant la guerre.

Avec sa manière toujours aussi élégante, fluide et rigoureuse de raconter ses perosnnages, Isaac Bashevis Singer nous place devant un dilemne. Que ferions-nous à la place de Herman Broder? Ou bien de sa femme Yadwiga, de sa maîtresse Mascha ou encore de sa première femme Tamara, brusquement réapparue alors qu'il la pensait morte?
Le lecteur se retrouve plongé dans ces destins, esquissant un premier jugement, se ravisant, trouvant que tout cela est vachement compliqué. A l'image de la vie. Pas de jugement, pas de leçons péremptoires mais de vastes interrogations sur nous-mêmes. Et encore et toujours cette ironie grinçante à propos de la religion juive dont on dit souvent que les meilleurs moqueurs sont ceux qui en sont issus. (3,5/5)



De : Sahkti1 Envoyé : 03/10/2007 15:17
Isaac Bashevis SINGER, De nouveau au tribunal de mon père


Les nouvelles qui composent ce recueil ont été publiées en yiddish dans The Jewish Daily Forward entre 1955 et 1960. Ce n'est qu'en 2000 qu'elles ont été regroupées en un seul volume, en anglais; traduites en français et publiées en 2003.
Un rabbin de Varsovie, faisant également fonction de juge, doit trancher tous les problèmes qu'on lui expose, la plupart du temps des querelles de voisinage ou des litiges sans grande importance. Il y a aussi les mariages et les divorces à régler. Cela lui prend beaucoup de temps et son fiston, un petit garçon très curieux, assiste à presque toutes les audiences, trop content d'apprendre les ragots du quartier et de découvrir les facettes les plus amusantes des êtres qui l'entourent.
De nouveau au tribunal de mon père, c'est un supplément de près de trente historiettes, venant s'ajouter à celles déjà publiées dans Au tribunal de mon père.

Des nouvelles génialement ironiques et caustiques. Un humour proche de l’auto-dérision qui frôle la perfection et aborde des sujets graves avec une légèreté dont prend régulièrement conscience le lecteur, lui faisant apprécier encore davantage le talent de l’auteur. Car ce n’est pas donné à tous de parler de thèmes délicats avec autant de finesse et de saveur. On rit en pensant "Tout de même, comme il y va !"
Le lecteur se balade en compagnie d'un petit garçon très curieux. L'occasion de nombreuses réflexions piquantes et scènes cocasses.

L’écriture est simple, presque enfantine, un brin fofolle, créant une proximité, voire une complicité entre le lecteur et l'auteur. C'est bien vu et ça permet de tout dire. Un style dont quelques auteurs contemporains feraient bien de s'inspirer ! (4,5/5)
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Message  Lacazavent Jeu 18 Déc 2008 - 10:37

De : Sahkti1 Envoyé : 03/10/2007 15:30
Isaac Bashevis SINGER, Gimpel le naïf


Un recueil de nouvelles qui se déroulent dans ces villages que Isaac Bashevis Singer chérit tant. Des aventures, des mésaventures, le tout raconté sur un air oscillant entre conte et fable, créant un univers onirique quasi magique qui fait chaud au coeur. Au mien en tout cas. Singer n'a pas son pareil pour croquer ses pairs, se moquer gentiment ou férocement. Ses personnages sont réels, ils évoluent devant nous d'une manière si palpable qu'on arrive aisément à se glisser dans la peau de l'un ou l'autre.
Les démons de l'Europe centrale ne sont pas loin et en évoquant des diables plus lointains, Singer fait référence à cette barbarie humaine dont il a été le témoin, pire que tous ces que les livres ont pu imaginer ou ce que les effrayés par Satan ont pu supposer.

On sent que l'auteur n'en a pas fini avec cette période agitée de l'Humanité et qu'il tente de comprendre, parfois à travers l'humour et la causticité, comment le monde évolue. Pas super bien on dirait et implorer l'invisible supérieur est sans doute un moyen de montrer à quel point certains responsables se sont dédouanés face à tout cela.
J'ai beaucoup aimé la familiarité mise en place par Isaac Bashevis Singer, cette proximité avec ses personnages. C'est touchant et envoûtant; grave aussi, donc bouleversant. Et l'auteur raconte si bien! (4/5)




De : Sahkti1 Envoyé : 04/10/2007 10:25
Isaac Bashevis SINGER, Les Sages de Chelm

Editions Denoël pour la version française en 1994


Le village de Chelm, c'est avant tout un conseil de cinq sages: Lekisch le Bon à Rien, Sender l'Ane, Zeinvel le Ramolli, Gronam le Boeuf et Treitel le Fou.

Des êtres surréalistes que Isaac Bashevis Singer a croqué avec beaucoup de férocité. Un conseil des sages pas comme les autres, qui dispose du droit de faire la guerre à qui bon lui semble, avec ou sans raisons, parfois juste parce qu'ils s'ennuient. Il leur arrive aussi de promulguer des lois bizarres sur le port des vêtements (quand on n'en porte pas, comment reconnaître un riche d'un pauvre? C'est pratique le vêtement unique ou... pas de vêtement du tout!).

Vous l'aurez compris, une fois de plus, Isaac Bashevis Singer se moque gentiment mais caustiquement du genre humain et de sa bêtise. L'abus de pouvoir porté jusqu'à l'absurde peut conduire à faire tout et n'importe quoi, sans même que les dirigeants s'en rendent compte. Etrangemment actuel, n'est-ce pas?

Ce recueil ressemble à un conte, joliment illustré par Uri Shulevitz. J'ai passé un bon moment, j'ai ri et médité aussi sur les aberrations si visibles des régimes autoritaires qui se pensent démocrates. (4/5)




De :Sahkti1 Envoyé : 09/10/2007 18:02
Isaac Bashevis SINGER, Le Manoir

Pologne, 1863, le peuple tente la révolte contre la Russie. C'est l'échec, le comte Wladislaw Jampolski est envoyé en prison et doit abandonner ses terres. Un paysan juif, Calman Jacoby, décide de s'occuper du domaine et de vendre une partie des bois pour fabriquer des traverses ferroviaires. C'est que la Pologne se développe, on construit des routes et des voies ferrées. Jacoby s'enrichit mais son esprit n'est pas vraiment au modernisme, il garde encore bien ancrées des idées conservatrices qui le rendent très méfiant. A l'image de nombreux autres juifs polonais.

Vaste fresque romanesque étalée sur deux tomes ("Le Manoir" et "Le Domaine"), ce récit nous entraîne sur les traces su'une famille juive polonaise au XIXe siècle.
Un milieu que Isaac Bashevis Singer connaît et maîtrise bien.
Le lecteur est littéralement emporté dans la tourmente des événements, dans le déroulement de la vie des uns et des autres. Singer détaille, explique, raconte encore et encore, c'est un art subtil sous sa plume, on se laisse prendre au jeu avec plaisir.
A travers l'histoire s'esquisse en filigrane une certaine amertume, un regard désabusé aussi. Celui de l'antisémitisme qui est là et que Singer dénonce avec ses moyens.
Mais le réduire à ce combat serait trompeur, car Isaac Bashevis Singer, c'est bien plus que cela. C'est un être qui sait parler d'humour, de joie, de chagrin, de la vie et des hommes. Comme par magie, le décor s'installe, l'ambiance est posée et la pièce peut commencer, les personnages s'agitent sous nos yeux et nous invitent dans la danse. Je suis frappée par cette capacité de faire dans pratiquement chacun de ses livres.
Même ici où on peut reprocher certaines longueurs au récit, des descriptions pas tout le temps intéressantes, il se passe quelque chose, la sauce prend assez vite. (3,5/5)



De : Sahkti1 Envoyé : 09/10/2007 18:13
Isaac Bashevis SINGER, Le Domaine


Suite du "Manoir", nous retrouvons la famille Jacoby et la Pologne bourgeoise du XIXe siècle.
La confrontation entre tradition et modernité, entre idées conservatrices et développement socio-économique apparaît de manière plus forte encore dans ce second récit, accompagné par un tableau détaillé des réformes et des révolutions qui marquèrent la fin du XIXe siècle.
Les idées politiques occupent une certaine place, plus encore à mes yeux que dans "Le Manoir".
Les deux récits doivent être lus dans l'ordre, afin de prendre pleinement consciente de cette époque, du changement de mentalités, de l'endurcissement de certaines idées antisémites, des conditions d'alors, tant dans le domaine social, économique, culturel que politique.

A travers ce roman, cette vaste fresque, Isaac Bashevis Singer dresse le portrait d'une société, d'un monde précis à un moment donné. Avec un regard particulier sur tout cela. N'oubions pas que cette saga a été rédigée entre 1952 et 1955, soit après la barbarie nazie et les massacres juifs, donnant ainsi tout leur sens à des prémonitions esquissées par Singer dans son oeuvre au sujet de l'antisémitisme et d'une haine du Juif.
A nouveau, comme je l'ai dit à propos du "Manoir", il ne faut pas réduire Singer à cette lutte, mais reconnaître sa plume visionnaire et, ce que j'admire tout particulièrement chez lui, la distance qu'il arrive à prendre avec des sujets qui évoluent pourtant au fond de lui-même. (3,5/5)



De : Sahkti1 Envoyé : 15/10/2007 10:50
Isaac Bashevis SINGER, Naftali le conteur et son cheval Sus


Huit contes pour découvrir l'univers folklorique juif polonais sous la plume d'Isaac Bashevis Singer. Huit histoires évoluant entre magie et merveilleux, écrites dans une langage très accessible aux enfants. Isaac Bashevis Singer développe les thèmes qui lui sont chers: culture juive, recherche de soi, dualité entre mensonge et vérité, absurdité humaine, importance de la communauté et de la solidarité.

J'ai aimé la poésie de ces histoires et leur grande accessibilité, Singer excelle aussi bien pour les adultes que pour les enfants. Il évoque les fêtes juives, les grandes traditions; il parle de la Pologne, il mentionne des faits importants et le tout, avec finesse et fluidité, rien ne paraît compliqué. Le lecteur se plonge d'emblée dans les histoires, découvrant, souriant, avec beaucoup de plaisir ces histoires cocasses. Isaac Bashevis Singer possède un réel talent de conteur, ses personnages sont proches de nous et on a envie de participer à l'histoire. Notamment lorsqu'il évoque son enfance à travers ses récits (voir la nouvelle "Je Grandis"), qu'il nous parle de lui et nous invite à parcourir un bout de chemin en sa compagnie. (4/5)



De : Sahkti1 Envoyé : 25/10/2007 13:56
Isaac Bashevis SINGER, Amour tardif


En 4e de couverture de ce recueil dont le titre original est "Old Love", précédant le résumé, on peut lire, de la plume d'Isaac Bashevis Singer: "Les romanciers ne nous disent pas assez qu'en amour, comme dans bien d'autres domaines, les jeunes sont les débutants et que l'art d'aimer mûrit avec l'âge et l'expérience. Les personnes âgées, elles, ont appris que la haine et la cruauté ne font jamais que s'engendrer elles-mêmes."

Le ton est donné, on va parler d'amour et de personnes d'âge mûr qui aiment. Isaac Bashevis Singer leur rend hommage à travers ce recueil de nouvelles, illustrant 17 parcours amoureux. Pas forcément de la passion ici, il peut s'agit d'une profonde amitié ou d'une relation platonique. Mais un point commun: la sincérité des émotions décrite. Il y a même la tante Yentl qui raconte les amours du village à Isaac, jeune.

L'occasion de parler d'amour mais aussi, une fois de plus, de plonger dans le coeur de l'identité juive et d'explorer ses racines (un glossaire complète d'ailleurs l'ouvrage pour éclairer le lecteur non-initié sur certains termes employés).

Si dans chacun de ses ouvrages, Isaac Bashevis Singer y livre une grande partie de lui-même, il me semble que dans ce recueil, il en donne encore plus, dresse un bilan de sa vie, d'une certaine manière. Avec ses joies et ses regrets. C'est sans doute ce qui explique qu'il y a plus de douceur et de tendresse dans ces nouvelles, au détriment de l'ironie et du grinçant de la plume de Singer. Pas mon recueil préféré chez l'auteur mais une agréable lecture tout de même! (3/5)




De : Sahkti1 Envoyé : 08/11/2007 14:56
Isaac Bashevis SINGER, Yentl et autres nouvelles


A nouveau chez Isaac Bashevis Singer, une foule de personnages bigarrés, hauts en couleurs; des histoires d'amour, des espoirs et des désillusions, des gens qui s'aiment et ne s'aiment plus... autant d'ingrédients que l'auteur reprend de livre en livre (au point de lasser certains lecteurs, il faut en convenir) et qui lui réussissent plutôt bien.

Le recueil tient son titre de la nouvelle éponyme qui a été adaptée au cinéma par Barbra Streisand. Nouvelle bien écrite, mais les autres le sont tout autant et méritent d'être explorées.
Car il y a toujours chez Singer cette touche de magie et de naïveté, même lorsqu'il évoque des sujets dramatiques. On dirait en permanence un conteur en train de raconter des histoires autour de lui; il se dégage une complicité et une proximité entre ses lignes et son lectorat. Ces nouvelles sont vivantes, sensibles et humaines, c'est ce que j'apprécie chez cet auteur, sa simplicité pour dire les choses de la vie. (3/5)




De : zeta-b Envoyé : 23/11/2007 15:24
Ennemies - Une histoire d'amour.


Herman, juif polonais a échappé à l'holocoste et à la déportation, il a vécu toute la guerre terré dans un grenier à foin, caché par la jeune bonne de ses parents. Sa femme et ses deux jeunes enfants ont été tués.
Après la guerre il vit à New-York, avec Yadwiga, la jeune bonne qu'il a épousée surtout par reconnaissance. Il partage son temps entre elle et Masha sa belle maîtresse dont il est fou. Masha elle a connu le pire dans les camps. Un jour surgit Tamara sa première épouse qui en fait a survécu.
Et Herman tiraillé de tous côté, aimant chacune à sa façon ces trois femmes va essayer de survivre aux complications d'avoir trois ménages.


Le thème peut paraître burlesque, mais pas un instant je n'ai eu la tentation de ne serait-ce que sourire.
Herman à New-York échaffaude des stratégies pour survivre à une attaque nazie en Amérique. Chez ces survivants, la peur, l'obsession de la shoah est présente à tout instant. Ils ont survécu mais portent en eux la mort et la désolation. Herman est pleutre, Herman est indécis, Herman finalement rend tout le monde malheureux et est lui-même profondément détruit.
C'est une histoire pesante et je ne suis pas sûre d'avoir compris où l'auteur voulait en venir. Quel réalisme dans les effrois des malheureux personnages. Quand Herman dans sa salle de bains s'imagine en faire un repaire parfaitement clos et invisible, en cas de nouvelle invasion nazie, j'avais presque des bouffées d'angoisse.
Les trois femmes et les tiraillements amoureux d'Erman, m'ont paru à côté très subalternes. Un héros peu reluisant, une histoire triste et pesante, le malheur omniprésent : je ne pense pas relire cet auteur dans un proche avenir.
2,5/5
Lacazavent
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Isaac Bashevis SINGER (Pologne/Etats-Unis) Empty Re: Isaac Bashevis SINGER (Pologne/Etats-Unis)

Message  Parch Lun 29 Aoû 2011 - 17:00

Isaac Bashevis Singer, Meshugah, 1994


Quatrième de couverture : A vingt-sept ans, Miriam est amoureuse de Max, personnage haut en couleur, qui a près de soixante-dix ans. Elle va s'éprendre aussi de Aaron, journaliste dans un quotidien yiddish de New York, que Max a eu l'imprudence de lui présenter. Va-t-elle choisir entre ses deux amants ? Vont-ils vivre à trois comme elle le suggère parfois ? Comment va évoluer " cette situation pleine de promesses " ? Miriam est une survivante, qui a vécu très jeune l'enfer des camps. Un jour, d'un passé qu'elle tentait d'oublier, surgit celle qui révélera son terrible secret...


Ce livre nous plonge dans le communauté yiddishophone de New York, au début des années 1950. Aaron le narrateur n'est autre que l'auteur lui-même dans plusieurs de ces caractère. Il manque parfois un peu de modestie lorsqu'il laisse entendre qu'il est en quelquesorte le sauveur de la langue yiddish (ce qui n'est pas forcément faux). On a toutefois de très belles pages sur l'importance de sauver une langue.

A vrai dire cet aspect là m'a plu plus que l'histoire d'amour avec Miriam (voir ci-dessus). Ces crises d'hystérie sont assez pénibles et à titre personnel je ne comprend pas pourquoi Aaron s'y attache tant malgré la situation, le passé de Miriam et le fait que d'autres projets s'offrent à lui...

I. B. Singer (prix Nobel 1978) est un excellent auteur qui parvient à nous transmettre toute la richesse et la douleur de ces années d'après-guerre...

Ma note : 4,5/5

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