Stéphanie DOYON (Etats-Unis)

zeta Jeu 2 Sep 2010 - 7:05

Les tondeuses à gazon - Rivages (poche) - 4,5/5

Dans cette verdoyante région de l’Amérique, se situent deux villes voisines : il y a Palmdale et il y a Cedar Hole. Palmdale est une ville dynamique le train s’y arrête, les immeubles sont flambants neufs, les centres commerciaux se multiplient. A Cedar Hole, il n’y a rien, ou pas grand-chose : des petites gens qui vivent leur petite vie. L’institutrice qui éduque les enfants le sait bien, elle appelle "sympathiquement" les habitants « les tarés » et pose un regard cynique sur les mômes qui lui sont confiés. Si d’aventure un gamin sort du lot, elle sait qu’il vient d’ailleurs, qu’il n’est pas du cru. A cette rentrée là d’ailleurs elle remarque un charmant petit garçon, correctement habillé, propre et bien coiffé : Robert J. Cutler. Il parle d’une manière recherchée, et son regard plein d’enthousiasme et de gentillesse le distingue des petites brutes qui peuplent la classe. Mais, pour une fois, Delia Pratt se trompe : Robert J. Cutler est bien originaire de Cedar Hole. Contrairement à ce qu’elle croit, ses parents ne sont pas venus d’une autre ville, portés, comme généralement, par le mauvais vent de la malchance. Dans la classe de CM1, il y a aussi Francis, surnommé Spud, Pinkham et là pas de doute à avoir, les Pinkham sont connus dans la petite ville, Francis est le seul petit homme de la famille, venu après 9 filles, vrais garçons manqués, aussi redoutables les unes que les autres. Francis est un gentil gamin, il pourrait se faire remarquer par son intelligence et sa douceur si Robert, zélé et sincère, ne le surpassait en tout.

De quoi générer une profonde rancœur qui peut perdurer très, très, longtemps.

D’autant qu’à Cedar Hole la seule fête importante et populaire est un concours, ouvert à tous, à partir de 10 ans, où le titre du meilleur tondeur de gazon est décerné …. Robert en est devenu le champion incontesté et ceci pour plusieurs années. Quand Francis qui, écrasé par ses sœurs, a besoin d’une certaine reconnaissance, essaye de lui ravir son titre. Qui de Robert ou de Francis emportera le trophée ?

Qui de Robert ou de Francis, au fil du temps, pourra s’enorgueillir d’une vie exemplaire et réussie ?

J’aime beaucoup ce roman, il a un humour caustique, très réjouissant. Il dépeint très bien les us et coutumes d’une petite ville et de ses habitants. Il se déguste comme un bonbon très acidulé, qui parfois laisse percevoir le sucre qui le compose. Les inimitiés enfantines y sont racontées avec beaucoup de verve et quand elles laissent la place à l’amertume des vies bâclées, la réflexion se fait plus profonde. On comprend combien le manque d’amour, de reconnaissance, d’estime de soi fait le terreau des petites rancunes et jalousies empoisonnant aussi les adultes.

Il y a du John Irving et du Richard Russo dans la prose de Stéphanie Doyon, moi qui aime ces auteurs ce n’est pas pour me déplaire et il me semble que, si le titre français, mauvaise adaptation de celui d’origine « The greatest man in Cedar Hole », n’avait pas desservi ce roman il aurait trouvé sur le net une plus grande notoriété, celle qu’il mérite.

Shan_Ze Jeu 2 Sep 2010 - 7:41

C'est pour moi ! C'est pour moi ! Je me demande pourquoi je l'ai reposé il y a un an ! Merci Zeta, tu confirmes ma première impression ! Stéphanie DOYON (Etats-Unis) Icon_biggrin

Lyreek Lun 28 Mai 2018 - 19:03

Les tondeuses à gazon - Stephanie Doyon
Rivages - 486 pages

Quatrième de couverture

A Cedar Hole, ville peuplée de loosers apathiques et dénués d’imagination, si quelqu’un sort du lot tout le monde s’affole. Le chemin de fer a cessé de desservir l’endroit et le concours de tondeuses à gazon est l’événement annuel le plus attendu. Deux garçons dont la rivalité naît lors de ce concours vont cependant modifier la donne : Francis, surnommé » patate » par neuf soeurs dont il est le souffre-douleur, décide de changer le cours de son destin ; Robert, enfant unique et sage d’un couple d’ouvriers, s’imagine, quant à lui, en preux chevalier de la cité. Des années et des péripéties plus tard, le héros de l’histoire n’est pas celui qu’on croit. Le trait est vif, l’amplitude magistrale, ce premier roman pourrait avoir été écrit par la petite-fille de John Irving.

Mon avis

Un roman sympathique à lire qui met en scène toute une galerie de personnages atypiques.

La ville de Cedar Hole est une petite ville américaine insignifiante où il ne faut surtout pas tenter de progresser sous peine d’être mal vu.
Les habitants semblent ravis de rester dans cette médiocrité confortable mais les plus jeunes, eux, ne rêvent que d’une seule chose : quitter la ville. Sauf le jeune Robert, qui, on ne sait pourquoi, voue un amour sans limite à la petite ville et veut tout faire pour l’aider à se développer.

Le point de départ du roman est la rivalité entre Robert et Francis, deux enfants très différents qui se retrouvent dans la classe de CM1 de Mlle Pratt. Francis, seul garçon d’une fratrie de dix enfants, est tyrannisé par ses sœurs qui, leur père ayant toujours désiré un garçon, n’ont quasiment rien de féminin.
Robert, lui, est le seul enfant d’un couple d’ouvriers dont la mère est tellement paresseuse qu’elle ne quitte quasiment pas sa chambre.

Le ton du roman est très ironique, on se surprend à sourire devant l’absurdité de cette ville où l’on se passionne pour des concours de tondeuses à gazon et où on organise chaque année la fête du train bien qu’aucun train ne desserve plus la ville depuis des années.

Toutefois, je dois avouer être restée un peu sur ma faim. L’histoire de Robert tourne court, ce qui est vraiment dommage. Quant à Francis, j’ai bien aimé son évolution mais j’avoue que je m’attendais à autre chose. La faute sans doute à la quatrième de couverture qui fait référence à John Irving. Certes, on peut faire ce parallèle mais les romans d’Irving me semblent tout de même bien plus aboutis que celui-ci.

Pour ma part, j’ai passé un bon moment à Cedar Hole mais n’en garderait pas un souvenir impérissable.

3,5/5

Shan_Ze Lun 28 Mai 2018 - 20:36

Ah tiens, je voulais le lire celui-ci mais ça ne s'est pas fait... ! Enfin Zeta l'avait beaucoup aimé, les goûts et les couleurs... Smile

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