John STEINBECK: Présentation

De : Mousseliine (Message d'origine) Envoyé : 2007-09-23 03:30
John Steinbeck - le maître du roman "prolétarien" aux Etats-Unis


Mort il y a vingt ans, le 20 décembre 1968, John Steinbeck est le meilleur peintre d'une époque sombre de l'Histoire des États-Unis. Cet écrivain, prix Nobel de littérature 1962, a raconté avec réalisme la Grande Dépression, la crise économique des années trente qui paralysa le pays et fit, en deux ans, sept millions de chômeurs.

Ses romans qualifiés «prolétariens» par les historiens de la littérature nord-américaine, dénoncent avec violence et pitié l'exploitation de l'homme par l'homme.

D'origine germano-irlandaise, Steinbeck naît le 27 février 1902 à Salinas, ville de Californie située dans la vallée du même nom. Son père est trésorier municipal. Sa mère enseignante, lui donne tôt le goût de la lecture.

Sauf au basketball, le futur prix Nobel ne semble guère avoir brillé dans ses études. En 1920, il entre à l'Université de Stanford en spécifiant qu'il n'entendait suivre que les cours qui l'intéressaient et que l'obtention d'un diplôme lui paraissait inutile. Le journal de l'école profite occasionnellement de sa collaboration poétique et satirique.

En 1925, le futur écrivain part pour New York en passant par Panama où il séjourne quelque temps. Là, pendant deux ans, après avoir tâté sans succès du journalisme, il exerce pour survivre les métiers les plus divers.

Enfin il regagne sa Californie et trouve du travail: il est gardien d'une propriété privée dans les montagnes. Le jeune auteur profite de deux hivers montagnards pour mettre la dernière main à son premier ouvrage, commencé à l'université et six fois remanié: La coupe d'or.

Des débuts difficiles

C'est l'histoire de sir Henry Morgan, pirate boucanier du XVIIe siècle. Publié en 1929, le livre a peu de succès.

Steinbeck décide alors de revenir à ses «racines» et d'écrire sur sa région, la Californie et ses habitants qu'il connaît depuis toujours. En 1930, il se marie pour la première fois (il aura trois épouses) et s'installe à Pacific Grove. Il y rencontre l'ami de toute sa vie, le biologiste Edwards Ricketts, qui aura sur lui une influence certaine.

Pâturages du ciel et Au dieu inconnu paraissent en 1932 et 1933. Ils sont ignorés par la critique. C'est pour l'écrivain, une période de vaches maigres. Il passe de longues heures à Monterey, petit port de pêche californien, à boire (malgré la prohibition) avec des pêcheurs, des vagabonds, des personnages bizarres, hauts en couleurs qui lui fournissent le thème de Tortilla Flat: Danny et ses copains des Paisanos, à la moralité douteuse de sang indien, espagnol, mexicain et européen.

Tortilla Flat sort en 1935. C'est immédiatement un best seller et dépasse toutes les espérances de ses éditeurs. Croquis pris sur le vif des Paisanos californiens, Tortilla Flat vaut à son auteur la médaille d'or du «California Commomwealth club's» et, paradoxe, lui vaut également l'opprobe de la Chambre de commerce de Monterey qui craint que ses descriptions par trop réalistes ne nuisent au tourisme dans la région.

En un combat douteux (1936) est une peinture des grèves, en Californie, des saisonniers ramasseurs de fruits. Le livre, unique parmi les écrits «prolétaires» de l'époque est diversement apprécié et son auteur traité de «rouge». En 1937 paraît Des souris et des hommes, roman court, bâti d'une seule pièce de théâtre et traitant par allégories interposées, du réalisme social et économique.

Un des plus célèbres, sinon le plus célèbre des romans de Steinbeck est publié en 1939: Les raisins de la colère qui obtient en 1940, le prix Pulitzer et est porté à l'écran par Darryl F. Zanuck, avec dans le rôle principal Henry Fonda. Description dramatique de l'exode des paysans de l'Oklahoma. Les Oakies, ruinés et dépossédés de leurs terres, fuient vers une mythique terre promise, la Californie.

John Steinbeck, géant blond aux yeux clairs et à la barbe de conquistador déteste le remous médiatiques créés par sa célébrité. Pour rompre les ponts et se retrouver un peu lui-même, il part avec son ami Ed. Ricketts pour une expédition scientifique dans le golfe de Californie. Il en rapportera un journal de voyage et d'observation de la faune maritime: La mer de Cortez.

Pendant la seconde guerre mondiale, Steinbeck est correspondant de guerre pour le New York Herald Tribune sur les fronts d'Afrique du Nord et d'Italie. Invité en URSS en 1947, en tant qu'écrivain «prolétaire», il publie un récit de voyage Journal de Russie en 1948.

Installé à Palo Alto, il continue d'écrire: La lune se couche (1942), Rue de la sardine (1945), Les naufragés de l'autocar (1947).

Depuis la fin de la guerre, une évolution se fait dans la littérature américaine: abandon du réalisme social pour les problèmes abstraits ou psychologiques. Steinbeck en donne l'exemple dans A l'est d'Eden paru en 1952. A travers une chronique familiale, c'est l'histoire de Caïn et Abel, transposée en Californie et une réflexion philosophique sur le thème du libre arbitre de l'homme. Un film est tiré d'une partie du roman et James Dean en est l'acteur principal.

Fin de carrière

Malgré l'attribution du prix Nobel de littérature en 1962 et la parution de son dernier roman L'hiver de notre mécontentement en 1961, une fin de carrière décevante commence pour l'écrivain.

En 1966, il fait à la demande d'un quotidien américain, un reportage sur le front vietnamien. Les idées qu'il défend dans ses «billets au jour le jour» lui aliènent une partie de ses fidèles qui avouent ne plus reconnaître l'auteur des Raisins de la colère.

En 1950 il s'établit à New York, ville dont il disait qu'une fois qu'on y avait vécu, on ne pouvait plus vivre ailleurs. Il y meurt le 20 décembre 1968 d'une maladie de coeur.