Victor HUGO (France)
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Victor HUGO (France)
Les Châtiments de Victor Hugo
En 1848, suite au renversement de la République française, Victor Hugo s’expatrie – d’abord à Bruxelles, puis à Jersey. Durant cette période d’exil, il s’attelle à une tâche qui lui semble essentielle : stigmatiser le coup d’état et surtout son auteur, Louis-Napoléon Bonaparte. De cette volonté naît Les Châtiments, publié, après moult atermoiements, en 1852. Au-delà d’une simple dénonciation du crime de Napoléon III, il s’agit littéralement d’un cri de haine envers le tyran et d’espoir en l’avenir.
Le recueil s’ouvre et se clôt sur deux longs poèmes : en ouverture, « Nox » évoque les ténèbres dans lesquelles la France se trouve plongée, en clôture « Lux » exalte au contraire l’espérance en un avenir lumineux. C’est cet espoir qui anime tout le recueil, la certitude qu’un avenir meilleur est possible grâce notamment à la force de la poésie qui saura réveiller un peuple endormi et le faire se dresser contre le tyran.
Victor Hugo avait un don pour la satire, il suffit d’ouvrir Les Châtiments pour s’en apercevoir et nous sourions souvent devant le traitement infligé à ce « pauvre » Napoléon III ; mais c’est probablement lorsqu’Hugo se fait lyrique qu’il est le meilleur, lorsque sa haine pour Napoléon III est dépassée, comme transcendée, que sa poésie se fait emphatique, épique, exaltée. En tout cas, c’est ainsi que je le préfère, et je n’ai pas été déçue !
Je vous mets un de mes poèmes préférés du recueil qui est, je crois, parmi les plus connus : « Sonnez, sonnez toujours, clairons de la pensée ».
Il s’agit d’une réécriture d’un épisode biblique (celui où, grâce à la volonté divine, les murailles de Jéricho s’effondrent d’elle-même après que les Hébreux en ont fait sept fois le tour en sept jours). Il y est question, entre autres, de la puissance de la poésie : le roi de Jéricho perdu par son manque de foi en la puissance divine représente en fait Napoléon III perdu par son manque de foi en la puissance de la pensée et de la poésie. Vous remarquerez le dernier vers qui tombe comme un couperet.
Sonnez, sonnez toujours, clairons de la pensée.
Quand Josué rêveur, la tête aux cieux dressée,
Suivi des siens, marchait, et, prophète irrité,
Sonnait de la trompette autour de la cité,
Au premier tour qu'il fit, le roi se mit à rire ;
Au second tour, riant toujours, il lui fit dire :
" Crois-tu donc renverser ma ville avec du vent ? "
À la troisième fois l'arche allait en avant,
Puis les trompettes, puis toute l'armée en marche,
Et les petits enfants venaient cracher sur l'arche,
Et, soufflant dans leur trompe, imitaient le clairon ;
Au quatrième tour, bravant les fils d'Aaron,
Entre les vieux créneaux tout brunis par la rouille,
Les femmes s'asseyaient en filant leur quenouille,
Et se moquaient, jetant des pierres aux Hébreux ;
À la cinquième fois, sur ces murs ténébreux,
Aveugles et boiteux vinrent, et leurs huées
Raillaient le noir clairon sonnant sous les nuées ;
À la sixième fois, sur sa tour de granit
Si haute qu'au sommet l'aigle faisait son nid,
Si dure que l'éclair l'eût en vain foudroyée,
Le roi revint, riant à gorge déployée,
Et cria : " Ces Hébreux sont bons musiciens ! "
Autour du roi Joyeux riaient tous les anciens
Qui le soir sont assis au temple, et délibèrent.
À la septième fois, les murailles tombèrent.
Ma note : 4,5/5
En 1848, suite au renversement de la République française, Victor Hugo s’expatrie – d’abord à Bruxelles, puis à Jersey. Durant cette période d’exil, il s’attelle à une tâche qui lui semble essentielle : stigmatiser le coup d’état et surtout son auteur, Louis-Napoléon Bonaparte. De cette volonté naît Les Châtiments, publié, après moult atermoiements, en 1852. Au-delà d’une simple dénonciation du crime de Napoléon III, il s’agit littéralement d’un cri de haine envers le tyran et d’espoir en l’avenir.
Le recueil s’ouvre et se clôt sur deux longs poèmes : en ouverture, « Nox » évoque les ténèbres dans lesquelles la France se trouve plongée, en clôture « Lux » exalte au contraire l’espérance en un avenir lumineux. C’est cet espoir qui anime tout le recueil, la certitude qu’un avenir meilleur est possible grâce notamment à la force de la poésie qui saura réveiller un peuple endormi et le faire se dresser contre le tyran.
Victor Hugo avait un don pour la satire, il suffit d’ouvrir Les Châtiments pour s’en apercevoir et nous sourions souvent devant le traitement infligé à ce « pauvre » Napoléon III ; mais c’est probablement lorsqu’Hugo se fait lyrique qu’il est le meilleur, lorsque sa haine pour Napoléon III est dépassée, comme transcendée, que sa poésie se fait emphatique, épique, exaltée. En tout cas, c’est ainsi que je le préfère, et je n’ai pas été déçue !
Je vous mets un de mes poèmes préférés du recueil qui est, je crois, parmi les plus connus : « Sonnez, sonnez toujours, clairons de la pensée ».
Il s’agit d’une réécriture d’un épisode biblique (celui où, grâce à la volonté divine, les murailles de Jéricho s’effondrent d’elle-même après que les Hébreux en ont fait sept fois le tour en sept jours). Il y est question, entre autres, de la puissance de la poésie : le roi de Jéricho perdu par son manque de foi en la puissance divine représente en fait Napoléon III perdu par son manque de foi en la puissance de la pensée et de la poésie. Vous remarquerez le dernier vers qui tombe comme un couperet.
Sonnez, sonnez toujours, clairons de la pensée.
Quand Josué rêveur, la tête aux cieux dressée,
Suivi des siens, marchait, et, prophète irrité,
Sonnait de la trompette autour de la cité,
Au premier tour qu'il fit, le roi se mit à rire ;
Au second tour, riant toujours, il lui fit dire :
" Crois-tu donc renverser ma ville avec du vent ? "
À la troisième fois l'arche allait en avant,
Puis les trompettes, puis toute l'armée en marche,
Et les petits enfants venaient cracher sur l'arche,
Et, soufflant dans leur trompe, imitaient le clairon ;
Au quatrième tour, bravant les fils d'Aaron,
Entre les vieux créneaux tout brunis par la rouille,
Les femmes s'asseyaient en filant leur quenouille,
Et se moquaient, jetant des pierres aux Hébreux ;
À la cinquième fois, sur ces murs ténébreux,
Aveugles et boiteux vinrent, et leurs huées
Raillaient le noir clairon sonnant sous les nuées ;
À la sixième fois, sur sa tour de granit
Si haute qu'au sommet l'aigle faisait son nid,
Si dure que l'éclair l'eût en vain foudroyée,
Le roi revint, riant à gorge déployée,
Et cria : " Ces Hébreux sont bons musiciens ! "
Autour du roi Joyeux riaient tous les anciens
Qui le soir sont assis au temple, et délibèrent.
À la septième fois, les murailles tombèrent.
Ma note : 4,5/5
Messaline- Nombre de messages : 322
Age : 37
Location : Paris, ou presque.
Date d'inscription : 17/03/2009
Re: Victor HUGO (France)
Lu et étudié en seconde ! Il m'avait aussi beaucoup plu à l'époque alors je suis bien contente de me replonger dans ces souvenirs estudiantins
Re: Victor HUGO (France)
T'as bien de la chance Aurore, moi je me rappelle qu'au lycée, quand on a étudié la poésie d'Hugo, on a eu droit aux Orientales, et ça m'avait laissée plutôt froide pour le coup.
Messaline- Nombre de messages : 322
Age : 37
Location : Paris, ou presque.
Date d'inscription : 17/03/2009
Re: Victor HUGO (France)
ça fait toujours plaisir de voir que des personnes de mon age lisent encore de la poésie, avec mes amis je passe pour une extra terrestre ! . J'ai découvert ses poèmes dans l'anthologie de la poésie française de Pompidou et je suis tombée sous le charme. J'ignorais même qu'il en avait écrit ! Depuis, j'ai acheté Les contemplations que je regarde régulièrement, et je trouve ça merveilleux.
Et avec ta critique Messaline, je sens que je vais lire Les châtiments !
Et avec ta critique Messaline, je sens que je vais lire Les châtiments !
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livres lus PAL : 10/47
DM29- Nombre de messages : 675
Age : 36
Location : Breizh
Date d'inscription : 21/06/2009
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