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Georges NAVEL (France)

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Georges NAVEL (France) Empty Georges NAVEL (France)

Message  Invité Mer 19 Nov 2008 - 23:23

De : gallomaniac (Message d'origine) Envoyé : 2007-03-18 08:08

Travaux, de George NAVEL
Stock, 1945, Folio 1979, 247 pg.

Reçit autobiographique d'un ouvrier manuel sans formation, 13ème enfant d'une famille du bassin Lorrain. Né en 1904, il a une jeunesse assez libre d'école et d'école buissonière. Il quitte l'école à dix ans, en 1914 il est évadé en l'Algérie, séparé de ses parents déjà vieillards, qu'il rejoint quelques mois plus tard à l'hivernale Lyon. Il lui faudra déjà faire des petites besognes pour survivre et il suit son frère à des rassemblement ouvrières. En 1919, pas encore 15 ans - il gratte ses papiers pour en avoir 15 - il entre en apprentissage dans un atelier de limeur pour y travailler plus de 12 heures, 6 jours. Il se sent trop enfermé, il fait un essai de suicide, et quelques fugues: du travail à la campagne et un court séjour en Algérie, qui pour un travailleur n'est pas le paradis que c'était à ses dix ans. De retour à Lyon commence sa vie de travailleur sans boulot fixe. Il connait un moment d'amour inoubliable; (lui errant, elle restera son ami par correspondance). Il entre en usine ou un vieux travailleur le stimule à lire, à se former: il copie par plaisir "Romances sans Paroles" de Verlaine. Puis il retourne auprès de son frère ainé en Lorraine; mais l'Eden de son enfance a perdu son merveilleux et à l'usine metallurgique il se sent comme un fantôme errant. Son prochain boulot est à l'usine de Citroën à Paris, puis il sera saisonnier dans la montagne: faiseur de foins, chantier de montagne. Les gars de la crise, venent de tous pays, acceptent n'importe quelles conditions de vie: on gagne à peine pour la cantine et le lit, les accidents de travail sont multiples. Il écrit des lettres pour les camerades illéttres. Un jour, traité trop durement, il s'en va. Le travail aux marais salants est plus gai mais autrement dur: la pelle, la brouette, le pelle, la brouette, il faut tenir le rythme. Il tient quelques saisons. La fin du sel correspond à la fin des vendanges, il faudra encore partir suivre "le gibier du travail", qui est rare. Le chômage est des vacances involontaires, qui permettent de lire et d'avoir faim. Il est un temps jardinier à Nice, puis peintre de bâtiment à Auteuil: à coté des chômeurs attendent leur soupe populaire. Vers 1937, il est terrassier à Paris. Il aime ce travail, mais après un temps, la solitude le pèse puisque toujours fatigué le soir, il lui manque de vivre après le travail, en homme libre. Il va en saisonnier au sud pour la recolte des cerises vers Nice, des pêches à Fréjus, de la lavande en Vaucluse. Mais les journées sont longues: dix-douze heures et plus. Après dix ans de travaux divers, par soif de faire de lartisanat bien fait, il veut retourner à son metier de limeur. À Paris, laction ouvrière à résulté a des améliorations de travail (huit heures, des vacances payés) et on gagne mieux sa vie, donc il retourne encore à l'usine metallurgique à Paris. L'usine a évolué, la conscience ouvrière aussi.

"Avant la fatigue, (...) il y a au moins une heure dans la journée que le corps est heureux".
"... l'ennui, l'état de sécheresse intérieure, encore plus que la faim, est le vrai mal des hommes."
"C'est une forme de contentement, faire ce que l'on décide".
"J'ignorais la barrière des certificats".
"... je me réjouissais, dans ma tâche toujours difficile, d'être un homme, une combinaison de forces, de facultés aux prises avec le noir de la matière".
"Il y a une angoisse ouvrière propre à la recherche du travail".

Quatrième de couverture: Un des livres les plus beaux inspiré par la condition ouvrière. Travaux, paru au lendemain de la guerre, en 1945, est tout de suite devenu un classique. Les critiques ont comparé Georges Navel à Gorki, à Panaït Istrati, à Eugène Dabit, à Charles-Louis Philippe. Mais Navel fait entendre une voix qui n'appartient qu'à lui. Comme l'a écrit Jean Giono : "Cette patiente
recherche du bonheur qui est la nôtre, nous la voyons ici exprimée avec une bonne foi tranquille."
Ce livre m'a fait penser en plus à Marguerite Audoux: "Mairie-Claire", Knut Hamsun: "La faim" et Claire Etcherelli: "Elise ou la vraie vie". Navel n'écrit pas pour faire effet, il écrit le plus pur de ses pensées, de sa sagesse: c'est de la vie traduit en poésie de mots. C'est étonnant d'authenticité.

Deux passages, tirés de Michel Ragon, "Histoire de la littérature prolétarienne" (Lien: Michel RAGON ):
- En 1935 s'ouvre à Paris le cercle culturel "Le Musée du Soir". André Sévry consacra une étude au "Musée du Soir". Il raconte comment un terrassier vint un jour y lire des pages admirables qu'il avait écrites sur son travail. Ce terrassier sera plus tard fort connu. Il s'agit de Georges Navel.
- On a pu être étonné de voir Paul Géraldy préfacer ce livre, mais Géraldy connut Navel alors que celui-ci arrachait les souches de bruyère sur les pentes des Maures pour les vendre aux gens de la Côte d'Azur comme allume-feu. Mavel devint jardinier dans la propriété de Géraldy et le poète de Toi et Moi l'éncouragea à écrire Travaux."

Ma note 4/5



Tiré du web : Georges Navel (1904-1993), né à Maidières-les-Pont-à-Mousson, fut tour-à-tour manœuvre, ajusteur, terrassier, jardinier, apiculteur et correcteur d'imprimerie au quotidien communiste L'Humanité. Ce libertaire (à ce titre, la Fédération anarchiste en fait un de ses écrivains favoris), insoumis durant six ans, déserteur, fut aussi soldat et résistant. Ses livres constituent une longue autobiographie où Navel décrit en particulier la condition ouvrière, sans emphase ni enflure, avec sobriété, simplicité et concision. Ses récits sont si précis, si ajustés, qu'ils servent aux historiens pour raconter le passé.

Travaux (éditions Stock, 1945, rééd. en livre de poche Folio nº 1156).
Parcours (Gallimard, 1950).
Sable et limon (Gallimard, 1952, rééd. 1989).
Chacun son royaume (Gallimard, 1960).
Passages (Le Sycomore, 1982, réédition Gallimard 1991).

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