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Dee Dee RAMONE (Etats-Unis)

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Dee Dee RAMONE (Etats-Unis) Empty Dee Dee RAMONE (Etats-Unis)

Message  Lacazavent Jeu 20 Nov 2008 - 16:18

De : ThomThom12932 Envoyé : 23/02/2006 18:51

Vous pourriez me dire : ouais bon bah, ton bouquin sur les Ramones tu pourrais le chroniquer sur ton forum musical...sauf que voilà :

1/ sur mon forum musical, les Ramones, tout le monde les connaît déjà ou presque
2/ il s'agit bel et bien de littérature

De son vrai nom Douglas Colvin, Dee Dee Ramone est né en 1952 et fut donc de 1973 (environ) à 1989 le bassiste et principal compositeur des Ramones, légendes du rock et (chronologiquement parlant) inventeurs de ce qu'un journaliste new yorkais qualifia un jour de "punkrock". Pour plus de détails sur les Ramones, je vous incite à cliquer ICI , leur discographie n'ayant pas vraiment sa place sur un forum littéraire.

Après 1989, Dee Dee Ramone va, cas unique dans l'histoire du rock, continuer à composer des morceaux pour les Ramones bien que ne faisant plus officiellement partie du groupe...(c'est d'ailleurs un des principaux moteurs du livre dont je vais parler ci après) et publiera quelques albums sporadiques (trois si je ne m'abuse) n'ayant qu'un intérêt tout relatif. Car ce qui l'intéresse désormais, et notamment depuis qu'il est devenu ami avec Stephen King (fan des Ramones qui les cita à de nombreuses reprises - y compris dans sa Tour - et insista pour qu'ils composent la BO du film "Pet Semetary") c'est la littérature...après avoir vainement essayé de se faire publier sous son vrai nom, Douglas va redevenir Dee Dee et entamer une carrière littéraire prometteuse qui sera hélas avortée par son décès en 2002, peu de temps après la sortie de son second livre, "Chelsea Horror Hotel", dans lequel il rend hommage aux maîtres du roman noir et du polar à l'américaine (Chandler, Hamett) mais dont la traduction en français ne semble pas programmée - ce qui est regrettable car ce livre est vraiment très bon.

"Poison Heart : Surviving The Ramones" (S.A.F. Publishing, 1997)

édition française et excellente traduction de Despentes :
"Mort aux Ramones ! " (le Diable Vauvert)

1995 : Dee Dee Ramone est au plus mal. Son premier album solo "I hate freaks like you" est allé directement rejoindre les bacs à soldes, alors que le dernier album en date des Ramones (qu'il a co-écrit) est un carton. Le manuscrit de son premier roman lui a été refusé. Qui plus est, il vient d'apprendre qu'il est atteint d'un cancer et n'en a plus pour très longtemps...il commence donc, plus ou moins, à prendre des notes en vue d'une éventuelle autobiographie...mais le coup de grâce arrive en 1997 : les Ramones annoncent officiellement leur séparation et programment un grand concert à Holywood auquel est convié tout le gotha du rock d'alors. Dee Dee sera bien sûr de la fête...une fête, vraiment ? Après le concert, Dee Dee se rend compte que pour le grand repas réunissant toute la joyeuse bande de rockers, on ne l'a tout simplement pas compté au nombre des invités.

Ainsi s'ouvre "Surving The Ramones", livre totalement culte aux USA. Sur un constat amer et désenchanté.
Alors Dee Dee décice de raconter son histoire et celle des Ramones, car il se sait condamné - même s'il évoque la maladie avec une pudeur immense - et veut le faire avant que les autres ne le fassent. Il sait qu'une fois les Ramones officiellement splités, ils redeviendront populaires. Et il connaît trop bien le music-business pour savoir qu'au lendemain de sa mort programmée, les journaleux de tout poil vont y aller de leur petite biographie.
Il veut raconte l'histoire, la vraie, avant que les biographies de toutes sortes n'encombrent les rayons des librairies.

Il ne nous épargne rien. Sa haine pour des parents violents et méprisables, son enfance dans les rues les plus sordides de New York, sa rencontre avec Johnny Cummings, un guitariste de son âge, les premiers groupes, les premiers shoots, les débuts dans les bars miteux.
Et puis cette idée lumineuse : prétendre que le groupe est composé d'une fratrie. Johnny Cummings devient Johnny Ramone, et Douglas Colvin devient Dee Dee. Ils sont rapidement rejoints par Joey (chant) et Tommy (batterie). Leur groupe est complet : ils sont les frères Ramones, jouent une musique basique aux textes faussement idiots et parachèvent l'oeuvre en décidant de se fringuer tous les quatre de la même manière (un peu comme les Beatles du début). La mayonnaise prend.
Premier contrat, premiers disques, premières tournées et premières prises de têtes...
Là encore, Dee Dee tape direct là où ça fait mal. Il ne cache pas son mépris pour Joey, et n'épargne aucun détail de la lente mais inéluctable descente aux enfers de Tommy - qui s'achèvera dans un hopital psychiatrique. Mais Marky prend sa place, un nouveau frère...après tout, n'achèvent-ils pas tous leurs concerts par la chanson "We're a happy family" ?

Tu parles d'une famille heureuse...on comprend alors que toute sa vie durant, Dee Dee a tenté de recréé au sein de son groupe la famille qu'il n'a pas eu...tout ça pour sombrer totalement...dans le rien...parce que dès le début des années 80, les Ramones sont d'ores et déjà considérés comme des has-been...déjà qu'ils ne vendaient pas beaucoup de disques...l'ambiance est donc de plus en plus tendue. Chacun se bat pour caser ses chansons sur le disque, et tous (à l'exception de Johnny pour qui Dee Dee semble avoir conservé un immense respect) sombrent dans la dope et la folie autodestructrice...

Jusqu'à ce jour de 1989 où l'auteur décide se s'auto-virer du groupe qu'il a créé de toute pièce...et se rend rapidement compte que l'après-Ramones risque d'être bien pire que le pendant. Qu'on lui a collé une étiquette qu'il ne parviendra à détacher (ironie du sort) qu'une fois mort. Alors il tente de "survivre aux Ramones", dans un style miraculeux, bukoswkien, qui rend l'histoire captivante.

Car oui, on peut lire ce livre sans être fan des Ramones, sans les aimer voir même sans les connaître...c'est l'histoire des Ramones, mais ce pourrait être celle de n'importe quel petit groupe de loosers catapulté du jour au lendemain en haut de l'affiche.
Grandeur et décadence du rock n'roll ? Même pas...juste l'histoire d'un homme finalement ordinaire, tentant de ne pas péter les plombs en voyant venir le succès, tentant de se livrer tel qu'il est. La plume de Dee Dee est acérée, rageuse, poignante.
Sa conception de la nature humaine (plutôt nihiliste on s'en doute), son recul par rapport à lui-même, son regard sur l'évolution du music business durant les quelques trentes années où il en fit partie...tout cela revêt une dimension quasi sociale.

Je ne critique donc pas ce livre dans la catégorie biographie ou autobiographie, car contrairement aux deux bouquins de Bill Wyman (autre ex bassiste d'un groupe de légende, les Stones) ceux de Dee Dee Ramone appartiennent bien à la littérature. Bien sûr, Dee Dee ne se souvient pas de tout, sa mémoire vacille parfois...mais il y une écriture qui est là pour faire corps avec le propos (là où les livres de Bill Wyman sur les Stones ne sont qu'une longue et fatigante succession d'anecdotes). Ce mec avait du style, et si la mort ne l'avait pas emporté si jeune (49 ans !) il aurait fait jen suis sûr un foutu écrivain.

Ne reste que deux bouquins pour s'en rendre compte, dont un seul traduit à ce jour, celui-ci. Par Virginie Despentes, qui s'est battue pendant des années pour que ce livre sorte en France et qui, ironie du sort, n'a réussi à convaincre un éditeur de cette nécessité qu'après la mort de son auteur...bah tiens ! comme de par hasard...

pour la note...hum...en tant que fan des Ramones ma note personnelle serait 5/5, mais je vais essayer de demeurer objectif : 4/5


N.B. : L'ironie du sort, encore...pour la petite anecdote, Dee Dee est décédé presque pile un an après Joey Ramone. Début 2003, Johnny Ramone avait cette phrase tristement prophétique : "C'est la mort qui a définitivement rendu la séparation officielle"...il aurait mieux de se taire, vu qu'il est mort dans l'année qui suivit.



De : melodie74 Envoyé : 01/04/2006 18:24
Dee Dee RAMONE (2002). Mort aux Ramones.
272 pages
(v.o. Poison Heart : Surviving the Ramones, 1997)

Je ne connais pas assez l'histoire et le passé des Ramones pour en discuter aussi bien que Thom, mais je peux quand même dire que rien de me surprend dans cette mini-autobiographie. Tout ce à quoi l'on s'attend est là : sex, drugs and rock and roll. Par contre, je suis restée sur ma faim. J'ai l'impression que Dee Dee a épuré son texte. Il ne cache rien de la drogue, de ses mauvais coups, etc., mais il survole rapidement plusieurs événements de l'épopée des Ramones et même s'il ne cache jamais ses torts, ses défauts, ses vices, il en ressort, à mon avis, un sentiment de victimisation. En fait, je verrais très bien ce livre comme le premier de 4, c'est-à-dire 1 pour chaque Ramone original. Car dans la frénésie de l'époque et les vapeurs de drogues et d'alcool, je suis certaine que leur mémoire est plutôt sélective et que chacun aurait une vue plutôt différente de leur histoire. Celle de Dee Dee est, à mon avis, une voix qui dit : on m'a utilisé, je n'avais pas le droit de faire ce que je voulais, on ne m'a pas rendu justice.

C'était bien, par contre, de retrouver le feeling des premières années du punk, les rencontres avec les Sex Pistols et The Damned (que j'ai vu il y a deux ans en concert!!). Mais je n'en démords pas, je reste avec un sentiment mitigé : j'ai l'impression que Dee Dee joue un peu à la victime. Il se dépeint comme un rebelle, un avant-gardiste qui semait la zizanie au sein du groupe, car il ne voulait pas obéir à Johnny qui décidait de tout pour les Ramones (habillement, coupe de cheveux, etc.) et il a donc été exclu. C'est évident qu'il n'était plus bien (l'avait-il déjà été) au sein de cette "famille", et qu'il a voulu tenter sa chance en solo, mais s'est bien vite aperçu qu'il ne pourrait jamais se défaire de son nom de scène.

Le livre se termine plutôt bien...Dee Dee réussit à laisser tomber la drogue et a une nouvelle copine (de plus de 20 ans sa cadette). Tout semble baigner, mais on sait aussi que Dee Dee Ramone est décédé d'une overdose en 2002 (?). Qu'est-ce qui s'est passé entre ces deux périodes??

Un livre tout à fait divertissant pour les amanteurs des Ramones, mais à mon avis sans grande importance pour ceux qui ne les connaissent pas. Pas parce que le sujet n'est pas bon ou pas universel, mais parce que je trouve qu'il reste trop superficiel. Il est trop court, il manque des bouts ou un certain approfondissement. Cependant, j'ai vu sur le Net qu'une deuxième édition de ce livre est sorti un peu plus tard (Lobotomy : Surviving the Ramones). Peut-être que cette version en raconte un peu plus.

Thom : Est-ce la deuxième édition que tu avais, car mon édition n'ouvre pas du tout comme la tienne (i.e. pas de Dee Dee au plus mal ou aucune mention de son manuscrit refusé...)

Un 3.5/5



De : ThomThom12932 Envoyé : 01/04/2006 23:15

Ouh là...bon alors...pour commencer j'ai feuilleté également "Lobotomy..." qui est en fait presque un autre livre...disons que c'est la version non censurée, il fait facilement une centaine de pages de plus...

Cependant mon édition ne commence pas du tout en 1995 avec le manuscrit rejeté et Dee Dee au plus mal ! ça c'est la mise en situation, si j'ose dire...je voulais planter le décor car je connais assez bien la vie et l'oeuvre de Dee Dee Ramone pour ajouter ces détails...je suis désolé, il semble que je me sois mal exprimé.
Désolé, j'aurais dû mettre ces détails dans la présentation et non dans la critique. Le fait est que c'est vraiment dans ce contexte qu'il a commencé à écrire ce livre, mais qu'il n'en parle pas. En me relisant je me suis rendu compte que je laissais entendre le contraire, désolé.

Et sinon eh bien c'est une fort jolie critique à laquelle je n'ai rien à ajouter. Juste un petit détail : j'aime beaucoup ton idée de quatre versions de l'histoire, une pour chacun. Dans la même interview de début 2003 que j'ai cité, le journaliste demandait à Johnny s'il avait lu le livre de Dee Dee et celui-ci avait eu une réponse pour le moins laconique : "Plus ou moins. Tout n'est pas forcément vrai mais bon...c'est Dee Dee, quoi...".

Il y a juste un point que je tiens à éclaircir : le fait est que le sentiment de rejet de Dee Dee est tout de même totalement justifié, car oui, c'est vrai que c'était quand même lui qui écrivait quasiment toutes les chansons.
En revanche sa mauvaise foi est évidente sur certains points, notamment (mais là on sort du cadre de la littérature et c'est le genre de choses que j'avais essayé d'éviter de faire dans ma critique ) lorsqu'il jure tous ses dieux qu'il a écrit "Chinese Rocks" alors que c'est Richard Hell qui la lui a offerte...enfin bref, ce sont des détails .

J'adore ta critique.



De : melodie74 Envoyé : 07/04/2006 17:54

Ah bien! Là je comprends mieux!

Pour le peu que j'en sais, je suis tout à fait d'accord avec toi : son sentiment de rejet est justifié, mais justement, de tels sentiments qui peuvent déranger toute une vie font en sorte que, j'imagine, son point de vue est peut-être un peu biaisé. Mais bon, c'est tout de même super intéressant.

Toi qui semble connaître l'histoire plus en profondeur, sais-tu ce qui s'est passé dans les dernières années pour le faire rechuter dans la drogue? Tout semblait "bien aller" ou du moins "mieux aller"...



De : ThomThom12932 Envoyé : 07/04/2006 21:42

Déjà, je sais qu'il avait un cancer de je ne sais plus trop quoi...comme Joey, d'ailleurs.

En fait personne n'a jamais vraiment bien compris pourquoi Dee Dee avait "rechuté" car quelques mois avant sa mort il était désintoxiqué, avait reconstruit (enfin : commencé à construire) sa vie, s'était trouvé une copine...et cette overdose bizarre. Certains ont avancé la thèse d'une overdose volontaire, d'un suicide en somme. La vérité c'est qu'on sait pas trop ce qui s'est passé après la publication de "Chelsea Horror Hotel"...et qu'à mon avis on ne le saura sans doute jamais. A moins qu'un de ses rares amis encore vivants, genre Richard Hell, décide un jour d'écrire ses mémoires à son tour et ne l'y révèle...
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