Cormac MCCARTHY (Etats-Unis)

Géromino : Je n'ai pas pris le temps de vérifier le nombre de romans qu'il me reste à lire de McCarthy, mais bon nombre me sont passés sous les yeux. Je suis donc, comme toi semble-t-il, un adapte de son univers.

Concernant ce "Gardien du verger", je suis mitigé. Comme j'ai essayé de l'expliquer dans mon précédent avis, la compréhension de l'intrigue nécessite une vive attention. Le 4° de couverture que j'ai "pompé" à l'issue de ma lecture pour le résumé, m'a même aidé à comprendre des liens entre les personnages principaux qui m'étaient totalement échappés
Par contre le style et l'ambiance "McCarthiste, que l'on retrouve dans ses œuvres suivantes sont déjà bien au rendez-vous.

Pour mon parallèle avec Faulkner, je pense que le fait que ce roman est reçu à sa parution le prix "Faulkner" a fait un tilt dans mon esprit pour le rapprocher de "Le bruit et la fureur". J"ai lu quelques romans de William Faulkner", mais j'avais rapidement abandonné celui qui est considéré comme son œuvre majeure. Au bout de 50 pages je n'avançais pas dans le positionnement des personnages et donc dans la compréhension générale de l'histoire. Cela reste pour moi un regret.

Suis-je peut-être passé à côté de ce "Gardien du verger" du fait de ne pas avoir porté une attention particulière à des moments particuliers du roman? Cela arrive parfois et suite à cela on décroche. Je t'incite donc à lire ce roman. Tu retrouveras certainement plaisir à reprendre quelques coups dans l'estomac et à l'issue de ta lecture, le plaisir probable de me donner quelques regrets d'avoir manquer ce rendez-vous (..ou pas  )

Je n'ai jamais rien lu de lui mais j'ai la route sur ma liste depuis des lustres

L’OBSCURITE DU DEHORS
Cormac McCARTHY
Points 226 Pages
067/2023
 
Résumé (4° de couverture)

Les appalaches en été, la pauvreté, une cahute délabrée à la lisière d'une forêt, un couple incestueux, frère et soeur, et pour finir un nourrisson abandonné au milieu des bois voilà posés les éléments d'une tragédie à laquelle, un à un, de nouveaux personnages vont s'ajouter, au fil d'une errance désespérée.
Cormac mcCarthy met en scène, avec une incroyable virtuosité, des êtres frustes et illettrés, et donne à voir la misère du vieux sud américain dans une langue lyrique et baroque. Cette fable sur le bien et le mal, sur l'innocence livrée à la violence et au péché, est d'une force exceptionnelle.
 
L’auteur, le livre et moi
 
Je n’ai pas vérifié mais me semble bien que j’en aurai terminé avec cet auteur une fois lu son dernier opus édité juste avant son récent décès.
J’ai eu beau fouillé dans les archives du terrier et aucun commentaire ne concerne « L’obscurité du dehors ». La seconde partie de sa bibliographie semble avoir eu plus les faveurs du grand public. Allez savoir pourquoi ?...
« L’obscurité du dehors » est le second roman de l’auteur.
 
Mon avis
 
Voyage dans le déchéance morale et matérielle du Sud de l’Amérique au début du XXème (je présume. Rien n’est précisé pour l’espace-temps de cette histoire). Le résumé est assez explicite pour poser les bases de ce roman. A travers l’errance de deux personnages, l’auteur nous invite à découvrir un monde et ses étranges acteurs. Comme bien souvent avec McCarthy (ou comme toujours d’ailleurs) le tableau est d’une noirceur pesante et désespérante. Ce qui fait qu'une nouvelle fois, on ne peut pas s’empêcher de comparer cet univers littéraire avec celui de William Faulkner.
Si la balade n'est pas des plus réjouissantes, elle n'en est pas moins captivante. Les dialogues sont parfaitement maitrisés pour les rendre crédibles et ainsi ajouter de l'horreur aux événements. 
Petit bémol me concernant. J’ai un doute sur ma compréhension de l’issue de l’histoire. J’ai relu quelques derniers passages qui n’ont pas effacer ce doute. Un futur lecteur ne manquera pas de répondre à mes interrogations. Une raison supplémentaire de lire ce livre.
 
Ma note 3.5 / 5

Geromino : Ah oui si tu peux nous le caler pour le thème cela nous permettra de "spoiler" sur quelques incertitudes de compréhension de ma part. Le parallèle que je fais entre McCarthy et Faulkner tient plus dans les univers choisis par chacun d'entre eux plus que pour leur style littéraire: L'hostilité de la nature, la noirceur des personnages et des histoires.
Ce comparatif tient surtout pour les tous premiers romans de McCarthy  "L'obscurité du dehors", "Le gardien du verger" Un enfant de Dieu". Il concerne beaucoup moins les romans suivants qui sont plus... contemporains ?

"L'obscurité du dehors"  Points 2023    226 pages  
                                   
                  Culla et Rinthy Holme sont frère et soeur. Ils vivent dans une cabane miséreuse perdue au fin fond des Appalaches. De leur relation incestueuse est né un enfant. Que Culla s'est vite empressé d'aller perdre dans la forêt. Mais un colporteur de passage a récupéré le nouveau-né. Rinthy, à peine remise de son accouchement, se lance désespérément à la poursuite du colporteur. Culla, de son côté, tente de retrouver sa soeur. Affamé, errant, il va croiser sur sa route bien des personnages pas du tout recommandables, qui vont s'acharner sur lui tour à tour avec une férocité grandissante. 

                   "Une fable terrifiante sur le Bien et le Mal" peut-on lire dans le 4e de couv. Terrifiante, à coup sur! C'est d'une noirceur à faire frémir! Chaque page fait monter d'un cran une angoisse profonde et palpable. Rinthy n'en finit pas de rebondir comme un punching-ball sous les coups des sinistres malfaisants qu'il croise. Il se sort à chaque fois de justesse de situations extrêmement périlleuses, mais pour retomber plus loin dans une affaire encore plus mal engagée! Comme si, lui, Holme, était poursuivi par une sorte de punition divine implacable... 
                    On peut lire aussi "qui met en scène avec une incroyable virtuosité, la misère du vieux Sud". La virtuosité, c'est celle incomparable, de C. McCarthy. Des dialogues reconnaissables au premier coup d'oeil: lapidaires et minimalistes. Ce qui apporte à la lecture un souffle au réalisme incomparable. Tout de suite, on est dans la réalité; on se laisse submergé par la force de ce langage "authentique", du parler vrai. Ces dialogues sont ceux de la vie même, sans fioritures, jetés tels quels. C'est ce que je préfère chez C. McCarthy. 
                    La misère du vieux Sud: Dkois, tu parles de Faulkner. Je n'ai pas assez lu cet auteur pour juger. J'ai plus de références avec Caldwell, mais il me semble que ce qui est relaté ici se trouve antérieur aux contextes de ses romans. Donc on pourrait tabler ici sur une histoire fin XIXe, début XXe.
                    Pour tenter de répondre à ton interrogation, j'avoue que le dernier chapitre m'a moi aussi laissé un sentiment d'incompréhension. Qui est cet "aveugle déjà rencontré"? Parfois McCarthy sème ici et là dans ses romans des références plus ou moins obscures, incompréhensibles pour qui n'a pas les "clés". Faut-il voir ici une de ces expressions énigmatiques?? Je ne sais pas.
                    Avis: ce livre se lit les dents serrées, et avec l'estomac qui se retourne par moments. Il y a des passages parfois difficilement soutenables.

Note: 4/5