Annie ERNAUX (France)
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Annie ERNAUX (France)
De : nimbus (Message d'origine) Envoyé : 10/08/2004 16:46
Annie Ernaux : " La place"
Prix Renaudot 1984 , France loisir 114 pages
Le thème.
Un peu après la mort de son père, l'auteure qui est la narratrice entreprend le récit de la vie de celui-ci: d'abord garçon de ferme, puis ouvrier et petit commercant enfin.
La vie difficile des petites gens au début du XX° siècle est bien mise en évidence, ainsi que la faible marge de liberté dont ils disposaient pour améliorer leur condition de vie.
Un autre point interessant est de voir la distance de plus en plus grande qui s'installe entre le père qui a eu une éducation minimum, et sa fille qui a la chance de faire de bonnes études.
Mon avis.
C'est un petitformat, écrit avec sensibilité et délicatesse, mais qui est d'une grande densité.
Un bon livre interessant et agréable.
Note: 4 / 5
De : Claarabel Envoyé : 26/08/2004 17:24
Un peu au hasard j'ai récemment lu ce livre d' Annie Ernaux : LA PLACE
Sincérité, grande pudeur et émotion ...
Bref, Annie Ernaux, suite à la mort de son père, avait tenté d'inclure son personnage dans un de ses romans. Vaines tentatives. Et puis finalement, c'est en décidant de parler de lui crûment, sans pathos, "d'une écriture plate" pour dire les nouvelles essentielles. Rassembler les paroles, les gestes, les goûts du père, les faits marquants de sa vie. "Aucune poésie du souvenir, pas de dérision jubilante." Le pari est moitié réussi : Annie Ernaux parvient à retracer les traits d'un père très honnêtement, avec une pudeur non affectée. Pour parler d'un homme qui savait à peine lire et écrire, devenu ouvrier avant de s'élever au rang de commerçant, toute la fierté des gens de peu, avec leur mode de vie et leurs expressions de tous les jours. Annie Ernaux les copie en fille modèle dans son livre, un peu honteuse d'avoir tourné le dos à ce monde où elle a grandi heureuse, et puis rejeté lors de son entrée dans le monde bourgeois. Le résultat est juste, touchant. Car l'auteur a manqué à produire un texte plat, dans son état brut : l'émotion est présente du début à la fin, poignante, et vous noue l'estomac devant le récit de la mort du père. La disparition de cet être cher, bourru dans son genre, mais aimant et aimé pour ce qu'il était. "La place" lui en délivre un terrible et bouleversant hommage. Un très beau témoignage d'une fille pour son père. A lire, le mouchoir à portée de main.
Note : 3.5 / 5
C.
De : Claarabel Envoyé : 22/03/2005 19:59
Annie ERNAUX - L'occupation
72 pages - Gallimard
La narratrice quitte son amant après une liaison de six ans. Mais lorsque celui-ci lui annonce qu'il fréquente une autre femme et qu'il choisit de vivre avec celle-ci, un sentiment incroyable se produit chez elle : la douleur, la souffrance, insidieusement la jalousie et l'obsession terrible de cette Autre, dans la vie de son (ex) amant. Un sentiment troublant et déconcertant qu'est cette sensation d'avoir perdu une exclusivité, une place, un homme .. à la rigueur. Car au fil du récit, c'est plus l'impression d'être flouée d'un acquis, d'être remplacée par cette Autre qui prédomine "L'occupation".
Effectivement la narratrice est "occupée" : par l'image surréaliste de cette autre femme dans la vie de son amant, lequel refuse de dire le nom, prénom et plus. Aussitôt la folle du logis s'emballe - à son bord, une narratrice presque échevelée, enragée, excitée et éperdue. L'imagerie de cette Autre devient obsessionnelle. Seul recours : l'écriture, "comme une jalousie du réel", un dérivatif à sa souffrance, écrire les mots pour sortir de cet engrenage, et qu'aujourd'hui cette histoire ne soit plus "mon désir, ma jalousie" mais "du désir, de la jalousie". Une jolie leçon, fatalement courte, excisée par Annie Ernaux.
4/5
De : Claarabel Envoyé : 23/03/2005 11:06
L'événement - Annie ERNAUX
Gallimard - 115 pages
En 99, la narratrice sort d'un dépistage du sida et se rappelle un événement de trente-ans ans plus tôt : son avortement, clandestin. Alors âgée de 23 ans, étudiante en lettres à Rouen, la narratrice raconte son parcours, depuis l'annonce de cette grossesse accidentelle et importune jusqu'à sa "libération". Or, en 1963, l'avortement est un acte interdit, répréhensible, puni par la Loi. La jeune Annie s'interroge, décidée de ne pas garder cet enfant, de trouver le moyen de mettre un terme, d'espérer une fausse couche, de tenter de la provoquer en allant skier à toute berzingue sur les pistes, de s'introduire des aiguilles de tricot... Bref, le parcours douloureux, difficile et délicat d'une jeune fille des années 60, mise en cloque, mais ne souhaitant pas "être mère" à cet instant.
Le récit d'Annie Ernaux, qui nomme "L'événement" ce moment ineffaçable et pénible, est très poignant. Il mêle la pudeur, la brutalité, la souffrance, la honte. L'auteur raconte sans ambages : les faiseuses d'anges, l'hémorragie, la solitude, l'impasse, le désarroi d'avoir 20 ans, pas d'argent, aucune oreille attentive autour. Le jugement des médecins, des pharmarciens, les phrases anodines qui claquent comme un fouet dans le vent. L'appartement triste, sale, lugubre de cette sage-femme. Et la scène de "l'expulsion de la grenade", page 90, particulièrement frappante et indélébile pour la mémoire, le souvenir. Voici un texte qui a semblé nécessaire à son auteur pour mettre en mots "un événement" qu'elle dit "inoubliable" - ce livre est rédigé sans pathos, jamais morbide, mais avec justesse et sans cruauté. Un regard net, qui ne juge pas et ne s'épanche jamais.
4/5
De : Claarabel Envoyé : 29/03/2005 15:18
Annie ERNAUX - Une femme
Gallimard - 105 pages
Après avoir écrit sur la mort de son père dans "La place", Annie Ernaux récidive avec la perte de sa mère - "Une femme". Parler de la femme de son imaginaire, mais aussi la femme réelle, celle qui a existé en dehors d'elle, mettre en mots le portrait d'une femme, comme pour "mettre au monde sa mère". Dessiner le parcours de celle-ci, son enfance en Normandie, son milieu modeste, ouvrier, la volonté de s'élever, d'être commerçante, indispensable pour les autres, mais être au-dessus. Pousser sa fille à faire des études, à réussir, à s'en sortir et basculer dans le monde bourgeois, d'où vicieusement la mère se sentira exclue, flouée, déçue, etc...
Le portrait qu'Annie Ernaux fait de sa mère est écrit au plus juste, sans tendance lacrymale, contrairement à "Une place" qui m'avait davantage touchée. "Une femme" est aussi tendre et attendrissant, toutefois la maladie de la mère laisse une traînée presque amère. Cette femme forte et lumineuse devenue démente... dit-elle. Dans un autre livre ("Je ne suis pas sortie de ma nuit") l'auteur s'étend plus à ce sujet. Il y a cependant de très beaux passages sur cette maman, quittée la veille devant Jacques Martin pour apprendre sa mort le lendemain à dix heures. La honte, la colère, le ras-le-bol, la culpabilité... c'est une petite fille qui parle aujourd'hui, qui se sent seule et abandonnée, orpheline. Aussi ce livre est une très belle déclaration d'amour, pleine de délicatesse et d'acuité. "Il fallait que ma mère, née dans un milieu dominé, dont elle a voulu sortir, devienne histoire pour que je me sente moins seule et factice dans le monde dominant des mots et des idées où, selon son désir, je suis passée". Juste monnaie de la pièce...
4/5
De : Laure Envoyé : 13/04/2005 17:02
Annie Ernaux - La femme gelée
(182 pages)
Dans La femme gelée, la narratrice revient sur son enfance et son adolescence avant d'évoquer sa vie de jeune femme et de jeune mère.
Son enfance, elle l'a passée, entourée d'un père et d'une mère non stéréotypés, qui savaient partager les tâches de la vie quotidienne. Durant toute cette période et celle de son adolescence, elle a du mal à trouver ses repères, son éducation et ses propres idées ne correspondant pas aux normes de la société de l'époque.
Jeune femme, elle est confrontée aux idées conformistes de son mari et de sa belle-famille. Elle devra faire passer son amour de la littérature, ses études et ses loisirs au second plan, alors que son mari jouit de suffisamment de temps pour s'épanouir, lui. Elle se sent mal à l'aise dans son rôle de femme et de mère.Lorsqu'elle deviendra enfin professeur, elle se sentira aussi frustrée d'avoir toujours tout à assumer seule.
Ce livre, à l'écriture incisive et à l'ironie mordante, est un réquisitoire contre la société. Il peut nous faire sourire et/ ou grimacer...Peut-être,en ce qui me concerne, à certains moments de la lecture, me suis-je lassée des plaintes incessantes de l'auteure, même si je souscris à la plupart de ses idées .C'est ce qui explique ma note:
3.5/5
De : Le-réaliste-romantique Envoyé : 15/05/2005 19:46
Les armoires vides - Annie Ernaux
folio 182 pages, première publication 1974
Alors qu'elle doit subir un avortement, la narratrice, Denise Lesur, revient sur son passé. Elle le revisite pour revivre le chemin qui l'a menée où elle est. L'avortement n'est que l'excuse de cette récapitulation du passé, c'est la jeunesse de la narratrice, dans un café-épicerie un peu minable d'une petite ville, qui est le coeur du livre. Denise Lesur vient d'un milieu de petits commerçants qui ne brassent pas de grosses affaires et qui ne vendent que des produits peu prestigieux à des ouvriers ou des petits paysans. Lorsqu'elle commence à fréquenter une école privée, Denise réalise que son milieu n'est pas celui des autres les filles. Celles-ci sont des enfants de notables, de bourgeois ou de riches commerçants. Elle envie les enfants de milieux aisés et développe une haine envers ses parents, car ils ne "s'élevent" pas au-dessus de leur milieu et ne lui ont pas donné une éducation plus "élevée". Ses parents ont travaillé dur pour lui permettre d'étudier tant qu'elle le veut, mais ce n'est pas suffisant pour elle, elle ressent du ressentiment. Du moment qu'elle fréquente l'école privée jusqu'à ce qu'elle quitte la demeure familiale pour la fac, la narratrice n'a de cesse de se distinguer de ses parents et du milieu dans lequel ils vivent.
Comme la pluspart des livres d'Annie Ernaux, cette histoire est calquée sur sa vie. Il s'agit de son premier roman, ainsi la forme et la plume de ce livre sont différentes que dans ses autres livres. L'écriture des Armoires vides m'a semblée plus musicale et poétique que dans d'autres de ses oeuvres, et aussi un peu plus complexe.
Bien que les propos de la jeune fille m'ont parfois dérangé (on peut reprocher beaucoup de choses à ses parents, mais les haïr simplement parce qu'ils sont de leur milieu? Ça m'a semblé un peu fort, surtout que, bien qu'ils soient d'un milieu qui n'encourage pas l'éducation, ils lui ont toujours permis d'étudier), j'ai bien aimé ce livre.
4/5
Le réaliste-romantique
De : Claarabel Envoyé : 20/05/2005 16:35
L'usage de la photo - Annie ERNAUX, écrit avec Marc Marie
Gallimard, 150 pages
Entre Annie Ernaux et Marc Marie, c'est l'histoire d'une liaison que tous deux ont décidé d'illustrer en photographiant les scènes d'amour après acte. Les lieux du crime, presque, lesquels se résument en un enchevêtrement de vêtements épars sur le sol, de sous-vêtements, de godillots, etc. De la part d'Annie Ernaux, il y a une volonté pointilleuse de détailler précisément la photographie choisie pour matérialiser un instant. Quatorze clichés pris sans hasard pour dater une année de passion amoureuse et surtout sexuelle.
Les photos rendent mal, elles paraissent en noir et blanc et les descriptions d'Annie Ernaux laissent deviner une couleur, un lieu, un moment. En fait, pour le lecteur, il apparaît très vite que la lecture de cet exercice semble proche du voyeurisme. On décrypte un cliché, des vêtements jetés dans le feu de l'action, proche du combat bestial. C'est presque impudique.
De plus Annie Ernaux livre également son combat contre son cancer du sein. Une bataille très personnelle, blessante dans son amour-propre et aussi son corps de femme. A ce sujet, ses propros sont très cliniques, baignés de froideur, jamais avec pathos. Cette femme est de la trempe des gagnantes, certes. Mais cette lutte pour la survie passe fatalement en demi-teinte la liaison avec Marc Marie - très peu de sentiments, beaucoup de flou. Un drôle de cocktail entre le trop-plein dévoilé (les photos impudiques et les détails médicaux) et le sous-entendu (l'émotion, la sensation, le ressenti, etc.). Ce livre est en somme frustrant, où l'expérience personnelle de l'écrivain ne suffit pas à alimenter l'intérêt complètement.
3/5
Annie Ernaux : " La place"
Prix Renaudot 1984 , France loisir 114 pages
Le thème.
Un peu après la mort de son père, l'auteure qui est la narratrice entreprend le récit de la vie de celui-ci: d'abord garçon de ferme, puis ouvrier et petit commercant enfin.
La vie difficile des petites gens au début du XX° siècle est bien mise en évidence, ainsi que la faible marge de liberté dont ils disposaient pour améliorer leur condition de vie.
Un autre point interessant est de voir la distance de plus en plus grande qui s'installe entre le père qui a eu une éducation minimum, et sa fille qui a la chance de faire de bonnes études.
Mon avis.
C'est un petitformat, écrit avec sensibilité et délicatesse, mais qui est d'une grande densité.
Un bon livre interessant et agréable.
Note: 4 / 5
De : Claarabel Envoyé : 26/08/2004 17:24
Un peu au hasard j'ai récemment lu ce livre d' Annie Ernaux : LA PLACE
Sincérité, grande pudeur et émotion ...
Bref, Annie Ernaux, suite à la mort de son père, avait tenté d'inclure son personnage dans un de ses romans. Vaines tentatives. Et puis finalement, c'est en décidant de parler de lui crûment, sans pathos, "d'une écriture plate" pour dire les nouvelles essentielles. Rassembler les paroles, les gestes, les goûts du père, les faits marquants de sa vie. "Aucune poésie du souvenir, pas de dérision jubilante." Le pari est moitié réussi : Annie Ernaux parvient à retracer les traits d'un père très honnêtement, avec une pudeur non affectée. Pour parler d'un homme qui savait à peine lire et écrire, devenu ouvrier avant de s'élever au rang de commerçant, toute la fierté des gens de peu, avec leur mode de vie et leurs expressions de tous les jours. Annie Ernaux les copie en fille modèle dans son livre, un peu honteuse d'avoir tourné le dos à ce monde où elle a grandi heureuse, et puis rejeté lors de son entrée dans le monde bourgeois. Le résultat est juste, touchant. Car l'auteur a manqué à produire un texte plat, dans son état brut : l'émotion est présente du début à la fin, poignante, et vous noue l'estomac devant le récit de la mort du père. La disparition de cet être cher, bourru dans son genre, mais aimant et aimé pour ce qu'il était. "La place" lui en délivre un terrible et bouleversant hommage. Un très beau témoignage d'une fille pour son père. A lire, le mouchoir à portée de main.
Note : 3.5 / 5
C.
De : Claarabel Envoyé : 22/03/2005 19:59
Annie ERNAUX - L'occupation
72 pages - Gallimard
La narratrice quitte son amant après une liaison de six ans. Mais lorsque celui-ci lui annonce qu'il fréquente une autre femme et qu'il choisit de vivre avec celle-ci, un sentiment incroyable se produit chez elle : la douleur, la souffrance, insidieusement la jalousie et l'obsession terrible de cette Autre, dans la vie de son (ex) amant. Un sentiment troublant et déconcertant qu'est cette sensation d'avoir perdu une exclusivité, une place, un homme .. à la rigueur. Car au fil du récit, c'est plus l'impression d'être flouée d'un acquis, d'être remplacée par cette Autre qui prédomine "L'occupation".
Effectivement la narratrice est "occupée" : par l'image surréaliste de cette autre femme dans la vie de son amant, lequel refuse de dire le nom, prénom et plus. Aussitôt la folle du logis s'emballe - à son bord, une narratrice presque échevelée, enragée, excitée et éperdue. L'imagerie de cette Autre devient obsessionnelle. Seul recours : l'écriture, "comme une jalousie du réel", un dérivatif à sa souffrance, écrire les mots pour sortir de cet engrenage, et qu'aujourd'hui cette histoire ne soit plus "mon désir, ma jalousie" mais "du désir, de la jalousie". Une jolie leçon, fatalement courte, excisée par Annie Ernaux.
4/5
De : Claarabel Envoyé : 23/03/2005 11:06
L'événement - Annie ERNAUX
Gallimard - 115 pages
En 99, la narratrice sort d'un dépistage du sida et se rappelle un événement de trente-ans ans plus tôt : son avortement, clandestin. Alors âgée de 23 ans, étudiante en lettres à Rouen, la narratrice raconte son parcours, depuis l'annonce de cette grossesse accidentelle et importune jusqu'à sa "libération". Or, en 1963, l'avortement est un acte interdit, répréhensible, puni par la Loi. La jeune Annie s'interroge, décidée de ne pas garder cet enfant, de trouver le moyen de mettre un terme, d'espérer une fausse couche, de tenter de la provoquer en allant skier à toute berzingue sur les pistes, de s'introduire des aiguilles de tricot... Bref, le parcours douloureux, difficile et délicat d'une jeune fille des années 60, mise en cloque, mais ne souhaitant pas "être mère" à cet instant.
Le récit d'Annie Ernaux, qui nomme "L'événement" ce moment ineffaçable et pénible, est très poignant. Il mêle la pudeur, la brutalité, la souffrance, la honte. L'auteur raconte sans ambages : les faiseuses d'anges, l'hémorragie, la solitude, l'impasse, le désarroi d'avoir 20 ans, pas d'argent, aucune oreille attentive autour. Le jugement des médecins, des pharmarciens, les phrases anodines qui claquent comme un fouet dans le vent. L'appartement triste, sale, lugubre de cette sage-femme. Et la scène de "l'expulsion de la grenade", page 90, particulièrement frappante et indélébile pour la mémoire, le souvenir. Voici un texte qui a semblé nécessaire à son auteur pour mettre en mots "un événement" qu'elle dit "inoubliable" - ce livre est rédigé sans pathos, jamais morbide, mais avec justesse et sans cruauté. Un regard net, qui ne juge pas et ne s'épanche jamais.
4/5
De : Claarabel Envoyé : 29/03/2005 15:18
Annie ERNAUX - Une femme
Gallimard - 105 pages
Après avoir écrit sur la mort de son père dans "La place", Annie Ernaux récidive avec la perte de sa mère - "Une femme". Parler de la femme de son imaginaire, mais aussi la femme réelle, celle qui a existé en dehors d'elle, mettre en mots le portrait d'une femme, comme pour "mettre au monde sa mère". Dessiner le parcours de celle-ci, son enfance en Normandie, son milieu modeste, ouvrier, la volonté de s'élever, d'être commerçante, indispensable pour les autres, mais être au-dessus. Pousser sa fille à faire des études, à réussir, à s'en sortir et basculer dans le monde bourgeois, d'où vicieusement la mère se sentira exclue, flouée, déçue, etc...
Le portrait qu'Annie Ernaux fait de sa mère est écrit au plus juste, sans tendance lacrymale, contrairement à "Une place" qui m'avait davantage touchée. "Une femme" est aussi tendre et attendrissant, toutefois la maladie de la mère laisse une traînée presque amère. Cette femme forte et lumineuse devenue démente... dit-elle. Dans un autre livre ("Je ne suis pas sortie de ma nuit") l'auteur s'étend plus à ce sujet. Il y a cependant de très beaux passages sur cette maman, quittée la veille devant Jacques Martin pour apprendre sa mort le lendemain à dix heures. La honte, la colère, le ras-le-bol, la culpabilité... c'est une petite fille qui parle aujourd'hui, qui se sent seule et abandonnée, orpheline. Aussi ce livre est une très belle déclaration d'amour, pleine de délicatesse et d'acuité. "Il fallait que ma mère, née dans un milieu dominé, dont elle a voulu sortir, devienne histoire pour que je me sente moins seule et factice dans le monde dominant des mots et des idées où, selon son désir, je suis passée". Juste monnaie de la pièce...
4/5
De : Laure Envoyé : 13/04/2005 17:02
Annie Ernaux - La femme gelée
(182 pages)
Dans La femme gelée, la narratrice revient sur son enfance et son adolescence avant d'évoquer sa vie de jeune femme et de jeune mère.
Son enfance, elle l'a passée, entourée d'un père et d'une mère non stéréotypés, qui savaient partager les tâches de la vie quotidienne. Durant toute cette période et celle de son adolescence, elle a du mal à trouver ses repères, son éducation et ses propres idées ne correspondant pas aux normes de la société de l'époque.
Jeune femme, elle est confrontée aux idées conformistes de son mari et de sa belle-famille. Elle devra faire passer son amour de la littérature, ses études et ses loisirs au second plan, alors que son mari jouit de suffisamment de temps pour s'épanouir, lui. Elle se sent mal à l'aise dans son rôle de femme et de mère.Lorsqu'elle deviendra enfin professeur, elle se sentira aussi frustrée d'avoir toujours tout à assumer seule.
Ce livre, à l'écriture incisive et à l'ironie mordante, est un réquisitoire contre la société. Il peut nous faire sourire et/ ou grimacer...Peut-être,en ce qui me concerne, à certains moments de la lecture, me suis-je lassée des plaintes incessantes de l'auteure, même si je souscris à la plupart de ses idées .C'est ce qui explique ma note:
3.5/5
De : Le-réaliste-romantique Envoyé : 15/05/2005 19:46
Les armoires vides - Annie Ernaux
folio 182 pages, première publication 1974
Alors qu'elle doit subir un avortement, la narratrice, Denise Lesur, revient sur son passé. Elle le revisite pour revivre le chemin qui l'a menée où elle est. L'avortement n'est que l'excuse de cette récapitulation du passé, c'est la jeunesse de la narratrice, dans un café-épicerie un peu minable d'une petite ville, qui est le coeur du livre. Denise Lesur vient d'un milieu de petits commerçants qui ne brassent pas de grosses affaires et qui ne vendent que des produits peu prestigieux à des ouvriers ou des petits paysans. Lorsqu'elle commence à fréquenter une école privée, Denise réalise que son milieu n'est pas celui des autres les filles. Celles-ci sont des enfants de notables, de bourgeois ou de riches commerçants. Elle envie les enfants de milieux aisés et développe une haine envers ses parents, car ils ne "s'élevent" pas au-dessus de leur milieu et ne lui ont pas donné une éducation plus "élevée". Ses parents ont travaillé dur pour lui permettre d'étudier tant qu'elle le veut, mais ce n'est pas suffisant pour elle, elle ressent du ressentiment. Du moment qu'elle fréquente l'école privée jusqu'à ce qu'elle quitte la demeure familiale pour la fac, la narratrice n'a de cesse de se distinguer de ses parents et du milieu dans lequel ils vivent.
Comme la pluspart des livres d'Annie Ernaux, cette histoire est calquée sur sa vie. Il s'agit de son premier roman, ainsi la forme et la plume de ce livre sont différentes que dans ses autres livres. L'écriture des Armoires vides m'a semblée plus musicale et poétique que dans d'autres de ses oeuvres, et aussi un peu plus complexe.
Bien que les propos de la jeune fille m'ont parfois dérangé (on peut reprocher beaucoup de choses à ses parents, mais les haïr simplement parce qu'ils sont de leur milieu? Ça m'a semblé un peu fort, surtout que, bien qu'ils soient d'un milieu qui n'encourage pas l'éducation, ils lui ont toujours permis d'étudier), j'ai bien aimé ce livre.
4/5
Le réaliste-romantique
De : Claarabel Envoyé : 20/05/2005 16:35
L'usage de la photo - Annie ERNAUX, écrit avec Marc Marie
Gallimard, 150 pages
Entre Annie Ernaux et Marc Marie, c'est l'histoire d'une liaison que tous deux ont décidé d'illustrer en photographiant les scènes d'amour après acte. Les lieux du crime, presque, lesquels se résument en un enchevêtrement de vêtements épars sur le sol, de sous-vêtements, de godillots, etc. De la part d'Annie Ernaux, il y a une volonté pointilleuse de détailler précisément la photographie choisie pour matérialiser un instant. Quatorze clichés pris sans hasard pour dater une année de passion amoureuse et surtout sexuelle.
Les photos rendent mal, elles paraissent en noir et blanc et les descriptions d'Annie Ernaux laissent deviner une couleur, un lieu, un moment. En fait, pour le lecteur, il apparaît très vite que la lecture de cet exercice semble proche du voyeurisme. On décrypte un cliché, des vêtements jetés dans le feu de l'action, proche du combat bestial. C'est presque impudique.
De plus Annie Ernaux livre également son combat contre son cancer du sein. Une bataille très personnelle, blessante dans son amour-propre et aussi son corps de femme. A ce sujet, ses propros sont très cliniques, baignés de froideur, jamais avec pathos. Cette femme est de la trempe des gagnantes, certes. Mais cette lutte pour la survie passe fatalement en demi-teinte la liaison avec Marc Marie - très peu de sentiments, beaucoup de flou. Un drôle de cocktail entre le trop-plein dévoilé (les photos impudiques et les détails médicaux) et le sous-entendu (l'émotion, la sensation, le ressenti, etc.). Ce livre est en somme frustrant, où l'expérience personnelle de l'écrivain ne suffit pas à alimenter l'intérêt complètement.
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gallo- Nombre de messages : 2598
Location : Pays-Bas
Date d'inscription : 29/10/2008
Re: Annie ERNAUX (France)
De : Felindra2775 Envoyé : 06/06/2005 07:17
"L'occupation" de Annie Ernaux
Gallimard 73 pages
Résumé :
J'avais quitté W. Quelques mois après, il m'a annoncé qu'il allait vivre avec une autre femme, dont il a refusé de me donner le nom. A partir de ce moment, je suis tombée dans la jalousie. L'image et l'existence de l'autre femme n'ont cessé de m'obséder, comme si elle était entrée en moi. C'est cette occupation que je décris.
Mon avis :
Cette jalousie occupe cette femme au point de ne penser qu'à ça et la dévore. Cela devient son unique préoccupation et l'obsède. Prête à n'importe quoi pour connaître le nom de celle qui l'a remplacée, l'héroïne fait des choses absolument démentes pour qui n'est pas passé par là. Pourtant elle avait quitté son amant et celui-ci était libre. Douleur et souffrance ressortent de ce petit livre. Il n'y a que l'écriture qui lui permettra de se sortir de ce tourbillon.
Et comme elle le dit elle-même, ce n'est plus mon désir, ma jalousie, qui sont dans ces pages, c'est du désir, de la jalousie et je travaille dans l'invisible.
Elle dit aussi. Je n'avais aucune envie de m'efforcer à la réflexion objective. Je trouvais dans l'allégresse et la violence de la mauvaise foi un recours contre le désespoir.
Le seul moment de jouissance était d'imaginer que l'autre femme découvrait qu'il me voyait encore.....J'éprouvais un relâchement physique, je baignais dans la béatitude de la vérité révélée. Enfin la souffrance changeait de corps. Je me délestais provisoirement de ma douleur en imaginant la sienne.
4/5
felindra
J'ai découvert Annie Ernaux il y a environ 25/30 ans quand c'était la mode de lire des livres d'auteurs féminins.
De : Felindra2775 Envoyé : 06/06/2005 09:28
"Une femme" de Annie Ernaux ; Folio 106 pages
Merci pour le compliment Clarabel, mais à côté de toi, ce n'est rien. Tu décortiques et analyses tellement bien le livre que tout est dit.
Résumé :
En avril 1986, la mère de l'auteur meurt d'une maladie cérébrale qui l'a menée, en 3 ans, à la déchéance physique et intellectuelle. A. Ernaux s'efforce dans ces pages de retrouver les différents visages de celle qui était l'image même de la force active.
Mon avis :
J'aime beaucoup la façon dont Annie Ernaux parle de sa mère. Elle retrace avec justesse le portrait de sa mère. Elle y décrit son enfance, ce milieu d'ouvrier, la volonté de s'en sortir, prête à tout pour que sa fille puisse faire des études. Elle analyse sa mère avec lucidité, qualités et défauts confondus. Annie Ernaux nous parle aussi de son enfance et l'on peux reconnaître l'éducation des anciennes générations assez stricte.
Beaucoup de sentiments se mélangent comme l'amour, la haine la tendresse et la culpabilité. Mais aussi l'attachement qu'elle a pour sa mère. Cette femme forte qui n'est plus qu'une femme diminuée avant de mourir.
Elle dit : "Je n'entendrai plus sa voix.......J'ai perdu le dernier lien avec le monde dont je suis issue."
Je cite :
J'essaie de ne pas considérer la violence, les débordements de ma mère comme seulement des traits personnels de caractère, mais de les situer aussi dans son histoire et sa condition sociale. Cette façon d'écrire, qui me semble aller dans le sens de la vérité, m'aide à me sortir de la solitude et de l'obscurité du souvenir individuel, par la découverte d'une signification plus générereuse. Mais je sens que quelque chose en moi résiste, voudrait conserver de ma mère des images purement affectives, chaleur ou larmes, sans leur donner un sens.
4/5
felindra
De : Felindra2775 Envoyé : 13/06/2005 07:28
"La femme gelée" de Annie Ernaux
Folio182 pages
Résumé :
Elle a trente ans, elle est professeur, mariée à un "cadre", mère de deux enfants. Pourtant, c'est une femme gelée. C'est-à-dire que, comme des milliers d'autres femmes, elle a senti l'élan, la curiosité, toute une force heureuse présente en elle se figer au fil des jours entre les courses, le dîner à préparer, le bain des enfants, son travail d'enseignante. Tout ce que l'on dit être la condition "normale" d'une femme.
Mon avis :
Je m'attendais à ce qu'elle parle plus de sa vie de femme. Or elle évoque beaucoup plus son enfance et son adolescence que sa vie de femme. Elle raconte sa lutte de femme pour s'affirmer en tant que telle, sa révolte contre la société. Elle doit assumer seule, le ménage, la maison, son couple, son rôle de mère. C'est un livre sur les conditions de la femme d'aujourd'hui.
Chacune de nous pourra aisément se reconnaître en elle.
Annie a toujours ce style qu'on lui connaît bien, pertinent, juste.
J'ai trouvé malgré tout certaines longueurs.
Ce n'est pas son meilleur livre pour moi..
3/5
felindra
De : odilette84 Envoyé : 31/07/2005 18:55
LA PLACE - Annie ERNAUX
Ma critique :
Un livre court, une écriture simple. Annie Ernaux rassemble des souvenirs des sensations des impressions.
Il y a beaucoup de nostalgie, et on ne peut s'empêcher de penser à sa propre enfance, sa propre jeunesse, à ces petits riens, à ces expressions qui sont enfouies dans notre mémoire et qu'un rien peut faire ressurgir.
beaucoup de plaisir.
Je lirai dautres livres de cette auteure.
Note : 4/5
De : Claarabel2 Envoyé : 06/12/2005 18:54
Se perdre - Annie Ernaux
Gallimard - collection blanche ou en poche sous Folio.
Dix ans après "Passion simple", Annie Ernaux revient sur cette histoire en publiant son journal de l'époque, de 88 à 89, durée où elle a perdu corps et tête pour un diplomate russe, âgé de trente-cinq ans, blond aux yeux verts, marié. De lui, on apprend vite qu'il aime les belles voitures de vitesse, les vêtements de marque, la boisson (vodka et whisky) et "paraître". Cet homme porte des slips hideux et fait l'amour en gardant ses chaussettes ! Cet homme aussi laisse lambiner Annie pendant des jours, puis des semaines, sans donner un coup de fil. Pourtant Annie a cet homme dans la peau, au point de perdre la tête, l'envie de vivre sans lui, le besoin d'écrire. Pendant cette période, elle n'a écrit que son journal. Lorsque l'amant quitte la France, elle pourra expurger sa douleur, son manque et le désir frelaté en écrivant donc "Passion simple", court roman percutant qui met à nu le désir d'une femme et la relation charnelle, passionnelle entre elle et son amant...
Bref, "Se perdre" parle au présent, on y croit encore, même si l'histoire remonte à dix ans. L'Annie de quarante-huit ans est transparente dans son attente, son déchirement, son manque et son envie de Lui. Elle expose son désir de femme pour un homme plus jeune, l'expliquant par une envie de revivre des événements antérieurs (fin des années 50 et début 60). Plus que ça. Ce texte est criant, sans fard. Il dit la voracité, le besoin, la folie, la jalousie, la solitude. C'est gênant par moments combien cette femme brillante et intelligente peut s'abaisser à une telle désolation pour un homme qui la mérite à peine. Mais c'est une femme amoureuse, le désir a toujours fait partie de sa vie, explique-t-elle, quitte à la perdre ! Alors il faut lire ce journal d'une amoureuse exaltée, parfois rejetée, négligée. Si l'on est contre l'idée du voyeurisme ou opposée à l'auto-fiction, passez votre chemin... Sinon, en lisant pareille histoire, j'inclus Annie E. parmi les plus grandes amoureuses de l'histoire littéraire. Et j'ai aussi beaucoup aimé sa comparaison, vers la fin, avec Simone de Beauvoir et "Les mandarins".
Presque 4 / 5 !
De : Chantal5500 Envoyé : 23/03/2008 22:49
LES ANNEES - Annie Ernaux
Gallimard - 242 pages.
Dans ce beau livre, Annie Ernaux nous livre ce qu'elle appelle son "autobiographie impersonnelle", autobiographie parce qu'elle parle d'elle, et impersonnelle car elle parle de la société qui l'entoure, qui évolue (comme elle personnellement le fait) avec le temps qui passe. A travers elle, la petite fille d'Yvetot, l'étudiante, la femme professeur de lettres mariée de Haute-Savoie, la divorcée solitaire de la banlieue parisienne, c'est toute l'époque des années cinquante à nos jours qu'elle fait revivre : les évènements politiques (Mai 68, l'arrivée de la gauche au pouvoir....) les acquis sociaux, notamment ceux des femmes (lois sur la contraception, l'avortement....), la culture (littérature, cinéma, musique, tv....). Elle n'emploie pas le "je" mais le "elle", cette personne profondément imbriquée et indissociable de la société qui l'entoure. Ainsi, à travers elle, le lecteur se retrouve, et retrouve ses propres souvenirs et ceux de ses contemporains français, sa propre histoire et l'Histoire de la France.
C'est un livre sur le temps, sur la mémoire où le récit est jalonné par des photos souvenirs que l'auteur nous décrit, photos qui lancent la suite du récit. Et au final, Annie Ernaux a réussi : elle a "sauvé quelque chose du temps où l'on ne sera plus jamais" (dernière phrase du livre). Un livre que j'ai beaucoup aimé et que je relirai, j'en suis sûre, très bientôt.
4,5/5
De : Hortense808 Envoyé : 31/03/2008 08:04
La Honte, Annie Ernaux 3/5
Petit livre qui se lit très rapidement. Je n'ai mis que 3/5 car l'auteur décrit une autre génération, un autre milieu que ceux que j'ai pu connaître à 12 ans. J'ai mis tout de même 3/5 car aujourd'hui j'ai des amis dont la famille est encore à la campagne et j'ai tout à fait retrouvé ses descriptions sur le comportement - parfois incompréhensible - des gens de "là-bas".
De : Le-réaliste-romantique Envoyé : 31/05/2008 21:32
Les années - Annie Ernaux
2008
À partir de quelques photos, l’auteur revoit sa vie de 1946 à 2006. Ceci lui permet aussi de commenter l’évolution de la société française, les changements de mentalité, la politique. L’auteur référence aussi en quelques mots les diverses étapes de sa vie qui ont constitué la base de plusieurs de ses romans, comme si les Années constituaient la grande trame dans laquelle s’insérait tous ses autres livres. Bien que le récit soit personnel, le style fait en sorte que le livre offre le point de vue d’une française moyenne sur ce demi-siècle. Elle observe la cinquième république, mai 68, le développement de la société de consommation, la guerre du golfe, l’indifférence, la « racaille » des banlieues, sans jamais y prendre part directement. Un très intéressant livre qui rappelle à la fois les grands moments historiques et les petits détails comme les chansons, les produits et la pub.
5/5
le réaliste-romantique
De : doriane99 Envoyé : 30/07/2008 07:51
Les années
A travers des photographies, l'auteure retrace sa vie. Elle évoque la société : les événements historiques ou politiques, mais aussi le quotidien : l'arrivée de la télévision dans le foyer, les films, l'arrivée d'internet... tout ce qui a marqué la société française des années de l'après-guerre à aujourd'hui.
"Sauver quelque chose du temps où l'on ne sera plus jamais"
Un livre qui éveille la nostalgie. On se surprend à sourire devant l'évocation d'une publicité, d'une marque de produit... qu'on avait complètement oubliés. J'ai dégusté chaque phrase, non à cause du style mais pour ce qu'elle évoquait dans ma mémoire. C'est un livre générateur de sensations, de souvenirs... Les grèves étudiantes de 88 : je me revois battant le pavé, l'élection de Mitterrand : je revois l'image télévisée des résultats... chaque phrase fait ressortir tout un flot de souvenirs.
Néanmoins, je ne peux m'empêcher de penser que c'est un livre "éphémère'. Il n'a de réel intérêt que pour ceux à qui il "parle", surtout les français et surtout ceux qui ont vécu les moments évoqués ici. Je suis persuadée que si vous donnez ce livre à lire dans une dizaine d'années à des jeunes de 20 ans, ils le trouveront inintéressant au possible !!! Je pense l'offrir à mon papa qui est de la même génération que l'auteure, il se régalera à le lire.
3,5/5
(difficile de noter ce livre, disons : 4/5 pour les sentiments qu'il m'a provoqués et 3/5 pour la valeur intrinsèque du livre)
"L'occupation" de Annie Ernaux
Gallimard 73 pages
Résumé :
J'avais quitté W. Quelques mois après, il m'a annoncé qu'il allait vivre avec une autre femme, dont il a refusé de me donner le nom. A partir de ce moment, je suis tombée dans la jalousie. L'image et l'existence de l'autre femme n'ont cessé de m'obséder, comme si elle était entrée en moi. C'est cette occupation que je décris.
Mon avis :
Cette jalousie occupe cette femme au point de ne penser qu'à ça et la dévore. Cela devient son unique préoccupation et l'obsède. Prête à n'importe quoi pour connaître le nom de celle qui l'a remplacée, l'héroïne fait des choses absolument démentes pour qui n'est pas passé par là. Pourtant elle avait quitté son amant et celui-ci était libre. Douleur et souffrance ressortent de ce petit livre. Il n'y a que l'écriture qui lui permettra de se sortir de ce tourbillon.
Et comme elle le dit elle-même, ce n'est plus mon désir, ma jalousie, qui sont dans ces pages, c'est du désir, de la jalousie et je travaille dans l'invisible.
Elle dit aussi. Je n'avais aucune envie de m'efforcer à la réflexion objective. Je trouvais dans l'allégresse et la violence de la mauvaise foi un recours contre le désespoir.
Le seul moment de jouissance était d'imaginer que l'autre femme découvrait qu'il me voyait encore.....J'éprouvais un relâchement physique, je baignais dans la béatitude de la vérité révélée. Enfin la souffrance changeait de corps. Je me délestais provisoirement de ma douleur en imaginant la sienne.
4/5
felindra
J'ai découvert Annie Ernaux il y a environ 25/30 ans quand c'était la mode de lire des livres d'auteurs féminins.
De : Felindra2775 Envoyé : 06/06/2005 09:28
"Une femme" de Annie Ernaux ; Folio 106 pages
Merci pour le compliment Clarabel, mais à côté de toi, ce n'est rien. Tu décortiques et analyses tellement bien le livre que tout est dit.
Résumé :
En avril 1986, la mère de l'auteur meurt d'une maladie cérébrale qui l'a menée, en 3 ans, à la déchéance physique et intellectuelle. A. Ernaux s'efforce dans ces pages de retrouver les différents visages de celle qui était l'image même de la force active.
Mon avis :
J'aime beaucoup la façon dont Annie Ernaux parle de sa mère. Elle retrace avec justesse le portrait de sa mère. Elle y décrit son enfance, ce milieu d'ouvrier, la volonté de s'en sortir, prête à tout pour que sa fille puisse faire des études. Elle analyse sa mère avec lucidité, qualités et défauts confondus. Annie Ernaux nous parle aussi de son enfance et l'on peux reconnaître l'éducation des anciennes générations assez stricte.
Beaucoup de sentiments se mélangent comme l'amour, la haine la tendresse et la culpabilité. Mais aussi l'attachement qu'elle a pour sa mère. Cette femme forte qui n'est plus qu'une femme diminuée avant de mourir.
Elle dit : "Je n'entendrai plus sa voix.......J'ai perdu le dernier lien avec le monde dont je suis issue."
Je cite :
J'essaie de ne pas considérer la violence, les débordements de ma mère comme seulement des traits personnels de caractère, mais de les situer aussi dans son histoire et sa condition sociale. Cette façon d'écrire, qui me semble aller dans le sens de la vérité, m'aide à me sortir de la solitude et de l'obscurité du souvenir individuel, par la découverte d'une signification plus générereuse. Mais je sens que quelque chose en moi résiste, voudrait conserver de ma mère des images purement affectives, chaleur ou larmes, sans leur donner un sens.
4/5
felindra
De : Felindra2775 Envoyé : 13/06/2005 07:28
"La femme gelée" de Annie Ernaux
Folio182 pages
Résumé :
Elle a trente ans, elle est professeur, mariée à un "cadre", mère de deux enfants. Pourtant, c'est une femme gelée. C'est-à-dire que, comme des milliers d'autres femmes, elle a senti l'élan, la curiosité, toute une force heureuse présente en elle se figer au fil des jours entre les courses, le dîner à préparer, le bain des enfants, son travail d'enseignante. Tout ce que l'on dit être la condition "normale" d'une femme.
Mon avis :
Je m'attendais à ce qu'elle parle plus de sa vie de femme. Or elle évoque beaucoup plus son enfance et son adolescence que sa vie de femme. Elle raconte sa lutte de femme pour s'affirmer en tant que telle, sa révolte contre la société. Elle doit assumer seule, le ménage, la maison, son couple, son rôle de mère. C'est un livre sur les conditions de la femme d'aujourd'hui.
Chacune de nous pourra aisément se reconnaître en elle.
Annie a toujours ce style qu'on lui connaît bien, pertinent, juste.
J'ai trouvé malgré tout certaines longueurs.
Ce n'est pas son meilleur livre pour moi..
3/5
felindra
De : odilette84 Envoyé : 31/07/2005 18:55
LA PLACE - Annie ERNAUX
Ma critique :
Un livre court, une écriture simple. Annie Ernaux rassemble des souvenirs des sensations des impressions.
Il y a beaucoup de nostalgie, et on ne peut s'empêcher de penser à sa propre enfance, sa propre jeunesse, à ces petits riens, à ces expressions qui sont enfouies dans notre mémoire et qu'un rien peut faire ressurgir.
beaucoup de plaisir.
Je lirai dautres livres de cette auteure.
Note : 4/5
De : Claarabel2 Envoyé : 06/12/2005 18:54
Se perdre - Annie Ernaux
Gallimard - collection blanche ou en poche sous Folio.
Dix ans après "Passion simple", Annie Ernaux revient sur cette histoire en publiant son journal de l'époque, de 88 à 89, durée où elle a perdu corps et tête pour un diplomate russe, âgé de trente-cinq ans, blond aux yeux verts, marié. De lui, on apprend vite qu'il aime les belles voitures de vitesse, les vêtements de marque, la boisson (vodka et whisky) et "paraître". Cet homme porte des slips hideux et fait l'amour en gardant ses chaussettes ! Cet homme aussi laisse lambiner Annie pendant des jours, puis des semaines, sans donner un coup de fil. Pourtant Annie a cet homme dans la peau, au point de perdre la tête, l'envie de vivre sans lui, le besoin d'écrire. Pendant cette période, elle n'a écrit que son journal. Lorsque l'amant quitte la France, elle pourra expurger sa douleur, son manque et le désir frelaté en écrivant donc "Passion simple", court roman percutant qui met à nu le désir d'une femme et la relation charnelle, passionnelle entre elle et son amant...
Bref, "Se perdre" parle au présent, on y croit encore, même si l'histoire remonte à dix ans. L'Annie de quarante-huit ans est transparente dans son attente, son déchirement, son manque et son envie de Lui. Elle expose son désir de femme pour un homme plus jeune, l'expliquant par une envie de revivre des événements antérieurs (fin des années 50 et début 60). Plus que ça. Ce texte est criant, sans fard. Il dit la voracité, le besoin, la folie, la jalousie, la solitude. C'est gênant par moments combien cette femme brillante et intelligente peut s'abaisser à une telle désolation pour un homme qui la mérite à peine. Mais c'est une femme amoureuse, le désir a toujours fait partie de sa vie, explique-t-elle, quitte à la perdre ! Alors il faut lire ce journal d'une amoureuse exaltée, parfois rejetée, négligée. Si l'on est contre l'idée du voyeurisme ou opposée à l'auto-fiction, passez votre chemin... Sinon, en lisant pareille histoire, j'inclus Annie E. parmi les plus grandes amoureuses de l'histoire littéraire. Et j'ai aussi beaucoup aimé sa comparaison, vers la fin, avec Simone de Beauvoir et "Les mandarins".
Presque 4 / 5 !
De : Chantal5500 Envoyé : 23/03/2008 22:49
LES ANNEES - Annie Ernaux
Gallimard - 242 pages.
Dans ce beau livre, Annie Ernaux nous livre ce qu'elle appelle son "autobiographie impersonnelle", autobiographie parce qu'elle parle d'elle, et impersonnelle car elle parle de la société qui l'entoure, qui évolue (comme elle personnellement le fait) avec le temps qui passe. A travers elle, la petite fille d'Yvetot, l'étudiante, la femme professeur de lettres mariée de Haute-Savoie, la divorcée solitaire de la banlieue parisienne, c'est toute l'époque des années cinquante à nos jours qu'elle fait revivre : les évènements politiques (Mai 68, l'arrivée de la gauche au pouvoir....) les acquis sociaux, notamment ceux des femmes (lois sur la contraception, l'avortement....), la culture (littérature, cinéma, musique, tv....). Elle n'emploie pas le "je" mais le "elle", cette personne profondément imbriquée et indissociable de la société qui l'entoure. Ainsi, à travers elle, le lecteur se retrouve, et retrouve ses propres souvenirs et ceux de ses contemporains français, sa propre histoire et l'Histoire de la France.
C'est un livre sur le temps, sur la mémoire où le récit est jalonné par des photos souvenirs que l'auteur nous décrit, photos qui lancent la suite du récit. Et au final, Annie Ernaux a réussi : elle a "sauvé quelque chose du temps où l'on ne sera plus jamais" (dernière phrase du livre). Un livre que j'ai beaucoup aimé et que je relirai, j'en suis sûre, très bientôt.
4,5/5
De : Hortense808 Envoyé : 31/03/2008 08:04
La Honte, Annie Ernaux 3/5
Petit livre qui se lit très rapidement. Je n'ai mis que 3/5 car l'auteur décrit une autre génération, un autre milieu que ceux que j'ai pu connaître à 12 ans. J'ai mis tout de même 3/5 car aujourd'hui j'ai des amis dont la famille est encore à la campagne et j'ai tout à fait retrouvé ses descriptions sur le comportement - parfois incompréhensible - des gens de "là-bas".
De : Le-réaliste-romantique Envoyé : 31/05/2008 21:32
Les années - Annie Ernaux
2008
À partir de quelques photos, l’auteur revoit sa vie de 1946 à 2006. Ceci lui permet aussi de commenter l’évolution de la société française, les changements de mentalité, la politique. L’auteur référence aussi en quelques mots les diverses étapes de sa vie qui ont constitué la base de plusieurs de ses romans, comme si les Années constituaient la grande trame dans laquelle s’insérait tous ses autres livres. Bien que le récit soit personnel, le style fait en sorte que le livre offre le point de vue d’une française moyenne sur ce demi-siècle. Elle observe la cinquième république, mai 68, le développement de la société de consommation, la guerre du golfe, l’indifférence, la « racaille » des banlieues, sans jamais y prendre part directement. Un très intéressant livre qui rappelle à la fois les grands moments historiques et les petits détails comme les chansons, les produits et la pub.
5/5
le réaliste-romantique
De : doriane99 Envoyé : 30/07/2008 07:51
Les années
A travers des photographies, l'auteure retrace sa vie. Elle évoque la société : les événements historiques ou politiques, mais aussi le quotidien : l'arrivée de la télévision dans le foyer, les films, l'arrivée d'internet... tout ce qui a marqué la société française des années de l'après-guerre à aujourd'hui.
"Sauver quelque chose du temps où l'on ne sera plus jamais"
Un livre qui éveille la nostalgie. On se surprend à sourire devant l'évocation d'une publicité, d'une marque de produit... qu'on avait complètement oubliés. J'ai dégusté chaque phrase, non à cause du style mais pour ce qu'elle évoquait dans ma mémoire. C'est un livre générateur de sensations, de souvenirs... Les grèves étudiantes de 88 : je me revois battant le pavé, l'élection de Mitterrand : je revois l'image télévisée des résultats... chaque phrase fait ressortir tout un flot de souvenirs.
Néanmoins, je ne peux m'empêcher de penser que c'est un livre "éphémère'. Il n'a de réel intérêt que pour ceux à qui il "parle", surtout les français et surtout ceux qui ont vécu les moments évoqués ici. Je suis persuadée que si vous donnez ce livre à lire dans une dizaine d'années à des jeunes de 20 ans, ils le trouveront inintéressant au possible !!! Je pense l'offrir à mon papa qui est de la même génération que l'auteure, il se régalera à le lire.
3,5/5
(difficile de noter ce livre, disons : 4/5 pour les sentiments qu'il m'a provoqués et 3/5 pour la valeur intrinsèque du livre)
gallo- Nombre de messages : 2598
Location : Pays-Bas
Date d'inscription : 29/10/2008
Re: Annie ERNAUX (France)
De: Dytal
Annie Ernaux - L'événement
(Gallimard/folio, 2001, 130 pages)
Juste à y penser j'en ai le coeur qui frissonne et les larmes qui montent...
Dans ce court roman, Annie (je me sens si proche d'elle à force que je l'ai lue) nous raconte l'avortement qu'elle a subi en 1963 dans des conditions très angoissantes et éprouvantes. Elle nous raconte tout, simplement avec les mots qui lui viennent tout droit du coeur, c'est déchirant mais en même temps on sent qu'Annie guérit à écrire ce livre. Voilà 35 ans qu'elle voulait écrire sur cet événement de sa vie et c'est l'an dernier qu'elle s'est décidée. Annie Ernaux est une auteure française qui a écrit beaucoup de son vécu comme sur ses parents et entre autres sa mère qui est décédée à la suite d'alzheimer.
Vraiment cette auteure est touchante.
Note : 5/5
(Dytal)
De: Dytal
Annie Ernaux - Je ne suis pas sortie de ma nuit
(Gallimard/folio, 1999, 115 pages)
Toujours aussi touchante Annie nous présente ici le journal de la maladie de sa mère. Celle-ci a pendant deux ans et demi souffert d'alzheimer et l'auteure nous raconte la descente aux enfers qu'elle a vécue en regardant sa mère chérie mourir à petits feux. Les moments de lucidité et les moments de folie sont relatés au même titre et à la mort de sa mère Annie ne peut que dire: "Je l'aimais mieux folle que morte!"
Très très beau et riche en émotion. Ce qui est aussi plaisant c'est que ce sont de petits livres de cent pages environ que cette auteure écrit donc très courts mais tellement intenses!
Note : 5/5
(Dytal)
Annie Ernaux - L'événement
(Gallimard/folio, 2001, 130 pages)
Juste à y penser j'en ai le coeur qui frissonne et les larmes qui montent...
Dans ce court roman, Annie (je me sens si proche d'elle à force que je l'ai lue) nous raconte l'avortement qu'elle a subi en 1963 dans des conditions très angoissantes et éprouvantes. Elle nous raconte tout, simplement avec les mots qui lui viennent tout droit du coeur, c'est déchirant mais en même temps on sent qu'Annie guérit à écrire ce livre. Voilà 35 ans qu'elle voulait écrire sur cet événement de sa vie et c'est l'an dernier qu'elle s'est décidée. Annie Ernaux est une auteure française qui a écrit beaucoup de son vécu comme sur ses parents et entre autres sa mère qui est décédée à la suite d'alzheimer.
Vraiment cette auteure est touchante.
Note : 5/5
(Dytal)
De: Dytal
Annie Ernaux - Je ne suis pas sortie de ma nuit
(Gallimard/folio, 1999, 115 pages)
Toujours aussi touchante Annie nous présente ici le journal de la maladie de sa mère. Celle-ci a pendant deux ans et demi souffert d'alzheimer et l'auteure nous raconte la descente aux enfers qu'elle a vécue en regardant sa mère chérie mourir à petits feux. Les moments de lucidité et les moments de folie sont relatés au même titre et à la mort de sa mère Annie ne peut que dire: "Je l'aimais mieux folle que morte!"
Très très beau et riche en émotion. Ce qui est aussi plaisant c'est que ce sont de petits livres de cent pages environ que cette auteure écrit donc très courts mais tellement intenses!
Note : 5/5
(Dytal)
gallo- Nombre de messages : 2598
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Re: Annie ERNAUX (France)
La honte d’Annie Ernaux
(Gallimard nrf, 133 pages)
Alors qu’elle rentre chez elle un dimanche après-midi, Annie D., 12 ans, voit son père qui tente de tuer sa mère avec une serpe. Elle ne se rappelle pas tous les détails de cette scène mais elle évoque avec précision l’époque à laquelle s’est passé l’événement : c’était en juin 52.
J’ai beaucoup aimé découvert l’enfance de l’auteur. Les règles à suivre à la maison ou à l’école, les façons de parler, l’épicerie mercerie café de ses parents sont autant d’éléments de son passé qui sont intéressants à entrevoir. Mais finalement, je me demande qu’est-ce qui était le plus honteux pour elle, l’événement en lui-même ou son enfance ?
Note : 3.5/5
(Gallimard nrf, 133 pages)
Alors qu’elle rentre chez elle un dimanche après-midi, Annie D., 12 ans, voit son père qui tente de tuer sa mère avec une serpe. Elle ne se rappelle pas tous les détails de cette scène mais elle évoque avec précision l’époque à laquelle s’est passé l’événement : c’était en juin 52.
J’ai beaucoup aimé découvert l’enfance de l’auteur. Les règles à suivre à la maison ou à l’école, les façons de parler, l’épicerie mercerie café de ses parents sont autant d’éléments de son passé qui sont intéressants à entrevoir. Mais finalement, je me demande qu’est-ce qui était le plus honteux pour elle, l’événement en lui-même ou son enfance ?
Note : 3.5/5
Shan_Ze- Admin
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Date d'inscription : 26/10/2008
Les années - Folio - 3,5/5
Annie Ernaux évoque dans ce livre les années passées, celles de son enfance et de sa jeunesse, jusqu'à celles de son âge mûr, celles du début du XXIe siècle.
Il y avait dans cette lecture tout l'intérêt que l'on peut porter à ce qui fait notre vie quotidienne, j'ai retrouvé les petites choses de l'existence connues au fil des décénies ....
J'ai surtout aimé quand Ernaux parle d'elle (souvent au travers de photos qu'elle commente), quand elle brise un peu l'anonymat qui entoure les anecdotes. Parce que les souvenirs il faut qu'il y ait un coeur, une âme, de la chair pour les raconter, sinon ils paraissent une accumulation de faits anodins sans intérêt.
Un livre attachant et nostalgique, tant de choses ont si radicalement changé ces soxiante dernières années.
Il y avait dans cette lecture tout l'intérêt que l'on peut porter à ce qui fait notre vie quotidienne, j'ai retrouvé les petites choses de l'existence connues au fil des décénies ....
J'ai surtout aimé quand Ernaux parle d'elle (souvent au travers de photos qu'elle commente), quand elle brise un peu l'anonymat qui entoure les anecdotes. Parce que les souvenirs il faut qu'il y ait un coeur, une âme, de la chair pour les raconter, sinon ils paraissent une accumulation de faits anodins sans intérêt.
Un livre attachant et nostalgique, tant de choses ont si radicalement changé ces soxiante dernières années.
zeta- Admin
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Date d'inscription : 25/12/2008
"Se perdre"
- Poche: 376 pages
- Editeur : Gallimard (30 mai 2002)
- Collection : Folio
- Langue : Français
- ISBN-10: 2070421597
- ISBN-13: 978-2070421596
L'espoir est une denrée qu'Annie Ernaux délivre avec la plus rigoureuse parcimonie. Dans Se perdre, journal intime où Passion simple (1992) prit sa source, elle se montre particulièrement avare. On pense à certains maîtres japonais, tel Kawabata, sorciers du genre : neige et ciel de cendre. Mais Annie Ernaux y apporte sa révolte : elle griffe la neige. Et laisse quelques lambeaux de chair collés au métal froid des lignes. Car jamais on ne saurait parler de chaleur dans cette évocation d'un amour pourtant torride. Ombres tourmentées, privées de tout appui, au point de paraître flotter, indéfiniment, les êtres – elle, et lui, son amant, de passage, comme on dit d'un cargo ou d'un train – y montrent une grâce glacée, y expriment une souffrance marmoréenne. Car Annie Ernaux ne joue pas, jamais – ni à vivre, ni à écrire. Elle s'engage, avec la férocité d'une guerrière, dans ce texte farouchement maîtrisé, cette mince fente de feu et de givre incisée dans un monde d'absolues ténèbres. --Scarbo
--
Commentaire:
Les premières pages de ce livre m'ont d'abord plutôt révoltée, une relation adultère me fait toujours cet effet, et le fait qu'Annie Ernaux entretienne cette relation tout en étant totalement consciente que son amant ne voit en elle qu'un objet sexuel m'a franchement énervée. Pourtant la force de la passion de cette femme, son attente permanente et la violence qu'elle se fait en permanence pour se convaincre, en vain, de rompre avec cet homme pour se protéger ont fini par me tenir en haleine et l'intensité de cette passion et de cette écriture m'ont finalement transportée jusqu'à la dernière page.
4,5/5
nauticus45- Nombre de messages : 2413
Age : 47
Location : Haut-Rhin, France
Date d'inscription : 27/10/2008
Re: Annie ERNAUX (France)
l'autre fille
c'est une lettre à la soeur qu'elle n'a jamais connue puisque décédée avant sa naissance...
Ginette, ses parents n'en parlaient jamais....elle apprend son existence tout à fait par hasard....
encore que le hasard...existe-t-il seulement pour Ernaux?
Comme toujours, le récit est simple et tellement limpide.
une jolie critique
http://bibliobs.nouvelobs.com/essais/20110303.OBS9049/annie-ernaux-et-l-autre-fille.html
ma note: 5/5
j'ai toujours aimé lire Ernaux
- Broché: 77 pages
- Editeur : Editions Nil (3 mars 2011)
- Collection : Les affranchis
- ISBN-10: 2841115399
- ISBN-13: 978-2841115396
c'est une lettre à la soeur qu'elle n'a jamais connue puisque décédée avant sa naissance...
Ginette, ses parents n'en parlaient jamais....elle apprend son existence tout à fait par hasard....
encore que le hasard...existe-t-il seulement pour Ernaux?
Comme toujours, le récit est simple et tellement limpide.
une jolie critique
http://bibliobs.nouvelobs.com/essais/20110303.OBS9049/annie-ernaux-et-l-autre-fille.html
ma note: 5/5
j'ai toujours aimé lire Ernaux
noemiejardine- Nombre de messages : 604
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Re: Annie ERNAUX (France)
L’autre fille
L’auteure écrit une lettre à la sœur qu’elle n’a jamais connue, morte avant sa naissance. Ce drame a toujours été tue, elle n’en a appris l’existence que par erreur.
L’idée de base est intéressante, Annie Ernaux, fidèle à son habitude, pose des réflexions très intéressantes sur cette situation. Mais heureusement que le livre n’est pas long, car on sent qu’on arrive au bout de la question.
3,5/5
le réaliste-romantique
L’auteure écrit une lettre à la sœur qu’elle n’a jamais connue, morte avant sa naissance. Ce drame a toujours été tue, elle n’en a appris l’existence que par erreur.
L’idée de base est intéressante, Annie Ernaux, fidèle à son habitude, pose des réflexions très intéressantes sur cette situation. Mais heureusement que le livre n’est pas long, car on sent qu’on arrive au bout de la question.
3,5/5
le réaliste-romantique
Réaliste-romantique- Nombre de messages : 3241
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Re: Annie ERNAUX (France)
tu as tout à fait raison réaliste-romantique
me souviens que malgré mon 5/5, ai pensé pareil vers la fin....Mais heureusement que le livre n’est pas long, car on sent qu’on arrive au bout de la question.
noemiejardine- Nombre de messages : 604
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Re: Annie ERNAUX (France)
Les armoires vides d' Annie Ernaux
«Ça suffit d'être une vicieuse, une cachottière, une fille poisseuse et lourde vis-à-vis des copines de classe, légères, libres, pures de leur
existence... Fallait encore que je me mette à mépriser mes parents. Tous les péchés, tous les vices. Personne ne pense mal de son père ou de sa mère. Il n'y a que moi.»
Après L'autre fille, je redécouvre l'écriture d' Annie Ernaux avec ce texte, placé en premier dans son recueil Ecrire la vie.
J'ai été désarçonné par le ressentiment d'adolescente mal dans sa peau, omniprésent dans chaque paragraphe, dans chaque phrase. C'est un récit où elle se présente avec tout les clichés qui peuvent collée aux adolescents en conflit avec leurs parents. Elle les présente comme coupable d'être ce qu' ils sont, des commerçants de quartier, d' une ville de province. J'ai trouvé que ce livre manquait de recul, il a pourtant été publié en 1974, Annie Ernaux avait alors 34 ans, il y a pour tant peu de trace de maturité dans les propos.
C'est un livre assez court qui se lit d' une traite mais dont le propos avance par à coup l'auteure se raccrochant inlassablement aux reproches qu' elle adresse à ses parents.
J'avoue avoir eu du mal à compatir à « ses malheurs », ses parents je les ai perçu comme des personnes faisant tout pour permettre à leur fille de réussir et d'accéder à ses rêves. Elle m'a paru bien égoïste.
Ce livre est certes un retour sur son enfance mais elle y aborde aussi le sujet de l'avortement qui au moment de la publication de son livre devait être extrêmement présent dans l'actualité ( pour rappel le projet de loi sur l' interruption volontaire de grossesse a adopté au parlement le 17 janvier 1975)
Je serai très curieuse de savoir comment ce livre a été perçu lors de sa sortie en librairie.
«Ça suffit d'être une vicieuse, une cachottière, une fille poisseuse et lourde vis-à-vis des copines de classe, légères, libres, pures de leur
existence... Fallait encore que je me mette à mépriser mes parents. Tous les péchés, tous les vices. Personne ne pense mal de son père ou de sa mère. Il n'y a que moi.»
Après L'autre fille, je redécouvre l'écriture d' Annie Ernaux avec ce texte, placé en premier dans son recueil Ecrire la vie.
J'ai été désarçonné par le ressentiment d'adolescente mal dans sa peau, omniprésent dans chaque paragraphe, dans chaque phrase. C'est un récit où elle se présente avec tout les clichés qui peuvent collée aux adolescents en conflit avec leurs parents. Elle les présente comme coupable d'être ce qu' ils sont, des commerçants de quartier, d' une ville de province. J'ai trouvé que ce livre manquait de recul, il a pourtant été publié en 1974, Annie Ernaux avait alors 34 ans, il y a pour tant peu de trace de maturité dans les propos.
C'est un livre assez court qui se lit d' une traite mais dont le propos avance par à coup l'auteure se raccrochant inlassablement aux reproches qu' elle adresse à ses parents.
J'avoue avoir eu du mal à compatir à « ses malheurs », ses parents je les ai perçu comme des personnes faisant tout pour permettre à leur fille de réussir et d'accéder à ses rêves. Elle m'a paru bien égoïste.
Ce livre est certes un retour sur son enfance mais elle y aborde aussi le sujet de l'avortement qui au moment de la publication de son livre devait être extrêmement présent dans l'actualité ( pour rappel le projet de loi sur l' interruption volontaire de grossesse a adopté au parlement le 17 janvier 1975)
Je serai très curieuse de savoir comment ce livre a été perçu lors de sa sortie en librairie.
3,75/5
_________________
Lectures en cours : Indépendance de Richard Ford ([i]Frank Bascombe T2) $
Dernières lectures : L' Intérêt de l' enfant de Ian McEWAN (4/5), Un week-end dans le Michigan de Richard Ford (4,5/5)(Frank Bascombe T1), [/i]L' Homme du verger d' Amanda COPLIN (4/5), La Pyramide de glace J-F Parot (3,75/5)(T12)
Re: Annie ERNAUX (France)
L'autre fille
Ce petit livre (78 pages) est la longue lettre que l'auteure écrit à sa soeur qu'elle n'a jamais connue puisqu'elle est décédée à l'âge de six ans bien avant sa propre naissance.
Dans cette lettre Annie Ernaux n'exprime aucun regret: elle ne l'a pas connue, pire: personne ne lui en a jamais parlé. Comme elle sait si bien le dire avec des mots très simples, des phrases percutantes: comment éprouver un sentiment quelconque pour une personne qui est censée n'avoir jamais existé?
Mais j'ai trouvé que ce qu'elle nous explique va bien au-delà de l'histoire de cette soeur inconnue. J'ai été très surprise par la façon dont elle parle de sa mère. Certes sa propre mère ne lui a jamais dit la vérité, certes le récit fait apparaître une éducation très stricte, mais que d'animosité lorsqu'elle en parle, aucune tendresse, aucune forme de compréhension!
Peut-être explique-t-elle dans d'autres ouvrages la raison de ce malaise bien réel entre les deux.......
Au final malgré une écriture magnifique cette lecture me laisse une impression mitigée, je me sens un peu mal à l'aise......
Ma note 4/5 malgré tout car j'adore son style!
Ce petit livre (78 pages) est la longue lettre que l'auteure écrit à sa soeur qu'elle n'a jamais connue puisqu'elle est décédée à l'âge de six ans bien avant sa propre naissance.
Dans cette lettre Annie Ernaux n'exprime aucun regret: elle ne l'a pas connue, pire: personne ne lui en a jamais parlé. Comme elle sait si bien le dire avec des mots très simples, des phrases percutantes: comment éprouver un sentiment quelconque pour une personne qui est censée n'avoir jamais existé?
Mais j'ai trouvé que ce qu'elle nous explique va bien au-delà de l'histoire de cette soeur inconnue. J'ai été très surprise par la façon dont elle parle de sa mère. Certes sa propre mère ne lui a jamais dit la vérité, certes le récit fait apparaître une éducation très stricte, mais que d'animosité lorsqu'elle en parle, aucune tendresse, aucune forme de compréhension!
Peut-être explique-t-elle dans d'autres ouvrages la raison de ce malaise bien réel entre les deux.......
Au final malgré une écriture magnifique cette lecture me laisse une impression mitigée, je me sens un peu mal à l'aise......
Ma note 4/5 malgré tout car j'adore son style!
Re: Annie ERNAUX (France)
LES ARMOIRES VIDES - ECRIRE LA VIE :
Livre autobiographique, il commence par l'avortement (illégal à l'époque) de l'auteur qui écrit sous le nom de Denise Lesur, qui est étudiante en lettres. Alors qu'elle a rejoint sa chambre pour en attendre le "dénouement", elle se remémore son enfance et son adolescence (car il a été impossible d'annoncer cette grossesse à ses parents). Fille d'anciens ouvriers devenus tenanciers d'un café-épicerie à Yvetot en Normandie, elle y vit d'abord une enfance assez heureuse, jusqu'au jour où elle entre à l'école libre. Là elle va y côtoyer un tout autre monde que celui des petites gens, celui des gens aisés qui parlent convenablement, distingué et non un argot très souvent vulgaire. Ses camarades la jugeront, la mettront plus ou moins de côté, et elle s'en vengera en devenant la première de la classe. Mais plus le temps passe, plus elle va avoir honte de son milieu, de ses parents et les mépriser, tout en gardant pour eux un amour inconscient. Tiraillée entre les deux milieux, elle jette sur le papier tout son ressenti, avec une écriture saccadée qui vient des tripes. Ce monologue intérieur mais très fort, se lit d'une traite, met quelquefois mal à l'aise, mais l'auteur s'y livre sans pudeur et sans concessions.
4/5
Livre autobiographique, il commence par l'avortement (illégal à l'époque) de l'auteur qui écrit sous le nom de Denise Lesur, qui est étudiante en lettres. Alors qu'elle a rejoint sa chambre pour en attendre le "dénouement", elle se remémore son enfance et son adolescence (car il a été impossible d'annoncer cette grossesse à ses parents). Fille d'anciens ouvriers devenus tenanciers d'un café-épicerie à Yvetot en Normandie, elle y vit d'abord une enfance assez heureuse, jusqu'au jour où elle entre à l'école libre. Là elle va y côtoyer un tout autre monde que celui des petites gens, celui des gens aisés qui parlent convenablement, distingué et non un argot très souvent vulgaire. Ses camarades la jugeront, la mettront plus ou moins de côté, et elle s'en vengera en devenant la première de la classe. Mais plus le temps passe, plus elle va avoir honte de son milieu, de ses parents et les mépriser, tout en gardant pour eux un amour inconscient. Tiraillée entre les deux milieux, elle jette sur le papier tout son ressenti, avec une écriture saccadée qui vient des tripes. Ce monologue intérieur mais très fort, se lit d'une traite, met quelquefois mal à l'aise, mais l'auteur s'y livre sans pudeur et sans concessions.
4/5
Chantal- Nombre de messages : 3224
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Re: Annie ERNAUX (France)
regarde les lumières mon amour
quatrième de couverture:
Pendant un an, Annie Ernaux a tenu le journal de ses visites à l’hypermarché Auchan du centre commercial des Trois-Fontaines situé en région parisienne.
« Voir pour écrire, c’est voir autrement », écrit-elle. On redécouvre en effet à ses côtés le monde de la grande surface.
Loin de se résumer à la corvée des courses, celle-ci prend dans ce livre un autre visage : elle devient un grand rendez-vous humain, un véritable spectacle.
Avec ce relevé libre de sensations et d’observations, l’hypermarché, espace familier où tout le monde ou presque se côtoie, atteint la dignité de sujet littéraire.
c'est vite lu, cela change des pavés.
Et c'est très instructif:ce matin, ai fait mes courses autrement..différemment, même le passage en caisse fort long m'a semblé plus court que d'habitude!
elle décrit très bien les choses, Ernaux.
et j'ai adoré ça: "le bruit de fond de l'hyper à cette heure d'affluence me fait penser à celui de la mer quand on dort sur le sable"....
n'est-ce pas merveilleux?
4/5
- Broché: 71 pages
- Editeur : Raconter la vie (27 mars 2014)
- Collection : FICTION
- Langue : Français
- ISBN-10: 2370210370
- ISBN-13: 978-2370210371
quatrième de couverture:
Pendant un an, Annie Ernaux a tenu le journal de ses visites à l’hypermarché Auchan du centre commercial des Trois-Fontaines situé en région parisienne.
« Voir pour écrire, c’est voir autrement », écrit-elle. On redécouvre en effet à ses côtés le monde de la grande surface.
Loin de se résumer à la corvée des courses, celle-ci prend dans ce livre un autre visage : elle devient un grand rendez-vous humain, un véritable spectacle.
Avec ce relevé libre de sensations et d’observations, l’hypermarché, espace familier où tout le monde ou presque se côtoie, atteint la dignité de sujet littéraire.
c'est vite lu, cela change des pavés.
Et c'est très instructif:ce matin, ai fait mes courses autrement..différemment, même le passage en caisse fort long m'a semblé plus court que d'habitude!
elle décrit très bien les choses, Ernaux.
et j'ai adoré ça: "le bruit de fond de l'hyper à cette heure d'affluence me fait penser à celui de la mer quand on dort sur le sable"....
n'est-ce pas merveilleux?
4/5
noemiejardine- Nombre de messages : 604
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Re: Annie ERNAUX (France)
Regarde les lumières mon amour
Récit du quotidien : Annie Ernaux fait une chronique d’une année de visites dans un supermarché Auchan. L’idée apparaît d’abord ridicule, mais l’auteure excelle à observer et analyser, donc c’est le contraire d’un recueil de listes d’achats. À partir entre autre des clients croisés, des changements dans les rayons et de la présentations des produits, elle pose de nombreuses questions sur la perceptions des classes sociales, de la multiethnicité, du bon comportement dans un lieu publique… Par exemple, par l’offre (et la couleur) des jouets pour filles et garçons, elle critique les rôles qu’on leur présente. Elle remarque que les affiches « Défense de goûter » ne se trouve que dans les zones self-service de la section économique, comme si seulement cette clientèle était suspecte. Elle question la séparation entre espace publique et privée : le panier (caddy) rempli est une ouverture sur notre intimité offerte à tous les autres clients.
Ne craignez donc pas le sujet qui semble étrange, on retrouve ici l’Annie Ernaux des Années.
4/5
le réaliste-romantique
Récit du quotidien : Annie Ernaux fait une chronique d’une année de visites dans un supermarché Auchan. L’idée apparaît d’abord ridicule, mais l’auteure excelle à observer et analyser, donc c’est le contraire d’un recueil de listes d’achats. À partir entre autre des clients croisés, des changements dans les rayons et de la présentations des produits, elle pose de nombreuses questions sur la perceptions des classes sociales, de la multiethnicité, du bon comportement dans un lieu publique… Par exemple, par l’offre (et la couleur) des jouets pour filles et garçons, elle critique les rôles qu’on leur présente. Elle remarque que les affiches « Défense de goûter » ne se trouve que dans les zones self-service de la section économique, comme si seulement cette clientèle était suspecte. Elle question la séparation entre espace publique et privée : le panier (caddy) rempli est une ouverture sur notre intimité offerte à tous les autres clients.
Ne craignez donc pas le sujet qui semble étrange, on retrouve ici l’Annie Ernaux des Années.
4/5
le réaliste-romantique
Réaliste-romantique- Nombre de messages : 3241
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Re: Annie ERNAUX (France)
Regarde les lumières mon amour - Annie Ernaux
(Seuil, 2014, 71 p., coll. Raconter la vie)
Je pensais être la première à parler de ce livre et suis très contente d'avoir deux lecteurs qui me précèdent.
L'idée de départ d'aller dans un supermarché pendant un an pour étudier les comportements des clients et caissiers/travailleurs de là-bas m'a d'abord paru saugrenue. Il faut dire qu'à part Anna Sam et son livre-phare Les tribulations d'une caissière, peu de gens se sont intéressés aux grandes surfaces et encore moins du point de vue ethnologique.
Annie Ernaux que je connaissais avant cet essai et que j'avais déjà fort apprécié à travers ses courts, mais ô combien poignants, romans, nous livre une observation très pertinente du lieu (le centre commercial des Trois-Fontaines à Cergy). Elle constate les flux de population selon les heures, les rayons qui se colorent selon les événements et fêtes (Noël, rentrée des classes...) et les comportements tolérés ou condamnés (ne pas prendre de photographies, ne pas lire la presse, consommation sur place interdite).
Les rares discussions avec les différents stands (poissonnerie, boucherie, etc.) révèlent une réalité souvent insoupçonnée. Et le lecteur se surprendra à adorer cette plongée dans le monde quotidien des courses qui sont normalement des corvées (du moins pour moi). Dommage que ça ne fasse que soixante-dix pages ! J'en viens à la conclusion qu'Annie Ernaux pourrait nous raconter sa routine capillaire ou son dernier voyage en Grèce que ça en serait tout aussi passionnant !
Il y a queue à la poissonnerie, signe d'une intégration généralisée de la tradition catholique. En réalité, la seule croyance qui fasse acheter du poisson le vendredi, c'est celle qu'il est plus frais que les autres jours. (p. 25)
A conseiller pour les serial shopppers et pour les autres !
Annie Ernaux que je connaissais avant cet essai et que j'avais déjà fort apprécié à travers ses courts, mais ô combien poignants, romans, nous livre une observation très pertinente du lieu (le centre commercial des Trois-Fontaines à Cergy). Elle constate les flux de population selon les heures, les rayons qui se colorent selon les événements et fêtes (Noël, rentrée des classes...) et les comportements tolérés ou condamnés (ne pas prendre de photographies, ne pas lire la presse, consommation sur place interdite).
Les rares discussions avec les différents stands (poissonnerie, boucherie, etc.) révèlent une réalité souvent insoupçonnée. Et le lecteur se surprendra à adorer cette plongée dans le monde quotidien des courses qui sont normalement des corvées (du moins pour moi). Dommage que ça ne fasse que soixante-dix pages ! J'en viens à la conclusion qu'Annie Ernaux pourrait nous raconter sa routine capillaire ou son dernier voyage en Grèce que ça en serait tout aussi passionnant !
Il y a queue à la poissonnerie, signe d'une intégration généralisée de la tradition catholique. En réalité, la seule croyance qui fasse acheter du poisson le vendredi, c'est celle qu'il est plus frais que les autres jours. (p. 25)
A conseiller pour les serial shopppers et pour les autres !
4,5/5
Re: Annie ERNAUX (France)
LA HONTE - ECRIRE LA VIE :
La honte, elle a commencé un dimanche de juin 1952, quand son père a voulu tuer sa mère… Annie Ernaux s'engage dans un récit autobiographique où elle va nous restituer sa vie, au cours de cette année 1952, année où elle a 12 ans. L'auteure se livre à une description détaillée et très intime de son enfance, de ses parents, de l'appartement familial indissociable du café et de l'épicerie tenue par son père et sa mère, de son milieu social, de ses études solitaires et rudes à l'école catholique.
C'est un court récit qui se lit vite, mais où on trouve une vraie réalité de ce milieu normand de petites gens catholiques.
3/5
La honte, elle a commencé un dimanche de juin 1952, quand son père a voulu tuer sa mère… Annie Ernaux s'engage dans un récit autobiographique où elle va nous restituer sa vie, au cours de cette année 1952, année où elle a 12 ans. L'auteure se livre à une description détaillée et très intime de son enfance, de ses parents, de l'appartement familial indissociable du café et de l'épicerie tenue par son père et sa mère, de son milieu social, de ses études solitaires et rudes à l'école catholique.
C'est un court récit qui se lit vite, mais où on trouve une vraie réalité de ce milieu normand de petites gens catholiques.
3/5
Chantal- Nombre de messages : 3224
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Re: Annie ERNAUX (France)
Regarde les lumières, mon amour d’Annie Ernaux
Je ne pouvais pas passer à côté de ce petit livre ! Je n’ai lu qu’une fois Ernaux, il y a quelques années avec La honte mais le titre m’attirait même si je savais qu’il était question de d’hypermarchés et non d’une histoire d’amour. Pendant une année Annie Ernaux va déambuler dans les rayons du magasin Auchan (et même le parking) pour observer les personnes qui le fréquentent mais aussi le côté commercial. Au gré des fêtes qui passent, on voie comment Auchan (comme Carrefour, Hyper U…) évolue dans leur dialogue : il pousse les clients à consommer de façon plus ou moins subtile. La façon qu’ils ont de s’approprier le client tout en mettant certaines limites est assez frappant. Et toujours trouver ces procédés pour fidéliser le client… je ne regarde plus les magasins de la même manière maintenant, je décortique chaque promos ou autres pour voir avoir tout le côté commercial.
Mais il y a aussi les gens qui donnent un regard plus doux à l’endroit, les amis, les familles qui viennent pour faire de petites ou grosses emplettes. On a quand même un sourire en lisant son journal de magasin ! Ca n’est pas qu’un endroit de business…
J’ai beaucoup aimé le regard sociologique d’Ernaux à travers ce commerce ! Vraiment intéressant et humain.
Note : 4/5
Shan_Ze- Admin
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Location : Lyon/France
Date d'inscription : 26/10/2008
Re: Annie ERNAUX (France)
Regarde les lumières, mon amour d’Annie Ernaux
Je ne pouvais pas passer à côté de ce petit livre ! Je n’ai lu qu’une fois Ernaux, il y a quelques années avec La honte mais le titre m’attirait même si je savais qu’il était question de d’hypermarchés et non d’une histoire d’amour. Pendant une année Annie Ernaux va déambuler dans les rayons du magasin Auchan (et même le parking) pour observer les personnes qui le fréquentent mais aussi le côté commercial. Au gré des fêtes qui passent, on voie comment Auchan (comme Carrefour, Hyper U…) évolue dans leur dialogue : il pousse les clients à consommer de façon plus ou moins subtile. La façon qu’ils ont de s’approprier le client tout en mettant certaines limites est assez frappante. Et toujours trouver ces procédés pour fidéliser le client… je ne regarde plus les magasins de la même manière maintenant, je décortique chaque promos ou autres pour voir avoir tout le côté commercial.
Mais il y a aussi les gens qui donnent un regard plus doux à l’endroit, les amis, les familles qui viennent pour faire de petites ou grosses emplettes. On a quand même un sourire en lisant son journal de magasin ! Ca n’est pas qu’un endroit de business…
J’ai beaucoup aimé le regard sociologique d’Ernaux à travers ce commerce ! Vraiment intéressant et humain.
Note : 4/5
Shan_Ze- Admin
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Re: Annie ERNAUX (France)
Mémoire de fille
150 pages
L’auteur revient sur ses souvenirs de 1958-1962. Ces années l’ont marquée, elle n’avait pas encore réussi à les incorporer dans son œuvre. En 1958 elle quitte l’épicerie familial pour travailler dans une colonie de vacances. Elle a sa première relation sexuelle, mais subit aussi humiliation et rejet. Lors de l’année d’étude qui suit, elle devient boulimique et devient l’opposé de la fille de 1958 : aucun contact avec des garçon. Annie Duchesne se cherche, elle entre à l’école normale pour devenir enseignante, mais elle n’est pas faite pour travailler avec des enfants. Heureusement elle le réalisera et poursuivra d’autres études.
Ce livre est typique de l’œuvre d’Annie Ernaux : par le biais de son histoire personnelle, elle décrit et analyse la société de l’époque, avec ses bouleversements à venir, l’impact des classes sociales, etc. Dans ce cas-ci, il m’a toutefois fallu un certain temps avant de m’intéresser à l’histoire, je n’ai aimé que moyennement.
3/5
RR
150 pages
L’auteur revient sur ses souvenirs de 1958-1962. Ces années l’ont marquée, elle n’avait pas encore réussi à les incorporer dans son œuvre. En 1958 elle quitte l’épicerie familial pour travailler dans une colonie de vacances. Elle a sa première relation sexuelle, mais subit aussi humiliation et rejet. Lors de l’année d’étude qui suit, elle devient boulimique et devient l’opposé de la fille de 1958 : aucun contact avec des garçon. Annie Duchesne se cherche, elle entre à l’école normale pour devenir enseignante, mais elle n’est pas faite pour travailler avec des enfants. Heureusement elle le réalisera et poursuivra d’autres études.
Ce livre est typique de l’œuvre d’Annie Ernaux : par le biais de son histoire personnelle, elle décrit et analyse la société de l’époque, avec ses bouleversements à venir, l’impact des classes sociales, etc. Dans ce cas-ci, il m’a toutefois fallu un certain temps avant de m’intéresser à l’histoire, je n’ai aimé que moyennement.
3/5
RR
Réaliste-romantique- Nombre de messages : 3241
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Re: Annie ERNAUX (France)
La femme gelée -Annie Ernaux
Elle a trente ans, elle est professeur, mariée à un « cadre », mère de deux enfants. Elle habite un appartement agréable. Pourtant, c’est une femme gelée. C’est-à-dire que, comme des milliers d’autres femmes, elle a senti l’élan, la curiosité, toute une force heureuse présente en elle se figer au fil des jours entre les courses, le dîner à préparer, le bain des enfants, son travail d’enseignante. Tout ce que l’on dit être la condition « normale » d’une femme.
J’ai lu des avis très positifs sur cette auteur, j’ai eu envie de la découvrir.
Le résumé de celui-ci m’a plu, j’ai donc choisi cette lecture, et ce fut une belle découverte.
En tant que femme, je me suis parfois vu dans le récit de cette jeune femme, son enfance, l’adolescence mais surtout ces premiers pas dans la vie d’adulte et toutes les responsabilités à assumer en même temps, toutes les femmes sont confrontées à ses problèmes d’organisation, travail, maison.
Le résumé de celui-ci m’a plu, j’ai donc choisi cette lecture, et ce fut une belle découverte.
En tant que femme, je me suis parfois vu dans le récit de cette jeune femme, son enfance, l’adolescence mais surtout ces premiers pas dans la vie d’adulte et toutes les responsabilités à assumer en même temps, toutes les femmes sont confrontées à ses problèmes d’organisation, travail, maison.
Re: Annie ERNAUX (France)
Ce qu'ils disent ou rien
Anne a seize ans, n’aime plus ses parents et craint l’ennui de l’été avant son entrée au lycée. Ses parents sont de la classe ouvrière, mais la poussent à étudier, mais tout en critiquant le temps qu’elle passe dans ses livres. Anne pense plutôt aux garçons et veut perdre sa virginité, même si c’est plus pour le concept que par amour ou désir.
Un livre initiatique, la jeune fille élargi ses horizons et pose un regard différent sur ses parents, elle les juge. Annie Ernaux touche encore aux différences de classes et aux attentes sociales de sa jeunesse. Elle traite aussi de la gêne par rapport aux sujets du corps et de la sexualité. Dans ce livre, elle joue beaucoup avec le langage, d’où le titre. Le style est soutenu, mais elle y insère beaucoup de mots, tournures et expressions de (je présume) le milieu populaire de sa jeunesse. C’est un bon récit bien ramassé.
4/5
RR
Anne a seize ans, n’aime plus ses parents et craint l’ennui de l’été avant son entrée au lycée. Ses parents sont de la classe ouvrière, mais la poussent à étudier, mais tout en critiquant le temps qu’elle passe dans ses livres. Anne pense plutôt aux garçons et veut perdre sa virginité, même si c’est plus pour le concept que par amour ou désir.
Un livre initiatique, la jeune fille élargi ses horizons et pose un regard différent sur ses parents, elle les juge. Annie Ernaux touche encore aux différences de classes et aux attentes sociales de sa jeunesse. Elle traite aussi de la gêne par rapport aux sujets du corps et de la sexualité. Dans ce livre, elle joue beaucoup avec le langage, d’où le titre. Le style est soutenu, mais elle y insère beaucoup de mots, tournures et expressions de (je présume) le milieu populaire de sa jeunesse. C’est un bon récit bien ramassé.
4/5
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Re: Annie ERNAUX (France)
LES ANNEES
Annie ERNAUX
Folio - 2009 - 254 pages
Dans cet ouvrage, Annie ERNAUX évoque des souvenirs personnels inscrits dans l’histoire collective. Cela va des années 1940, année de sa naissance jusqu’au moment où elle entreprend ce récit commencé en 2002 et publié en 2008.
Cet écrit a un caractère autobiographique et sociologique. Elle part de sa vie et de la société dans laquelle elle vit. Elle dit qu’elle écrit une autobiographie (elle parle d’elle) impersonnelle (elle parle de la société qui l’entoure),« Je pars de moi et je recouvre par l’écriture » dit-elle.
Le récit se déploie sur environ 60 ans. C’est une rédaction qui a été pensée sur de longues années. Elle y songe dès les années 60 (elle a 20 ans) et elle note ses recherches sur un carnet. Elle a fait un travail énorme et minutieux de compilation d’archives et de documents. Elle débute sa rédaction en 2002 et le publie en 2008. Cela représente un demi-siècle de maturation. Elle revisite ces années écoulées à partir de photos. Celles-ci ne sont pas reproduites, mais minutieusement décrites dans le livre — ce qui laisse une place à l’imaginaire du lecteur —.
Ces photos vont de l’enfance à l’âge mur; elles montrent la petite-fille qui vit Yvetot, l’étudiante, la professeure de lettres mariée en Haute Savoie, la femme divorcée qui vit en banlieue parisienne. Ce récit est la toile de fond sur laquelle se placent les différents romans qu’Annie Ernaux a écrit au cours de sa vie.
Elle donne des marqueurs historiques, elle fait revivre les événements politiques (mai 68, l’arrivée de la gauche au pouvoir, …); les acquis sociaux, notamment ceux des femmes ( la contraception, la loi sur l’avortement,…); la culture (littérature, cinéma, musique); les expressions populaires qui ont cours, les idéologies ambiantes, les codes vestimentaires, …
Elle est complètement imbriquée dans la société qui l’entoure. Le lecteur se retrouve et retrouve ses propres souvenirs, c’est l'histoire de l'auteur et la nôtre.
L’écriture se veut impersonnelle; Elle n’emploie pas le « je » mais le « elle » ou le « on ».
le style est dépouillé, minimaliste. Elle revendique une écriture neutre « sans jugement, sans métaphore, sans comparaison romanesque », un style « objectif qui ne valorise ni ne dévalorise les faits racontés. le ton est incantatoire, cet inventaire est parfois une sorte de litanie.
C’est un livre sur le temps, sur la mémoire. La dernière phrase des années: « sauver quelque chose du temps où l’on ne sera plus jamais ».
J’ai un peu revu ma vie en lisant cet ouvrage et me suis arrêtée longuement sur des épisodes qu’elle relate et qui m’ont marquée.. Un livre qui m’a happée.
Note: 5/5
Annie ERNAUX
Folio - 2009 - 254 pages
Dans cet ouvrage, Annie ERNAUX évoque des souvenirs personnels inscrits dans l’histoire collective. Cela va des années 1940, année de sa naissance jusqu’au moment où elle entreprend ce récit commencé en 2002 et publié en 2008.
Cet écrit a un caractère autobiographique et sociologique. Elle part de sa vie et de la société dans laquelle elle vit. Elle dit qu’elle écrit une autobiographie (elle parle d’elle) impersonnelle (elle parle de la société qui l’entoure),« Je pars de moi et je recouvre par l’écriture » dit-elle.
Le récit se déploie sur environ 60 ans. C’est une rédaction qui a été pensée sur de longues années. Elle y songe dès les années 60 (elle a 20 ans) et elle note ses recherches sur un carnet. Elle a fait un travail énorme et minutieux de compilation d’archives et de documents. Elle débute sa rédaction en 2002 et le publie en 2008. Cela représente un demi-siècle de maturation. Elle revisite ces années écoulées à partir de photos. Celles-ci ne sont pas reproduites, mais minutieusement décrites dans le livre — ce qui laisse une place à l’imaginaire du lecteur —.
Ces photos vont de l’enfance à l’âge mur; elles montrent la petite-fille qui vit Yvetot, l’étudiante, la professeure de lettres mariée en Haute Savoie, la femme divorcée qui vit en banlieue parisienne. Ce récit est la toile de fond sur laquelle se placent les différents romans qu’Annie Ernaux a écrit au cours de sa vie.
Elle donne des marqueurs historiques, elle fait revivre les événements politiques (mai 68, l’arrivée de la gauche au pouvoir, …); les acquis sociaux, notamment ceux des femmes ( la contraception, la loi sur l’avortement,…); la culture (littérature, cinéma, musique); les expressions populaires qui ont cours, les idéologies ambiantes, les codes vestimentaires, …
Elle est complètement imbriquée dans la société qui l’entoure. Le lecteur se retrouve et retrouve ses propres souvenirs, c’est l'histoire de l'auteur et la nôtre.
L’écriture se veut impersonnelle; Elle n’emploie pas le « je » mais le « elle » ou le « on ».
le style est dépouillé, minimaliste. Elle revendique une écriture neutre « sans jugement, sans métaphore, sans comparaison romanesque », un style « objectif qui ne valorise ni ne dévalorise les faits racontés. le ton est incantatoire, cet inventaire est parfois une sorte de litanie.
C’est un livre sur le temps, sur la mémoire. La dernière phrase des années: « sauver quelque chose du temps où l’on ne sera plus jamais ».
J’ai un peu revu ma vie en lisant cet ouvrage et me suis arrêtée longuement sur des épisodes qu’elle relate et qui m’ont marquée.. Un livre qui m’a happée.
Note: 5/5
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Avis en attente:
Awara- Nombre de messages : 7131
Age : 79
Location : PARIS
Date d'inscription : 03/01/2011
Re: Annie ERNAUX (France)
Le jeune homme
2022
Annie Ernaux rencontre sa relation avec un jeune homme qui faisait la moitié de son âge. Il lui offre de sortir de son monde, lui permet de réfléchir à la personne qu’elle était à son âge et comment elle voyait alors les relations de couple.
Le livre est intéressant, mais extrêmement court. Il se lit en à peine une heure, on aurait aimé en avoir plus.
4/5
RR
Réaliste-romantique- Nombre de messages : 3241
Age : 48
Location : Outaouais, Québec
Date d'inscription : 30/12/2008
Re: Annie ERNAUX (France)
MEMOIRE DE FILLE :
Folio - 165 pages.
Annie Ernaux, de manière qui paraît quelquefois bien impudique, mais qui n'est de fait que réalité et vérité, nous conte deux années de sa vie. Elle raconte "celle de 58" qui va, pour la première fois, quitter son milieu familial hyperprotégé de "petites gens normands" après des années de scolarité dans une institution religieuse, pour se retrouver monitrice dans une colo, sans formation. C'est la période des premières fois : première fois sans parents, première expérience professionnelle, découverte de la sexualité, désillusion amoureuse. Elle devient une fille "facile" pour les autres et doit subir railleries et humiliations. Mais elle réussira ensuite brillamment son bac, son entrée à l'Ecole Normale... qu' elle laisse vite tomber, part six mois en Angleterre pour rentrer ensuite en France pour la Fac...
Un texte vrai où elle s'explore elle-même et se livre sans restriction. Elle y relate ses questionnements de jeune fille, ses envies d'indépendance, de liberté, sa lutte de passage de classe, dans ce monde des années soixante. Un texte où "elle déconstruit la fille qu'elle a été."
4/5
Folio - 165 pages.
Annie Ernaux, de manière qui paraît quelquefois bien impudique, mais qui n'est de fait que réalité et vérité, nous conte deux années de sa vie. Elle raconte "celle de 58" qui va, pour la première fois, quitter son milieu familial hyperprotégé de "petites gens normands" après des années de scolarité dans une institution religieuse, pour se retrouver monitrice dans une colo, sans formation. C'est la période des premières fois : première fois sans parents, première expérience professionnelle, découverte de la sexualité, désillusion amoureuse. Elle devient une fille "facile" pour les autres et doit subir railleries et humiliations. Mais elle réussira ensuite brillamment son bac, son entrée à l'Ecole Normale... qu' elle laisse vite tomber, part six mois en Angleterre pour rentrer ensuite en France pour la Fac...
Un texte vrai où elle s'explore elle-même et se livre sans restriction. Elle y relate ses questionnements de jeune fille, ses envies d'indépendance, de liberté, sa lutte de passage de classe, dans ce monde des années soixante. Un texte où "elle déconstruit la fille qu'elle a été."
4/5
Chantal- Nombre de messages : 3224
Location : France
Date d'inscription : 22/12/2008
Re: Annie ERNAUX (France)
Hier j'ai vu le film Les années super 8 d'Annie Ernaux et d'un de ses fils. Il s'agit d'un montage de leurs films familiaux de 1972 à 1981, avec récit et narration d'Annie Ernaux. J'ai trouvé cela intéressant, à la fois comme amateur de son oeuvre (elle commente les étapes de sa vie, que l'on retrouve dans ses romans, mais aussi ses premières oeuvres) mais aussi pour des vielles images. Annecy en 1972 ne paraissait pas différent de celui que j'ai visité en 2001.
Réaliste-romantique- Nombre de messages : 3241
Age : 48
Location : Outaouais, Québec
Date d'inscription : 30/12/2008
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