Antoine AUDOUARD (France)

De : pounette Envoyé : 2006-07-12 16:29

Une Maison au bord du monde

L'idée de la mort, et plus particulièrement la période qui la précède, suscite de nombreuses interrogations mais également de la frayeur chez la plupart d'entre nous. Cette peur est d'autant plus vivace quand cette fin n'est pas naturelle, quand elle est happée par la maladie.
C'est dans ce contexte qu'Antoine Audouard a écrit Une Maison au bord du monde en 2000. En accompagnant son ami, Philippe Godeau, qui souhaitait réaliser un film inspiré du roman La Mort intime de Marie de Hennezel, l'auteur est amené à découvrir La Maison. Il s'agit d'un établissement de douze chambres situé à Gardanne, qui accueille des malades en fin de vie. De cette expérience, Antoine Au- douard en sort troublé, ému et enrichi. Il décide alors, par ce témoignage poignant de faire partager son expérience. Avec un regard plein de recul mais rempli de vérité et d'émotion, il livre le dernier combat, singulier et douloureux, de nombre d'hommes et de femmes ainsi que le travail remarquable de toute une équipe soignante.

L'idée de fonder La Maison est née dans l'esprit de ses fondateurs, Jean-Marc, Chantal et Jean-Louis au début des années 1990. Cette époque s'apparente à celle de la date choc de l'appariton du SIDA, "époque du sida-ignorance". La consternation, le dégoût et le refus, face à la manière inhumaine dont sont traités les séropositifs, les amènent naturellement à envisager la création d'un établissement au fonctionnement différent. Toutefois, dès le départ, ils se refusent à n'accueillir que des patients atteints du sida. Ce sera une Maison pour TOUS les malades en fin de vie. Ainsi, le projet s'inscrit dans une volonté à ce que l'homme meurt dans des conditions humaines, qu'il n'y ait pas cet abandon inacceptable au moment terrifiant de la fin et qui malheureusement a si souvent lieu.
On découvre alors le parcours de chaque membre de l'équipe. Il s'agit d'une famille qui partage tout: les moments de tristesse, de deuil, de colère mais également de joie, de satisfaction et de bonheur. En effet, dans ce lieu où la mort vient de façon fatale et périodique rappeler sa présence, la moindre parcelle d'enchantement apparaît comme une bouffée d'oxygène indispensable pour continuer à panser la douleur des autres.
L'auteur nous restitue l'histoire de chacun. On découvre leurs parcours jonchés de fêlures, de cassures: cela les rend un peu plus fragiles, sensibles et humains. Car il s'agit bien d'une humanité exceptionnelle qui fait jour, une humanité nécessaire pour prendre conscience de l'importance de la vie, de chaque vie, de chaque mort.

La fin de vie d'un certain nombre de "patients" nous est retracée avec pudeur et émotion. Leurs doutes, leurs faiblesses mais également leurs humours, leurs lucidités font mouche. Ce ne sont pas des mourants mais des êtres humains à part entière, en souffrances, trop souvent rejetés par une société qui refuse l'inacceptable: l'approche de la mort.

Suite à la lecture de ce livre, une vision du monde du doin palliatif se dessine. Ce sont des services extrêmement difficiles, où il est nécessaire d'être serein avec soi-même. La douleur et la mort sont là mais cependant une force de vie s'y dégage. Tout y est vécu avec plus d'émotion et d'intensité. Pour travailler dans ces conditions, il ne faut pas être insensé mais, et non sans difficulté, accepter de faire cohabiter le magnifique et l'atroce... et vivre avec.

Une lecture dont on ne sort pas indemne; un livre dont on sort grandi.

Note: 4,5/5





De : Clochette1509 Envoyé : 2007-04-01 13:05

Un pont d'oiseaux
Antoine Audouard
Gallimard

L'histoire :
A la fin de la seconde guerre mondiale, Pierre Garnier, qui ne s'est jamais vraiment battu au cours de cette guerre, s'engage pour l'Indochine. Il est engagé en tant que correspondant pour un journal de l'armée qui ne porte pas si bien son nom : "Liberté". Pierre n'adhère pas tant aux idées du colonialisme qu'au communisme vietminh. Il va également affronter les misères des populations envahies mais également rencontrer des personnages hauts en couleur qui vont l'aider" à ne pas se perdre dans le désastre de cette guerre.
Ce roman fait des allers retours entre le narrateur, André, le fils de Pierre, qui part au Vietnam à la recherche de la vie de son père, qu'il a finalement peu connu et Pierre qui nous raconte sa vie de là-bas.

Mon avis :
Que dire ? J'ai eu un mal fou à entrer dans ce livre ! Peut-être parce que je ne connaissais rien à la guerre en Indochine ! Mais même en allant faire des recherches sur Internet, rien n'y a fait.
C'est vrai qu'on y apprend beaucoup de choses sur cette guerre si mal connue en France - comme le dit l'auteur dans un passage : La France a honte avec cette guerre, donc elle se dit que moins on racontera de choses à son sujet, plus vite les gens oublieront. Ce qui à mon avis, est un total irrespect envers les populations, mais je pense que ce n'est pas le problème de la France ! Cela m'a fait beaucoup penser à la guerre en Algérie ; c'était de toute façon un conflit pour les mêmes idéaux qu'en Indochine.
C'est vrai que ce roman raconte également l'histoire d'une quête d'un fils envers son père, père qu'il a si peu connu, souvent absent et fantasque, parce que marqué par cette guerre, et qui n'a pas su tout lui dire, mais finalement on sait également peu de choses sur ce que ressent son fils vis à vis de son père.
Bref, tout au long de ce livre, je me suis sentie spectatrice, sans jamais éprouver quoi que ce soit pour le narrateur, peut-être plus pour son père compte tenu des horreurs qu'il a traversées, mais...

Un extrait qui m'a beaucoup plu :
'Une ancienne légende vietnamienne raconte que l'étoile du soir et l'étoile du matin sont amoureuses mais ne peuvent jamais se rencontrer. Deux fois par an, les corbeaux font un pont par-dessus la Voie lactée et leur permettent de se réunir.'

Ma note : 3/5 (pour les détails historiques que je ne connaissais pas)