Edith WHARTON (Etats-Unis)
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Edith WHARTON (Etats-Unis)
De : Claarabel (Message d'origine) Envoyé : 2005-06-22 04:52
Xingu
Mille et une nuit, 52 pages
Un groupe de dames américaines, de la bonne société, se réunissent sous le Lunch Club autour de leurs communes passions du thé et de la littérature. Très bientôt elles reçoivent la visite d'Osric Dane, écrivain réputé dont il est impératif d'avoir lu tous les livres. Mais parmi ces dames, il y a cette Mrs Roby qui avoue n'en rien connaître !...
Le drame s'enchaîne à l'arrivée de l'écrivain : "l'éminent personnage était entré dans la pièce comme s'il était entendu qu'elle était là contre son gré et guère disposée à faciliter l'exercice de l'hospitalité". Un ange passe, ces dames se pincent, posent des questions balbutiantes auxquelles Osric Dane répond en les retournant, de manière pédante. Puis Mrs Roby intervient...
"Xingu", courte nouvelle publiée en 1916, contient les habituels ingrédients de la recette whartonienne : ironie, mesquinerie, badinage, petitesse d'âme et d'esprit. Ce microcosme, soit-disant érudit, autour de ces dames d'un club de lecture réunit en fait la panelle de ces snobs intellectuels qui peuplent le monde de l'art, des lettres et de la culture. L'emphase cache finalement un manque de discernement et de recul qui heurtent ces dames, à la découverte du pot aux roses. Au lieu d'en rire, elles se fâchent ! C'est tout ça, la société new-yorkaise de l'époque : guindée, figée, ridicule. Chez Edith Wharton, comme souligne la traductrice Claudine Lesage en postface, "sous les dentelles et l'organdi, elle brose un tableau d'une cruauté tout à la fois raffinée et brutale où l'argent le dispute à l'amour et à la mort : on y meurt à coups d'éventail, mais trop souvent aussi écrasé sous le poids d'une machine qui, ailleurs, s'appelle Destin".
"Xingu" en cinquante pages remplit son contrat haut la main ! Bonheur total !
5/5
De : Claarabel Envoyé : 2005-06-28 05:03
Les lettres
Folio 2 euros, 90 pages
Je n'affectionne pas les histoires à tendance sentimentale, j'éprouve vite un sentiment de lassitude et d'ennui. Chez Edith Wharton, ses histoires baignent tout autant dans ce sentimentalisme rébarbatif, pourtant l'auteur arrive à contourner les clichés sirupeux ou, du moins, sait merveilleusement en jouer. Elle jongle avec le cynisme avec une rigueur, une facilité et un brio époustouflants ! L'exemple se démontre une nouvelle fois avec cette nouvelle, "Les lettres", extraite du recueil "Le fils".
L'histoire tourne autour des méandres amoureux de Lizzie West, jeune américaine de 25 ans, institutrice sans le sou dans cette campagne française. Elle travaille chez le couple Deering, tandis que l'homme tourne en rond dans son atelier de peintre, à la quête de l'inspiration foudroyante, l'épouse est alanguie à l'étage, aborbée par la lecture de romans quelconques. Lizzie tente de parfaire l'instruction de la petite Juliette mais la tâche s'avère délicate. Un jour, les sentiments entre l'innocente préceptrice au coeur pu et l'indolent peintre pétri de dignité basculent en un élan d'amour d'une noblesse affligeante. Et c'est là qu'on s'amuse, qu'on remercie Edith Wharton de prendre à la légère ces élans du coeur, de qualifier cet état de grâce en "une envolée de rêve sur un escalier céleste" !
Il y a une mesquinerie dissimulée chez l'écrivain, celle d'épingler la rigidité des sentiments et des rapports humains chez ses semblables. Elle s'amuse, nous aussi. Elle peaufine une magnanimité chez ses personnages, loin d'être crédible ou tolérable pour le lecteur contemporain. Bref, après moults rebondissements, Lizzie fait un succinct travail d'introspection de son coeur, à se questionner les limites de la loyauté et d'honnêteté chez l'homme et chez elle. Comme souvent chez Edith Wharton, l'héroïne adopte une droiture exemplaire, se conforme à un fol idéalisme, un peu vain, pliant presque l'échine à une douce nostalgie dépassée. Chez l'auteur, très peu de cris, beaucoup de larmes (amères) et un sourire mystèrieux, un regard perdu et vague pour conclure !...
Du grand art, ça s'appelle !
4.5/5
De: Lhisbei
Les lettres
Résumé : A Paris la jeune Lizzie West tombe amoureuse de Vincent Deering le père de la petite-fille dont elle est l'institutrice. Vincent Deering se dit peintre, mais en réalité il végète dans son atelier attendant l'inspiration pendant que son épouse se réfugie dans la lecture. Quand cette dernière décède, Vincent doit retourner au Etats-Unis régler la succession. Lizzie et Vincent se promettent de s'écrire souvent. Lizzie tient parole mais ne reçoit aucune réponse de Vincent. Deux ans passent et lorsque Vincent revient à Paris les rôles sont inversés Lizzie a hérité d'un oncle lointain et Vincent est sans le sous.
Mon avis : Toujours aussi ironique la plume d'Edith Wharton. On pense trouver une histoire d'amour à l'eau de rose et on se retrouve avec une observation très fine de la société de l'époque, une dissection des idéaux d'une jeune fille naïve et amoureuse. Et un retournement amer de situation à la fin. C'est tendre mais cruel. Un vrai régal.
Note : 4/5
(Lhisbei)
De: Papillon
Les lettres
Une nouvelle en forme de conte moral, doux et amer.
Une jeune américaine à Paris, Lizzie West, gagne sa vie en donnant des cours aux enfants de ses compatriotes. Peu à peu, elle tisse un lien amoureux avec le père de l'une de ses jeunes élèves, Vincent Deering. Mais, suite au brusque décès de sa femme, Vincent Deering est obligé de retourner aux Etats-Unis pour y régler ses affaires. Les deux amants promettent de s'écrire pour meubler l'absence. Lizzie écrit de longues lettres enflammées et attend en vain une réponse...
Encore une fois Edith Wharton, dans ce style brillant et ironique qui la caractérise, s'applique à montrer la futilité d'une certaine classe sociale américaine, celle des riches oisifs. A la profondeur des sentiments de Lizzie, la jeune institutrice sans le sou, s'oppose la superficialité de son amoureux, faux artiste, inconstant et inconsistant. Et pourtant, quand il faudra faire un choix, Lizzie après un premier réflexe de fuite propre à son caractère entier, sacrifiera ses illusions à son confort.
Note : 4.5/5
(Papillon)
De : Claarabel Envoyé : 2005-06-30 04:05
Les yeux
Mille et une nuits, 45 pages
"Nous étions d'humeur à parler fantômes, ce soir-là, après un excellent dîner offert par notre vieil ami Culwin et le conte de Fred Murchard - le récit d'une étrange visitation personnelle."
Ainsi commence la nouvelle "Les yeux" dans laquel on s'embarque littéralement ! Histoire de fantôme, comme savent savamment en combiner les anglo-saxons, un cocktail pétillant d'histoire courte avec des esprits mystiques, des apparitions nocturnes et une ambiance glaciale ! Edith Warthon, excellente élève, livre un exercice quasi parfait ! Son narrateur raconte l'histoire vécue de ce Culwin, l'hôte de cette soirée étrange, au coin du feu, entre cigares et eau gazeuse, autour d'une petite assemblée de "jeunes gens". Par le passé, dans ces jeunes années, Culwin a été l'objet d'apparitions d'yeux, des yeux horribles, terrifiants, à l'expression de "sécurité vicieuse" - "Je ne sais comment l'expliquer : ils semblaient appartenir à un homme ayant commis bien du mal dans sa vie mais qui n'aurait jamais franchi la ligne jaune. Ce n'étaient pas les yeux d'un lâche, mais d'un être beaucoup trop intelligent pour prendre des risques".
Ces yeux apparaissent dans la nuit, l'observent, le narguent et semblent se moquer de lui, du moins ses yeux le hantent et l'obsèdent. Dans quelles circonstances ? Par deux fois, Culwin expose les faits. Ceci pourrait expliquer davantage au lecteur, qui ne peut se contenter des propos évasifs de Culwin. Ce dernier ne semble jamais avoir pris la peine de s'interroger, de comprendre la signification de ces yeux.
Pour le lecteur, en fin de lecture de cette courte nouvelle, on devine aisément quelle sentence dissimulait l'apparition. Toutefois il faut remercier Edith Wharton d'avoir su mettre son récit en point de suspensions, de placer son histoire entre guillemets, dans son principe de tourner autour du pot, de laisser entendre, deviner et non pas mettre les cartes sur table. L'auteur n'hésite pas à dévoiler toutes ses pièces, de manière affûtée. Elle sait également nous placer dans le décor, dans ce salon, la nuit, et l'apparition des yeux est inquiétante et lugubre. Le procédé est efficace, on s'y croit, on tremble et on n'éteind pas la lumière de sa chambre pour s'endormir avant des lustres !
4.5/5
De : Mousseliine Envoyé : 2005-07-10 21:01
Xingu
(Mille et une nuits, 2000, 53 pages)
Edith Wharton s'en prend pour notre plus grand bonheur à la bonne société new-yorkaise dans cette nouvelle caustique et ô comment perspicace.
Dans un style très élégant, efficace, d'un humour qu'on pourrait qualifier de cruel, Edith Warton nous en met plein la vue. Elle découpe sans pitié chacun de ses personnages. On ne sait pas si on doit rigoler ou les plaindre dans leur ignorance qui s'ignore d'autant plus bête quand on est si imbu.
Les deux premières phrases donnent le ton: "Mrs Ballinger était une de ces dames qui traquent la Culture en groupe et considèrent toute rencontre fortuite comme dangereuse. Voilà pourquoi elle avait fondé une association, le Lunch Club, composée d'elle-même et de plusieurs indomptables chasseresses de l'érudition."
Lors d'une réunion, ces dames vont accueillir l'auteure Osric Dane mais rien ne se déroule comme prévu... Je m'arrête là de peur de vendre le punch car le dénouement est tellement savoureux que ça serait dommage de trop en dire même que je vous suggère de ne pas lire la quatrième de couverture.
Une bonne leçon pour qui la littérature est une affaire de snobisme. Un livre que tout lecteur devrait lire histoire de se rappeler de ne pas trop se prendre au sérieux.
Note : 5/5
De : Mousseliine Envoyé : 2005-09-25 00:12
Les lettres
Je me suis laissée prendre à lire cette longue nouvelle d'un bout à l'autre sans pouvoir
m'arrêter tellement l'écriture de Edith Wharton m'a happée.
"Les lettres" c'est une histoire d'amour, une grande histoire d'amour. Un homme
cesse d'écrire à celle qu'il prétend aimer. Elle attend et attend encore mais en vain.
Quelques années plus tard une nouvelle chance s'offre à eux. Lizzie pardonne mais encore une fois la traîtrise de l'homme se manifeste...
J'ai adoré la fin - une très belle leçon sur l'amour, en voici en extrait :
"Il n'était pas le héros de ses rêves mais il était l'homme qu'elle aimait, celui
qui l'avait aimée. Ce que ce fulgurant éclair de compassion et de connaissance lui
révelait, c'était que, tout comme le marbre est souvent composé d'un mélange banal
de mortier, de verre et de galets, ainsi un amour capable de supporter la pesanteur
de la vie pouvait être tissé de substances médiocres et mêlées."
J'aime le style de Edith Wharton et sa très grande perspicacité, son habilité à
rendre si bien les sentiments humains.
note: 4.5/5
De : Flo7717 Envoyé : 2005-09-25 09:09
XINGU
Une compagnie de dames de la bonne société réunies en club se vante de représenter la culture et le bon goût dans leur ville. Lorsque l’auteur Osric Danes est de passage, elles s’empressent de l’inviter. Mais la rencontre ne se passe pas du tout comme prévu…
J’ai beaucoup aimé le ton ironique de ce livre. Wharton nous sert une histoire vive, terrible de justesse et de mordant. Ces malheureuses dames, snobinardes au possible, sont tournées en ridicule par une des leurs qui révèle la faille de leur culture de surface. L’histoire a su rester étonnamment moderne et l’on se régale de voir mises à mal ces personnes imbues d’elles-mêmes qui se servent de la culture comme un privilège, décrétant ce qu’il faut avoir lu (avant tout le monde), ce qu’il faut en penser, etc.
Après une exécrable expérience avec Chez les heureux du monde, j’ai pu constater que l’écrivain savait donner dans le caustique digeste, pour mon plus grand plaisir. Ce n’est pas pour autant que je vais me jeter sur son œuvre intégrale mais je ne regrette pas d’avoir goûté à Xingu.
Mille Et Une Nuits – 60 pages
4.5
Mousseline : tu as raison de citer la première phrase, elle est vraiment excellente et m'a mise d'office dans de bonnes dispositions !
Un énorme merci à Papillon, mon sponsor !
De : Muriel13B Envoyé : 2005-09-26 14:01
Là aussi, je me fais l'effet de nager à contre-courant.
J'ai lu Ethan Frome parce que je voulais participer à l'auteur du mois, mais j'avoue que, même si c'est une histoire terrible, j'ai été au bout parce qu'il était court et pour participer.
Ma note : 3/5
J'ai ensuite essayé de lire Les New-Yorkaises mais j'ai abandonné très vite. Je ne pense pas que je relirais Edith Wharton, en tout cas pas avant quelques années. Je n'accroche pas au style mais j'ai été ravie de lire toutes vos critiques.
Xingu
Mille et une nuit, 52 pages
Un groupe de dames américaines, de la bonne société, se réunissent sous le Lunch Club autour de leurs communes passions du thé et de la littérature. Très bientôt elles reçoivent la visite d'Osric Dane, écrivain réputé dont il est impératif d'avoir lu tous les livres. Mais parmi ces dames, il y a cette Mrs Roby qui avoue n'en rien connaître !...
Le drame s'enchaîne à l'arrivée de l'écrivain : "l'éminent personnage était entré dans la pièce comme s'il était entendu qu'elle était là contre son gré et guère disposée à faciliter l'exercice de l'hospitalité". Un ange passe, ces dames se pincent, posent des questions balbutiantes auxquelles Osric Dane répond en les retournant, de manière pédante. Puis Mrs Roby intervient...
"Xingu", courte nouvelle publiée en 1916, contient les habituels ingrédients de la recette whartonienne : ironie, mesquinerie, badinage, petitesse d'âme et d'esprit. Ce microcosme, soit-disant érudit, autour de ces dames d'un club de lecture réunit en fait la panelle de ces snobs intellectuels qui peuplent le monde de l'art, des lettres et de la culture. L'emphase cache finalement un manque de discernement et de recul qui heurtent ces dames, à la découverte du pot aux roses. Au lieu d'en rire, elles se fâchent ! C'est tout ça, la société new-yorkaise de l'époque : guindée, figée, ridicule. Chez Edith Wharton, comme souligne la traductrice Claudine Lesage en postface, "sous les dentelles et l'organdi, elle brose un tableau d'une cruauté tout à la fois raffinée et brutale où l'argent le dispute à l'amour et à la mort : on y meurt à coups d'éventail, mais trop souvent aussi écrasé sous le poids d'une machine qui, ailleurs, s'appelle Destin".
"Xingu" en cinquante pages remplit son contrat haut la main ! Bonheur total !
5/5
De : Claarabel Envoyé : 2005-06-28 05:03
Les lettres
Folio 2 euros, 90 pages
Je n'affectionne pas les histoires à tendance sentimentale, j'éprouve vite un sentiment de lassitude et d'ennui. Chez Edith Wharton, ses histoires baignent tout autant dans ce sentimentalisme rébarbatif, pourtant l'auteur arrive à contourner les clichés sirupeux ou, du moins, sait merveilleusement en jouer. Elle jongle avec le cynisme avec une rigueur, une facilité et un brio époustouflants ! L'exemple se démontre une nouvelle fois avec cette nouvelle, "Les lettres", extraite du recueil "Le fils".
L'histoire tourne autour des méandres amoureux de Lizzie West, jeune américaine de 25 ans, institutrice sans le sou dans cette campagne française. Elle travaille chez le couple Deering, tandis que l'homme tourne en rond dans son atelier de peintre, à la quête de l'inspiration foudroyante, l'épouse est alanguie à l'étage, aborbée par la lecture de romans quelconques. Lizzie tente de parfaire l'instruction de la petite Juliette mais la tâche s'avère délicate. Un jour, les sentiments entre l'innocente préceptrice au coeur pu et l'indolent peintre pétri de dignité basculent en un élan d'amour d'une noblesse affligeante. Et c'est là qu'on s'amuse, qu'on remercie Edith Wharton de prendre à la légère ces élans du coeur, de qualifier cet état de grâce en "une envolée de rêve sur un escalier céleste" !
Il y a une mesquinerie dissimulée chez l'écrivain, celle d'épingler la rigidité des sentiments et des rapports humains chez ses semblables. Elle s'amuse, nous aussi. Elle peaufine une magnanimité chez ses personnages, loin d'être crédible ou tolérable pour le lecteur contemporain. Bref, après moults rebondissements, Lizzie fait un succinct travail d'introspection de son coeur, à se questionner les limites de la loyauté et d'honnêteté chez l'homme et chez elle. Comme souvent chez Edith Wharton, l'héroïne adopte une droiture exemplaire, se conforme à un fol idéalisme, un peu vain, pliant presque l'échine à une douce nostalgie dépassée. Chez l'auteur, très peu de cris, beaucoup de larmes (amères) et un sourire mystèrieux, un regard perdu et vague pour conclure !...
Du grand art, ça s'appelle !
4.5/5
De: Lhisbei
Les lettres
Résumé : A Paris la jeune Lizzie West tombe amoureuse de Vincent Deering le père de la petite-fille dont elle est l'institutrice. Vincent Deering se dit peintre, mais en réalité il végète dans son atelier attendant l'inspiration pendant que son épouse se réfugie dans la lecture. Quand cette dernière décède, Vincent doit retourner au Etats-Unis régler la succession. Lizzie et Vincent se promettent de s'écrire souvent. Lizzie tient parole mais ne reçoit aucune réponse de Vincent. Deux ans passent et lorsque Vincent revient à Paris les rôles sont inversés Lizzie a hérité d'un oncle lointain et Vincent est sans le sous.
Mon avis : Toujours aussi ironique la plume d'Edith Wharton. On pense trouver une histoire d'amour à l'eau de rose et on se retrouve avec une observation très fine de la société de l'époque, une dissection des idéaux d'une jeune fille naïve et amoureuse. Et un retournement amer de situation à la fin. C'est tendre mais cruel. Un vrai régal.
Note : 4/5
(Lhisbei)
De: Papillon
Les lettres
Une nouvelle en forme de conte moral, doux et amer.
Une jeune américaine à Paris, Lizzie West, gagne sa vie en donnant des cours aux enfants de ses compatriotes. Peu à peu, elle tisse un lien amoureux avec le père de l'une de ses jeunes élèves, Vincent Deering. Mais, suite au brusque décès de sa femme, Vincent Deering est obligé de retourner aux Etats-Unis pour y régler ses affaires. Les deux amants promettent de s'écrire pour meubler l'absence. Lizzie écrit de longues lettres enflammées et attend en vain une réponse...
Encore une fois Edith Wharton, dans ce style brillant et ironique qui la caractérise, s'applique à montrer la futilité d'une certaine classe sociale américaine, celle des riches oisifs. A la profondeur des sentiments de Lizzie, la jeune institutrice sans le sou, s'oppose la superficialité de son amoureux, faux artiste, inconstant et inconsistant. Et pourtant, quand il faudra faire un choix, Lizzie après un premier réflexe de fuite propre à son caractère entier, sacrifiera ses illusions à son confort.
Note : 4.5/5
(Papillon)
De : Claarabel Envoyé : 2005-06-30 04:05
Les yeux
Mille et une nuits, 45 pages
"Nous étions d'humeur à parler fantômes, ce soir-là, après un excellent dîner offert par notre vieil ami Culwin et le conte de Fred Murchard - le récit d'une étrange visitation personnelle."
Ainsi commence la nouvelle "Les yeux" dans laquel on s'embarque littéralement ! Histoire de fantôme, comme savent savamment en combiner les anglo-saxons, un cocktail pétillant d'histoire courte avec des esprits mystiques, des apparitions nocturnes et une ambiance glaciale ! Edith Warthon, excellente élève, livre un exercice quasi parfait ! Son narrateur raconte l'histoire vécue de ce Culwin, l'hôte de cette soirée étrange, au coin du feu, entre cigares et eau gazeuse, autour d'une petite assemblée de "jeunes gens". Par le passé, dans ces jeunes années, Culwin a été l'objet d'apparitions d'yeux, des yeux horribles, terrifiants, à l'expression de "sécurité vicieuse" - "Je ne sais comment l'expliquer : ils semblaient appartenir à un homme ayant commis bien du mal dans sa vie mais qui n'aurait jamais franchi la ligne jaune. Ce n'étaient pas les yeux d'un lâche, mais d'un être beaucoup trop intelligent pour prendre des risques".
Ces yeux apparaissent dans la nuit, l'observent, le narguent et semblent se moquer de lui, du moins ses yeux le hantent et l'obsèdent. Dans quelles circonstances ? Par deux fois, Culwin expose les faits. Ceci pourrait expliquer davantage au lecteur, qui ne peut se contenter des propos évasifs de Culwin. Ce dernier ne semble jamais avoir pris la peine de s'interroger, de comprendre la signification de ces yeux.
Pour le lecteur, en fin de lecture de cette courte nouvelle, on devine aisément quelle sentence dissimulait l'apparition. Toutefois il faut remercier Edith Wharton d'avoir su mettre son récit en point de suspensions, de placer son histoire entre guillemets, dans son principe de tourner autour du pot, de laisser entendre, deviner et non pas mettre les cartes sur table. L'auteur n'hésite pas à dévoiler toutes ses pièces, de manière affûtée. Elle sait également nous placer dans le décor, dans ce salon, la nuit, et l'apparition des yeux est inquiétante et lugubre. Le procédé est efficace, on s'y croit, on tremble et on n'éteind pas la lumière de sa chambre pour s'endormir avant des lustres !
4.5/5
De : Mousseliine Envoyé : 2005-07-10 21:01
Xingu
(Mille et une nuits, 2000, 53 pages)
Edith Wharton s'en prend pour notre plus grand bonheur à la bonne société new-yorkaise dans cette nouvelle caustique et ô comment perspicace.
Dans un style très élégant, efficace, d'un humour qu'on pourrait qualifier de cruel, Edith Warton nous en met plein la vue. Elle découpe sans pitié chacun de ses personnages. On ne sait pas si on doit rigoler ou les plaindre dans leur ignorance qui s'ignore d'autant plus bête quand on est si imbu.
Les deux premières phrases donnent le ton: "Mrs Ballinger était une de ces dames qui traquent la Culture en groupe et considèrent toute rencontre fortuite comme dangereuse. Voilà pourquoi elle avait fondé une association, le Lunch Club, composée d'elle-même et de plusieurs indomptables chasseresses de l'érudition."
Lors d'une réunion, ces dames vont accueillir l'auteure Osric Dane mais rien ne se déroule comme prévu... Je m'arrête là de peur de vendre le punch car le dénouement est tellement savoureux que ça serait dommage de trop en dire même que je vous suggère de ne pas lire la quatrième de couverture.
Une bonne leçon pour qui la littérature est une affaire de snobisme. Un livre que tout lecteur devrait lire histoire de se rappeler de ne pas trop se prendre au sérieux.
Note : 5/5
De : Mousseliine Envoyé : 2005-09-25 00:12
Les lettres
Je me suis laissée prendre à lire cette longue nouvelle d'un bout à l'autre sans pouvoir
m'arrêter tellement l'écriture de Edith Wharton m'a happée.
"Les lettres" c'est une histoire d'amour, une grande histoire d'amour. Un homme
cesse d'écrire à celle qu'il prétend aimer. Elle attend et attend encore mais en vain.
Quelques années plus tard une nouvelle chance s'offre à eux. Lizzie pardonne mais encore une fois la traîtrise de l'homme se manifeste...
J'ai adoré la fin - une très belle leçon sur l'amour, en voici en extrait :
"Il n'était pas le héros de ses rêves mais il était l'homme qu'elle aimait, celui
qui l'avait aimée. Ce que ce fulgurant éclair de compassion et de connaissance lui
révelait, c'était que, tout comme le marbre est souvent composé d'un mélange banal
de mortier, de verre et de galets, ainsi un amour capable de supporter la pesanteur
de la vie pouvait être tissé de substances médiocres et mêlées."
J'aime le style de Edith Wharton et sa très grande perspicacité, son habilité à
rendre si bien les sentiments humains.
note: 4.5/5
De : Flo7717 Envoyé : 2005-09-25 09:09
XINGU
Une compagnie de dames de la bonne société réunies en club se vante de représenter la culture et le bon goût dans leur ville. Lorsque l’auteur Osric Danes est de passage, elles s’empressent de l’inviter. Mais la rencontre ne se passe pas du tout comme prévu…
J’ai beaucoup aimé le ton ironique de ce livre. Wharton nous sert une histoire vive, terrible de justesse et de mordant. Ces malheureuses dames, snobinardes au possible, sont tournées en ridicule par une des leurs qui révèle la faille de leur culture de surface. L’histoire a su rester étonnamment moderne et l’on se régale de voir mises à mal ces personnes imbues d’elles-mêmes qui se servent de la culture comme un privilège, décrétant ce qu’il faut avoir lu (avant tout le monde), ce qu’il faut en penser, etc.
Après une exécrable expérience avec Chez les heureux du monde, j’ai pu constater que l’écrivain savait donner dans le caustique digeste, pour mon plus grand plaisir. Ce n’est pas pour autant que je vais me jeter sur son œuvre intégrale mais je ne regrette pas d’avoir goûté à Xingu.
Mille Et Une Nuits – 60 pages
4.5
Mousseline : tu as raison de citer la première phrase, elle est vraiment excellente et m'a mise d'office dans de bonnes dispositions !
Un énorme merci à Papillon, mon sponsor !
De : Muriel13B Envoyé : 2005-09-26 14:01
Là aussi, je me fais l'effet de nager à contre-courant.
J'ai lu Ethan Frome parce que je voulais participer à l'auteur du mois, mais j'avoue que, même si c'est une histoire terrible, j'ai été au bout parce qu'il était court et pour participer.
Ma note : 3/5
J'ai ensuite essayé de lire Les New-Yorkaises mais j'ai abandonné très vite. Je ne pense pas que je relirais Edith Wharton, en tout cas pas avant quelques années. Je n'accroche pas au style mais j'ai été ravie de lire toutes vos critiques.
petitelune- Nombre de messages : 540
Age : 39
Location : Cantons de l'Est / Québec / Canada
Date d'inscription : 27/10/2008
Re: Edith WHARTON (Etats-Unis)
De : Claarabel Envoyé : 2005-10-10 08:21
Avis aux lecteurs du Temps de l'innocence - pour en savoir plus sur le film : http://artslivres.com/ShowArticle.php?Id=441
De : Venusia Envoyé : 2005-10-18 21:48
Summer (Été)
Résumé: Charity Royall, orpheline recueillie par l'avocat d'un village isolé, a 17 ans. Elle s'ennuie. Surgit Lucius Harney, un jeune avocat venu étudier les anciennes demeures de la région. Par son apparence, son milieu, son éducation, il est bien au-dessus d'elle. Elle le sait, l'accepte. Mais malgré son élocution et sa pensée limitées, elle est attirante. Survient l'inévitable entre deux jeunes gens. Charity doit prendre une dure décision.
Mon avis: J'imagine à peine l'effet que ce roman aura provoqué à sa sortie, en 1917. Edith Wharton aborde franchement les sujets tabous de la sexualité des jeunes filles, du harcèlement sexuel, de l'avortement, de l'inceste. Une histoire qui nous parait banale en 2005 aura certainement été scandaleuse 85 ans plus tôt.
Mais à part le sujet, c'est le traitement qu'en fait Edith Wharton qui m'a impressionné. Charity Royall est un personnage complexe; Edith Wharton a parfaitement capturé le raisonnement limité d'une personne sans éducation, isolée, issue d'un monde rural où le jugement des autres est la plus dure sentence qu'on puisse recevoir.
Autant Ethan Frome dégageait une atmosphère froide et austère, autant celle d'Été est langoureuse et torride. Ce roman n'a pas la force tragique du premier; mais il est terrible par sa réalité, par les choix limités qui s'offrent à une personne vulnérable sans protection.
Ma note: 4.5 sur 5.
De: Grenouille
Edith Wharton - Été
(10-18, 1999, 253 pages)
Résumé : Incertaine sur ses origines, Charity est une jeune fille déterminée, recueillie par un avocat bourru et veuf (le notable local) établi au beau milieu de nulle part dans une campagne montagneuse. Rien ne se passe dans cette bourgade oubliée des dieux... et Charity s'ennuie à périr en peuplant ses après-midis de rêves sur la grande ville, allongée dans la prairie suivant la course des nuages ou faisant laborieusement du crochet dans la minuscule bibliothèque poussiéreuse et inutile.
Mais un jour, surgit un jeune homme de la ville en villégiature. Enthousiaste et différent, il remplira bientôt son univers étriqué.
Un roman bien dans son époque; on suit les mouvements du coeur de Charity suggérés par petites touches. On devine ce qu'elle pense, ce qu'elle va faire... ramenée malgré elle à la réalité des convenances sociales dont elle se moque.
On peut trouver ennuyeux ces romans loin de nous sur une condition féminine qui a largement évolué. Mais l'histoire permet de comprendre à quel point il ne s'agissait pas de principes moraux mais de nécessité matérielle: quelle place dans la société pour les filles seules? Comment subsister sans mari, sans famille?
Un roman plaisant même s'il n'a pas la force d'"Ethan Frome".
Note : 3.5/5
(Grenouille)
De : Sahkti1 Envoyé : 2006-02-01 12:25
Edith WHARTON, Xingu
Le livre a déjà été résumé et plus que raconté. Inutile de le refaire. Un petit régal de lecture tant la plume de Wharton est, ici, vive et acide, ce qui n'est pas toujours le cas dans ses autres récits, à mes yeux en tout cas. Cette fois, elle se lâche, on devine qu'elle veut frapper un grand coup et pointer du doigt les défauts de la société intellectuelle bien-pensante. Ma foi, elle y arrive très bien, tout cela est d'un réalisme admirable.
En une cinquantaine de pages, elle dresse la structure imparable d'un récit qui laisse quasi sans voix par sa force. Tout se déroule de manière bien huilée, les événements suivent leur cours et la fin ne surprend guère. Que ces dames se fâchent plutôt que rire est totalement logique au milieu de cette faune pseudo-intellectuelle qui passe son temps à pérorer et à s'encenser sans aucun discernement critique. Une accumulation de formules creuses, de jeux d'apparences, de moqueries et de vanité... tout cela s'emmêle sous la plume de Wharton qui n'en fait qu'une bouchée.
Une Edith Wharton en grande forme!
Ma note: 5/5
De : Mousseliine Envoyé : 2006-09-03 22:48
Ethan Frome
(Gallimard, 1984, 200 pages)
Un court roman mais tout a été dit : Edith Wharton nous raconte comment un gars est passé à côté de sa vie. À côté de l'amour, à côté d'une carrière.
C'est pathétique mais c'est un très bon roman. Un beau portrait de personnage avec une écriture juste et sans fioriture. Ça laisse un arrière-goût d'amertume... on voudrait tellement prendre Ethan dans ses bras et le consoler.
J'ai l'impression qu'il n'y a que du bon chez Edith Wharton!
Note : 4.5/5
De : zeta-b Envoyé : 2006-09-28 10:33
Sur les rives de l'Hudson
C'est mon premier Edith Wharton (sans doute pas mon dernier). J'ai souvent entendu parler de cette auteure, et les éloges étaient quasi unanimes.
L'histoire :
Le jeune Vance Weston, issu d'une famille de gens nouvellement enrichis, après une grave maladie décide de partir pour achever sa convalescence et se lancer dans le vrai monde, représenté pour lui par la ville de New-York. Il fait une étape obligatoire chez une tante, parente pauvre, mère de deux adolescents. Par l'intermédiaire de cette famille il pénètre dans une maison chic située sur les rives de l'Hudson maison possédant une fabuleuse bibliothèque qu'il explore avec avidité, le monde des lettres et de la poésie le fascinant. Il fait également la connaissance d'une jeune fille Halo Spear, avec qui il devient ami, une amitié faite de découvertes intellectuelles et d'intérêts communs.
Un concours de circonstance les sépare et trois ans plus tards ils se revoient, chacun est marié de son côté, lui a épousé la jeune cousine sur un coup de tête, et est parvenu à vivre de l'écriture comme il en rêvait ; et elle, a épousé par reconnaissance un jeune xxxxx qu'elle n'aime pas . Leur amitié renaît, mais cette attirance mutuelle n'est-elle que de l'amitié ?
Le style est très élégant, il y a beacoup de modernité dans l'écriture, dans les sentiments. Et en même temps, l'époque marque terriblement cette histoire.
J'ai envie de découvrir d'autres livres d'Edith Wharton pour pouvoir mieux me prononcer.
3,5/5
De : valduvalxavier Envoyé : 2007-07-31 15:08
ETHAN FROME (Gallimard, 200 pages)
Ce court roman, que j'ai lu d'une traite, m'a tout simplement charmé. Une histoire d'amour tragique. Un homme taciturne coincé dans un mariage malheureux avec une femme acariâtre. La naissance d'un amour impossible... Je ne veux pas en dire plus au risque de dévoiler l'histoire (comme le fait le 4e de couverture... grrrr...).
C'était ma première rencontre avec Edith Wharton, et j'ai été littéralement envoûtée par sa plume. Le style et la construction donnent une saveur unique à l'histoire. Et que dire des descriptions... Tout a tellement l'air vrai que que j'ai eu, pendant quelques heures, l'impression d'être en Nouvelle-Angleterre en compagnie d'Ethan et de souffrir avec lui.
Ma note : 4,5 / 5
J'ai eu la chance de comparer la version anglaise et française. Le traducteur, Pierre Leyris, a vraiment fait un excellent travail. Pas étonnant quand on sait qu'il s'agit d'un des traducteurs les plus respectés de sa générations et qu'il a aussi traduit d'autres grands noms comme Goethe, Brontë, Dickens et Shakespeare.
De : Philcabzi5 Envoyé : 2008-09-11 20:50
La sonnette de Madame de Edith Wharton
Ebook (première édition en 1902)
Note: 4/5
Résumé:
Alice Hartley n'arrivait pas à trouver du travail jusqu'au jour où on l'employa comme femme de chambre au domaine Brympton Place. La situation semble idéale, la maitresse est bonne et douce, l'air est pur mais il règne un brouillard de tristesse autour de cette maison qui pourrait peut-être expliquer pourquoi les femmes de chambre de restent pas en cette demeure...
Mon avis:
J'ai franchement hésité entre mettre un 5 ou un 1 comme note à cette nouvelle! C'est que l'écriture est très bien, le suspense presque insoutenable, l'ambiance lugubre mais, sacrilège!, la chute n'existe pas, ou à peine! Pas d'explication, pas d'indications, le mystère reste entier! La nouvelle ne fait que 37 pages (en ebook), alors qui va éclairer ma lanterne??
De: Papillon
Edith Wharton - Chez les heureux du monde
(Gallimard, 2000, 422 pages)
Lily Bart, une jeune orpheline ruinée, a pour projet d'épouser un riche héritier susceptible de lui offrir la vie luxueuse et futile à laquelle elle aspire et dont elle ne saurait se passer. En attendant, elle est l'éternelle invitée de ses riches amis, vivant de leurs miettes et soumise à leur bon vouloir. Car il y a un prix à payer pour être accepté par ce monde et, de compromission en compromission, Lily finira par être bannie de cette société qui n'a qu'un seul maître: l'argent.
Un roman brillantissime. Edith Wharton a un style magnifique. Malgré son ton cruel et ironique, la lire c'est comme sucer un bonbon au caramel, tant son style est élégant et ses dialogues brillants. Elle fait un portrait au vitriol d'une société qui fut la sienne et qu'elle a fuie (par le mariage dans un premier temps, par l'exil ensuite et enfin par l'écriture). Elle nous présente une héroïne belle, intelligente et aimable, qui va finir tragiquement parce qu'elle est entièrement soumise à la tyrannie des apparences et du luxe. Lily est le symbole de la société dans laquelle elle vit et qui finira par se perdre à force de futilité, d'égocentrisme, d'avidité, une société qui tourne en rond sur elle-même. Et pourtant Lily aurait pu être sauvée par sa rencontre avec Lawrence Selden, un jeune avocat impécunieux qui fréquente le même milieu qu'elle, mais sans se laisser prendre à ses mirages. C'est grâce à lui qu'elle voit pour la première fois ses amis tels qu'ils sont: superficiels, incultes et uniquement préoccupés d'eux-mêmes. Le doute surgit chez la jeune femme qui prend conscience que son mariage avec un homme de ce milieu ne serait qu'un long chemin d'ennui et de vacuité. Mais la révolte ne se produit pas et Lily oublie très vite ce qu'elle a entrevu. La suite n'est qu'une lente et inexorable dégringolade sociale et humaine car, par une succession incroyable d'actes manqués, Lily laisse toujours échapper ce qu'elle convoite au moment où elle est sur le point de l'obtenir. Et au fur à mesure qu'elle se dépouille des accessoires dérisoires de sa vie mondaine, elle se montre de plus en plus nue à nos yeux, de plus en plus vulnérable, de plus en plus insipide: cette femme n'a aucune existence personnelle, aucun talent, aucun avenir. Elle est comme une fleur exotique qui n'existe que par sa beauté éphémère: hors de sa serre, elle se fane et dépérit.
Il y a chez Edith Wharton une parenté à la fois avec Jane Austen (Orgueil et préjugés) dans cette peinture sans concession d'une société fermée et avec Henry James (Portrait de femme) dans la finesse de l'analyse psychologique. Mais elle est aussi très moderne et délivre un message qui est plus que jamais d'actualité dans notre société d'hyperconsommation: l'argent est un bon serviteur mais un mauvais maître.
Note : 5/5
(Papillon)
De: Venusia
Edith Wharton - L'écueil
(10-18, 1999, 389 pages)
Résumé : Une jeune femme, dont le fiancé a eu une brève liaison avec une autre femme qu'elle connait, lutte contre son imagination, contre les images qu'elle ne peut s'arrêter d'invoquer, de l'autre et de lui, ensemble, afin de redonner une chance à son fiancé et de rebâtir leur relation.
Au moment d'écrire ce roman, Edith était dans ou se relevait d'une relation extra-conjugale avec un homme volage, Morton Fullerton. Ce roman, c'est mon histoire, a-t-elle déjà dit. C'est un roman psychologique bien nuancé. Il y a une histoire de surface un peu implausible, avec coïncidences qui abondent, mais dans l'ensemble, c'est un fin portrait des états d'âmes de coeurs en peine.
Note : 3.75/5
(Venusia)
De: Lauric
Edith Wharton - La récompense d'une mère
Voici encore un livre que j'ai bien aimé. L'auteur détaille bien ses sentiments vis-à-vis de sa fille et de sa famille, ainsi que ses états d'âme.
Avec toutes ces descriptions, je me suis vraiment crue dans la "bonne société" new-yorkaise, même si leur emploi du temps est vraiment très très futile (organiser une fête, jouer au bridge, penser à s'acheter un nouveau chapeau, aller au théâtre ou à l'opéra, etc.).
Je trouve que pour un livre écrit en 1920, le style est agréable et vivant.
Note : 3.5/5
Avis aux lecteurs du Temps de l'innocence - pour en savoir plus sur le film : http://artslivres.com/ShowArticle.php?Id=441
De : Venusia Envoyé : 2005-10-18 21:48
Summer (Été)
Résumé: Charity Royall, orpheline recueillie par l'avocat d'un village isolé, a 17 ans. Elle s'ennuie. Surgit Lucius Harney, un jeune avocat venu étudier les anciennes demeures de la région. Par son apparence, son milieu, son éducation, il est bien au-dessus d'elle. Elle le sait, l'accepte. Mais malgré son élocution et sa pensée limitées, elle est attirante. Survient l'inévitable entre deux jeunes gens. Charity doit prendre une dure décision.
Mon avis: J'imagine à peine l'effet que ce roman aura provoqué à sa sortie, en 1917. Edith Wharton aborde franchement les sujets tabous de la sexualité des jeunes filles, du harcèlement sexuel, de l'avortement, de l'inceste. Une histoire qui nous parait banale en 2005 aura certainement été scandaleuse 85 ans plus tôt.
Mais à part le sujet, c'est le traitement qu'en fait Edith Wharton qui m'a impressionné. Charity Royall est un personnage complexe; Edith Wharton a parfaitement capturé le raisonnement limité d'une personne sans éducation, isolée, issue d'un monde rural où le jugement des autres est la plus dure sentence qu'on puisse recevoir.
Autant Ethan Frome dégageait une atmosphère froide et austère, autant celle d'Été est langoureuse et torride. Ce roman n'a pas la force tragique du premier; mais il est terrible par sa réalité, par les choix limités qui s'offrent à une personne vulnérable sans protection.
Ma note: 4.5 sur 5.
De: Grenouille
Edith Wharton - Été
(10-18, 1999, 253 pages)
Résumé : Incertaine sur ses origines, Charity est une jeune fille déterminée, recueillie par un avocat bourru et veuf (le notable local) établi au beau milieu de nulle part dans une campagne montagneuse. Rien ne se passe dans cette bourgade oubliée des dieux... et Charity s'ennuie à périr en peuplant ses après-midis de rêves sur la grande ville, allongée dans la prairie suivant la course des nuages ou faisant laborieusement du crochet dans la minuscule bibliothèque poussiéreuse et inutile.
Mais un jour, surgit un jeune homme de la ville en villégiature. Enthousiaste et différent, il remplira bientôt son univers étriqué.
Un roman bien dans son époque; on suit les mouvements du coeur de Charity suggérés par petites touches. On devine ce qu'elle pense, ce qu'elle va faire... ramenée malgré elle à la réalité des convenances sociales dont elle se moque.
On peut trouver ennuyeux ces romans loin de nous sur une condition féminine qui a largement évolué. Mais l'histoire permet de comprendre à quel point il ne s'agissait pas de principes moraux mais de nécessité matérielle: quelle place dans la société pour les filles seules? Comment subsister sans mari, sans famille?
Un roman plaisant même s'il n'a pas la force d'"Ethan Frome".
Note : 3.5/5
(Grenouille)
De : Sahkti1 Envoyé : 2006-02-01 12:25
Edith WHARTON, Xingu
Le livre a déjà été résumé et plus que raconté. Inutile de le refaire. Un petit régal de lecture tant la plume de Wharton est, ici, vive et acide, ce qui n'est pas toujours le cas dans ses autres récits, à mes yeux en tout cas. Cette fois, elle se lâche, on devine qu'elle veut frapper un grand coup et pointer du doigt les défauts de la société intellectuelle bien-pensante. Ma foi, elle y arrive très bien, tout cela est d'un réalisme admirable.
En une cinquantaine de pages, elle dresse la structure imparable d'un récit qui laisse quasi sans voix par sa force. Tout se déroule de manière bien huilée, les événements suivent leur cours et la fin ne surprend guère. Que ces dames se fâchent plutôt que rire est totalement logique au milieu de cette faune pseudo-intellectuelle qui passe son temps à pérorer et à s'encenser sans aucun discernement critique. Une accumulation de formules creuses, de jeux d'apparences, de moqueries et de vanité... tout cela s'emmêle sous la plume de Wharton qui n'en fait qu'une bouchée.
Une Edith Wharton en grande forme!
Ma note: 5/5
De : Mousseliine Envoyé : 2006-09-03 22:48
Ethan Frome
(Gallimard, 1984, 200 pages)
Un court roman mais tout a été dit : Edith Wharton nous raconte comment un gars est passé à côté de sa vie. À côté de l'amour, à côté d'une carrière.
C'est pathétique mais c'est un très bon roman. Un beau portrait de personnage avec une écriture juste et sans fioriture. Ça laisse un arrière-goût d'amertume... on voudrait tellement prendre Ethan dans ses bras et le consoler.
J'ai l'impression qu'il n'y a que du bon chez Edith Wharton!
Note : 4.5/5
De : zeta-b Envoyé : 2006-09-28 10:33
Sur les rives de l'Hudson
C'est mon premier Edith Wharton (sans doute pas mon dernier). J'ai souvent entendu parler de cette auteure, et les éloges étaient quasi unanimes.
L'histoire :
Le jeune Vance Weston, issu d'une famille de gens nouvellement enrichis, après une grave maladie décide de partir pour achever sa convalescence et se lancer dans le vrai monde, représenté pour lui par la ville de New-York. Il fait une étape obligatoire chez une tante, parente pauvre, mère de deux adolescents. Par l'intermédiaire de cette famille il pénètre dans une maison chic située sur les rives de l'Hudson maison possédant une fabuleuse bibliothèque qu'il explore avec avidité, le monde des lettres et de la poésie le fascinant. Il fait également la connaissance d'une jeune fille Halo Spear, avec qui il devient ami, une amitié faite de découvertes intellectuelles et d'intérêts communs.
Un concours de circonstance les sépare et trois ans plus tards ils se revoient, chacun est marié de son côté, lui a épousé la jeune cousine sur un coup de tête, et est parvenu à vivre de l'écriture comme il en rêvait ; et elle, a épousé par reconnaissance un jeune xxxxx qu'elle n'aime pas . Leur amitié renaît, mais cette attirance mutuelle n'est-elle que de l'amitié ?
Le style est très élégant, il y a beacoup de modernité dans l'écriture, dans les sentiments. Et en même temps, l'époque marque terriblement cette histoire.
J'ai envie de découvrir d'autres livres d'Edith Wharton pour pouvoir mieux me prononcer.
3,5/5
De : valduvalxavier Envoyé : 2007-07-31 15:08
ETHAN FROME (Gallimard, 200 pages)
Ce court roman, que j'ai lu d'une traite, m'a tout simplement charmé. Une histoire d'amour tragique. Un homme taciturne coincé dans un mariage malheureux avec une femme acariâtre. La naissance d'un amour impossible... Je ne veux pas en dire plus au risque de dévoiler l'histoire (comme le fait le 4e de couverture... grrrr...).
C'était ma première rencontre avec Edith Wharton, et j'ai été littéralement envoûtée par sa plume. Le style et la construction donnent une saveur unique à l'histoire. Et que dire des descriptions... Tout a tellement l'air vrai que que j'ai eu, pendant quelques heures, l'impression d'être en Nouvelle-Angleterre en compagnie d'Ethan et de souffrir avec lui.
Ma note : 4,5 / 5
J'ai eu la chance de comparer la version anglaise et française. Le traducteur, Pierre Leyris, a vraiment fait un excellent travail. Pas étonnant quand on sait qu'il s'agit d'un des traducteurs les plus respectés de sa générations et qu'il a aussi traduit d'autres grands noms comme Goethe, Brontë, Dickens et Shakespeare.
De : Philcabzi5 Envoyé : 2008-09-11 20:50
La sonnette de Madame de Edith Wharton
Ebook (première édition en 1902)
Note: 4/5
Résumé:
Alice Hartley n'arrivait pas à trouver du travail jusqu'au jour où on l'employa comme femme de chambre au domaine Brympton Place. La situation semble idéale, la maitresse est bonne et douce, l'air est pur mais il règne un brouillard de tristesse autour de cette maison qui pourrait peut-être expliquer pourquoi les femmes de chambre de restent pas en cette demeure...
Mon avis:
J'ai franchement hésité entre mettre un 5 ou un 1 comme note à cette nouvelle! C'est que l'écriture est très bien, le suspense presque insoutenable, l'ambiance lugubre mais, sacrilège!, la chute n'existe pas, ou à peine! Pas d'explication, pas d'indications, le mystère reste entier! La nouvelle ne fait que 37 pages (en ebook), alors qui va éclairer ma lanterne??
De: Papillon
Edith Wharton - Chez les heureux du monde
(Gallimard, 2000, 422 pages)
Lily Bart, une jeune orpheline ruinée, a pour projet d'épouser un riche héritier susceptible de lui offrir la vie luxueuse et futile à laquelle elle aspire et dont elle ne saurait se passer. En attendant, elle est l'éternelle invitée de ses riches amis, vivant de leurs miettes et soumise à leur bon vouloir. Car il y a un prix à payer pour être accepté par ce monde et, de compromission en compromission, Lily finira par être bannie de cette société qui n'a qu'un seul maître: l'argent.
Un roman brillantissime. Edith Wharton a un style magnifique. Malgré son ton cruel et ironique, la lire c'est comme sucer un bonbon au caramel, tant son style est élégant et ses dialogues brillants. Elle fait un portrait au vitriol d'une société qui fut la sienne et qu'elle a fuie (par le mariage dans un premier temps, par l'exil ensuite et enfin par l'écriture). Elle nous présente une héroïne belle, intelligente et aimable, qui va finir tragiquement parce qu'elle est entièrement soumise à la tyrannie des apparences et du luxe. Lily est le symbole de la société dans laquelle elle vit et qui finira par se perdre à force de futilité, d'égocentrisme, d'avidité, une société qui tourne en rond sur elle-même. Et pourtant Lily aurait pu être sauvée par sa rencontre avec Lawrence Selden, un jeune avocat impécunieux qui fréquente le même milieu qu'elle, mais sans se laisser prendre à ses mirages. C'est grâce à lui qu'elle voit pour la première fois ses amis tels qu'ils sont: superficiels, incultes et uniquement préoccupés d'eux-mêmes. Le doute surgit chez la jeune femme qui prend conscience que son mariage avec un homme de ce milieu ne serait qu'un long chemin d'ennui et de vacuité. Mais la révolte ne se produit pas et Lily oublie très vite ce qu'elle a entrevu. La suite n'est qu'une lente et inexorable dégringolade sociale et humaine car, par une succession incroyable d'actes manqués, Lily laisse toujours échapper ce qu'elle convoite au moment où elle est sur le point de l'obtenir. Et au fur à mesure qu'elle se dépouille des accessoires dérisoires de sa vie mondaine, elle se montre de plus en plus nue à nos yeux, de plus en plus vulnérable, de plus en plus insipide: cette femme n'a aucune existence personnelle, aucun talent, aucun avenir. Elle est comme une fleur exotique qui n'existe que par sa beauté éphémère: hors de sa serre, elle se fane et dépérit.
Il y a chez Edith Wharton une parenté à la fois avec Jane Austen (Orgueil et préjugés) dans cette peinture sans concession d'une société fermée et avec Henry James (Portrait de femme) dans la finesse de l'analyse psychologique. Mais elle est aussi très moderne et délivre un message qui est plus que jamais d'actualité dans notre société d'hyperconsommation: l'argent est un bon serviteur mais un mauvais maître.
Note : 5/5
(Papillon)
De: Venusia
Edith Wharton - L'écueil
(10-18, 1999, 389 pages)
Résumé : Une jeune femme, dont le fiancé a eu une brève liaison avec une autre femme qu'elle connait, lutte contre son imagination, contre les images qu'elle ne peut s'arrêter d'invoquer, de l'autre et de lui, ensemble, afin de redonner une chance à son fiancé et de rebâtir leur relation.
Au moment d'écrire ce roman, Edith était dans ou se relevait d'une relation extra-conjugale avec un homme volage, Morton Fullerton. Ce roman, c'est mon histoire, a-t-elle déjà dit. C'est un roman psychologique bien nuancé. Il y a une histoire de surface un peu implausible, avec coïncidences qui abondent, mais dans l'ensemble, c'est un fin portrait des états d'âmes de coeurs en peine.
Note : 3.75/5
(Venusia)
De: Lauric
Edith Wharton - La récompense d'une mère
Voici encore un livre que j'ai bien aimé. L'auteur détaille bien ses sentiments vis-à-vis de sa fille et de sa famille, ainsi que ses états d'âme.
Avec toutes ces descriptions, je me suis vraiment crue dans la "bonne société" new-yorkaise, même si leur emploi du temps est vraiment très très futile (organiser une fête, jouer au bridge, penser à s'acheter un nouveau chapeau, aller au théâtre ou à l'opéra, etc.).
Je trouve que pour un livre écrit en 1920, le style est agréable et vivant.
Note : 3.5/5
petitelune- Nombre de messages : 540
Age : 39
Location : Cantons de l'Est / Québec / Canada
Date d'inscription : 27/10/2008
Ethan Frome
Il ne faut surtout pas lire le 4e de couverture, donc un tout petit résumé...
L'histoire d'un type pauvre et surtout d'un pauvre type, d'un lâche, pris entre deux femmes, coincé entre deux vies, incapable de choisir et tentant de fuir dans la mort en emportant celle qu'il aime et en laissant vivre celle qui a été son enfer."
La lecture de ce livre m'a rendue triste.
Cette résignation et cette passivité me font frémir.
Bien entendu Ethan est prisonnier de sa vie et de son destin et n'a pas tellement d'issue pour sortir de ce bourbier sentimental et d'être enfin heureux.
Mais il a semé ce qu'il a récolté. Car selon moi, son mariage avec Zeena s'est fait par convenance personnelle (elle a pris soin de la mère d'Ethan qui était malade, une fois celle-ci décédée, il n'a plus pu se passer de sa présence domestique).
Dans une telle approche et configuration sentimentale au départ, comment pouvait-il s'attendre à être heureux ?
Vous l'avez compris : Ethan est un personnage qui m'énerve, le prototype du lâche et du faible.
J'ai préféré le personnage de Mattie Silver. Désepérée, rejetée de tous et de sa famille en particulier, ne sachant où aller, mais trouvant néanmoins un peu de joie de vivre.
Par contre, un pour le style et l'écriture : un délice !
L'histoire d'un type pauvre et surtout d'un pauvre type, d'un lâche, pris entre deux femmes, coincé entre deux vies, incapable de choisir et tentant de fuir dans la mort en emportant celle qu'il aime et en laissant vivre celle qui a été son enfer."
La lecture de ce livre m'a rendue triste.
Cette résignation et cette passivité me font frémir.
Bien entendu Ethan est prisonnier de sa vie et de son destin et n'a pas tellement d'issue pour sortir de ce bourbier sentimental et d'être enfin heureux.
Mais il a semé ce qu'il a récolté. Car selon moi, son mariage avec Zeena s'est fait par convenance personnelle (elle a pris soin de la mère d'Ethan qui était malade, une fois celle-ci décédée, il n'a plus pu se passer de sa présence domestique).
Dans une telle approche et configuration sentimentale au départ, comment pouvait-il s'attendre à être heureux ?
Vous l'avez compris : Ethan est un personnage qui m'énerve, le prototype du lâche et du faible.
J'ai préféré le personnage de Mattie Silver. Désepérée, rejetée de tous et de sa famille en particulier, ne sachant où aller, mais trouvant néanmoins un peu de joie de vivre.
Par contre, un pour le style et l'écriture : un délice !
Mariselya- Nombre de messages : 173
Age : 56
Location : Belgique
Date d'inscription : 26/10/2008
Re: Edith WHARTON (Etats-Unis)
Belle critique Mariselya !
J'ai lu un seul roman d'Edith Wharton, Sur les rives de l'Hudson. Tout comme toi j'adore le style et l'écriture, et à te lire cela me confirme mon impression : il est étonnant de voir comment elle arrive à nous captiver avec des personnages assez médiocres ! Je compte bien lire d'autres romans de cette auteure.
Il faudra que je dépose ma critique, je m'y mettrais dès que j'aurais un peu le goût.
J'ai lu un seul roman d'Edith Wharton, Sur les rives de l'Hudson. Tout comme toi j'adore le style et l'écriture, et à te lire cela me confirme mon impression : il est étonnant de voir comment elle arrive à nous captiver avec des personnages assez médiocres ! Je compte bien lire d'autres romans de cette auteure.
Il faudra que je dépose ma critique, je m'y mettrais dès que j'aurais un peu le goût.
Ladybug- Nombre de messages : 1969
Date d'inscription : 22/05/2009
Re: Edith WHARTON (Etats-Unis)
J'aime beaucoup aussi Edith Wharton! Il est vrai que la lire ça nous "atteint". Si on n'était pas touché c'est parce qu'elle manquerait son coup...
_________________
Mousseline
Magasin général tome 2 : Serge de Loisel et Tripp et L'île des chasseurs d'oiseaux de Peter May
"Happiness is only real when shared." (Christopher McCandless)
Ethan Frome
4/5
Le narrateur est envoyé en Nouvelle Angleterre par son employeur, bloqué par la neige, il fait alors connaissance d'un homme énigmatique : Ethan Frome.
Il y avait quelque chose de désertique et d'inabordable dans son visage, et il était tellement raidi et tellement engrisaillé que je le pris pour un vieillard et que je fus surpris d'apprendre qu'il n'avait pas plus de cinquante-deux ans.
A chacune de ses questions, les habitants du crû détournent la conversation et, peu à peu, l'on découvre le drame qui a anéanti cet homme.
Il a l'air comme ça depuis son écrasement, et ça fera vingt-quatre ans en février prochain...
IMPORTANT : ne surtout pas lire le 4e de couverture qui révèle la chute de cette longue nouvelle ! Heureusement, j'avais été mise en garde !
J'ai déjà lu d'autres livres de Wharton qui se veulent une critique de la "bonne" société nantie et égoïste des années folles en Amérique. Ici, rien de tout cela, la vie banale d'un petit village et, plus particulièrement, le destin dramatique d'un homme. Une très belle étude de caractère et une chute imprévisible ! A lire !
Le narrateur est envoyé en Nouvelle Angleterre par son employeur, bloqué par la neige, il fait alors connaissance d'un homme énigmatique : Ethan Frome.
Il y avait quelque chose de désertique et d'inabordable dans son visage, et il était tellement raidi et tellement engrisaillé que je le pris pour un vieillard et que je fus surpris d'apprendre qu'il n'avait pas plus de cinquante-deux ans.
A chacune de ses questions, les habitants du crû détournent la conversation et, peu à peu, l'on découvre le drame qui a anéanti cet homme.
Il a l'air comme ça depuis son écrasement, et ça fera vingt-quatre ans en février prochain...
IMPORTANT : ne surtout pas lire le 4e de couverture qui révèle la chute de cette longue nouvelle ! Heureusement, j'avais été mise en garde !
J'ai déjà lu d'autres livres de Wharton qui se veulent une critique de la "bonne" société nantie et égoïste des années folles en Amérique. Ici, rien de tout cela, la vie banale d'un petit village et, plus particulièrement, le destin dramatique d'un homme. Une très belle étude de caractère et une chute imprévisible ! A lire !
Le temps de l'innocence
Le temps de l'innocence
J'ai lu, 308 p.
4,5/5
Newland Archer -"homme d'habitudes correctes et disciplinées", pur produit de la haute société new-yorkaise des années 1870- s'apprête à épouser May Welland – jeune femme d'une grande beauté et elle aussi issue d'une riche famille. Sur ce couple d'abord uni par un amour sincère plane l'ombre d'Ellen Olenska, la scandaleuse cousine de May, qui vient tout juste de rentrer à New-York après avoir quitté son mari et l'Europe pour des raisons « suspectes ». C'est pour montrer son soutien à la famille de May dont la respectabilité ne doit pas être entachée qu'Archer précipite l'officialisation de ses fiançailles. Mais la rencontre avec la peu conventionnelle Comtesse Olenska, qui fréquente le milieu des intellectuels et des artistes, trouble Archer et ce d'autant que son amour pour May s'étiole vite :"Pendant leurs courtes fiançailles, elle avait épuisé tout ce qu'il y avait en elle de poétique et de romanesque. Maintenant, May mûrissait tranquillement, exacte reproduction de sa mère; mystérieusement, et par suite du même développement, elle tendait à faire de lui un second Mr. Welland". Archer s'avoue qu'il aime Ellen Olenska et découvre qu'il en est aimé en retour. Mais leur vie ensemble est impossible à cause des conventions et à cause de la tendresse que voue Ellen à sa cousine May. Ellen est aussi plus lucide: quelle vie vivraient-ils, exclus du monde dans lequel ils évoluent? Dès lors Archer voit sa vie intérieure se dissocier de sa vie sociale: "Se conformer à la tradition, ne demander à May que ce qu'il avait vu ses amis demander à leurs femmes, c'était plus aisé que de faire l'expérience dont, jeune homme, il avait rêvé" . "Archer […] songeait à la platitude de l'avenir qui l'attendait et , au bout de cette perspective monotone, il apercevait sa propre image, l'image d'un homme a qui il n'arriverait jamais rien". Il fait tout pour revoir la comtesse lorsqu'il le peut mais se laisse porter par le déroulement logique des évènements: fiançailles, mariage, voyage de noce... « Je suis l'homme qui a épousé une certaine femme parce qu'une autre lui a ordonné de le faire » dit-il à Ellen.
On suit l'évolution du personnage d'Archer de l'annonce des fiançailles à la naissance du premier enfant en passant par le mariage et le voyage de noces en Europe. L'ultime chapître se déroule une vingtaine d'année plus tard.
Combien coûte le respect des conventions et comment il broie les rêves, c'est le thème principal du roman. Car Archer n'est pas seul: "Combien d'autres, avant lui, avaient rêvé son rêve, qui graduellement s'étaient enfoncés dans les eaux dormantes de la vie fortunée!". Combien mènent une double vie, sacrifient leurs intérêts personnels au respects des codes sociaux de leur milieu? De même qu'Archer et Ellen certains personnages secondaires comme Beaufort -le concurrent d'Archer- évoluent eux aussi au fil du roman. Même l'innocente May, change subtilement et en sait plus qu'on ne le pense comme le sous-entend l'auteur à la fin d'une entrevue entre les deux époux au sujet d'Ellen lorsque May sort de la pièce "relevant la traîne salie et déchirée de sa robe de noce".
L'histoire et le style me rappellent Colette et son Chéri et la peinture d'un milieux social fait penser à Jane Austen (même si l'humour et l'ironie y sont moins présents je trouve):
« May sortit d'un de ses silences rêveurs auxquels Archer avait prêté une signification mystérieuse avant que six mois d'intimité conjugale ne lui en eusse démontré le vide » (p.192)
« [May]tenait son arc à la main […] Archer entendit Lawrence Lefferts qui disait:
- Personne ne vise plus juste qu'elle.
- Oui, riposta Beaufort, mais ses flèches n'atteindront jamais d'autres cibles! » (p.199)
Un très bon roman sur sur le thème du renoncement et sur le poids des conventions sociales qui laisse une impression de gâchi et d'espoir à la fois. Il m'a aussi fait penser à La Dame aux Camélias de Dumas fils et à La Princesse de Clèves (de loin).
Edith Wahrton (1862-1937) est connue pour son analyse fine de la psychologie des personnages et pour sa critique du milieu de la haute société new-yorkaise que contrairement à son personnage elle à eu la force de fuir. Elle divorce de son mari avec qui elle n'a aucune affinité intellectuelle, écrit, rencontre entre autre Henry James avec qui elle se lie d'amitié et part vivre en Frane où elle fini sa vie.
Xingu: 4/5. Nouvelle amusante très représentative du style de l'auteur.
J'ai lu, 308 p.
4,5/5
Newland Archer -"homme d'habitudes correctes et disciplinées", pur produit de la haute société new-yorkaise des années 1870- s'apprête à épouser May Welland – jeune femme d'une grande beauté et elle aussi issue d'une riche famille. Sur ce couple d'abord uni par un amour sincère plane l'ombre d'Ellen Olenska, la scandaleuse cousine de May, qui vient tout juste de rentrer à New-York après avoir quitté son mari et l'Europe pour des raisons « suspectes ». C'est pour montrer son soutien à la famille de May dont la respectabilité ne doit pas être entachée qu'Archer précipite l'officialisation de ses fiançailles. Mais la rencontre avec la peu conventionnelle Comtesse Olenska, qui fréquente le milieu des intellectuels et des artistes, trouble Archer et ce d'autant que son amour pour May s'étiole vite :"Pendant leurs courtes fiançailles, elle avait épuisé tout ce qu'il y avait en elle de poétique et de romanesque. Maintenant, May mûrissait tranquillement, exacte reproduction de sa mère; mystérieusement, et par suite du même développement, elle tendait à faire de lui un second Mr. Welland". Archer s'avoue qu'il aime Ellen Olenska et découvre qu'il en est aimé en retour. Mais leur vie ensemble est impossible à cause des conventions et à cause de la tendresse que voue Ellen à sa cousine May. Ellen est aussi plus lucide: quelle vie vivraient-ils, exclus du monde dans lequel ils évoluent? Dès lors Archer voit sa vie intérieure se dissocier de sa vie sociale: "Se conformer à la tradition, ne demander à May que ce qu'il avait vu ses amis demander à leurs femmes, c'était plus aisé que de faire l'expérience dont, jeune homme, il avait rêvé" . "Archer […] songeait à la platitude de l'avenir qui l'attendait et , au bout de cette perspective monotone, il apercevait sa propre image, l'image d'un homme a qui il n'arriverait jamais rien". Il fait tout pour revoir la comtesse lorsqu'il le peut mais se laisse porter par le déroulement logique des évènements: fiançailles, mariage, voyage de noce... « Je suis l'homme qui a épousé une certaine femme parce qu'une autre lui a ordonné de le faire » dit-il à Ellen.
On suit l'évolution du personnage d'Archer de l'annonce des fiançailles à la naissance du premier enfant en passant par le mariage et le voyage de noces en Europe. L'ultime chapître se déroule une vingtaine d'année plus tard.
Combien coûte le respect des conventions et comment il broie les rêves, c'est le thème principal du roman. Car Archer n'est pas seul: "Combien d'autres, avant lui, avaient rêvé son rêve, qui graduellement s'étaient enfoncés dans les eaux dormantes de la vie fortunée!". Combien mènent une double vie, sacrifient leurs intérêts personnels au respects des codes sociaux de leur milieu? De même qu'Archer et Ellen certains personnages secondaires comme Beaufort -le concurrent d'Archer- évoluent eux aussi au fil du roman. Même l'innocente May, change subtilement et en sait plus qu'on ne le pense comme le sous-entend l'auteur à la fin d'une entrevue entre les deux époux au sujet d'Ellen lorsque May sort de la pièce "relevant la traîne salie et déchirée de sa robe de noce".
L'histoire et le style me rappellent Colette et son Chéri et la peinture d'un milieux social fait penser à Jane Austen (même si l'humour et l'ironie y sont moins présents je trouve):
« May sortit d'un de ses silences rêveurs auxquels Archer avait prêté une signification mystérieuse avant que six mois d'intimité conjugale ne lui en eusse démontré le vide » (p.192)
« [May]tenait son arc à la main […] Archer entendit Lawrence Lefferts qui disait:
- Personne ne vise plus juste qu'elle.
- Oui, riposta Beaufort, mais ses flèches n'atteindront jamais d'autres cibles! » (p.199)
Un très bon roman sur sur le thème du renoncement et sur le poids des conventions sociales qui laisse une impression de gâchi et d'espoir à la fois. Il m'a aussi fait penser à La Dame aux Camélias de Dumas fils et à La Princesse de Clèves (de loin).
Edith Wahrton (1862-1937) est connue pour son analyse fine de la psychologie des personnages et pour sa critique du milieu de la haute société new-yorkaise que contrairement à son personnage elle à eu la force de fuir. Elle divorce de son mari avec qui elle n'a aucune affinité intellectuelle, écrit, rencontre entre autre Henry James avec qui elle se lie d'amitié et part vivre en Frane où elle fini sa vie.
Xingu: 4/5. Nouvelle amusante très représentative du style de l'auteur.
Ondine- Nombre de messages : 86
Date d'inscription : 02/08/2009
Les beaux mariages (The Custom of the Country)
419p.
10/18 (ou La découverte)
4,5/5
Ondine Spragg, belle au point que son éclat transperce les voilettes les plus épaisses, épouse Ralph Marvell et accède ainsi au monde de l'aristocratie new-yorkaise qu'elle convoitait tant. Sauf que son mari se rêve écrivain et n'est pas assez riche pour pourvoir aux besoins insatiables de son épouse malgré le métier qu'il s'est trouvé pour tenter d'y parvenir. « Ralph était devenu homme d'affaires afin de gagner plus d'argent pour elle; mais il était évident que ce « plus » ne serait jamais beaucoup, et qu'il n'obtiendrait jamais l'ascension rapide vers la réussite, qui constituait le tribut normal de l'homme aux mérites de sa femmes »p.167. Car pour Ondine tout lui est dû, évidemment, et il n'est pas question de renoncer à quoi que ce soit. Heureusement, son ami le riche Peter Van Degen est là pour lui faire quelques chèques et sécher ses larmes. Ondine divorce de Ralph pensant bien épouser Van Degen. Mais se dernier, un peu refroidit par le comportement d'Ondine à l'égard de Ralph, tient trop aux apparences pour divorcer de son côté et c'est donc avec un riche aristocrate français rencontré à Paris, Raymond de Chelles, qu'elle se remarie. Mme la marquise fait de nouveau la une des journaux mondains et s'amuse de la vie de château jusqu'à ce que...justement cette vie faite de traditions et de conventions ne commence à l'étouffer, qu'on lui demande d'être moins dépensière et qu'on la prive même de la saison à Paris! Que faire désormais? Se remarier pardi! Avec Elmer Moffat, son premier mari, son pendant masculin multi-millionnaire, qui subviendra à ses onéreux besoins matériels et mondains. Ondine, donc, « avait tout ce qu'elle voulait, mais il lui semblait encore parfois qu'elle aurait pu désirer autre chose si elle en avait connu l'existence »p.418. La toute fin du livre nous laisse entrevoir ce que voudra obtenir par la suite cette éternelle insatiable, et on ne peut s'empêcher de penser "C'est pas possible, c'est sans fin! Sacrée Ondine!"
Voulant poursuivre ma découverte d'Edith Warthon je n'ai pas pu résister quand j'ai découvert ce roman dont l'héroïne porte mon pseudo!
Ondine est tout sauf sympathique: vaniteuse, inculte et au niveau zéro de la curiosité intellectuelle, matérialiste, superficielle, égoïste, inconséquente, seule sa beauté lui permet d'accéder à ces « beaux mariages » qui sont les seuls moyens d'ascension sociale pour une femme à l'époque. Son caractère est assez contradictoire: « Ondine était farouchement indépendante, et pourtant irrésistiblement portée à imiter.» p.20. Elle veut ce qu'il y a de mieux et surtout « tout ce dont veulent les autres »p.79. Ainsi, elle « se faisait apporter son chocolat dans son lit par Céleste, conformément aux chroniques sur « La journée d'une femme du monde » publiée par « Potins de salon.» p.36 Les romans et chroniques mondaines sont ses seules lectures et constituent l'étendue de sa culture. En fait, Ondine est d'une bêtise qui fini par ennuyer ses maris successifs et seule son exceptionnelle beauté justifie qu'elle soit invitée dans les soirées. Son besoin de paraître et d'être admirée, son égocentrisme ne laisse pas de place à l'amour ni pour ses maris, ni pour son propre fils et toute son énergie est au service de son arrivisme. Elle n'a aucun scrupule à utiliser son propre fils pour faire du chantage à son mari et obtenir le divorce quel qu'en soit les conséquences-plutôt dramatiques en l'occurrence. D'ailleurs elle ne s'intéresse à son fils que lorsqu'il peut lui être utile, comme une plus-value pour son image: « Il était affreux que son petit garçon grandisse loin d 'elle, portant peut-être des vêtement qu'elle eût haïs »p.291.
La satire sociale est servie par une ironie constante et un humour assez sarcastique. Le narrateur suit tantôt les pensées d'Ondine, tantôt celles de ses maris ou d'autres personnages et ces changements de points de vue contribuent à introduire l'ironie tout au long du récit. La critique concerne les nouveaux riches et le déclin des familles de l'aristocratie New-yorkaise mais on retient surtout le portait de femme -entre Rastignac et Lady Di pour reprendre l'expression d'un critique- que nous offre l'auteur. Extrait:
Ralph Marvell qui s'interresse à Ondine demande l'origine de son prénom à Mme Spragg:
« Donc, après qu'elle eût longuement déploré le malheureux accident de l'absence d'Ondine, et que son visiteur, souriant et la tête pleine d'échos des mots « diverse et ondoyante... », ait répété après elle le nom de sa fille, ajoutant: « Quelle trouvaille! Comment pouviez-vous savoir qu'elle le porterait si bien? », ce fut tout naturellement quelle répondit:
- Eh bien, nous lui avons donné le nom d'un produit à friser que papa a mis sur le marché la semaine de sa naissance …
Comme il demeurait frappé de mutisme, elle expliqua:
- Cela vient d' « ondoolay », vous savez, le mot français qui veut dire friser; papa à toujours pensé que c'était le nom qui l'avait fait marcher. C'était un vrai savant, papa, et il avait le chic pour trouver des noms. »p.63
10/18 (ou La découverte)
4,5/5
Ondine Spragg, belle au point que son éclat transperce les voilettes les plus épaisses, épouse Ralph Marvell et accède ainsi au monde de l'aristocratie new-yorkaise qu'elle convoitait tant. Sauf que son mari se rêve écrivain et n'est pas assez riche pour pourvoir aux besoins insatiables de son épouse malgré le métier qu'il s'est trouvé pour tenter d'y parvenir. « Ralph était devenu homme d'affaires afin de gagner plus d'argent pour elle; mais il était évident que ce « plus » ne serait jamais beaucoup, et qu'il n'obtiendrait jamais l'ascension rapide vers la réussite, qui constituait le tribut normal de l'homme aux mérites de sa femmes »p.167. Car pour Ondine tout lui est dû, évidemment, et il n'est pas question de renoncer à quoi que ce soit. Heureusement, son ami le riche Peter Van Degen est là pour lui faire quelques chèques et sécher ses larmes. Ondine divorce de Ralph pensant bien épouser Van Degen. Mais se dernier, un peu refroidit par le comportement d'Ondine à l'égard de Ralph, tient trop aux apparences pour divorcer de son côté et c'est donc avec un riche aristocrate français rencontré à Paris, Raymond de Chelles, qu'elle se remarie. Mme la marquise fait de nouveau la une des journaux mondains et s'amuse de la vie de château jusqu'à ce que...justement cette vie faite de traditions et de conventions ne commence à l'étouffer, qu'on lui demande d'être moins dépensière et qu'on la prive même de la saison à Paris! Que faire désormais? Se remarier pardi! Avec Elmer Moffat, son premier mari, son pendant masculin multi-millionnaire, qui subviendra à ses onéreux besoins matériels et mondains. Ondine, donc, « avait tout ce qu'elle voulait, mais il lui semblait encore parfois qu'elle aurait pu désirer autre chose si elle en avait connu l'existence »p.418. La toute fin du livre nous laisse entrevoir ce que voudra obtenir par la suite cette éternelle insatiable, et on ne peut s'empêcher de penser "C'est pas possible, c'est sans fin! Sacrée Ondine!"
Voulant poursuivre ma découverte d'Edith Warthon je n'ai pas pu résister quand j'ai découvert ce roman dont l'héroïne porte mon pseudo!
Ondine est tout sauf sympathique: vaniteuse, inculte et au niveau zéro de la curiosité intellectuelle, matérialiste, superficielle, égoïste, inconséquente, seule sa beauté lui permet d'accéder à ces « beaux mariages » qui sont les seuls moyens d'ascension sociale pour une femme à l'époque. Son caractère est assez contradictoire: « Ondine était farouchement indépendante, et pourtant irrésistiblement portée à imiter.» p.20. Elle veut ce qu'il y a de mieux et surtout « tout ce dont veulent les autres »p.79. Ainsi, elle « se faisait apporter son chocolat dans son lit par Céleste, conformément aux chroniques sur « La journée d'une femme du monde » publiée par « Potins de salon.» p.36 Les romans et chroniques mondaines sont ses seules lectures et constituent l'étendue de sa culture. En fait, Ondine est d'une bêtise qui fini par ennuyer ses maris successifs et seule son exceptionnelle beauté justifie qu'elle soit invitée dans les soirées. Son besoin de paraître et d'être admirée, son égocentrisme ne laisse pas de place à l'amour ni pour ses maris, ni pour son propre fils et toute son énergie est au service de son arrivisme. Elle n'a aucun scrupule à utiliser son propre fils pour faire du chantage à son mari et obtenir le divorce quel qu'en soit les conséquences-plutôt dramatiques en l'occurrence. D'ailleurs elle ne s'intéresse à son fils que lorsqu'il peut lui être utile, comme une plus-value pour son image: « Il était affreux que son petit garçon grandisse loin d 'elle, portant peut-être des vêtement qu'elle eût haïs »p.291.
La satire sociale est servie par une ironie constante et un humour assez sarcastique. Le narrateur suit tantôt les pensées d'Ondine, tantôt celles de ses maris ou d'autres personnages et ces changements de points de vue contribuent à introduire l'ironie tout au long du récit. La critique concerne les nouveaux riches et le déclin des familles de l'aristocratie New-yorkaise mais on retient surtout le portait de femme -entre Rastignac et Lady Di pour reprendre l'expression d'un critique- que nous offre l'auteur. Extrait:
Ralph Marvell qui s'interresse à Ondine demande l'origine de son prénom à Mme Spragg:
« Donc, après qu'elle eût longuement déploré le malheureux accident de l'absence d'Ondine, et que son visiteur, souriant et la tête pleine d'échos des mots « diverse et ondoyante... », ait répété après elle le nom de sa fille, ajoutant: « Quelle trouvaille! Comment pouviez-vous savoir qu'elle le porterait si bien? », ce fut tout naturellement quelle répondit:
- Eh bien, nous lui avons donné le nom d'un produit à friser que papa a mis sur le marché la semaine de sa naissance …
Comme il demeurait frappé de mutisme, elle expliqua:
- Cela vient d' « ondoolay », vous savez, le mot français qui veut dire friser; papa à toujours pensé que c'était le nom qui l'avait fait marcher. C'était un vrai savant, papa, et il avait le chic pour trouver des noms. »p.63
Ondine- Nombre de messages : 86
Date d'inscription : 02/08/2009
Re: Edith WHARTON (Etats-Unis)
Ondine, je suis bouche-bée devant tes critiques! C'est tout à fait professionnel! C'était aussi agréable de te lire que de lire ces romans finalement.
_________________
Mousseline
Magasin général tome 2 : Serge de Loisel et Tripp et L'île des chasseurs d'oiseaux de Peter May
"Happiness is only real when shared." (Christopher McCandless)
Re: Edith WHARTON (Etats-Unis)
C'est gentil, merci! Sûrement des restes de mes études de lettres. Ecrire ces critiques c'est aussi prolonger le plaisir de la lecture!
Ondine- Nombre de messages : 86
Date d'inscription : 02/08/2009
Re: Edith WHARTON (Etats-Unis)
Une affaire de charme
(J'ai Lu, 158 pages)
(J'ai Lu, 158 pages)
Recueil de nouvelles pour la plupart inédites, Une affaire de charme regroupe sept saynètes de la vie quotidienne bourgeoise américaine du début du XXème siècle. La grande romancière américaine Edith Wharton montre ici tout son talent dans la description d'une société bourgeoise obsédée par les apparences et les non-dits et où pourtant, pointent tous les regrets, espérances ou déceptions d'une classe sociale où les femmes n'ont bien souvent qu'un rôle subalterne.
Sept récits donc où le lecteur suivra tour à tour une épouse respectable d'un professeur amoureuse d'un jeune Anglais fortuné de passage, un homme qui croit sa dernière heure arrivée ou encore une femme du monde qui confond le jour de sa permanente avec le départ de son amant... L'écriture est tranchante; Edith Wharton a assurément un style précis et acéré qui croque sans détour les travers et défauts de la société dans laquelle elle a toujours évalué. C'est vif, c'est mordant; même si certaines nouvelles sont surement moins intéressantes que d'autres, le style passionnant de l'auteur fait oublier la faiblesse de quelques récits. Mais c'est toujours avec grand intérêt que l'on suit toutes ses histoires où se mêlent critique, dérision mais aussi compassion comme envers Mrs Manstey prête à tout pour conserver sa vue sur les jardins voisins qu'un mur menace de cacher ou encore Nadeja qui, dans la nouvelle qui donne son titre à ce recueil, ne se révèlera finalement pas si futile que l'on aurait pu croire...
De beaux portraits d'hommes mais aussi et surtout de femmes dans lesquels, malgré le siècle de distance, nous nous sentons proches. Un livre idéal pour faire la découverte d'une des plus grandes romancières du siècle dernier.
Ma note : 3,5/5
Liza_lou- Nombre de messages : 1625
Age : 40
Location : France, à coté de Nantes
Date d'inscription : 07/12/2008
Re: Edith WHARTON (Etats-Unis)
Chez les heureux du monde
(Le livre de poche - 427 pages)
Nous sommes au début du 20ème siècle, Lily Bart est une jeune femme de 29 ans issue de l'aristocratie new-yorkaise. Ces parents, ruinés, ne lui ont rien laissé à leur mort, depuis elle vit chez sa tante, une femme austère. Lily dont la pauvreté est récente, évolue dans la société de ses amis fortunés. Elle a du mal à suivre leur train de vie, or Lily aime le luxe et déteste "la médiocrité", alors pour se sauver de cette situation, une seule solution : faire un riche mariage...
Lily veut garder une certaine morale mais sa peur de la "médiocrité" fait qu'elle est en proie à des forces adverses, pour continuer de fréquenter ses amis, elle doit faire des compromis, elle en fera certains et en refusera d'autres. Sa chute est progressive, très bien orchestrée par le talent d'Edith Wharton, car faire un riche mariage, elle est constamment sur le point d'y parvenir, elle a toujours une occasion de s'en sortir.
On voit comment ce monde fonctionne, ils sont dans un calcul permanent, le moindre mouvement a un but intéressé. C'est une société sans pitié, maintenant Lily s'en rend compte, il est intéressant et cruel de voir comment le malheur jette une lumière crue sur notre environnement et notre situation personnelle...
Ce que j'aime chez Edith Wharton, c'est que dans la psychologie des personnages, rien n'est jamais tout blanc ou tout noir, Lily m'a fait de la peine mais elle m'a également énormément agacée. Je peux lui pardonner sa superficialité - elle ne s'intéresse à rien à part le luxe, l'apparat - mais j'ai été très gênée par son mépris des classes inférieures et son mépris pour son amie Gerty Fish, j'ai souvent trouvé qu'elle manquait de coeur. Mais le coup bas dont Lily est victime à un moment de son histoire, m'a vraiment révoltée ! Je ne dévoile pas de quel personnage il va venir... à vous de le découvrir.
Edith Wharton décortique tout avec une minutie impressionnante, ses phrases sont amples et denses (chapeau au traducteur !), un roman bouleversant !
Ma note : 5/5
Ladybug- Nombre de messages : 1969
Date d'inscription : 22/05/2009
Re: Edith WHARTON (Etats-Unis)
Le temps de l'innocence - Edith Wharton
Flammarion - 287 pages
En 1870, à New York, Newland Archer et May Welland, tout deux membres de la haute société, annoncent leurs fiançailles alors que débarque en ville Ellen Olenska, qui vient de quitter son mari.
Bien que sincèrement épris de sa fiancée, Newland va petit à petit succomber au charme d'Ellen, libre et tellement différente des autres femmes de la bonne société new-yorkaise. Mais, que peut faire Newland face au poids des conventions?
Rien à redire sur l'écriture, c'est très bien écrit et la description de la société new-yorkaise parfaite.
L'histoire en elle-même est classique, un amour impossible, sacrifié au respect des traditions sociales, deux destins brisés par peur d'affronter le scandale et d'être mis au ban de la société.
J'ai aimé mais j'ai tout de même trouvé certaines longueurs et un style un peu trop romantique et lyrique parfois dans l'expression des sentiments.
Mais c'est un beau témoignage d'une époque et une belle découverte pour mon thème new-yorkais.
3,5/5
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Lyreek- Nombre de messages : 3099
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Re: Edith WHARTON (Etats-Unis)
Les Boucanières d' Edith Wharton
Points, Signature / 528 pages
« Elles incarnaient “la jeune fille américaine”, ce que le monde avait réussi de plus parfait » : pour Mrs St. George, ces cinq jeunes filles fraîchement débarquées à Londres sont un ravissement… Mais pour le petit monde étroit de l’aristocratie anglaise, leur pedigree laisse à désirer, et leurs ambitions paraissent bien vulgaires ? et puis quelle idée de fumer et de s’exhiber ainsi sans vergogne ? Les « boucanières » n’en ont cure : à elles la belle vie, les bons plaisirs et les beaux partis !
On dit de ce roman qu' il est inachevé, inachevé et pourtant peu avant sa mort Edith Warthon avait eu le temps d' écrire, de revoir et de corriger la quasi totalité de cet ouvrage mis à part le tout dernier chapitre dont elle avait rédigé un plan détaillé. Dans cet édition ce dernier chapitre a été rédigé, il n'est d' ailleurs pas indispensable à l' histoire et j'aurais presque préféré que l' éditeur y insère le plan détaillé rédigé par l' auteur.
Ceci mis à part, c'était la première fois que je lisais un ouvrage d' Edith Wharton littéralement je suis tombée sous le charme. L' écriture est très belle, elle procède par petite touche donnant au texte beauté, subtilité et mordant. Les personnages bien que parfois un peu caricaturaux sont extrêmement attachants. Le ton léger et plein d' allant se rapprocherait presque d' une longue chronique de journaux.
Une lecture savoureuse et une auteure que j'ai hâte de relire.
Points, Signature / 528 pages
« Elles incarnaient “la jeune fille américaine”, ce que le monde avait réussi de plus parfait » : pour Mrs St. George, ces cinq jeunes filles fraîchement débarquées à Londres sont un ravissement… Mais pour le petit monde étroit de l’aristocratie anglaise, leur pedigree laisse à désirer, et leurs ambitions paraissent bien vulgaires ? et puis quelle idée de fumer et de s’exhiber ainsi sans vergogne ? Les « boucanières » n’en ont cure : à elles la belle vie, les bons plaisirs et les beaux partis !
On dit de ce roman qu' il est inachevé, inachevé et pourtant peu avant sa mort Edith Warthon avait eu le temps d' écrire, de revoir et de corriger la quasi totalité de cet ouvrage mis à part le tout dernier chapitre dont elle avait rédigé un plan détaillé. Dans cet édition ce dernier chapitre a été rédigé, il n'est d' ailleurs pas indispensable à l' histoire et j'aurais presque préféré que l' éditeur y insère le plan détaillé rédigé par l' auteur.
Ceci mis à part, c'était la première fois que je lisais un ouvrage d' Edith Wharton littéralement je suis tombée sous le charme. L' écriture est très belle, elle procède par petite touche donnant au texte beauté, subtilité et mordant. Les personnages bien que parfois un peu caricaturaux sont extrêmement attachants. Le ton léger et plein d' allant se rapprocherait presque d' une longue chronique de journaux.
Une lecture savoureuse et une auteure que j'ai hâte de relire.
4,5/5
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Dernières lectures : L' Intérêt de l' enfant de Ian McEWAN (4/5), Un week-end dans le Michigan de Richard Ford (4,5/5)(Frank Bascombe T1), [/i]L' Homme du verger d' Amanda COPLIN (4/5), La Pyramide de glace J-F Parot (3,75/5)(T12)
Re: Edith WHARTON (Etats-Unis)
Je l'ai dans ma PAL depuis un bail, il faut que je me motive à le lire !
cookie610- Nombre de messages : 5559
Age : 33
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Date d'inscription : 28/07/2009
Re: Edith WHARTON (Etats-Unis)
Lacazavent, si tu es tombée sous le charme de l'écriture d'Edith Wharton, je te conseille Ethan Frome, un petit roman magnifique.
lion68- Nombre de messages : 99
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Date d'inscription : 12/10/2010
Re: Edith WHARTON (Etats-Unis)
J'approuve pour Ethan Frome.
J'aimerais bien relire Edith Wharton comme beaucoup d'autres d'ailleurs.
J'aimerais bien relire Edith Wharton comme beaucoup d'autres d'ailleurs.
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Mousseline
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Re: Edith WHARTON (Etats-Unis)
Merci Lion et Mousseline, c'est noté.
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Re: Edith WHARTON (Etats-Unis)
Ethan Frome d' Edith Wharton
L' imaginaire Gallimard / 210 pages
Ethan Frome, dans une petite ferme du Massachusetts, est sous la domination de sa femme Zenobia, une mégère. L'arrivée de Mattie Silver, une cousine de Zenobia, illumine la vie d'Ethan en lui apportant de la douceur et de la compréhension. Mais elle déchaîne la jalousie de la redoutable Zenobia, qui va réussir à chasser la jeune fille.
Avec Ethan Frome c'est la seconde fois après Les boucanières que je rencontre la plume d' Edith Wharton. Cette fois-ci le récit m'aura paru curieusement plus daté, l' histoire n'a pas vieilli mais le texte est marqué par l'esprit des romans anglo-américain de la fin du XIXème siècle. Difficile de raconter cette histoire sans prendre le risque de trop en dire, c'est l' histoire d' un homme pauvre et de peu de volonté sous la coupe de sa femme. C'est une histoire d'amour de jalousie et de ressentiment, on lui souhaitait une fin en apothéose, on demeura finalement dans le ton de la vie sans guère de relief menée par Ethan Frome.
Une lecture marquante qui captive dès les premières lignes comme tout bon roman on le savoure et on le termine presque à regret.
Lion et notre chère Mousseline me l'avaient prédis ce coup de cœur, merci à tous les deux.
L' imaginaire Gallimard / 210 pages
Ethan Frome, dans une petite ferme du Massachusetts, est sous la domination de sa femme Zenobia, une mégère. L'arrivée de Mattie Silver, une cousine de Zenobia, illumine la vie d'Ethan en lui apportant de la douceur et de la compréhension. Mais elle déchaîne la jalousie de la redoutable Zenobia, qui va réussir à chasser la jeune fille.
Avec Ethan Frome c'est la seconde fois après Les boucanières que je rencontre la plume d' Edith Wharton. Cette fois-ci le récit m'aura paru curieusement plus daté, l' histoire n'a pas vieilli mais le texte est marqué par l'esprit des romans anglo-américain de la fin du XIXème siècle. Difficile de raconter cette histoire sans prendre le risque de trop en dire, c'est l' histoire d' un homme pauvre et de peu de volonté sous la coupe de sa femme. C'est une histoire d'amour de jalousie et de ressentiment, on lui souhaitait une fin en apothéose, on demeura finalement dans le ton de la vie sans guère de relief menée par Ethan Frome.
Une lecture marquante qui captive dès les premières lignes comme tout bon roman on le savoure et on le termine presque à regret.
5/5
Lion et notre chère Mousseline me l'avaient prédis ce coup de cœur, merci à tous les deux.
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Dernières lectures : L' Intérêt de l' enfant de Ian McEWAN (4/5), Un week-end dans le Michigan de Richard Ford (4,5/5)(Frank Bascombe T1), [/i]L' Homme du verger d' Amanda COPLIN (4/5), La Pyramide de glace J-F Parot (3,75/5)(T12)
Re: Edith WHARTON (Etats-Unis)
J'aime beaucoup l'écriture d'Edith Wharton, ce titre m'a intéressé à un moment, et puis j'ai oublié ! Je le note de nouveau.
Si tu aimes cette auteure, et si tu ne l'as pas lu, je pense que tu aimeras Chez les heureux du monde !
Si tu aimes cette auteure, et si tu ne l'as pas lu, je pense que tu aimeras Chez les heureux du monde !
Ladybug- Nombre de messages : 1969
Date d'inscription : 22/05/2009
Re: Edith WHARTON (Etats-Unis)
Merci Ladybug. Je cherchais mon prochain livre, je vais me procurer ta suggestion.
_________________
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Dernières lectures : L' Intérêt de l' enfant de Ian McEWAN (4/5), Un week-end dans le Michigan de Richard Ford (4,5/5)(Frank Bascombe T1), [/i]L' Homme du verger d' Amanda COPLIN (4/5), La Pyramide de glace J-F Parot (3,75/5)(T12)
Re: Edith WHARTON (Etats-Unis)
Chez les heureux du monde
Note : 5/5
Résumé : Au début du 20ème siècle, Lily Bart, 29 ans, appartient à l’aristocratie newyorkaise mais c’est une jeune orpheline ruinée, qui vit chez une tante peu avenante. Ayant toujours été habituée au luxe et aimant cela, elle ne voit qu’une seule solution pour sortir la tête de sa situation : faire un riche mariage.
Critique : Un gros coup de cœur pour ce roman brillant. Le contenu du roman est beaucoup plus profond et étudié que ce que mon résumé peut vous laisser croire. Il ne s’agit pas d’une simple romance pleine de guimauve et de fleurs bleues mais plutôt d’une véritable étude des mœurs de la bonne société newyorkaise du début du siècle dernier et comment l’avidité et l’ignominie de ces gens conduisent à la perte d’une jeune fille naïve. Edith Wharton a un style impeccable avec un ton légèrement cinglant et cruel, mais tellement élégant et distingué. Lily est un personnage attachant et malgré ses erreurs, même si elle est un peu agaçante parfois, on se prend très rapidement d’affection pour elle. On suit avec haleine ses errances dans un monde qui la broie petit à petit mais auquel elle ne veut sous aucun prétexte renoncer. Moins rose que Jane Austen et moins torturé qu’Emily Brontë, Edith Wharton emprunte tout de même à ses illustres ainées en nous offrant un portrait au vitriol de la bourgeoisie et un portrait psychologique fin et complexe des personnages principaux. Résolument moderne comme écriture même 100 ans plus tard - moins sur le fond du roman, encore que l’argent ne fait toujours pas le bonheur et sa recherche ultime par tous moyens conduit toujours bien souvent à notre perte, mais bon les mœurs générales ont quand même bien changées – Chez les heureux du monde est, pour moi, un véritable chef d’œuvre de la littérature américaine.
Note : 5/5
Résumé : Au début du 20ème siècle, Lily Bart, 29 ans, appartient à l’aristocratie newyorkaise mais c’est une jeune orpheline ruinée, qui vit chez une tante peu avenante. Ayant toujours été habituée au luxe et aimant cela, elle ne voit qu’une seule solution pour sortir la tête de sa situation : faire un riche mariage.
Critique : Un gros coup de cœur pour ce roman brillant. Le contenu du roman est beaucoup plus profond et étudié que ce que mon résumé peut vous laisser croire. Il ne s’agit pas d’une simple romance pleine de guimauve et de fleurs bleues mais plutôt d’une véritable étude des mœurs de la bonne société newyorkaise du début du siècle dernier et comment l’avidité et l’ignominie de ces gens conduisent à la perte d’une jeune fille naïve. Edith Wharton a un style impeccable avec un ton légèrement cinglant et cruel, mais tellement élégant et distingué. Lily est un personnage attachant et malgré ses erreurs, même si elle est un peu agaçante parfois, on se prend très rapidement d’affection pour elle. On suit avec haleine ses errances dans un monde qui la broie petit à petit mais auquel elle ne veut sous aucun prétexte renoncer. Moins rose que Jane Austen et moins torturé qu’Emily Brontë, Edith Wharton emprunte tout de même à ses illustres ainées en nous offrant un portrait au vitriol de la bourgeoisie et un portrait psychologique fin et complexe des personnages principaux. Résolument moderne comme écriture même 100 ans plus tard - moins sur le fond du roman, encore que l’argent ne fait toujours pas le bonheur et sa recherche ultime par tous moyens conduit toujours bien souvent à notre perte, mais bon les mœurs générales ont quand même bien changées – Chez les heureux du monde est, pour moi, un véritable chef d’œuvre de la littérature américaine.
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Re: Edith WHARTON (Etats-Unis)
Un fils au front
Un peintre américain établit à Paris se fait une joie de passer plusieurs mois avec son fils en voyage…sauf qu’on est à l’automne 1914 et la guerre sera déclarée le lendemain. Le fils est américain, mais aussi mobilisable dans l’armée française, car il est né sur le sol français. Le père et la mère, divorcés, font jouer leurs relations pour que le fils soit assigné à l’arrière. Ils réussissent et sont témoins de drames chez leurs proches. Ils sont heureux d’en être épargné. Le fils refuse toutefois d’être un planqué et, tout en le cachant, se fait muter sur le front. Où il sera évidemment blessé, ce qui dévoilera le pot aux roses.
J’aurai voulu bien aimer ce livre : la première guerre mondiale, une relation père-fils, mais malheureusement je n’ai pas réussi à m’intéresser réellement à l’intrigue. J’ai eu des pointes d’intérêts, mais les passages dans lesquels le père se morfond me semblaient trop long, tout comme la description des multiples activités de patronage ou de divertissement qui ont lieu à l’arrière. Le livre est écrit tout juste après la guerre, Wharton a voulu critiquer certains comportements et en honorer d’autres, mais les cibles exactes se perdent un peu aujourd’hui.
3/5
le réaliste-romantique
Un peintre américain établit à Paris se fait une joie de passer plusieurs mois avec son fils en voyage…sauf qu’on est à l’automne 1914 et la guerre sera déclarée le lendemain. Le fils est américain, mais aussi mobilisable dans l’armée française, car il est né sur le sol français. Le père et la mère, divorcés, font jouer leurs relations pour que le fils soit assigné à l’arrière. Ils réussissent et sont témoins de drames chez leurs proches. Ils sont heureux d’en être épargné. Le fils refuse toutefois d’être un planqué et, tout en le cachant, se fait muter sur le front. Où il sera évidemment blessé, ce qui dévoilera le pot aux roses.
J’aurai voulu bien aimer ce livre : la première guerre mondiale, une relation père-fils, mais malheureusement je n’ai pas réussi à m’intéresser réellement à l’intrigue. J’ai eu des pointes d’intérêts, mais les passages dans lesquels le père se morfond me semblaient trop long, tout comme la description des multiples activités de patronage ou de divertissement qui ont lieu à l’arrière. Le livre est écrit tout juste après la guerre, Wharton a voulu critiquer certains comportements et en honorer d’autres, mais les cibles exactes se perdent un peu aujourd’hui.
3/5
le réaliste-romantique
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Re: Edith WHARTON (Etats-Unis)
Le temps de l'innocence
Dans le New York huppé des années 1870, Newland Archer doit marier May; un mariage qui ravie les deux familles et toute la société. Newland est toutefois dérangé par les codes et le carcan de ce milieu, il espère pouvoir rendre sa femme plus indépendante d’esprits une fois mariés. Il tente de la convaincre de réduire la durée de leur période de fiançailles, mais il essuie alors sa première défaite, et pas la dernière, face aux sacrosaintes règles sociales. Alors que Newland est prêt à se résigner, il rencontre la cousine de May, la Comtesse Olenska qui revient d’Europe après avoir fuit son mari qui ne la respectait pas. Newland s’intéresse d’abord à cette femme qui tranche dans leur milieu très rigide. Il en tombe toutefois amoureux et ne peut se la sortir de la tête, même après son mariage.
Edith Wharton vient du milieu qu’elle décrit et critique. Elle a écrit le livre près de cinquante ans plus tard avec la perspective du nouveau siècle. Aujourd’hui, le lecteur peut d’abord facilement juger cette société enfermée dans ses codes qui régissent tous les aspects de la vie sociale. Le lecteur d’aujourd’hui espère-t-il voir Archer et Olenska s’enfuir ensemble en amoureux clandestins? Pas nécessairement : j’ai apprécié la retenue des deux amoureux qui sont déjà engagés ailleurs. Alors que dans les récits contemporains les amoureux, mêmes interdits, n’hésitent pas beaucoup avant de tomber dans les bras l’un de l’autre, ici les amoureux résistent et ne deviennent pas amants. Ils respectent leurs engagements mais, le plus important selon moi, pensent à ce que serait l’avenir. Ils peuvent éprouver des sentiments beaucoup plus forts pour leur amants que pour leur partenaire, mais qui sait ce qu’il en deviendrait après quelques années de routine? Le cycle se répètera, les amants se transformeront en époux et ils chercheront à nouveau des sentiments plus fort dans la nouveauté. À la fin du livre, Archer préfère même le souvenir de son amour passé que de le confronter à la réalité.
Le livre m’a aussi fait pensé à La lettre écarlate, un autre classique américain : un amour interdit dans une société fortement moraliste. Dans celui-ci, les amoureux succombent toutefois à la passion et la femme en paiera fortement le prix. C’est une lecture intéressante mais avec quelques passages qui me sont apparus un peu longuets.
3,5/5
le Réaliste-romantique
Réaliste-romantique- Nombre de messages : 3246
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Re: Edith WHARTON (Etats-Unis)
Les Boucanières
Note : 4/5
Résumé : Cinq jeunes filles issues de bonnes familles américaines, escortées par leur gouvernante, débarquent dans l’Angleterre de la seconde moitié du 19ème siècle. Elles espèrent toutes faire un beau mariage, avec le meilleur parti possible. Mais les règles et traditions ancestrales de la bourgeoisie anglaise sont loin d’être parfaitement appréhendées par les demoiselles qui ne peuvent que commettre des impairs.
Critique : Tout d’abord, il faut savoir que ce roman était encore en cours d’écriture lors du décès d’Edith Wharton en 1937. La version que j’ai est une version complétée et achevée par Marion Mainwaring, à partir des documents à sa disposition mais qui n’a de fait jamais revue et validée par l’auteur. Du coup, forcément, je suis un peu partagée. Si j’étais puriste je dirais qu’on ne peut jamais présumer de ce que l’auteur aurait réellement décidé pour ses personnages finalement. Mais ma fibre de lectrice a pris le dessus et je me suis lancée dans ce roman. Les romans de Wharton sont plus une très fine étude de la haute société newyorkaise (et surtout anglaise dans celui-ci) qu’une simple histoire de romance. Les personnages féminins, qui ne sont pas tous irréprochables, sont superbement décrits. On comprend les motivations de chacun. Annabel, le personnage principal, est terriblement attachante même si j’avais un peu de mal à la comprendre parfois. La gente masculine quant à elle n’en sort pas grandie. La plupart, et notamment le Duc, sont détestables et se font manipuler comme des gamins par leur femme ou par leur mère. On suit leurs histoires sur plusieurs années, on les voit grandir et s’affirmer. L’opposition entre les mariages d’amour et les mariages de raison est un thème récurrent dans les romans mais ici, c’est abordé de manière un peu plus complexe. C’est quand même marrant de voir à quel point les mentalités ont pu évoluées depuis l’époque. Et heureusement, j’avoue que toutes ces convenances ça m’irriterait. C’est moins léger qu’un roman à la Jane Austen ou à la Elizabeth Gaskell, c’est beaucoup plus critique et acerbe. Mais c’est superbement écrit. Cependant, je ne sais pas si c’est fait exprès ou si c’est dû au fait que le livre est resté inachevé, mais je trouve qu’il y avait des enchainements un peu brutaux dans le texte. Mais bon, j’ai quand même beaucoup aimé ce roman qui dépeint un portrait peu flatteur de la haute société.
cookie610- Nombre de messages : 5559
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