Richard RUSSO (Etats-Unis)

Quatrième de couverture

Quand Douglas Raymer était collégien, son professeur d’anglais écrivait en marge de ses rédactions : « Qui es-tu, Douglas ? » Trente ans plus tard, Raymer n’a pas bougé de North Bath, et ne sait toujours pas répondre à la question. Dégarni, enclin à l’embonpoint, il est veuf d’une femme qui s’apprêtait à le quitter. Pour qui ? Voilà une autre question qui torture ce policier à l’uniforme mal taillé. De l’autre côté de la ville, Sully, vieux loup de mer septuagénaire, passe sa retraite sur un tabouret de bar, à boire, fumer et tenter d’encaisser le diagnostic des cardiologues : « Deux années, grand maximum. » Raymer et Sully sont les deux piliers branlants d’une ville bâtie de travers. Quand un mur de l’usine s’écroule, tous ses habitants – du fossoyeur bègue au promoteur immobilier véreux, en passant par la femme du maire et sa case en moins – sont pris dans la tempête. De courses-poursuites en confessions, de bagarres en révélations, Raymer, Sully et les autres vont apprendre à affronter les grandes misères de leurs petites existences.

Mon avis

Encore un très bon roman de Richard Russo. Avis aux amateurs : si vous avez aimé ses autres romans, vous allez aimer celui-ci. On y retrouve ses sujets de prédilection : une petite ville américaine médiocre peuplé d’anti-héros bourrés de faiblesses ce qui les rend particulièrement attachants. Et si vous avez lu et aimé Un homme presque parfait, vous serez heureux d’y retrouver Sully et la petite ville de Bath vingt-cinq ans plus tard. Sinon, rassurez-vous, vous ne serez pas perdu pour autant.

A priori, il n’y a vraiment rien d’extraordinaire à Bath, un bled paumé qui souffre de la comparaison avec la ville voisine, plus prospère, plus accueillante et plus propre. Mais en deux jours, une suite d’évènements totalement improbables va bousculer le quotidien jusque là très tranquille de ses habitants et amener les personnages à considérer leur vie sous un autre jour et à se reprendre en main.

Comme toujours chez Russo, c’est drôle et vraiment bien observé, réaliste et en même temps un peu loufoque. Ses personnages sont à la fois totalement ordinaires et tellement particuliers. Bref, ils sont profondément humains et on n’a pas envie de les quitter.

C’est toujours difficile pour moi de faire une critique des romans de Richard Russo et je peine toujours à communiquer le plaisir que c’est de plonger dans son univers et de rencontrer ses personnages mais croyez-moi sur parole et tentez le coup, ça vaut vraiment le détour

4,5/5

Ah je le note celui-là! Merci pour la critique!

That Old Cape Magic

Jake Griffin a passé tous les étés de sa jeunesse sur la péninsule de Cape Cod, dans le Massachussets, où se réfugiaient ses parents professeurs d’université frustrés de se retrouver à enseigner dans le « Mid-fucking-west ». Aujourd’hui, il s’y rend pour assister au mariage de la meilleure amie de sa fille Laura, mais il transporte aussi l’urne des cendres de son père pour les disperser. Son mariage semble aussi battre de l’aile, car sa femme Joy viendra le rejoindre dans une voiture séparée. Griffin repense à sa jeunesse, à la relation de ses parents, au début de son mariage, à sa belle-famille.

Les personnages sont délicieux et les situations presque rocambolesques, mais quand même crédibles. L’auteur réussi aussi à donner une goutte d’information à la fin du chapitre qui nous fait le revoir différemment, par exemple qui est la femme qui va l’accompagner. Le ton est nostalgique et triste (ses parents ont divorcé, lui peut-être et leur fille craint de faire de même, en plus de réflexion sur la fin de vie et les réalisations d’une vie), mais avec quand même une lueur d’espoir. J’ai aussi aimé car je suis aussi allé en vacances sur la côte est à quelques reprises, dont à Cape Cod. C’est une première lecture de cet auteur et je crois que c’est une belle découverte, un beau début.

4,5/5

RR

Grace à la liste compilée faite par Dodie pour l'auteur du quadri, je me suis aperçue que j'avais oublié de poster ma critique de Mohawk lu en 2014

Du coup, la voici (avec presque 7 ans de retard, je pense que c'est un record  )




Quatrième de couverture

Mohawk – son diner, sa middle class résignée, ses vies contrariées, ses secrets : une bourgade ouvrière piégée par la crise, ordinaire.
Pourtant, Anne avait des rêves, Wild Bill n’a pas toujours été fou et la famille Grouse tolérait les Gaffney… Mais dans l’ombre des 70’s, entre la honte des uns et le sacrifice des autres, l’étrange fils Younger pourrait bien contrer le destin.
Une fresque poignante et âpre, tracée à hauteur d’homme, magnifique. Dans ce premier roman de l’auteur du Déclin de l’empire Whiting, rhapsode virtuose, c’est la vie qui frémit.

Mon avis

C’est un très bon roman, typique de Richard Russo, comme quoi dès son premier roman, il y avait déjà tout.

Richard Russo écrit sur les petites villes de l’Amérique profonde et sur les américains lambda coincés dans ces petites villes souvent frappés de plein fouet par la crise économique. Avec lui nous sommes à mille lieux du rêve américain.

Mohawk n’échappe pas à la règle, la ville, autrefois prospère grâce à sa tannerie, est maintenant sur le déclin.

Face à cette réalité, les habitants s’adaptent à leur manière. Il y a ceux qui essaient à tout prix de quitter la ville, il y a ceux qui y reviennent à contrecœur et il y a ceux qui sont résignés à y rester malgré tout.

Il y a aussi et surtout des secrets dans cette petite communauté, des secrets que le lecteur découvre peu à peu au fur et à mesure qu’il fait la connaissance de toute la galerie des personnages. Car si le quotidien des habitants semble banal en apparence, chacun a une histoire bien à lui qui n’a rien de banal.

Et c’est là tout le talent de Richard Russo, qui ne se dément pas ici. Il a un don pour rendre attachant et passionnant des personnages qui n’ont rien d’extraordinaire et qui évoluent dans un environnement dès plus ordinaires.

C’est aussi ce qui fait que j’ai toujours un peu de mal à faire une critique de ces romans. N’ayant pas son talent, tout ce que j’en dis a l’air plat et ennuyeux et j’ai bien peur que mes humbles commentaires ne lui fassent pas autant d’honneur que je le souhaiterais.

Mais croyez-moi, lire Richard Russo, découvrir son univers et partir à la rencontre de ses personnages est un vrai bonheur. Ne passez surtout pas à côté !

4.5/5

Retour à Martha's Vineyard

Nous sommes en septembre 2015, Lincoln invite ses amis de fac Teddy et Mickey dans sa maison familiale de Martha's Vineyard qu'il s'apprête à vendre. Trois hommes dans la soixantaine, trois personnalités distinctes, trois parcours de vie différents. Et pourtant, leur amitié date de la toute fin des années 60, alors qu'étudiants issus d'un milieu social modeste, ils travaillaient comme serveurs ou plongeur dans le restaurant d'une sororité.
Mais sur ce trio plane également le souvenir de Jacy, quatrième membre de la bande.

Richard prend son temps pour mettre en place les éléments de son roman. Nous faisons connaissance progressivement des personnages avec des retours en arrière qui nous projettent dans les années Vietnam.
Petit à petit, un malaise s'installe et on perçoit que les trois amis ne sont pas venus juste pour boire des Bloody Mary sur la terrasse. Est-il venu le temps pour chacun de faire le bilan de sa vie? Mais surtout qu'est devenue Jacy la fille dont ils étaient tous trois amoureux?

Ce roman est un subtil mélange entre récit intimiste et recherche de la vérité sur un mystère qui ne les a jamais quitté. 

J'ai découvert Richard Russo par ce roman. J'ai été littéralement sous le charme de son style. Il décortique avec beaucoup de finesse la psychologie des personnages terriblement attachants en avançant doucement comme pour ne pas les heurter, avec patience et tendresse jusqu'à ce qu'ils nous dévoilent enfin leur vrai visage. 

Un véritable coup de cœur 5/5

RETOUR À MARTHA’S VINEYARD :
Éditions Quai Voltaire - 377 pages.


      Ils étaient quatre, quatre amis à se retrouver dans une maison sur une île dans le Maine, à la fin de leurs études : Lincoln, Teddy, Mickey et Jacy, la seule fille dont les trois garçons sont amoureux. A la fin de ce week end, chacun repartira dans sa vie, tous sauf Jacy qui depuis, a disparu. 
      Quarante ans plus tard les trois garçons, devenus hommes mûrs, se retrouvent dans cette même maison, que Lincoln, devenu propriétaire à la mort de sa mère veut vendre. Ce roman est donc l’histoire de leurs retrouvailles, l’histoire de leur vie, et surtout le moment où ils vont peut-être et enfin connaître la vérité sur la mystérieuse disparition de Jacy.

    Le roman commence assez lentement : il raconte surtout la jeunesse et la vie de Lincoln et Teddy. Mickaël n’apparaît vraiment que plus tard. Mais quel récit ! Quelle écriture ! Tout est raconté de façon brillante et tellement vivante, car le récit est truffé de dialogues, souvent plein d’humour ou d’émotion, avec des retours en arrière toujours à propos pour nous faire comprendre le pourquoi des réactions, et construit d’une main de maître. Les quatre personnages sont très attachants et nous font vivre une période américaine bien difficile. Commencé lentement, je me suis tellement attaché aux personnages que je  l’ai terminé d’une traite. 

Un coup de cœur! 

5/5. 

Mohawk

Quatrième de couverture: Mohawk – son diner, sa middle class résignée, ses vies contrariées, ses secrets : une bourgade ouvrière piégée par la crise, ordinaire.
Pourtant, Anne avait des rêves, Wild Bill n’a pas toujours été fou et la famille Grouse tolérait les Gaffney… Mais dans l’ombre des 70’s, entre la honte des uns et le sacrifice des autres, l’étrange fils Younger pourrait bien contrer le destin.


Deuxième roman de cet auteur en ce qui me concerne. Il s'agit effectivement de son premier roman mais publié des années plus tard en France. 
Une fois de plus l'écriture de R.Russo a fait mouche dès les premières pages: il est excellent lorsqu'il s'agit de pénétrer la vie des américains de la middle class. 
On s'attache aux personnages dont la véritable personnalité se dessine petit à petit grâce à des retours dans le passé judicieusement relatés.
J'ai adoré la première partie, par contre, et est-ce un effet premier roman ? j'ai trouvé la deuxième partie moins bien construite, un peu brouillon et parfois des passages qui semblaient inappropriés dans le récit.
Mais, je suis très dure et j'en conviens, mais lorsqu'on est emporté comme je l'ai été par ma première lecture de Richard Russo....On devient (trop) exigeant!


Ce fut malgré tout une belle lecture : 3,5/5

Le déclin de l'empire Whiting


Note : 3.5/5

Résumé : le résumé a déjà été fait plusieurs fois ci-dessus. 


Critique : premier roman que je lis de cet auteur. J'ai été un peu perturbée au début, il ne se passe finalement pas grand chose dans les premières pages. C'est un peu déroutant. L'auteur prend son temps pour installer ses personnages et sa petite ville d'Empire Falls. Malgré ça, on se lie aux personnages, Miles et Tick en première ligne et on a envie de savoir où l’histoire va les conduire. Et puis tout s'accélère dans les 50 dernières pages environ. Je trouve dommage ce changement de rythme soudain, j'ai l'impression d'être passé à côté de certaines choses alors qu'il y a des longueurs avant ça. Malgré ça, je suis ravie d'avoir enfin pu lire un livre de cet auteur.

Le déclin de l'empire Whiting

Résumé : Bienvenue à Empire Falls, autrefois puissant centre industriel du Maine, à présent livré à la faillite et l'ennui. Miles Roby est gérant d'un snack. Sa femme l'a quitté, leur fille fait sa crise d'adolescence, Max, son père, est un profiteur excentrique, et Mrs Whiting, sa patronne, le tyrannise. Coincé dans cette vie misérable, hanté par le souvenir d'une mère dévouée, Miles veut comprendre.

Mon avis : un roman dans lequel il ne se passe pas grand chose (si ce n'est dans la toute dernière partie, comme le souligne Cookie) mais avec lequel j'ai passé un excellent moment ! Allez comprendre...
Je pense que mon enthousiasme tient au style de l'auteur. Il arrive à décrire avec précision, sans en faire trop, l'environnement dans lequel évoluent ses personnages. Au bout de 600 et quelques pages, on a l'impression de connaître le restaurant de Miles, d'être en cours d'Arts plastiques avec Tick. Que dire des personnages, si torturés, si réalistes. Le tout étayé de dialogues savoureux, qui m'ont fait franchement rire à plusieurs reprises !
J'ai trouvé un peu de John Irving dans ce style, un auteur que j'affectionne depuis longtemps.
Très heureuse d'avoir enfin découvert Richard Russo. Voilà donc un nouvel auteur dont je vais inscrire la bibliographie dans ma LAL !

Ma note : 4/5

Un rôle qui me convient



Crise de la cinquantaine pour William Deveraux, prof de littérature et directeur de son département dans une petite université de Pennsylvanie. Une carrière médiocre dans une vie qui n'a rien d'extraordinaire. Les ennuis professionnels et personnels lui tombent dessus: une prostate qui commence à lui causer quelques ennuis de tuyauterie, sa fille qui veut divorcer d'un gendre qu'il aime bien, ses collègues qui veulent le virer de son poste de directeur, l'Université qui veut dégraisser son département. Son seul plaisir semble être d'embêter ses collègues et amis. Et jouer avec les canards du campus.

 Petite satyre du monde universitaire américain, dont beaucoup d'écrivains américains sont issus. Le roman est rempli d'humour et on s'attache facilement au personnage principal, mais il ne se passe au final pas grand chose dans ce "campus novel" et du coup le roman finit par ennuyer un peu son lecteur.

Note : 3,5/5

Et m...! de Richard Russo
55 pages


Note : 4/5

Retour à Martha's Vineyards

En 1971 Lincoln,Teddy Mickey partent passer un week end dans l’ile de Martha’s Vineyards avec leur amie Jacy Les trois garçons sont amoureux fous de la jeune fille qui doit se marier prochainement . Le dernier jour celle ci part en laissant un mot je ne veux pas d’adieux .Mais Jacy ne rentre pas chez elle et personne n’a de nouvelles , si c’est une fuite à l’idée du marriage pourquoi n’a t’elle pas repris contact avec ses parents au bout de quelques années A t’elle fait une lmauvaise rencontre ?
Septembre 2015 les 3 garçons sont maintenant sexagénaires ont plus ou moins gardé contact. Lincoln qui doit se render à Martha’s vineyards avec l’idée de vendre la maison qui est louée contacte ses vieux amis et tous trois se retrouvent pour un week end .
Les souvenirs remontent à la surface . L’enquête a t’elle été baclée ?

Je n’avais pas éte emballée contrairement à beaucoup par le déclin de l’empire Whiting. Je suis donc partie dans la découverte de cet auteur avec un peu de retenue et c’est votre enthousiasme qui m’a convaincue et tant mieux ce roman a été un coup de coeur je n’ai pas pu le lâcher
Chaque chapitre est consacré à un des amis passé et present se mêlent afin de permettre au lecteur d’entrer dans l’intimité de chaque personage de connaître ses failles.et les secrets de famille petit à petit se dévoilent Une mention particulière à Wofgang Amadeus Moser le nom m’a fait sourire même si le personage est franchement désagréable
Le passé nous racontent la vie des jeunes de cette époque, la scission entre les parents et la façon de vivre de la géneration des années 70. L’amour libre, la drogue, l’évolution de la condition feminine et d'autres sujets dont je ne veux pas parler pour ne pas spolier ...
5/5

"Ailleurs"   10/18 2015   260 pages 

                       
                                Elle s'appelait Jean Russo. Une femme qui rêvait d'être indépendante mais qui toute sa vie n'a jamais pu se détacher de son fils. Quand Richard décide de partir étudier en Arizona, elle quitte tout -emploi sûr et habitat familial- pour le suivre à l'autre bout du pays. Sur un coup de tête..? Ou peut-être avait-elle déjà tout manigancé à l'intérieur de son cerveau dérangé... C'est le point de départ d'une errance commune, mère et fils liés par un fil invisible et indestructible. C'est aussi, pour Jean, le début d'une chute progressive mais inexorable vers les profondeurs d'un état névrotique qui non seulement l'affectera elle, mais aura des répercussions sur la vie de couple et familiale de Richard. En bon fils soucieux du bien-être de sa mère, Richard se coupe en quatre et cède à tous ses caprices (tenter de lui dénicher un logement qui lui convient est carrément mission impossible!). La maladie progressant avec l'âge, il devient de plus en plus compliqué de prodiguer les soins et surtout autant d'attention que nécessaire. Pourtant, Richard, admirablement secondé par sa femme (il faut le souligner), sera présent auprès de sa mère jusqu'au bout. 
                              Il faudrait décerner une Palme à Barbara, la femme de Richard, qui a su comprendre le lien qui retenait son mari à sa mère; beaucoup n'auraient pas supporter une intrusion aussi envahissante au sein de leur couple! 
                               Une belle leçon d'abnégation filiale qui ne m'a pas laissé insensible, malgré que j'aie mis laborieusement quelques bonnes dizaines de pages avant de m'introduire dans le récit. Je pense que le ton monocorde y est pour quelque chose. Puis l'émotion m'est venue en cours de route et n'a fait qu'aller en grandissant jusqu'à la fin.
                               Je me rappelais un autre livre qui parle aussi de relation (mais un peu différente) entre une mère et son fils: La promesse de l'aube de Romain Gary. Deux mères possessives et capricieuses, qui vouent un amour infini pour leur fils (et réciproquement); agaçantes au possible, mais quelque part tellement attachantes.


Note: 4/5

RETOUR A MARTHA’S VINEYARD
Richard RUSSO
Traduit de l’anglais (américain) par Jean Esch
Quai Volaire - 2020 - 377 pages


Trois époques dans ce roman choral ou Teddy et Lincoln racontent l’histoire à tour de rôle.

1er décembre 1969: trois amis, Teddy, Lincoln et Mickey, étudiants boursiers dans une université à la scolarité très onéreuse, assistent en direct à la télévision au tirage au sort qui déterminera l’ordre d’appel au service militaire pour partir combattre au Vietnam. Le numéro de Mickey  sort parmi les premiers.

Un an et demi plus tard, leur diplôme en poche, ils passent un dernier week-end ensemble à Martha’s Vineyard dans la maison de vacances de Lincoln. Avec eux se trouve leur inséparable amie, Jacy, dont ils sont tous les trois amoureux. A l’issu de ce week-end Jacy disparait mystérieusement. L’enquête policière ne permet pas de savoir ce qu’elle est devenue, si elle est morte ou vivante… Les amis poursuivent chacun leur chemin et contrairement à ce qu’il avait toujours dit, Mickey échappe à l’appel à rejoindre l’armée en fuyant au Canada.

Septembre 2015, 45 ans plus tard, ils ont 66 ans, Lincoln s’apprête à vendre sa maison et il invite ses deux amis à le rejoindre sur l’île de Martha’s Vineyard. Ils ont envie de reprendre l’enquête… En fait, c’est Mickey qui leur racontera ce qu’est devenue leur amie et le drame qui pourrissait la vie de cette dernière.

Les recherches menées sur la disparition de Jacy tiennent le lecteur en haleine, mais ce n’est pas ce qui fait l’intérêt principal du roman.  Ce sont les portraits de ces trois hommes qui retiennent l’attention du lecteur. Ils sont sympathiques, avec des défauts et des qualités comme tout un chacun et Richard Russo pose sur eux un regard plein d’empathie. Il raconte la vie de la classe moyenne américaine et analyse très finement le   déterminisme social. C’est un roman sur l’amitié, les relations parents-enfants, les espoirs de la jeunesse et ses désillusions.

Un très bon moment de lecture d’un roman très sympathique, plein d’espérance: il n’est jamais trop tard pour accepter de se libérer et de vivre.

Note: 4,5/5

Le pont des soupirs



Thomaston, petite ville industrielle sur le déclin dans le Nord de l'Etat de New-York. Louis C. Lynch nous raconte sa vie, son père honnête mais un peu benêt, son enfance difficile, sa rencontre avec la femme de sa vie, Sarah, et surtout l'amour qu'il porte à la petite épicerie familiale surnommée "chez Ikey". Au-delà de l'histoire familiale, c'est aussi l'histoire d'une ville, avec sa tannerie, ses différents quartiers, la ségrégation envers les noirs.

Au début j'ai bien aimé cette histoire, une vraie saga familiale puisque l'on suit 3 générations de la famille Lynch. Puis mon intérêt est un peu retombé. C'est lent et on s'ennuie parfois, beaucoup de pages pour par grand chose. J'ai eu du mal à m'attacher au Louis C. adulte. Les chapitres sur le peintre en Italie sont sans intérêt pour l'histoire et auraient pu être supprimés, donnant ainsi un roman 100% "américain". Ce n'est que mon 3° roman de Russo mais je n'ai pas encore retrouvé le plaisir de lecture du Déclin de l'Empire Whiting.

Note : 3,5/5

LES SORTILEGES DU CAP COD
RIchard Russo
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Céline Leroy
Editions Quai Voltaire - 317 pages - 2010


Jack Griffin, professeur dans une université du Connecticut, est invité avec sa femme au cap Cod pour le mariage d’une amie de leur fille, Laura. Le cap Cod, c’est un lieu magnifique où la bourgeoisie de Boston vient passer ses vacances.
Pour Jack, le cap Cod est le lieu mythique où chaque année il venait passer les vacances d’été avec ses parents. Ces derniers lui ont pourri son enfance. Tournés sur eux-mêmes, prêtant un intérêt très restreint à ce qui n’était pas leur bulle, ils considéraient les autres avec condescendance et désintérêt. Ils sont sans-gêne, égoïstes, pas du tout sympathiques et n’avaient  aucun esprit de famille, même envers leur unique petite-fille. La mère de Jack en particulier, posait un regard corrosif sur son entourage et son fils n’était pas le dernier à en bénéficier. On pourrait parler pour Jack de parents toxiques dont il n’arrive pas à s’affranchir. Il a dans son coffre une urne avec les cendres de son père et il n’arrive pas à les disperser. Sa tête est envahie par la voix de sa mère qui lui assène des commentaires  et des conseils qui troublent ses propres réflexions. En un mot, c’est un homme d’âge mûr qui n’arrive pas à se débarrasser de ses parents. Ses souvenirs d’enfance affluent et il réalise qu’Il a toujours voulu faire le contraire de ce qu’il faisaient , bien qu’en fait il leur ressemble malgré tout plus qu’il ne le voudrait. Ce que lui dit régulièrement sa femme. On n’échappe pas si facilement à son éducation.
Ce week-end, qui aurait dû être enchanteur, sonne le glas de son union avec Joy.

Un an après, Jack et Joy se retrouvent au cap Cod pour le mariage de leur fille Laura. Les cendres de sa mère, décédée entre temps sont venue rejoindre les cendres de son père dans le coffre de la voiture….
Va-t-il régler sa névrose familiale et pouvoir retrouver Joy ?

Le roman se déroule autour de deux mariages, celui de Kelsey, l’amie de Laura et celui de Laura elle-même. et traite de la famille, de l’amour, du temps qui passe, de la transmission… thèmes chers à l’auteur.  Des drames ordinaires observés avec le regard sympathique et plein d’humour de l’auteur.
Les problèmes de transmissions familiales affectent chacun à des degrés divers les personnages secondaires du roman: Sunny, l’amie de Laura, corseté dans sa bonne éducation d’enfant d’émigrés coréens, va épouser une coréenne qu’il n’aime pas pour satisfaire ses parents; Les personnages secondaires; Marguerite, la femme chaleureuse et frivole, elle aussi marquée par un drame survenu dans son enfance.

La tendresse pour ses personnages est derrière chaque page. C’est une lecture agréable et l’auteur porte un regard plein d’acuité l’héritage que chacun reçoit de ses parents.

Note: 4/5

A MALIN MALIN ET DEMI :
Quai Voltaire -611 pages ;


      Voilà un très bon roman qui m’a beaucoup amusée et que j’ai eu du mal à quitter malgré quelques longueurs. Les personnages principaux sont Raymer, le chef de la police de Bath,  et Sully, un septuagénaire pilier de bar, condamné par la médecine à un ou deux ans de survie. Le récit commence dans un cimetière où on enterre le juge de la ville. Raymer vient de perdre sa femme qui alors qu’elle le quittait, à fait une chute mortelle dans l’escalier. Dans sa voiture il a trouvé un télécommande de porte de garage qui doit être celle de son amant. Avant que le cercueil du juge ne soit descendu en terre, Raymer fait un malaise, tombe évanoui dans la tombe (!). Quand il reprend ses esprits, le juge est enterré avec la télécommande !… et le ton est donné… (Raymer va-t-il devoir récupérer la télécommande et essayer toutes les portes de garage de la ville? Surtout que la tombe de sa femme vient d’être fleurie par un inconnu)

     D’autres personnages bien gratinés gravitent autour de ceux-ci et sont approchés successivement par l’auteur pour nous faire vivre dans cette petite communauté où les bagarres arrivent souvent, où chacun essaie de s’en sortir le mieux possibles dans des situations souvent loufoques : partir à la recherche d’un cobra, vivre un orage cataclysmique, échapper à la chute de tout un mur d’une usine désaffectée, entre autres.
     J’ai beaucoup aimé, le style est très enlevé, très vivant et j’ai souvent éclaté de rire ! J’ai un peu calé aux trois quarts du livre mais après un petit arrêt, j’ai lu la fin d’une traite.
     Donc une très bonne lecture.

4,5/5

Je le note! bon pour le moral en période de morosité!!!

Quatre saisons à Mohawk

Quatrième de couverture

Retour à Mohawk, la ville de l’Etat de New York si familière aux lecteurs de Richard Russo. Un récit foisonnant, des situations drolatiques, une multitude de personnages attachants. Sur fond de l’histoire d’amour, magnifique et désespérée, d’un fils pour son père. Le roman le plus autobiographique du Prix Pulitzer, auteur du Déclin de l’empire Whiting. A se remémorer ses années d’adolescence, c’est tout un monde que raconte ici Ned Hall. Lui que les amis de son père ont toujours appelé » P’tit Sam « , afin de le distinguer de l’autre Sam. Lui dont le » paternel » a justement échoué à devenir le plus ordinaire des hommes. A peine marié, n’est-il pas parti faire la guerre en Europe ? Et n’en est-il pas revenu tel un bateau à la dérive ? Le tout pour délaisser femme et enfant, pour errer de bar en bar pour jouer aux courses avec le peu d’argent gagné sur les chantiers à la belle saison ? Pas un mauvais gars, mais un écervelé, un irresponsable. Alcoolique à ses heures. Quoique si charmeur… Or, voyant sa femme, désespérée de sa désertion conjugale, plonger dans une grave dépression, le père a récupéré son fils. Et voilà P’tit Sam intégré dans une bande de copains peu fréquentables. Le voilà à apprendre à jouer, à voler, à tricher. Et à pêcher la truite aussi. Même s’il lui faudra grandir pour comprendre qu’il a d’abord découvert, ces années-là, le fantastique pouvoir rédempteur de l’amour.

Mon avis

En grande fan de Richard Russo, je me réjouissais de découvrir un autre de ses romans. Bon, malheureusement, je n’ai pas été transportée autant que d’habitude et j’ai trouvé celui-ci un poil longuet et répétitif. Il faut dire que les romans de Richard Russo se ressemblent et qu’il faut veiller à ne pas les enchainer trop rapidement sous peine de lassitude. Peut-être est-ce ça qui m’a empêché de l’apprécier autant que les précédents ?

Mais sans doute aussi est-ce dû au personnage du père qui, je l’avoue, ne m’a pas semblé très sympathique et dont les frasques à répétition m’ont lassé. Son fils réussit haut la main à être plus mature que lui et on tremble souvent pour la construction de cet enfant entre une mère dépressive et un père éternel adolescent qui passe son temps dans les bars, joue le peu d’argent qu’il possède aux cartes ou aux courses, laissant son fils seul ou avec d’autres ivrognes certes inoffensifs mais dont la compagnie n’est pas la plus adaptée pour un jeune enfant.

Malgré cet environnement peu épanouissant, le fils réussit tant bien que mal à grandir et fait preuve vis à vis de son père d’une patience et d’une compréhension remarquable. Bien qu’il ne le comprenne pas toujours, bien qu’il ne puisse pas vraiment lui faire confiance, Ned, au fil des années, s’attache à ce père si atypique. Quant à Sam, bien qu’il soit si peu armé pour assumer les responsabilités d’un père ayant déjà bien du mal à s’occuper de lui-même, il réussit tout de même à construire une belle relation avec son fils.

L’évolution de cette relation père-fils hors normes est le point central de ce roman. Dommage qu’elle soit noyée dans une multitude de personnages parmi lesquels j’ai eu parfois du mal à me retrouver et dans une succession de soirées arrosées et autres frasques paternelles.

Bren, ce n’est pas le meilleur Richard Russo à mon goût. Mais ça ne m’empêchera pas de continuer à lire ses romans car ses descriptions de l’Amérique profonde sont toujours criantes de vérité et ses personnages toujours très humains dans leurs bons comme dans leurs mauvais côtés.

3.5/5

Ailleurs



Petit récit autobiographique dans lequel l'auteur nous parle de sa mère qui avait quelques troubles psychiatriques et qui dépendait totalement de son fils pour vivre. C'est aussi l'occasion de découvrir quelques faits biographiques sur l'auteur, notamment la ville de Gloversville où Richard Russo a grandit et qui sert de modèle de ville industrielle sur le déclin dans beaucoup de ses romans.

D'habitude, je n'aime pas trop les bouquins autobiographiques, je les laisse de côté même pour les auteurs dont j'essaie de lire tous les romans. Mais là, c'était le dernier livre de Richard Russo disponible à la Médiathèque, et puis il était assez court. Ce récit est agréable à lire, c'est bien romancé, parfois désespérant. Aurions-nous pu faire mieux ou autrement que l'auteur à cette époque ? 

Note : 3,5/5